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     Comme ma mère nous l'avait annoncé, elle était sur un nouveau coup pour obtenir un peu d'argent. Elle a contacté un organisme qui s'appelle MDPH et qui s'occupe des gens handicapés. Elle a rempli un tas de papiers et des gens sont venus à la maison pour monter un dossier sur moi. J'étais déjà considéré comme enfant handicapé mais mon père avait demandé une révision de ma situation. On a répété pour que je fasse l'enfant très très handicapé. Alors j'ai crié, je me suis arraché les cheveux et j'ai tapé dans le mur pendant longtemps. Ensuite les gens sont partis et on a croisé les doigts.

     Quelques semaines après, on a reçu un courrier qui disait que le médecin spécialiste avait déclaré mon handicap à plus de quatre-vingt pour cent. Ma mère a sauté de joie et m'a longtemps félicité. Je ne savais pas ce que ça voulait dire mais comme c'était très près de cent pour-cent j'ai compris que c'était un très bon score. Ensuite elle a fait beaucoup de démarches, je l'ai entendu râler au téléphone au sujet d'un dossier qui était long à prendre en compte, et au final, quelques semaine après, elle m'a annoncé qu'on avait obtenu le droit à l'aide de la caisse d'allocation familiale et qu'on allait toucher une pension. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, mais à en voir le sourire radieux de mon père j'ai compris que c'était ce qu'ils attendaient.

     C'est comme ça que jusqu'à la fin de ma vie je recevrai une pension d'invalidité car j'étais déclaré handicapé à plus de quatre-vingt pour-cent. Ma mère faisait déjà de gros calculs pour savoir combien cela allait lui rapporter en un an. Je pense que c'était une grosse somme car ce soir-là elle a commandé à manger et on s'est tellement régalé qu'on a eu le droit de reprendre deux fois du dessert, ce qui était très rare. Mais je me demande si ce n'était pas aussi parce qu'elle était enceinte qu'elle avait eu envie de manger plus ce soir-là.   

Je suis un actisteWhere stories live. Discover now