Chapitre 17

74 8 2
                                    

Je le voyais aller et venir et espérait fortement que Killian ne le voit pas. Heureusement il n'y prêtait pas attention. Au contraire il me fixait, moi.

-J'ai comme l'impression de te connaître depuis toujours Maria, comme si je pouvais me confier à toi, tout te dire... Alors qu'on ne s'est rencontrés que ce soir...

Ce pourrait-il que... ? Que Killian soit encore le même mais que cette personnalité soit enfouie tout au fond de lui ?

Un bruissement d'ailes nous fit lever les yeux au ciel. Alexander se posa devant nous, les bras croisés... et torse nu ! Non mais sérieusement le mec se mettait à ma recherche mais en plus il pouvait pas enfiler un foutu T-shirt ?! Bah non Môssieur préfère se balader les abdos à l'air et les ailes déployées pour impressionner son monde !

-Putain !

Killian s'était levé d'un coup et avait reculé jusqu'à être collé à la paroi des ruines du blockhaus.

-Killian ?

-Putain !!

Je tendis la main vers lui mais il ne me voyait pas, son regard étai fixé sur le minuscule bout de joint qu'il tenait encore entre ses doigts.

-Putain !!!

Et de trois... Je vous jure que si il en dit un quatrième je le bâillonne !!

-Elle est puissante la weed d'Antoine !

Non mais je rêve ?! Il croit halluciner à cause de la fumette !! Je décidais de jouer le jeu, histoire de rester crédible – et ça me donnait une excuse pour faire tourner Alexander en bourrique.

-C'est clair ! Non mais tu vois ce mec avec des ailes ?!

Killian écarquilla les yeux en me fixant.

-Tu le vois aussi ?! C'est la première fois que je vis une hallucination collective ! C'est dément !

-Grave !

Je lui pris son mégot, alluma le bout qui s'était éteint et aspira une longue bouffée avant de lui passer. Il tira tellement fort dessus que le carton qui lui servait de filtre lui brûla les doigts, surpris par la douleur il le lâcha.

-Aïe ! Merde !

-Bon c'est fini cette comédie ?

-Putain mais il parle en plus Cupidon !

Alexander haussa les sourcils, à la fois surpris et vexé qu'on le prenne pour un mirage. Malgré mes regards insistants pour qu'il comprenne que je faisais semblant, il ne lâchait pas l'affaire.

-Allez Maria on rentre à la maison !

-Il est aussi chiant que ton mec celui-là !

Killian, ayant reprit du courage, traversa la distance qui le séparait d'Alexander pour le placer pile devant lui. Leurs torses se touchaient presque. J'eus même l'impression de revoir l'image d'Alexander face à Chris quelques mois plus tôt. Sauf que cette fois au lieu de deux amants qui se battaient du regard pour l'amour d'une femme, c'était un ami – enfin plutôt un frère – face à l'ex petit ami.

-Vous allez laissez Maria tranquille ! Putain j'en reviens pas ! Vous la faites chier le jour de son anniversaire ! Mais vous n'avez pas honte ?! Au lieu de le fêter avec elle vous lui prenez la tête.

Il se détourna, attrapa nos casques d'une main et m'entraîna dans son sillage en me prenant la main de l'autre.

Jetant un regard en arrière je vis la surprise sur le visage d'Alex.

-C-c'est ton anniversaire ?...

Il semblait tout penaud. Killian se retourna vers lui, plus furieux que jamais, si Alexander avait porté un T-shirt je suis sûre qu'il l'aurait empoigné par le col – même si Alex faisait presque une tête de plus que lui – et soulevé du sol.

-TU ES CON OU QUOI ?!

Il agrippa les épaules de mon ex et le secoua comme un prunier.

-TU ES SENSE LA CONNAÎTRE ET TU NE SAIS MÊME PAS QUE C'EST SON ANNIVERSAIRE !! PAUVRE TYPE VA !

Il le poussa et me rejoignit.

-Viens Maria on se casse !

Sans un mot je le suivis, sincèrement je ne savais plus quoi en penser, entre mon « frère » qui devenait protecteur, Chris qui m'empêchais de partir avec Killian et Alexander qui voulait me forcer à rentrer.

Je clignais des yeux histoire de m'éclaircir les idées et choisis de ne pas y penser pour cette fois.

Arrivés à la moto Killian se décida à parler.

-Désolée pour tout ça Maria, mais ce soir c'est ta soirée, c'est même ta journée à venir et je refuse que quiconque vienne te la gâcher ! Même si c'est une putain d'halucination.

Je me sentis rougir. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien. Je pris le casque qu'il me tendait et enfourchais la moto derrière lui. On roula pendant quelques minutes. Puis il commença à emprunter un chemin qui m'était plus que familier. C'était mon ancien quartier. Et lorsqu'il s'arrêta enfin, je manquais de pleurer...

On se trouvait devant notre ancien studio. Celui que nous occupions pendant nos missions pour Lucifer.

Il eut un peu de mal à insérer la clef dans sa serrure.

-Tout va bien Killian ?

Il soupira.

-Oui, c'est juste... Je ne sais pas... C'est étrange mais je suis stressé, angoissé, ému... Et ce qui me perturbe c'est que je ne sais pas pourquoi.

Il réussi enfin a ouvrir la porte et m'invita à entrer.

Dans l'appartement c'était à la fois similaire et pourtant si différent de ce qu'il était lorsque nous y vivions il y a un peu plus d'un an. Les murs avaient gardé leurs couleurs sombres, mais la déco métallique me rappelait cet effet « rebelle » que j'avais remarqué chez Killian au bar.

Cependant, on sentait bien que c'était un garçon qui vivait seul ici. La vaisselle qui s'entassait dans l'évier, quelques vêtements qui jonchaient le sol et des consoles ou télévisions dans presque toutes les pièces.

Il me fit visiter, la salle, la cuisine, sa chambre, la salle de bain et... la pièce qui avait été ma chambre. C'était une chambre toute simple, comme une chambre d'amis, comportant uniquement un lit, une table de chevet avec une lampe, un bureau, une chaise et une étagère pleine de romans.

Dans la salle, derrière l'écran plat, se trouvait un tableau... de moi !

Enfin pas vraiment de moi, c'était la Maria que j'avais été avant de manquer de mourir en 1666. La Maria Stoll qui avait 18ans, celle qui avait sauté avec son frère dans la Tamise pour se sauver des flammes ravageuses.

Le portrait géant me fascinait, c'était moi sans être moi. La fille sur le portrait avait l'air triste, mélancolique voire même nostalgique. J'avais les larmes aux yeux rien qu'à le regarder.

-Ça va Maria ?

Sa voix me fit sursauter.

-Oh euh... Oui ça va... Dis-moi, qui est-ce ?

Il sourit d'un air triste.

-Sincèrement, j'en ai aucune idée.

Immortelle - T2 - RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant