27

2.5K 565 16
                                    

     Au début, j'observais beaucoup ce qui se passait chez moi. Comme le quotidien au centre et au collège (où je n'allais plus d'ailleurs) n'avait pas changé d'un poil, entre mon amour pour Iliana et mon mutisme face aux autres, j'essayais de me divertir un peu plus à la maison. Je demandais à Marie de me raconter ses journées, je l'enviais. Elle commençait à comprendre mon mal-être et me posait beaucoup de questions sur ma santé. Elle voyait bien que je n'étais pas comme les autres mais ne comprenait pas pourquoi j'étais si différent à la maison et à l'extérieur. Elle devait me prendre pour un fou. D'ailleurs j'en étais presque devenu un.

     Je ne vivais que dans l'idée de me venger. Je ne m'imaginais pas en train de les tuer. Je ne m'imaginais pas violent. Je m'imaginais simplement rétablir la vérité aux yeux de tous. Je voulais voir le regret et la honte dans leurs yeux, mais je n'avais pas la moindre idée de comment procéder.

     Je me torturais tellement l'esprit que j'avais de plus en plus de mal à être présent dans les conversations à la maison, dans les tâches quotidiennes. Je restais cloîtré dans ma chambre jusqu'à ce que la fatigue ne m'emporte. Un soir, j'ai entendu mon père et ma mère se disputer à mon sujet. Ils essayaient de masquer leurs voix pour ne pas que je les entende, mais ils avaient du mal à se contenir. Mon père disait que je devenais un vrai zombi et qu'ils auraient mieux fait de me mettre dans un hôpital psychiatrique car je commençais à leur faire peur. J'avais grandi, mes muscles s'étaient développés bien que je ne pratique aucun sport, ma voix avait mué. En bref, j'en imposais auprès de cet homme qui se rendait bien compte que son attitude castratrice auprès de moi pendant si longtemps pouvait se retourner contre lui. Ma mère, elle, était plus mesurée, et je l'entendais murmurer qu'il fallait qu'ils se ressaisissent et fassent plus attention car le fait de me garder chez eux leur apportait la pitié des voisins, qui étaient donc plus généreux. Cette conversation, aussi cruelle pouvait-elle paraître, me fit ouvrir les yeux. Je savais comme les faire réagir.

     Puisque j'étais leur gagne-pain, la chose dont ils avaient le plus peur était qu'il m'arrive malheur. J'ai longuement réfléchi à la manière la plus efficace pour qu'ils soient à mes pieds. 

Je suis un actisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant