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     Pendant des mois, je ne suis plus du tout allé à l'école. Ni celle des enfants méchants, ni celle des enfants malades. Mes parents disaient que je n'étais pas prêt et les médecins comprenaient. A la maison, on faisait beaucoup d'exercices et j'étais très fatigué.

     Au bout d'un moment, je ne détestais plus le multicolore, j'en avais horreur ; je ne me contentais plus de toucher les murs ou les sols, je ne faisais que mettre mes doigts partout en caressant les différentes surfaces pour avoir de nouvelles sensations. Je ne me contentais pas de grogner mais je criais dès que quelqu'un essayait de m'approcher car mon père m'avait dit qu'en criant ça leur faisait peur, et c'est vrai. En bref, j'étais enfin prêt à retourner à l'école et supporter le contact avec les autres.

     

     C'est avec un peu d'excitation que je me suis levé le jour de ma rentrée. Je devais changer de classe car un an était déjà passé. Je suis rentré en moyenne section. Ce n'était plus la même maîtresse puisque c'était un maître, et mon père m'avait dit que c'était un « jeune prof » et que ça allait être facile avec lui.

     Quand je suis arrivé j'ai grogné sans même le regarder et j'ai couru au fond de la classe. A chaque fois que l'ATSEM venait me voir je criais très fort et je courais. Elle a fini par abandonner en disant qu'elle ne pouvait plus rien y faire.

     Au début j'étais peiné car j'aimais bien son parfum, mais j'ai fini par me dire que c'était mieux comme ça parce que de toute façon elle était folle.

     Toute l'année est passée, le maître n'a jamais essayé de me parler et de me faire participer alors que parfois je connaissais la réponse. Mais comme il ne fallait pas parler je ne disais rien. Les autres enfants, eux, parlaient tout le temps. Je me disais qu'ils étaient fous et qu'un jour il leur arriverait des problèmes. Mais ça ne me regardait pas, et tant pis pour eux. Mon père disait toujours que j'étais trop intelligent pour eux et que si je leur parlais tout le monde saurait que j'en étais capable, et ça il n'en était pas question. Il m'a dit qu'il était fier de moi, et j'étais heureux. 

Je suis un actisteWhere stories live. Discover now