Chapitre 9

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  Yuta avait eu raison. Un peu comme toujours pour être honnête.

Oleg ne faisait que de penser à Maël et sa proposition, ainsi l'éventualité de dire non s'éloignait de plus en plus. Le jeune ne voulait pas revenir comme avant, au moment où il vivait loin du brun, qu'il l'observait en s'en satisfaisant entièrement. Oleg voulait plus, il souhaitait aussi aider le garçon, surtout après l'avoir vu autour d'une table de jeu.

Si Maël lui avait demandé son aide c'était qu'il en ressentait le besoin par conséquent le Russe ne pouvait l'ignorer.

Oleg savait se battre, il était capable de rendre les coups et même s'il n'était pas souvent le premier à les donner, il pouvait le faire en cas d'urgence. Certes il ne s'y connaissait pas du tout en ce qui concernait les missions exactes d'un garde du corps, mais selon lui il était loin d'en être un. Il rendait service à un ami, un ami pour qui il allait sans doute se prendre de nombreux coups.

Il soupira pour la énième fois, guettant la porte d'entrée du restaurant avec le cœur battant la chamade.

Le jeune homme s'était finalement décidé de recontacter Maël pour lui donner sa réponse après mûres réflexions. Même si le bouclé n'avait pas eu sa réponse au téléphone, juste le fait de rencontrer Oleg à nouveau le rendait joyeux. Pour le plus grand plaisir du Russe.

Maël n'avait pas donné d'heure sachant qu'Oleg travaillait ce soir-là. Il avait seulement indiqué qu'il allait passer vers la fin de son service pour discuter avec lui en paix. Cependant la fin du service d'Oleg approchait sans la moindre apparition du bouclé.

Le barman servit un verre à une cliente qui essayait de glisser son numéro vers lui, mais il l'ignora complètement, encaissant cette dernière sans un seul regard. La femme fut blessée du comportement d'Oleg, mais se contenta de tourner les talons pour rejoindre la table où elle et ses amis avaient pris place.

- Oleg, tu pourrais au moins essayer de sourire aux clients, je ne t'ai pas embauché pour que tu les fasses fuir.

L'homme tourna la tête vers Ismahene, sa patronne, elle avait ses bras croisés sur sa poitrine, une longue robe violette sur le dos. La femme était typée Afrique du nord, du Maroc plus précisément. Elle avait les yeux sombres, ses sourcils assez fournis froncés en une expression de colère.

Oleg avait l'habitude des regards haineux de sa patronne, c'était l'expression qu'elle portait presque la majorité du temps, sans raison particulière. Ismahene avait sans doute dû naître en colère, hurlant sur sa pauvre mère de l'avoir amené sur cette terre. Tout du moins c'était ce qu'elle se plaisait à raconter à la plupart des clients.

Le Russe haussa les épaules et s'exprima d'un ton totalement détaché, reportant son attention vers la porte d'entrée.

- Tu ne m'as pas embauché pour plaire aux autres, tu as pris David pour jouer ce rôle.

- Oui mais David ne bosse pas ce soir.

Oleg resta silencieux donc sa patronne se rapprocha de lui pour venir s'accouder sur le bar, glissant quelques mots à son oreille d'un ton autoritaire et réprobateur.

- Tu aurais pu prendre son numéro, même si tu ne comptais pas l'appeler. Juste pour qu'elle laisse des plus gros pourboires.

- Je ne joue pas dans la même équipe qu'elle.

- Je le sais bien, mais tu pourrais bien emballer quelques personnes pour les fidéliser à la boutique.

Le garçon jeta un regard curieux à la femme d'une quarantaine d'années, puis leva un sourcil en s'exprimant encore avec franchise.

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