Chapitre 11

1.3K 85 12
                                    

Cela fait 10 minutes que la sirène des pompiers ne cesse de me casser les tympans. Bon j'exagère c'était seulement le temps de traverser l'avenue mais les embouteillages ne lui facilitent pas la tâche. 

Une fois qu'elle dépasse la grande avenue, elle s'arrête à la rue à l'angle de là où je me trouve. Il y a eu un accident ? 

N'entendant pas les pompiers se pressés ou bien des cris, je décide, poussée par ma curiosité d'aller y jeter un coup d'oeil après avoir acheté un gâteau au supermarché juste à côté. 

Je vis alors un homme certainement un SDF vu qu'il est pied nu et qu'ils sont encore bleutés de la nuit de la veille. Un pompier s'approche de lui mais je n'entends pas ce qu'il lui dit. 

Pompier : c'est trop tard, il est déjà mort depuis un moment.

Oh.. un autre a rejoint la longue liste de ceux que la vie a assassiné, dont la rue a eu raison. L'humaine qui est en moi, ressentant de la pitié pour cet homme qui aurait pu être moi se faisant recouvrir par un sac plastique noir similaire à celui de nos ordures me serre le coeur. 

J'avance donc vers eux décidée à laisser à cet individu un petit hommage, qu'au moins une personne se soit rendu compte de son décès et lui souhaite de reposer en paix. 

A la vue de ce corps vide de toute vie, je sens mes jambes tremblées et ne plus me tenir. Ma vue se brouille de part mes larmes et le vertige qui me prends. Mes sens se troublent m'empêchant de respirer et de voir correctement. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar et que quelqu'un m'étrangle sans que je ne puisse rien faire à part supporter. 

Mon coeur se rétracte comme il ne l'a jamais fait faisant ressortir un goût de sang dans ma bouche qui peinait déjà à inspirer correctement. 

Ma tête se fait de plus en plus lourde et j'arrive de justesse à me tenir à un poteau avant que je ne tombe. Mon corps tout entier réagit, n'épargnant aucune part de moi de cette horrible souffrance. 

Mon horrible souffrance lorsque j'ai vu les lèvres bleutés de cet homme, son teint pâle presque, ses yeux fermés pour l'éternité entourés de cernes, et son corps sans vie bouger au moindre mouvement des pompiers. 

Mon corps entier souffre depuis j'ai vu que cet homme est Thomas..

____________________________

J+1 mort de Thomas 

J'avoue que je n'étais pas particulièrement proche de lui mais de savoir qu'il y a quelques semaines on se parlait normalement et que désormais il est mort, ça me-... 

Hier, je n'ai pas pu retenir mes larmes. J'ai pleuré sa mort comme une vraie amie le ferait, et je ne l'ai pas fais par pitié ou pour faire plaisir à qui que ce soit, je l'ai fais parce que sa mort m'a réellement touché. 

On était deux jeunes qui nous promettions de survivre, nous souhaitant bon courage et n'hésitant pas à nous entraider en cas de besoin. On ne se voyait pas souvent mais les quelques signes de la main et nos quelques discussions suffisent pour que je sache que j'aurais voulu qu'il vive plus longtemps et mieux. 

Et dire qu'il m'avait promis de manger avec moi la prochaine fois, on ne pourra jamais manger ensemble finalement. C'était une autre promesse pas tenue.

On s'était aussi promis de survivre et de sortir de la rue, on avait même parié sur qui réussirait en premier. Maintenant qu'il n'est plus là, je me dois de survivre encore plus vite. Il est hors de question que je meurs moi aussi.

Je me lève donc en recomptant mes maigres économies, au diable mon diner, sauter un repas ne me tuera pas. 

J'entre donc dans une cabine téléphonique et appelle le numéro qu'Enzo m'avait donné, le 115

Voix : Bonjour, en quoi puis-je vous aider ? 

Moi : Bonjour, je suis SDF depuis plus d'un an et j'ai appris que vous proposiez des logements pour aider à reprendre une vie normale

Voix : Très bien, veuillez patienter s'il vous plaît je vais devoir vous poser une série de questions

Moi : d'accord 

Thomas est mort parce que la rue l'a tué puisque tout le monde n'a pas la chance de croiser un médecin au grand coeur. 
Mais les quelques discussions que nous avons eus je les garde en tête, me promettant de m'en sortir pour lui rendre hommage 



L'amour m'a tué, l'amour m'a sauvéWhere stories live. Discover now