Chapitre 11

79 10 2
                                    

-Chris...

Je tentais une approche, mais j'avais à peine fait un pas vers lui, qu'il était déjà reparti.

La barrière que je venais de forger en moi s'écroula en une fraction de seconde, mon corps suivit. Mes genoux heurtèrent le sol avec violence mais la douleur physique n'était rien comparée à celle qui déchirait mon cœur.

Erebus fit aussitôt sortir Angélique de ma chambre et ferma la porte à clé derrière elle. Puis il revint vers moi, me porta jusqu'à mon lit et me serra fort dans ses bras.

-Au début je t'en ai voulu d'avoir blessé mon fils, mais je me rends compte qu'il a des torts lui aussi. Je dois te dire qu'après ta « disparition » Angélique a un peu réussi à avoir ce qu'elle convoitait depuis des décennies.

-C'est-à-dire ?

Erebus prit une grande inspiration. On aurait dit que ça lui pesait de me confier tout ça.

-Un soir, Chris était tellement inquiet qu'il n'arrivait pas à dormir. C'est là qu'il a commencé à créer de nouvelles boissons. Quand il est parvenu au résultat du breuvage que tu as goûté tout à l'heure, il était totalement saoul, je me demande même comment il a fait pour se souvenir des ingrédients et de la façon dont il s'y était prit.

Ce petit trait d'humour m'arracha un léger rictus.

-Et au même moment Angélique l'a rejoint dans la cuisine...

Je me raidis, me préparant au pire.

-Ils se sont embrassés.

Je sentais dans sa voix que ça ne lui plaisait pas non plus.

-Comment tu l'as su ?

-Kalona est comme toi, il n'apprécie pas du tout Angélique et préfère que Chris soit avec toi. Comme 98% d'entre nous.

-Je suppose que les deux pourcents restants sont Angélique et Alexander ?

-Exactement.

Je baissais les yeux sur mes mains qui s'étaient mises à triturer ma couette inconsciemment.

-Je suis sincèrement désolée Erebus. Je n'ai jamais voulu que ça arrive.

-Je le sais Maria. J'étais déçu au départ mais j'ai fini par prendre du recul. Mais j'aimerais savoir quelque chose.

-Laquelle ?

-Que s'est-il passé là-bas ?

Je gardais le silence, ne sachant pas par où commencer.

-Tu peux tout me dire tu sais, tu me connais.

Je hochais la tête. Je savais qu'il pouvait tout entendre, mais je ne voulais pas qu'il apprenne les détails.

Alors je lui expliquais tout, à partir du moment où Alexander à posé sa main sur mon épaule, l'éclair blanc, le fait que j'ai recouvré la vue, le retour dans le passé, la perte de mes pouvoirs, le temps suspendu... Tout, jusqu'à ce que j'arrive au dernier – et au plus délicat – passage. Je n'eus pas le temps de le commencer que Erebus leva la main pour m'interrompre.

-Je crois que pour notre bien à tous, il vaudrait mieux que nous nous arrêtions là. J'aimerais juste comprendre comment ça a pu arriver... Il faut beaucoup de détermination et de pouvoir pour parvenir à envoyer – ou emmener – quelqu'un dans le passé. Mais là, deux personnes en même temps et plus de trois cents ans en arrière !

Il paraissait étonné et perplexe. J'hésitais à lui parler de l'aveu d'Angélique à propos de ce fameux voyage dans le temps.

-Ni Alexander ni toi n'avez assez de pouvoir pour parvenir à ça, c'est obligatoire que cela vienne d'ailleurs ! Je te promet de tout faire pour éclaircir tout ça.

Il se leva et, après avoir serré ma main, sorti de ma chambre.

Aussitôt Erebus parti, Alexander se faufila dans l'entrebâillement de la porte.

-Maria !

-Alex... Ce n'est pas le moment...

-Si c'est le moment. J'ai à te parler.

Et merde...

Il prit la place qu'Erebus occupait quelques minutes plus tôt.

-Je sais que tu étais encore là.

-De quoi tu parles ?

