{12} Pelle, Pioche et... Râteau !

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Depuis plusieurs cours maintenant, Jean et Mikasa arrivaient à s'entendre dans leur chorégraphie. Afin de rattraper leur retard, M. Shadis avait prévu des séances sans les autres membres du groupes. Ce jour-là, Jean était particulièrement drôle et Mikasa de bonne humeur. Il n'arrêtait pas de faire des grimaces qui amusaient sa partenaire tout au long de la danse. Le professeur les reprenait sans cesse en soupirant :

— La mélancolie, LA MÉ-LAN-CO-LIE, vous connaissez ? On ne danse pas la macarena ici ! Recommencez et plus vite que ça !

L'énervement de M. Shadis ne faisait que redoubler les rires de Jean et Mikasa. Finalement, le professeur leur dit tout simplement de « se démerder mais d'être prêts pour mercredi prochain ». Abandonnés, les danseurs se regardèrent puis éclatèrent de rires.

— Je l'ai fait fuir avec mon humour de beauf ! s'esclaffa Jean.

— Je le crains bien, rit Mikasa. Bon maintenant, concentrons-nous un peu. Et plus de grimaces.

— Oui, madame ! répondit-t-il dans une énième mimique.

Mikasa lui donna une petit tape derrière la tête et relança la musique. Sur les premières notes du morceau, elle rejoignit Jean dans un sourire. Ils se prirent la main et commencèrent à danser. Petit à petit, tous deux se glissaient dans la peau de leurs personnages : un fantôme pour lui, sa bien-aimée endeuillée pour elle. Des regards s'échangeaient, les mouvements coulaient, fluides, parfaitement coordonnés. Jean fut transporté par cette énergie qui se dégageait de leur danse et de la chanson, il se sentait pousser des ailes et son cœur s'envoler. L'instant suivant, l'envie de goûter les lèvres irrésistibles de Mikasa devint presque insoutenable. Mais la musique s'évanouit, l'énergie aussi. Mikasa se détourna de Jean aussi vite qu'un rayon de soleil sous des nuages de plomb.

— C'était bien, cette fois-ci, dit-elle pour brisé le silence.

— Oui… C'était bien.

Mikasa se laissa glisser contre un mur avec sa bouteille d'eau. Jean fit de même, en gardant une certaine distance pour ne pas la déranger. Il avait fini par détecter les limites qu'elle avait consciemment ou inconsciemment posées entre eux, et il faisait son possible pour les respecter. Une fois encore, Mikasa prit la parole :

— J'ai reçu une autre lettre dans mon casier. Il se pourrait que j'aie un chevalier anonyme qui m'admire en secret.

Jean releva brusquement la tête comme un cheval aux aguets.

— Ah oui ? Et tu as une idée de qui cela peut être ? s'exclama-t-il, plein d'espoir.

— Non, son identité m'échappe. Pour tout te dire, je suis un peu déçue que ces lettres ne soient pas d'Eren, mais cela me flatte quand même que quelqu'un m'écrive de si belles déclarations, confia Mikasa.

Elle replaça une mèche de ses courts cheveux derrière son oreille, un geste qu'elle effectuait lorsque quelque chose lui faisait plaisir. Jean prit cela pour un bon signe et la curiosité lui brûla d'autant plus les lèvres. Dans un rictus nerveux, il osa :

— Si ce chevalier anonyme se trouvait devant toi, qu'est-ce que tu lui dirais ?

Mikasa réfléchit un instant, sans jamais faire le lien avec le fait que Jean se trouvait effectivement devant elle. L'idée que ce soit lui ne lui effleura pas même l'esprit lorsqu'elle répondit :

— Je le remercierais sincèrement, mais je ne pourrais pas lui dire que mes sentiments sont réciproques.

— Pourquoi ça ?

Le rouge aux joues, Mikasa murmura timidement :

— …Parce que le seul qui possède la clef de mon cœur, c'est Eren.

𝐿𝑎 𝑆𝑦𝑚𝑏𝑖𝑜𝑠𝑒 𝚅𝚎𝚛𝚜𝚒𝚘𝚗 🅢︎🅝︎🅚︎ ✓Where stories live. Discover now