Chapitre 72

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PDV Samuel

Je la regarde partir d'un pas préssé, sans même se retourner une seule fois. Je démarre seulement quand elle disparaît de ma vue, reprenant la route de la maison en baillant.

Si je n'étais pas aussi paranoïaque que ça, je l'aurai laissé conduire toute seule. Mais il se trouve que son visage à l'hôpital me hante toujours, et j'éviterai, pour l'instant, de la laisser conduire. C'est également pour cette raison que j'ai demandé au garagiste de prendre son temps pour réparer la voiture.

Arrivé à la villa, je vais pour dormir encore quelques heures pour rattraper les heures perdues de cette semaine - de ces derniers mois même. Comme je l'ai dit à Jade, je ne me suis pas senti aussi bien depuis longtemps...

Presque.

Enfin, les quelques heures de sommeil que j'ai eu cette nuit étaient les meilleures que j'ai eu depuis un bon bout de temps. Parce que j'avais l'impression qu'un poids s'était soulevé de mes épaules, j'avais l'impression que j'avais le droit à certaines choses maintenant - sourire quand je veux, rire, tenir Jade dans mes bras, la faire sourire.

Mon esprit n'était pas aussi libre que je l'aurai espéré, mais ça, je ne peux pas l'empêcher.

Je n'ai pas réussi à surpasser la douleur encore longtemps, à la voir souffrir terriblement, à l'imaginer heureuse avec quelqu'un d'autre.

Je la voulais - et la veux toujours heureuse, mais je me suis dit, peut-être, avec une infime chance, je pourrai bénéficier de ce bonheur aussi. Je me suis dit que peut-être, je pouvais la rendre heureuse et lui donner la possibilité de me rendre heureux. Que peut-être, j'ai le droit d'être heureux malgré tout.

J'ai brisé la deuxième moitié de ma promesse gravé sur mon corps, je suis tombé pour Jade. En aucun cas je ne briserai la première partie de cette promesse, je ne peux juste pas.

C'est pour cette raison que je doute de mon choix. J'ai fait erreur sur erreur jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas su l'éloigner de moi ; maintenant j'ai pris un énorme risque en lui avouant mes sentiments.

Je ne sais plus quoi faire. D'un côté je sais que je n'ai pas le droit de vivre cet amour et d'être heureux ; mais d'un autre côté, je sens que je n'ai plus la force de faire comme si tout allait bien. Je ne veux pas avoir à penser à tout, et le plus important, je ne veux plus me sentir si... Seul.

PDV Jade

" Jade... " Aliya, une des infirmières avec qui je travaille, me sort de mes pensées avec un léger coup de coude.

" Hmm ?" je marmonne en relevant la tête de mon assiette.

" Tu vas bien ma belle ? " elle demande, inclinant la tête sur le côté.

" Ouais... Je pensais à quelque chose, c'est tout " je lui souris. Elle n'a pas l'air convaincu et me dit qu'on en reparlera quand on ne sera pas dans le réfectoire avec toutes ces personnes autour de nous.

Je ne pourrais pas lui dire à quoi je pense.

" Au fait, je me suis informée pour ton ami Tyler, il était de nuit la semaine dernière, ce pourquoi tu ne l'as pas croisé. Il est aux urgences si tu veux aller le voir pendant ta pause " elle reprend, sans relever la tête puis continue à manger.

" Je verrai, merci " je répond simplement. Elle me lance un dernier petit sourire avant de me prévenir qu'elle doit retourner à son poste et n'oublie pas de me rappeler que j'ai encore une dizaine de minutes de libre.

Je souris derrière elle, contente de pouvoir travailler avec quelqu'un comme Aliya. Pendant ma première semaine ici je n'avais pas pu me faire des amis. Aliya est l'infirmière principale de l'étage qui me concerne et on m'a mis à ses côtés ; je passais donc toutes mes journées avec elle. C'est une femme merveilleuse d'après ce que j'ai pu voir. Malgré sa quarantaine, elle n'a pas d'enfants, et j'ai appris plus tard qu'elle ne pouvait tout simplement pas en avoir. Cependant, elle et son mari essayent toujours.

Need TimeWhere stories live. Discover now