-Quand tu es sortie de la cuisine, l'air faussement vexée. Je sais que tu n'es pas partie. Tu as entendu quoi ?...

-J'ai tout entendu Alexander, je vous ai entendus, Tyler et toi, parler de Lindra.

Il n'osait pas croiser mon regard. Sa main vint se poser sur la mienne.

-Je suis désolé Maria.

-Je ne peux pas t'en vouloir d'avoir eu une vie alors que je croyais que tu étais mort... Je ne peux pas t'empêcher d'avoir tenté de d'accéder à une vie qui m'a été retirée peu de temps après mes dix-huit ans. Toi en revanche, justement pour ces mêmes raisons, tu ne dois pas croire que je t'appartiens, ta réaction quand tu as su que j'étais avec Chris m'a déçue et blessée.

Il ne dit rien.

Puis, un soupir.

-Maria, c'est toi que j'aime, je t'aime depuis le premier jour. Depuis ton départ – après ma mort et ma résurrection – il ne s'est pas passé un instant sans que je pense à toi. Quand Lindra a accouché de nos deux enfants, je me suis demandé à quoi auraient pu ressembler les nôtres.

Je retenais ma respiration, attendant la suite.

-J'ai passé des décennies à essayer de te chercher, je n'ai jamais cessé de t'aimer, tu es l'unique femme de ma vie, je t'aimerais jusqu'à mon dernier souffle. Quand je t'ai retrouvée...

Cette fois je savais ce qui allait suivre.

-Tu avais tourné la page, tu m'avais oublié, remplacé par un autre... J'ai été blessé, mais après que tu aies tué Lucifer, toute la haine que j'avais dans mon cœur, tout le mal qu'il avait incrusté en moi s'est évanoui, ne laissant que l'amour vaincre tout le reste.

Je ne savais plus quoi répondre face à tant de déclarations, sachant que de mon côté, c'était Chris qui ne quittait ni mon esprit, ni mon cœur.

-Et quand nous nous sommes retrouvés en 1752, j'ai su que c'était un signe, que le destin nous donnait une seconde chance, une chance pour tout recommencer, nous retrouver. Mon amour je t'aime tellement, je déplacerais des montagnes pour toi ! Je décrocherais la lune et les étoiles rien que pour te voir sourire, te voir heureuse. Tu le mérites plus que tout.

Je restais bouche bée, sa déclaration me touchait énormément mais il y avait un problème. Même si Alexander avait été mon premier amour. Chris lui était mon grand amour. Vous savez, l'amour avec un grand « A »... Je le savais, non. Je le sentais tout au fond de moi qu'il est véritablement mon âme sœur.

Ne sachant pas quoi répondre, je décidais de m'enfuir de ma chambre. Je courrais dans le couloir à la recherche d'un lieu où Alexander n'oserait pas entrer. Au bout du septième couloir je me trouvais face à deux chambre, j'entrais dans celle de droite.

A en voir la décoration j'étais sûre et certaine qu'elle appartenait à Angélique. Après avoir refermé doucement la porte, je décidais de fouiller par ci, par là – je pouvais bien me le permettre, cette petite peste me pourrissait la vie – ouvrant quelques tiroirs et placards.

Je cherchais sous son oreiller un quelconque journal intime et tomba sur un vieux grimoire. En tournant les pages je trouvais une recette de philtre d'amour, un masque de jeunesse éternelle et pleins d'autre conneries dans ce genre.

J'allais refermer l'ouvrage lorsqu'une page attira mon attention. N'en revenant pas je du la relire trois fois de suite, histoire d'être sûre de ne pas halluciner. Je me frottais les yeux avec force mais non, je ne rêvais pas.

« Comment retourner loin dans le passé ». C'était la phrase que cette pouffiasse avait surlignée en rose fluo...

Alors tout était de sa faute. Son aveu n'était pas seulement une ruse pour me faire enrager, Angélique nous avait réellement envoyés dans le passé de son plein gré.

-Qu'est-ce que tu fous là Maria ?!

Tiens, justement celle que je voulais voir !

Immortelle - T2 - RenaissanceWhere stories live. Discover now