Chapitre 10

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NDA : sorry j'ai pas posté les chap d'hier du coup je le fais maintenant !


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Je dois quitter cette chambre aujourd'hui. Je dois avouer que j'y ai passé d'excellents moments même si les raisons de mon arrivée ici ne sont pas des plus réjouissantes. 

Une partie de moi, sûrement celle qui est bien trop habituée à vivre dehors, n'a cessé de penser à tous les sans abris qui ont dû subir l'orage d'hier tandis que j'étais au chaud dans cette chambre à écouter les gouttes s'éclater sur la vitre. 

Mon petit sac de fait et mon apparence masculine étant prête, je sors de cet hôpital en n'oubliant pas de remercier les infirmières et le fameux Enzo que je n'ai pas revu depuis. 

Avec tous les repas que j'ai eu là-bas, je suis en avance sur ce que je dois mendier. Je pourrais économiser sûrement un peu plus longtemps et m'offrir plus de repas à l'occasion. 

Je me balade presque joyeusement dans les rues de Paris et mon coeur se serre dans une étrange chaleur lorsque je vois ma petite place habituelle vide, comme si elle m'attendait. 

Je m'assis donc et repensai à Simon, je me demande s'il pense qu'il va pouvoir désormais me racketter. S'il y a bien une chose dont je suis sûre c'est que la prochaine fois que l'on se croisera, ce qui ne saurait trop tardé, je lui rendrais chacun des coups qu'il m'a mit. 

C'est sur cette pensée de vengeance puérile que ma journée de mendiante à commencer, pile lorsque la grande horloge affichait 12h30. 

A nouveau les rues se remplirent et je pus récolter quelques pièces rapidement. Dans cet élan de bonnes nouvelles, je pensai partager mon repas avec Thomas à l'occasion. 

Je me demande s'il va bien d'ailleurs. J'aurais aimé juste l'appeler pour avoir de ses nouvelles mais vous vous doutez bien que je ne possède pas une telle technologie. Et puis étant donné qu'il est du genre à se balader partout, je suis obligée d'attendre patiemment son retour.

Oui je m'accroche au peu de compagnie que j'ai mais la solitude quand on est dehors et la solitude que vous, vous pouvez vivre sont deux choses très différentes. 

Quand on est SDF, on a forcément été abandonné par notre famille, nos amis et même l'Etat qui nous protège.
On est jeté dans le monde de la rue sans aucune défense et on se rend compte qu'on ne peut pas faire ami-ami avec les autres mendiants comme on peut socialiser avec des collègues par exemple.
Et puis pour finir, on doit faire face à la solitude que vous nous imposez de par votre ignorance constante même lorsqu'on crie à l'aide sous vos pieds.

N'empêche, j'aurais vécu de bons comme de mauvais moments, même si je dois avouer que les bons sont très rares. 

Lorsque je suis devenue SDF, j'ai été poussé dans un monde que je ne connaissais absolument pas.  J'étais déconnectée de toute réalité et je n'aurais jamais deviner que la vie n'était qu'une question de survie pour certains. 

J'ai dû apprendre rapidement pour ne pas me faire agresser. J'ai souffert dans le froid et sous canicule, j'ai eu mal d'être invisible aux yeux de tant de gens alors que j'étais habituée à être le centre du monde. 

Très sincèrement, la vie de sans-abri m'a mis une claque et m'a remis les idées en place, particulièrement en ce qui concerne la personne que je souhaitais devenir, les projets que j'avais dans la vie (etc..) 

Je ne dirais pas que ce fut une agréable expérience mais elle fut très enrichissante et m'a permis de grandir même si j'aurais préféré utiliser des méthodes moins radicales pour cela. 

La rue m'a soumis à la faim, m'a montré les limites que pouvaient atteindre mon corps mais elle m'a aussi montré la valeur des choses. Vous ne voyez certainement pas une simple bouteille d'eau ou un paquet de gâteau comme je le vois et c'est normal. 

Dés notre enfance, c'est à nos parents de nous inculquer ce genre de valeurs mais j'ai été trop stupide pour me rendre compte qu'ils en avaient rien à faire de moi. 

Elle m'aura aussi appris à savourer les petits plaisirs du quotidien comme une douche chaude ou un toit nous protégeant du froid. Peu importe si je m'en sors ou pas, j'aurais évolué et cela ne pourra que m'être bénéfique pour la suite. 

Je sortis de mes pensées lorsque j'entendis la sirène des pompiers hurler dans toute la rue. 

Ce qui me manque le plus c'est certainement le plaisir du silence. 



L'amour m'a tué, l'amour m'a sauvéWhere stories live. Discover now