Dynasties / Eliane

By ombrenoire

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Empires naissants et royaumes à l'aube de leur gloire, contrées en déclin et cités dépéries. Sur le continent... More

Dynasties
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Épilogue
Remerciements

L'Exilée (5)

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By ombrenoire

Les témoins se succédèrent sur l'estrade, mais plus personne ne parut être capable de porter un coup décisif ou de réveiller l'assemblée, qui après l'intervention de l'ancien Sire d'Eau était tombée dans une étrange torpeur. Eliane écouta les critiques d'une oreille distraite, sans réellement leur prêter attention. Le défilé quasiment ininterrompu de courtisans qui émettaient des commentaires à son sujet lui parut d'une lenteur et d'une absurdité insurmontables, et ne fit qu'augmenter graduellement sa colère. Tout le long, elle songea à Karashei et à Uriel, à leur mariage. Elliott avait avoué nombre de choses, allant de sa relation avec Karashei, qui avait commencé très tôt, jusqu'à l'empoisonnement de Gaxier, même s'il avait admis ne pas savoir ce qu'il donnait au cousin de Laurus. Sa douceur, sa candeur, et sa peine apparente avaient réussi à apaiser quelque peu les cœurs. Et Eliane avait enfin compris ce qui avait causé l'apparition de cette ombre dans son regard auparavant si lumineux.

Peu avant l'accident de Karashei, quelqu'un était venu voir Elliott, lui avait murmuré qu'Eliane voulait du mal à la Demoiselle d'Eau. L'inconnu ressemblait à un quelconque serviteur du palais, même si personne ne semblait pouvoir l'identifier. Il n'avait rien dit d'autre, seulement qu'Eliane avait de mauvaises intentions. L'incident avait été pour Elliott la preuve de cette affirmation sans fondement. N'étant pas habitué aux traîtrises de la Cour, il y avait cru, naïvement, comme un enfant, et le doute et la colère s'étaient instillés dans son cœur. Quand, peu après le départ d'Eliane, Vilhelm avait commencé à recueillir les témoignages de ceux qui connaissaient les crimes de la Reine, il avait à peine hésité à se présenter. La souffrance l'avait aveuglé. Désormais, debout dans le fond à côté des pupilles royaux qui le connaissaient bien, renfermé sur lui-même, il ruminait son erreur en silence.

Enfin vint le moment qu'Eliane avait attendu depuis le début, celui pour lequel elle avait monté toute cette mise en scène. Laurus se redressa lentement, épousseta les vieilles loques dans lequelles il s'était présenté à la Cour dans l'espoir de paraître repenti de ses erreurs, puis se plaça sur l'estrade pour faire face à la foule, qui parut se réveiller quelque peu. Les têtes se redressèrent, les regards se firent plus vifs. Eliane sourit, la rage au cœur. Elle avait escompté que l'ancien souverain passerait dans les derniers, afin de donner plus de poids à ses arguments.

Au bout du compte, malgré les années qui l'avaient marqué, il n'avait pas changé... du moins pas dans l'âme. Sa large cicatrice semblait s'être perdue dans les profondes rides qui creusaient son visage, ses épaules étaient voûtées par l'âge et le dur labeur qu'il avait accompli sur ses vieux jours, mais il rayonnait d'une sorte de fierté mesquine, de l'assurance de celui qui se croyait vainqueur. Il échangea un bref mais équivoque regard avec Vilhelm, riva son regard loin devant.

— Avant toute chose, entama-t-il après s'être éclairci la voix, j'aimerais souligner quelques points qui me paraissent importants. Cela fait maintenant quinze étés que Dame Eliane...

— Je suis toujours Reine, cingla-t-elle.

