23

2.5K 564 23
                                    

     J'avais bien essayé de faire du chantage à mes parents, je leur disais que j'avais filmé une vidéo de moi expliquant tout depuis le début, et que s'ils ne me laissaient pas voir Iliana je la publierais sur internet. Ils n'ont non seulement pas cru un mot de mes menaces, mais en plus ils ont coupé notre abonnement internet pour être certains que je ne passe pas à l'acte.

     Quelques fois je criais si fort que certains voisins se plaignaient. Mais ça ne faisait que renforcer la crédibilité de mon handicap auprès des voisins. En fait, je pensais leur nuire mais je leur faisais plaisir. J'ai donc changé de tactique. Un jour mon père est rentré de sa balade au parc avec Marie, et m'a trouvé allongé sur le sol, inconscient. J'avais avalé une grande dose de médicaments. Assez pour m'emmener loin de mon esprit, mais trop peu pour me tuer. Ce n'était d'ailleurs pas mon but. Une fois arrivé à l'hôpital, un bon lavage d'estomac et le tour était joué. J'avais eu ce que je voulais, j'étais sorti plusieurs jours de la maison. Pour les médecins c'était clair, j'étais en pleine dépression. Mes parents s'en sont un peu voulu, d'autant que si je me foutais en l'air, ils ne toucheraient plus d'aides. Ils ont donc commencé à changer de comportement avec moi et sont devenus plus conciliants. J'avais le droit d'écrire des lettres pour me vider la tête. Bien sûr, ils ne les donneraient pas à Iliana, d'ailleurs, ils ne savaient pas que c'était à elle que j'écrivais, mais ils avaient lu dans un magazine que les ados avaient besoin d'extérioriser leurs émotions.

     Chaque mois, je remplissais un cahier de mes doutes, mes peines, ma tristesse, et chaque fin de mois je le jetais, afin qu'il ne reste aucune trace.

     Quelques fois j'insultais mes parents puis j'arrachais instantanément la page, de peur qu'ils tombent dessus et m'internent. Plus les jours passaient et plus ma haine grandissait. 

Je suis un actisteWhere stories live. Discover now