[Recueil d'OS] Tu as volé mon coeur || Haikyuu

Un entraînement très spécial | LevYaku

Insupportable. Agaçant. Horripilant. Énervant. Chiant.

Quand il s'agissait de qualifier Haiba Lev, Yaku Morisuke n'était pas à court de mots. Dès son arrivée dans l'équipe de Nekoma, le lycéen d'origine russe avait fait sale impression au plus petit. Le libéro avait beaucoup de mal avec les gens qui, en plus d'être insouciants, arpentaient le monde d'un air insolent, trait de caractère chez Kuroo qui le faisait d'ailleurs souvent sortir de ses gonds.

En fait, il y avait deux choses que Yaku n'aimait pas : les insouciants faisant preuve d'insolence et les géants. Ceux qui l'obligeaient à lever la tête pour les regarder dans les yeux. Ceux qui le faisaient complexer sur son corps. Lev traînait un mètre quatre-vingt dix d'insolence et de flegme, ce qui constituait pour lui la plus complète des agressions.

Autant dire que Yaku avait tout de suite eu une seule envie : frapper ce pauvre garçon, au point de le faire s'agenouiller pour qu'il soit à une taille acceptable. Cette envie avait décuplé quand Lev avait eu le malheur de parler de la grandeur de Yaku.

Mon mètre soixante-cinq t'emmerde, petit con.

Yaku haïssait sa taille plus que toute autre chose. Pourquoi le destin l'avait-il fait si chétif ? Toute son enfance, Morisuke avait été plutôt normal ; seulement, à la puberté, sa malédiction l'avait rattrapé et tous les collégiens l'avaient rapidement dépassé d'une tête. Puis deux pour certains. C'était insupportable à regarder. Heureusement, le volley avait su lui apporter un soutien indispensable. Un lieu où, même si la taille s'avérait presque essentielle, on pouvait tout de même se battre si on ne disposait pas de cet atout naturel. On pouvait être respecté malgré tout.

Et, alors qu'il avait fait ses preuves depuis longtemps au sein de son équipe dont il prenait soin comme une mère de ses petits, voilà que cet énergumène se ramenait et le ramenait à sa taille ! Combien de fois avait-il eu envie de le baffer ? Combien de coups de pieds avait-il distribué à ce joueur impertinent ?

Pourtant, au fond de lui, il le savait : Lev éprouvait un profond respect pour lui. Ses taquineries n'occultaient pas les nombreuses flatteries auxquelles il avait droit à chaque réception. Lev le considérait comme le pilier de l'équipe. Si ses mots parfois le blessaient, le regard de l'auto-proclamé champion de Nekoma ne trompaient pas.

— Quitte à ce qu'il s'appelle le champion de l'équipe, ce petit con, autant qu'il ne craigne pas, avait-il dit un jour à son capitaine.

Alors Yaku avait fait ce qui lui semblait le plus naturel : entraîner Lev aux bases. Car si l'allier détenait une force étonnante, ce n'était clairement pas la même chose pour ses réceptions et ses passes... Autant dire qu'il n'allait pas aller bien loin.

Voilà pourquoi ils se retrouvaient tous les jours après l'entraînement, travaillant inlassablement tout ce qui faisait défaut au titan de l'équipe féline. Ils y mettaient un terme seulement lorsque Yaku se montrait satisfait après que Lev ait sué sang et eau. Parfois, comme en camp d'entraînement, Lev trouvait le moyen de s'enfuir, accablé par la sévérité de son aîné démoniaque.

— T'es dur avec lui, lui faisaient remarquer parfois Fukunaga ou Kuroo.

— C'est pour son bien. Il est nul sinon.

— Vous partez parfois deux heures après nous ! T'as de la chance qu'il t'aime bien.

— N'importe quoi...

— T'es aveugle ? Il ne voit que toi, mon lapin.

— Tu dis ça parce que je suis petit ? s'énerva Yaku.

— Mais non, mais non...

Oui, il était dur avec Lev. Mais c'était pour son bien. Il ne devait pas faiblir. Ces heures passées avec lui, elles étaient nécessaires. Puis elles n'étaient pas si désagréables que ça, quand même...