Il fit une pause, la considéra, presque méprisant. Que, tout le long, elle ne se soit pas défendue une seule fois, à l'exception de l'occasion du témoignage d'Elliott, lui donnait probablement une absurde confiance en sa victoire. Car, de ce qu'elle avait conclu, tout le long de son exil, il n'avait cessé d'ourdir sa démise. Cette paix temporaire, qu'il lui avait cédée à son mariage pour une inexplicable raison, avait pris fin aussitôt qu'il avait quitté la Cour.

— Certes.

Plus pour longtemps, sous-entendaient son ton et le regard venimeux de Vilhelm, qui s'était tendu sur son trône.

— Cela fait donc quinze été que vous régnez, éluda-t-il, et, du peu que j'ai pu constater durant mes voyages dans les provinces, c'est que le Royaume se portait chaque été un peu mieux. La population paraît réellement plus heureuse, les gens semblent moins dans le besoin. J'étais sceptique sur le modèle d'Ombre, mais il semblerait qu'il fonctionne.

Complimenter pour mieux critiquer, songea Eliane avec amertume. Tout ce qu'il venait de dire, au combien irritant cela serait pour les conseillers, était vrai, mais ce serait bientôt balayé par une volée de reproches aussi perçants que des flèches. Elle lança un bref regard à Astryd, qui approuva d'un hochement de tête.

— Honnêtement, quand vous avez épousé mon fils, je pensais que vous alliez le briser, Eliane, mais en vérité, vous l'avez fait grandir. Tant bien qu'il a fini par voir le monstre que vous êtes. Vous...

— Je vous interromps une petite minute Sire, gardez précieusement cette idée dans un coin.

Elle leva la main. Laurus, réduit au silence simplement par son ton péremptoire et l'œillade acérée qu'elle lui avait décoché, ouvrit et ferma la bouche sans émettre un son, comme un poisson hors de l'eau. Il venait de perdre la cadence de son argumentation, et par là même son droit à la parole. Astryd commença à jouer des coudes pour s'extraire de ma masse de petits courtisans dans laquelle elle était embourbée, Eliane ferma les yeux et souffla :

— Ekannå teven ikele Praett. Vakka zen-va derehaen sievert.

Un vent froid, surgi de nulle part, fouetta les cheveux soigneusement coiffés, les perruques et les mèches volantes de l'assemblée, qui fut parcourue d'un frisson. Devant Eliane, l'air se condensa en fines volutes de brume glacée, qui s'amoncelèrent telles un nuage nacré de mauvais augure, cristallisant lentement une forme humaine éthérée, dont les pieds flottaient à quelques centimètres du sol, et dont les cheveux courts étaient balayés par une brise immatérielle. Le prêtre du Temple, drapé dans une longue robe presque aussi lumineuse que le reste de son corps, ouvrit ses paupières sur des orbites d'argent liquide. Dans la pénombre de la pièce, il éclairait son entourage d'une lumière bleutée, brillante, semblable à l'éclat de la lune.

— Enfant de l'Ombre, demanda l'apparition d'une voix claire, douce mais profonde. Tu as fait appel au tribunal des quatre.

Vilhlem parut terrorisé, et Laurus confus.

— Mais...

— Les véritables lois de Ciel, s'interposa Eliane, sont écrites ici.

Elle tendit la main vers Astryd, qui avait réussi à rejoindre l'estrade, et récupéra le livre qu'elle avait passé les trois derniers jours à lire en long, en large et en travers.

— Plus exactement, ce sont celles qui ont été ratifiées par un prêtre du Temple.

Astryd servant de pupitre, Eliane ouvrit en grand le livre à une page précise marquée par un ruban. Il était évident que de nombreuses pages de la suite avaient été écrites, mais quand le prêtre glissa doucement une main au-dessus des pages, il hocha la tête.

— Décret premier de la constitution du Royaume d'Helvethras et des cinq provinces, cita-t-il lentement. « C'est par l'art arcanique que le Royaume est fondé, et c'est avec l'approbation du Temple que ses lois seront édictées. » Comment as-tu su quelles pages étaient concernées ?

Pour peu que cela soit possible avec sa voix égale, il paraissait un brin curieux.

