Chapitre 9

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« Marinette... »

En voyant Marinette le toiser d'un air hébété sur le pas de la porte, Adrien, les pieds dans la neige, songea que sa dignité avait dû sauter d'un pont quelque part dans Paris. Chat Noir aurait dû aller la voir, pas lui. Il le savait : elle l'avait attendu. Il l'avait vue depuis les toits.

Puis il avait entendu la voix de l'autre, et son bâton l'avait entraîné dans la direction opposée – vers le glacial hôtel particulier des Agreste.

Quitte à partir comme un prince, il aurait dû le faire jusqu'au bout et ne pas revenir du tout. Mais au-delà de la voix de cet autre qu'il avait entendu, il avait surtout vu la triste mine de Marinette sur le balcon – et il n'avait pas su résister. Il s'était faufilé à l'extérieur en tant que Chat Noir, et était venu sonner à la porte de Marinette en tant qu'Adrien, pour... pourquoi d'ailleurs ? Il ne le savait pas vraiment, mais avant de s'en rendre compte, Adrien pressait la sonnette de sa maison dans une rue tellement enfouie sous la neige qu'on aurait dit que la fin du monde avait frappé.

Maintenant qu'il était là, le regard surpris de Marinette lui faisait se demander si c'était une bonne idée. Ce n'était pas Adrien qu'elle attendait.

« Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais là ? »

Elle regardait frénétiquement autour de lui et Adrien mit quelques secondes à comprendre. C'était rare de le voir seul dehors, encore plus à cette heure-ci et sans le moindre garde du corps. Mais Marinette ne resta pas surprise longtemps. Il crut qu'elle allait lui proposer de rentrer, mais à la place, elle soupira :

« Tu sais quoi ? Je suis contente que tu sois ici. J'ai besoin de prendre l'air. »

Adrien la vit s'emparer d'un manteau et de bottes avant de le rejoindre à l'extérieur. Sa tenue ne faisait pas vraiment de sens – le manteau était visiblement à son père, les bottes à sa mère. Tout était trop grand. Elle avait pris les premières choses lui tombant sous la main. Elle devait vraiment avoir besoin de sortir.

« A-Alors, qu'est-ce qui t'amène, Adrien ? demanda-t-elle avec un sourire.

-Je... »

Trouver un prétexte, vite – à défaut d'avoir une véritable raison.

« ...Je voulais m'assurer que tu ailles bien après l'attaque de monsieur Pigeon ! lança-t-il.

-...Vraiment ? Ah, heu... Eh bien, voilà, je vais bien ! »

Marinette étendit les bras et Adrien hocha la tête, mais ne renchérit pas. Un silence s'étendit entre eux. Au-delà de la situation surréaliste qu'elle vivait – Adrien au pas de sa porte à une heure aussi tardive -, Marinette sentait une légère gêne flotter dans l'air.

Non, elle devait se faire des idées. Après tout, il s'agissait d'Adrien. Il n'y avait pas plus gentil qu'Adrien. Et après avoir maudit le mannequin pour l'avoir qualifiée de la sorte environ une centaine de fois, elle était tout de même contente qu'Adrien soit son...

« ...Ami ? entendit Adrien.

-Hm ? »

Adrien sursauta et réalisa qu'il était perdu dans ses pensées. Plus les secondes passaient et plus il se demandait ce qu'il faisait chez Marinette. Il allait bien falloir trouver une raison – mais Marinette venait de le tirer de sa réflexion en lui posant une question, qu'elle répéta :

« On est amis, hein, Adrien ?

-Hein ? Heu, oui. Oui, bien sûr, répondit-il en hochant la tête.

Blanc comme neige - Miraculous LadybugOù les histoires vivent. Découvrez maintenant