Chapitre 22

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Il traversa les quelques mètres qui nous séparaient, m'attrapa par le bras, me plaqua contre le mur, une main sur ma gorge.

-Tu as osé faire du mal à Angélique ?!

Et ouais... Les ennuis ne viennent jamais seuls.

Chris furieux intervint, se laissant emporter il éjecta Tyler contre le mur d'en face. Ce dernier se releva, les yeux emplis de haine mais je ne parvenais pas à déterminer si c'était à mon encontre ou pour Chris.

-J'vois pas ce que tu me reproches Tyler.

-Ah ouais ?! Et les marques sur son bras ? Elle se les a faites toute seule ?

-De quelles marques il parle Maria ?

Je restais muette. Les marques... Celle que je lui avais faites lorsque j'ai appris ce qu'elle essayait de faire à Chris et à moi.

-Le mot « traîtresse » écrit en latin, gravé à la lame sur son bras.

Tyler crachait son venin plus qu'il ne parlait. J'ignorais comment il était au courant de ça, sachant qu'il ne pouvait en aucun cas voir la scarification que j'avais imposée a cette blondasse.

Je décidais de rester stoïque et innocente.

-Je ne vois absolument de quoi tu parles.

-Sale menteuse ! C'est toi qui lui as fait tout ça !

Il s'élança de nouveau, dans l'espoir de m'atteindre mais Chris lui asséna une droite tellement phénoménale qu'il s'étala sur le sol, inerte.

-Tu l'as pas tué au moins ?

-Rassures-toi il est malheureusement juste assommé.

Il me prit par la main et m'emmena dans le dédale de couloirs jusqu'à une autre chambre, presque similaire à la mienne, sombre, propre, rangée.

-Voilà ma chambre, logiquement on devrait être tranquilles ici. Installes-toi, fais comme si c'était ta chambre, moi je vais aller prendre une douche.

Il m'embrassa légèrement et se dirigea vers la salle de bain, me laissant seule pour la première fois dans sa chambre, dans son intimité. Je me levais et inspectais la pièce. Rien ne laissait transparaître une quelconque forme de sentiment, de loisir.

Une bibliothèque bien rangée et nettoyée, un bureau vide, aucun carnet, pas de chevalet de peinture. Rien.

Déçue je me retournais vers le lit et m'y allongeais. Le sommeil me gagna et lentement mes yeux se fermèrent.

Mmh quel doux rêve, c'est comme si j'étais sur un nuage, un nuage en barbapapa.

-Maria !

Pfff on peut pas me laisser dormir en paix cinq minutes hein ?!

-Maria réveille toi bordel !

Eh ! Mais qui ose me secouer comme ça ? C'est bon je ne suis pas une piñata non plus !

-MARIA !!!

Et voilà que ça gueule en plus !

*VLAM*

Soudain, j'ouvris les yeux. On venait de me gifler. Très fort.

Tout était flou, j'avais du mal à discerner le visage qui se tenait au-dessus de moi. Puis ma vision s'adapta, et je vis mon frère, me fixant, les sourcils froncés. L'inquiétude dans son regard formait un pli vertical sur son front.

-C'est toi qui m'a frappée ?!

Il se recula légèrement – pas par peur mais pour me laisser m'assoire – et s'assit près de moi. En regardant autour de moi je remarquais que tout le monde – à l'exception de Tyler et d'Angélique – était là. Dans la chambre de Chris. Me fixant comme si j'avais la lèpre, la gale, la peste et le choléra réunis mais que je tenais encore debout.

-Il se passe quoi encore ?

Erebus s'approcha.

-Tu avais cessé de respirer et ton cœur ne battait plus.

Je portais la main à ma poitrine et sentis avec soulagement les palpitations de mon sang dans mes veines.

-On a eu tellement peur quand Chris à hurlé... C'est Kalona qui est arrivé le premier, mais malgré vos liens il n'a rien pu faire.

Je me sentais bizarre, à la fois perdue et seule alors que j'étais dans une chambre et bien entourée.

Chris fit le tour de son lit, s'assit près de moi et me prit la main. De son pouce il décrivit des cercles sur le dos de ma main. Ce qui eut pour effet de me calmer instantanément.

-Je t'ai sondée et pourtant tout à l'air normal, je ne comprends pas ce qui a pu se passer. Quoi qu'il en soit on ne doit pas te quitter des yeux une seule seconde.

-Même quand j'irais me laver ?

-A ce moment là ce sera Kalona qui sera avec toi, en cas de soucis je lui ai montré comment nous avertir rapidement.

Chris se dandina, mal à l'aise.

-On a décidé de faire des tours de garde la nuit, pour que tu puisses dormir sans mettre ton existence en danger.

Je baissais les yeux. Encore une fois j'allais être le centre d'attention de ce Manoir et l'autre petite garce allait encore me le reprocher.

J'attirais Chris vers moi pour lui chuchoter à l'oreille.

-Je ne veux pas de tout ça... S'il te plait fait les changer d'avis...

-Non Maria. Je suis d'accord avec eux. En journée ce sera soit Erebus, Kalona, Thomaz, Alexander – il insista sur ce nom, l'air répugné à cette idée – et moi. Et la nuit ce sera uniquement Thomaz, Kalona ou moi.

Savoir que chacun de mes gestes allait être épié à longueur de journée jusqu'à ce que l'on décrète que j'allais mieux me rebuta mais seule contre quatre et demi – je n'ai pas encore décidé si le « demi » était Alexander ou Kalona – je ne pouvais pas faire grand-chose.

Résignée je serrais la main de l'homme que j'aimais.

-J'aimerais me reposer encore un peu. S'il vous plait.

D'un signe de tête commun, ils sortirent tous à l'exception de Chris qui s'installa à côté de moi, m'entourant de ses bras. Sa chaleur me réconforta et je pus enfin me rendormir, apaisée.

Dans un demi sommeil, je l'entendis se relever sur le coude, il embrassa tendrement ma joue.

-Si tu savais à quel point je t'aime, je donnerais tout pour toi, vraiment tout.

Mon cœur s'emballa un instant puis se calma au fur et a mesure que le sommeil prenait le dessus sur moi.

Le décor changea, je me trouvais dans un champ, comportant un unique arbre. Le ciel, noir, grondant et menaçant au-dessus de ma tête. Soudain un éclair traversa les nuages pour venir frapper l'arbre de plein fouet. Une fois, deux fois, trois fois... Encore et encore.

L'arbre se rapprochait dangereusement de moi... Attendez ! Il se rapprochait ?!

Je baissait les yeux et remarqua que mes jambes avançaient sans que je m'en rende compte. Plus je marchais et plus je me rapprochais des éclairs qui continuaient de vriller le ciel de leurs couleurs aveuglantes.

Au loin, derrière, j'entendis quelqu'un crier.

Quelqu'un crier mon nom.

Immortelle - T2 - RenaissanceWhere stories live. Discover now