Monstre | UshiTen

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Bonjour, bonjour !

On se retrouve aujourd'hui pour un petit OS consacré à... un couple d'aigles ! :D

Ushijima étant un de mes personnages préférés - entrant facilement dans mon top 3 -, je me devais de lui consacrer un OS. Et qui de mieux que Tendô pour l'accompagner ? (même si je ne l'aime pas vraiment, il reste sympa)

Aujourd'hui, on va questionner les peurs intérieurs de nos deux aigles autour de la question du monstre (j'aime bien ce thème, je trouve qu'il a une saveur particulière et une profondeur intéressante à exploiter). Cet OS est un peu court, on se rattrapera sur le prochain ahah.

Bonne lecture ! <3 

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Monstrueux.

Voilà comment ils le voyaient. Effrayés par la différence, effrayés par ce qu'il leur inspirait, ils ont préféré l'écarter, renoncer à le connaître. Ils ont préféré le condamner à une vie de solitude, d'observation ; une vie de spectateur. On ne pouvait nier qu'il remplissait ce rôle à la perfection. Peut-être était-ce pour ça qu'il était venu vers moi ?

La première fois que nous nous sommes vus, je n'ai vu qu'un adolescent solitaire mais plein d'entrain. Loin des rumeurs qu'on faisait courir sur lui. Loin des bruits de couloirs qui polluaient mes oreilles. Les gens sont incapables de voir plus loin que l'apparence ; ils restent dans leur zone confortable au risque d'enfermer des gens dans une zone qui leur devient de plus en plus irrespirable.

La première fois que nous nous sommes parlés, j'ai pu ajouter une raison supplémentaire de ne pas apprécier le monde qui m'entoure. Comment pouvait-on trouver Tendô monstrueux ? Comment pouvait-on penser un seul instant qu'un être pareil représentait un quelconque danger ? Certes, il se montrait taquin ; certes au volley, sa défense et son sens de l'observation arrachaient des grimaces d'inconfort à tous ses adversaires. Mais comment pouvait-on coller une telle étiquette à quelqu'un d'aussi joyeux et excentrique que Satori ?

Je peux comprendre qu'on ne puisse pas forcément être à l'aise ou s'entendre avec tout le monde ; mais la comparaison avec un monstre me dégoûtait. Ceux-là feraient mieux de ne pas rejoindre Shiratorizawa ; nous n'avons pas besoin d'imbéciles qui se limitaient à une simple apparence ou qui jugeaient trop vite les autres.

— Dis, Wakatoshi-kun... me dit-il un jour.

L'entraînement venait de se terminer. Comme toujours, il avait été très efficace. Comme toujours, mes attaques avaient fait mouche et comme toujours, nous en ressortions plus forts et plus confiants.

— Est-ce que tu as déjà eu peur de toi-même ?

Il posait toujours des questions étranges. Des questions qui pouvaient prendre n'importe qui au dépourvu. Mais depuis le temps que je le connaissais, je savais m'adapter.

— Je ne crois pas. C'est possible ?

Cette question me paraissait improbable ; pouvait-on se faire peur soi-même ou est-ce que ça marchait comme les chatouilles ? On ne peut pas se chatouiller soi-même — j'ai essayé —, alors ça me semblait difficile à croire. Comprenant mon étonnement, mon coéquipier laissa échapper un petit rire :

— Non, pas de cette manière-là... Je voulais dire, est-ce qu'un aspect de ta personnalité t'a déjà effrayé ? Est-ce que tu t'es dit, en te regardant dans le miroir, que tu te ferais peur si tu n'étais pas toi-même ?

— Peut-être, ai-je répondu.

Et c'était vrai.

Quand je me voyais, je voyais un monstre de puissance. Une puissance brute qui pouvait décourager mes adversaires quand ils n'y étaient pas préparés. Et si je blessais même d'autres joueurs ? Ce sont des choses qui arrivent, mais cet aspect du jeu me laissait perplexe.

Un monstre.

On en revenait au même vocabulaire ; nous étions aux yeux de notre entourage des monstres.

Tu vois, Tendô, je ne suis pas si différent de toi.

— Pourquoi ?

— Non, comme ça...

— Parce que c'est ton cas ?

Satori haussa un sourcil. Le tact n'avait jamais été mon point fort...

— Oui. Evidemment... C'est pour ça qu'on m'appelle le Monstre Devin, n'est-ce pas ?

— Tu n'es pas un monstre, Tendô.

— C'est ce que disent les gens.

— Si on doit attendre après ce que disent les gens, on n'est pas sortis de l'auberge.

— Mais si c'est une majorité de gens...

— Je ne vois pas ce que ça change. Qu'est-ce que tu veux attendre de gens incapables de supporter quoi que ce soit tant que ça ne se complait pas dans leur médiocrité ?

Au moment où je finissais ma phrase, Tendo écarquillait les yeux, probablement surpris par ma prise de parole. En général, je ne gaspillais pas ma salive. Je n'étais pas quelqu'un de très bavard ; mais la remarque de Satori m'énervait. Le nombre d'idiots ne changeait pas l'erreur de leur raisonnement.

Si une équipe se composait de dix joueurs qui ne savaient pas comment jouer, auraient-ils seulement la moindre chance contre un trio de bons joueurs ? Probablement pas ; alors pourquoi cela serait-il différent pour la vérité ?

— Tu n'as pas tort, réalisa Tendo. Mais pourquoi as-tu peur de toi-même ?

— J'ai peur de blesser les autres en jouant à cent pour cent, et pourtant je ne peux pas faire autrement.

Ma franchise laissa pantois mon coéquipier.

— C'est une sacrée peur, ça.

Je ne savais pas s'il est ironique. Probablement pas. Je hochai la tête.

— Mais j'ai moins peur quand je joue avec toi.

— Oh, vraiment ? roucoulait-il.

— Oui. Les gens disent aussi que je suis un monstre. Pas pour les mêmes raisons, mais j'en suis un aussi à leurs yeux. Et pourtant, je ne crois pas en être un. Pas plus que toi.

— Ou alors on s'en rend juste pas compte.

— Qu'on soit des monstres ou non ne change pas grand chose. Tant que nous jouerons ensemble, Shiratorizawa gagnera.

Le bloqueur sourit et avança en chantonnant. Nous étions deux monstres. C'était peut-être pour ça que je l'aimais.

[Recueil d'OS] Tu as volé mon coeur || HaikyuuWhere stories live. Discover now