— Elles dégagent une énergie propre. Tout cela pour dire, ajouta Eliane en se tournant vers Vilhelm, qu'aucune de vos lois, Mon Roi, n'est réellement valide. Aucune n'a été approuvée par un prêtre du Temple, et donc de fait, je ne suis coupable d'aucune de vos inventions.

Le souverain blêmit, mais elle n'en avait pas fini.

— En revanche, je fais appel au tribunal des quatre. J'accuse Laurus de Ciel du meurtre de mon cousin Uriel d'Ombre et de son épouse Karashei d'Eau.

Le choc se peignit sur les visages dans la salle, mais personne n'osa couvrir la voix du prêtre.

— Le motif de l'accusation est valide, mais il faut qu'elle soit appuyée par deux autres proches des concernés. Qui seront-ils ? s'enquit-il.

— Elliott, le père des filles de Karashei, et Vasilas, le grand-père de Karashei.

Vasilas s'avança lentement, sans même poser de questions. Eliane lut dans ses yeux une immense peine, mais aussi une virulente envie d'en découdre. Elliott, lui, parut hésiter, comme si les doutes qui l'avaient assailli après les révélations sur la mort de Karashei l'incitaient à réfléchir davantage, à ne pas se laisser entraîner aveuglément comme la dernière fois. Puis, il parut réaliser la réelle signification des mots d'Eliane, et la résolution du sire Vasilas. S'ils s'étaient ligués en public contre l'ancien souverain, il devait y avoir une réelle raison, plus profonde que de simples mots jetés à la volée. Il carra les épaules, et la foule s'écarta d'elle-même sur son chemin quand il les rejoignit. Néanmoins, il resta au bas de l'estrade, jugeant l'ancien Roi de Ciel depuis le sol qu'il avait toujours foulé.

— Vous ne pouvez pas...! voulut protester Vilhelm.

— Un procès porté aux yeux du tribunal des quatre a la priorité sur tout autre procès, Votre Altesse, trancha fermement le prêtre, parce qu'il fait appel au Temple des arcanes. Vos simples affaires mortelles peuvent reprendre par la suite.

Réduit au silence par le regard gris intransigeant du prêtre, le souverain se tassa sur son siège et n'osa plus prendre la parole.

— Vous serez les trois juges de ce tribunal. Présentez vos accusations. La justice des arcanes rendra compte du reste.

Eliane porta la main à une petite bourse en soie attachée à sa ceinture.

— Mon cousin et son épouse ont été attaqués sur le pont de l'Aube-Rouge par un groupe de bandits. C'est le capitaine de la garde de Ciel qui a mené l'enquête. Il s'est avéré que le groupe de bandits étaient retournés dans une taverne des environs.

Elle fit une pause, détailla le visage de Laurus, qui virait lentement à un gris maladif. Sa répugnante satisfaction victorieuse avait fondu comme neige au soleil. La seule chose qui le retenait désormais sur place semblait être la terreur.

— Ils ont été exécutés sur le champ, à l'exception de leur chef, le temps des aveux. Il a admis qu'il avait rencontré, une décade plus tôt, un homme dans cette même taverne, un homme qui avait commandité les meurtres.

Une larme coula le long de la joue d'Elliott. Dans le silence de mort qui planait sur la salle, son reniflement étouffé résonna entre les murs. Même si elle aurait voulu le réconforter, Eliane s'abstint de tout geste familier, entièrement focalisée sur la situation.

— Cet homme, disait-il, avait une longue cicatrice sur la joue gauche. Il les avait payées en pièces d'or, et surtout, puisqu'ils avaient exigé davantage pour commettre les meurtres d'individus protégés par la garde royale, il leur avait donné une compensation de plus.

Elle sortit de la pochette de soie une lourde chevalière d'or représentant un lion rugissant.

— Vilhelm, à qui est cette bague ?

