Chapitre 41

Depuis le début
                                    

– Ben, l'avocat ecclésiastique que j'avais rencontré ne m'avait pas beaucoup aidé... »

Emmanuel Masayot soupira.

« Bien. Puis-je être honnête avec vous, monsieur de Larose-Croix ?

– Je vous le demande.

– Votre histoire n'est pas du tout passée inaperçue ici du temps de nos prédécesseurs et le réseau de votre famille n'y est pas pour rien. Il n'est donc pas du tout étonnant que l'avocat auquel vous avez eu affaire n'ait pas mis beaucoup de bonne volonté à vous aider. En théorie, il aurait dû voir sérieusement avec vous le pourquoi de votre démarche, vous aider à monter un dossier valide, solide, avec la requête officielle, les faits, la liste des témoins et tout ça... Et vu que votre dossier se résume à votre témoignage, très succinct d'ailleurs, et la requête, je pense qu'il n'a pas tout à fait été au fond des choses. Et ce dans le but probable que votre demande soit refusée sans plus de débat.

– ...

– J'imagine qu'il ne vous avait pas expliqué tout ça.

– Pas vraiment, non, je n'y connais rien et il m'avait dit de faire un courrier expliquant mon cas rapidement et qu'il poserait la requête... »

Masayot soupira.

« Bon. Je vous propose de tout reprendre à zéro avec un autre avocat ecclésiastique.

– C'est possible ?

– Oui, répondit l'official, avant de continuer avec une ironie très audible : c'est dommage, mais votre dossier s'est perdu, il faut que vous le recommenciez, et l'avocat avec lequel vous l'aviez monté, enfin si on peut appeler ça monter, a bien assez de dossiers à sa charge, je vais donc devoir vous en recommander un autre. »

Lisant entre les lignes, Adel gloussa :

« Comme c'est aimable de votre part. »

Nathanael revint avec deux mugs de thé fumants et le regarda interrogativement.

« Je vous en prie.

– J'ai juste un souci technique... reprit Adel.

– Dites-moi ?

– Je dois être opéré mardi prochain pour la pose de ma prothèse et rentrer en centre de rééducation dans la foulée, et j'en ai pour des mois...

– Hmmm, je vois. Effectivement, ça ne va pas nous aider... »

Il y eut un silence. Nathanael s'assit et posa les grandes tasses sur la table basse. Adel le remercia d'un sourire et l'official reprit enfin :

« Vous pourrez recevoir des visites à votre centre de rééducation ?

– Oui, mais je ne sais pas encore trop comment s'organisent les journées...

– Il sera temps de voir. Je vais vous laisser les coordonnées de l'avocat dont je vous ai parlé. Appelez-le bien de ma part, c'est une personne qui n'a aucun lien avec les réseaux auxquels est rattachée votre famille et qui est, disons, familière des cas similaires au vôtre. Il verra avec vous comment vous pouvez vous organiser. Il y a un certain nombre de choses que vous pouvez faire par téléphone ou correspondance, je pense.

– Probablement, oui...

– Parfait. Vous avez de quoi noter ?

– Euh, non, un instant... Nathy, tu peux m'apporter de quoi écrire, s'il te plaît ? »

Nathanael hocha la tête et se releva pour aller vite lui chercher ce qu'il fallait. Adel nota avec soin, remercia l'official qui lui dit que c'était normal, lui exprima tout son soutien pour les soins qui l'attend aient, et ils raccrochèrent en se souhaitant une bonne fin de journée.

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