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     Après plusieurs rendez-vous, le spécialiste a dit à mes parents que ça serait mieux pour moi d'aller dans une école spécialisée ; que comme il y avait moins d'enfants par classe, les maîtresses pourraient plus s'occuper de moi, comme j'étais un enfant difficile. Cette école, mon père l'appelait le centre.

     Alors ils m'ont inscrit dans une classe spécialisée. Dans ce centre, m'a expliqué ma mère, il n'y avait que des enfants comme moi, qui ont un truc en plus. Certains avaient un peu de trisomie, d'autre un bout de paralysie, plusieurs un peu malades, ou peut-être quelques-uns comme moi l'autisme.

     En vrai, j'avais peur de commencer dans ce nouvel endroit. Mon père m'avait expliqué que les enfants étaient tous malades et qu'il ne fallait pas trop que je les approche, que certaines maladies s'attrapent. Il me disait aussi qu'un enfant qui attrape la trisomie ou la dyslexie peut être séparé de ses parents pour être envoyé dans une grande prison pour enfants malades. Je n'étais pas rassuré et je lui demandais pourquoi moi je devais être avec plein d'enfants malades alors que j'étais en pleine forme. Il m'a répondu que le docteur spécialiste qu'on avait consulté avait dit que ça serait mieux pour moi ce centre, parce que les maîtresses comprendraient que je n'avais pas le droit de parler, et qu'elles ne m'embêteraient pas avec ça, pas comme dans les écoles normales.

     Le jour de la rentrée, j'ai enfilé mon cartable, j'ai pris ma carte postale d'Espagne et je suis parti à l'école spécialisée, terrorisé par l'idée qu'on pouvait me regarder dans les yeux et me jeter un sort, ou encore qu'on me touche et me contamine.

     Quand mon père m'a laissé dans la classe et est reparti, la maîtresse a dit aux autres enfants que j'étais autiste et qu'il fallait être gentil avec moi sinon je pouvais me mettre en colère. Mon père m'avait bien dit que dès que j'avais peur il fallait que je me colle au mur en regardant par terre et en grognant, que c'était la parade pour déjouer le mauvais sort. Alors quelques minutes après être rentré, quand Violaine, une petite fille en robe bleu et rose, est venue me parler, j'ai couru vers le mur. Je ne savais pas encore quelle maladie elle avait, ni si elle était contagieuse, mais je ne voulais pas prendre le risque. Violaine est hyperactive. Elle avait l'air très gentille mais mon père ne m'avait pas parlé de la maladie de l'hyperactivité, alors je ne voulais pas l'approcher, au cas où.

     La matinée est passée et mon père est revenu me chercher. Il a demandé à la maîtresse si je m'étais bien comporté et elle a dit que je n'avais pas quitté le mur du fond de la classe. Il a eu l'air gêné mais moi j'ai vu dans ses yeux qu'il était fier de moi. Elle l'a rassuré en lui disant que c'était normal et que j'allais m'habituer.

     Arrivés à la maison, il m'a dit qu'il était content que j'aie suivi tous ses conseils et que je devais continuer pour n'attraper aucune maladie. Je lui ai demandé aussi ce qu'était l'hyperactivité et il m'a dit que les enfants hyperactifs étaient des enfants méchants qui voulaient toujours se bagarrer avec les autres enfants. Il ne fallait pas leur parler ni les toucher car ils frappaient. Violaine n'avait pas l'air d'être une enfant très méchante. Mais je me suis dit que mon père avait sûrement raison. Il m'a bien dit de continuer mes efforts. Je lui ai promis

Je suis un actisteWhere stories live. Discover now