Chapitre 9

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Angélique me fixa, je vis avec plaisir la peur dans ses yeux. Sans plus attendre elle s'enfuit à toutes jambes.

Thomaz continuait de me tenir la main, pensant que j'allais lui courir après. Au lieu de ça je me rassit à côté de lui et continua mon repas.

Surpris par mon self-control il éclata de rire.

-Tu me surprendras toujours ma petite.

Il se leva et se dirigea vers un meuble quelconque et en sorti deux verres ainsi qu'une bouteille pourpre.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Ah ça ma ptite, c'est la meilleure chose que tu aies jamais goûté dans toute ton immortalité !

Intriguée, j'attendais qu'il en dise plus mais il n'en fit rien. Il se contenta de verser un liquide noir dans les verres et m'en tendis un. Voyant que j'hésitais il s'esclaffa.

-La Maria d'avant aurait été jusqu'à prendre la bouteille et la liquider d'un coup, mais la Maria de maintenant hésite même à boire une gorgée ?

Outch ! Il venait de toucher un point sensible, avant je n'aurais pas attendu pour boire le verre qu'il me proposait.

Allez ma vieille, reprends-toi !

D'un coup je pris le verre et le vida d'un trait.

Le liquide était glacé au départ mais devint brûlant en quelques secondes, mes papilles gustatives ne savaient plus sur quel pied danser, les saveurs se mélangeaient, passant de l'amer au sucré, du salé à l'acide. Et puis, plus rien.

Je me resservi un verre.

-Qu'est-ce que c'est ?

Je pris une gorgée. Thomaz me regardait, un petit sourire sur les lèvres.

-C'est du sang de démon.

Je crachais le tout sur son visage. Il éclata de rire et s'essuya avec sa manche.

-T... Tu plaisantes non ?

-Du tout !

Il avala son propre verre avant de se resservir.

-Non je déconne, c'est une invention de Chris, il aime bien tester de nouvelles choses, la dernière fois c'était un smoothie banane, kiwi, abricot et carotte. Je sais on pourrait croire que c'est dégoûtant mais au final c'était une pure merveille.

Je souris, au moins Chris n'avait pas fait comme moi, à me morfondre dans mon coin, lui avait préféré faire de la cuisine ou essayer de nouvelles boissons. D'une certaine manière j'étais fière de lui.

Finalement je repris un verre et continuais de manger mon repas. Pendant ce temps Thomaz me tenait au courant des derniers évènements. Apparemment Alexander passait toutes ses nuits devant ma chambre, dans l'espoir que je sorte, si ça ne tenait qu'à lui il y serait resté de jour aussi mais Erebus avait su le tenir occupé.

Angélique, elle, passait son temps à coller Chris, ce qui lui valait d'être rejetée chaque fois un peu plus fort. Je failli rire à l'évocation des mots qu'employait Thomaz pour parler d'elle. Lui non plus ne l'appréciait pas, il la voyait comme « une petite garce pourrie gâtée, complètement fêlée de la cafetière et grosse manipulatrice ».

Ce qui me fit mal en revanche, c'était les mots que Thomaz ne faisait que répéter, mais ces paroles venaient de Chris...

-Il disait qu'il ne voulait plus te croiser, Erebus m'a confié que si son fils avait réagi de cette manière, c'est que son cœur avait été profondément touché et qu'au fur et a mesure des jours, il est en train de perdre son humanité...

Erebus fit irruption dans la cuisine et s'arrêta net en me voyant.

-Oh... Maria.

Je baissais la tête, confuse et gênée. Ne sachant comment réagir face à celui qui m'avait déjà tant donné et à qui je faisais beaucoup de mal.

-Bonjour Erebus.

Ce dernier parcouru la pièce pour me serrer dans ses bras, à ma grande surprise – et à celle de Thomaz, au vu de ses yeux écarquillés.

-Tu as enfin décidé de sortir de ton trou !

Il me détailla de la tête au pied, faisant la moue à la vue de mes membres amaigris, et son regard se posa sur mes cheveux en batailles, tout ébouriffés après avoir séché sans avoir eu de coup de brosse.

-Par tous les saints ! Qu'as-tu fais de tes beaux cheveux longs ?!

-Ils appartiennent à la Maria du passé Erebus, j'ai décidé de me reprendre en main et de changer.

-Sage décision.

Kalona arriva et se posa sur la table – me chippant mon dernier morceau de viande au passage – et me fit comprendre que quelqu'un arrivait. Vu son état agité ce devait être soit Alexander soit Angélique.

Le résultat ne se fit pas attendre – et je ne fus pas déçue du résultat – car des éclats de voix nous parvenaient jusque là où nous étions.

Erebus soupira et se laissa tomber sur un banc.

-Ils vont finir par me rendre fou !

Je n'eus pas le temps de lui poser la moindre question car deux personnes entrèrent dans la cuisine. Le premier était Alexander et le second était... Hein ? Non mais je rêve ?!

Je jetais un coup d'œil au contenu de mon verre, peut-être avais-je abusé de la boisson de Chris.

Mais non je voyais bien, et j'avais en face de moi deux Alexander. L'original et sa copie, se ressemblant comme deux gouttes d'eau, si bien que je ne savais discerner lequel était celui que je connaissais. Ce n'est qu'à la lueur dans le regard de celui de gauche que je su que c'était lui. Il se jeta sur moi et me fit voltiger dans les airs.

-Maria ! Si tu savais à quel point tu m'as manqué !

-Mh... Lâche moi Alex, tu me brises les côtes.

Il me reposa, l'air coupable.

-Désolé.

Je jetais un œil derrière lui, sur son double qui me perturbait. Ce dernier me fixait, ne sachant pas trop où se mettre, se balançant d'un pied à l'autre.

Quant à moi je me sentais encore plus gênée, on aurait dit Alexander, mais légèrement plus jeune. Plus je le regardais et plus j'avais l'impression de me retrouver face au Alexander que j'avais rencontré en 1752. A la seule différence que celui que je regardais avait une petite cicatrice, très légère, tout le long de la joue.

-Ah oui... Tu n'es pas au courant.

Je regardais Thomaz qui leva les mains en signe de culpabilité, il articula le mot « désolé ».

-Je te présente mon arrière-arrière-arrière-arrière... Bref mon descendant. Tyler Julian Gianvito.

Tyler leva la main, tout sourires.

-Salut Maria ! Content de te connaître !

Immortelle - T2 - RenaissanceWhere stories live. Discover now