Vilhelm haussa les sourcils à la vue de l'objet, mais refusa de répondre. Eliane se tourna vers l'archiviste, qui n'y jeta qu'un bref coup d'œil. Il avait déjà deviné.

— C'est la bague du souverain... mais avec le départ du Sire Laurus il y a quinze étés, elle n'a jamais été transmise à Son Altesse Vilhelm.

D'un seul coup, Laurus bondit en direction de la porte arrière, poussa brutalement Eliane hors de son chemin. L'assemblée poussa un même cri, incompréhension, stupeur et indignation mêlées. Les gardes l'interceptèrent avant qu'il n'effleure la poignée. À trois, ils le maîtrisèrent sans mal, le ramenèrent au pied de l'estrade et le forcèrent à s'agenouiller. Brièvement, Eliane eut la vision de Melvin, le soldat qui s'était retrouvé dans cette même situation, quinze hivers plus tôt, revécut la scène, vit à nouveau le sang serpenter entre les dalles.

— Quelle sentence requérez-vous ? demanda le prêtre aux trois juges. N'oubliez pas, cela doit être une décision à l'unanimité.

À son ton froid, il était évident qu'il savait Laurus coupable. Eliane regarda Vasilas et Elliott. Dans son esprit, la scène était claire, la sentence limpide. Il n'y avait rien à débattre. Mais elle n'était pas certaine qu'ils approuveraient.


Vasilas demeura longtemps silencieux. Ses quatre-ving-dix hivers avait creusé de profondes rides sur son visage, l'âge avait posé sur ses épaules une chape de plomb qui s'alourdissait de saison en saison. Ses cheveux étaient d'un gris terne, ses yeux s'étaient faits globuleux. Il voyait peu, utilisait un monocle bien souvent. Pourtant, son esprit n'avait rien perdu de sa vivacité. Il se tourna vers le premier rang de l'assemblée, où était assise Falwë, la plus jeune des deux sœurs de Karashei. Après le décès de l'aînée, Nezara, la cadette, avait été rappelée à Eau de toute urgence afin qu'elle apprenne au plus vite ce qui avait été enseigné à Karashei dès le début : l'art de gouverner sa province. Falwë était demeurée seule au milieu des vautours de la Cour, privée de l'essentiel de sa famille, à l'exception de son grand-père.

— Je me rappelle... quand Karashei a rencontré Eliane pour la première fois, je l'ai avertie. Ne t'approche pas d'elle, il t'arrivera malheur.

— Évidemment, grommela Laurus d'une voix étouffée. C'est un monstre qui utilise tout le monde à ses fins.

— Je suis heureux qu'elle ne m'ait pas écouté, poursuivit Vasilas d'une voix lointaine, sans tenir compte de l'interruption. Je ne l'ai jamais vue aussi heureuse que lorsqu'elle était avec Eliane ou son époux. Il semblerait que le véritable danger ne venait pas d'Eliane, ni même d'Ombre. La seule chose qui l'étouffait, c'était Ciel. La toxicité de cette cité, sa puanteur, ses vautours qui se prenaient pour des paons.

La foule se fendit de quelques cris outrés, qui s'éteignirent néanmoins très vite. L'acrimonie du vieil homme, soulignée par sa tristesse évidente, frappait juste.

— La seule chose qui a fini par la tuer, acheva-t-il en regardant Laurus droit dans les yeux, c'était vous.

L'ancien souverain, la tête relevée de force par les gardes, ne parvint pas à soutenir son regard plus d'une seconde.

— Il n'y a rien qui ramènera ma petite-fille, et aucun prix ne sera suffisant pour compenser sa mort. Mais si c'est le plus que je puisse exiger, alors j'exige le sang de son assassin.

Laurus voulut se débattre, mais ne parvint à rien. Vilhelm en revanche protesta :

— Je l'interdis !

Personne ne lui prêta attention. Eliane fixa Elliott, qui regardait ses pieds, songeur.

— Mattias ! Saisissez-les et jetez-les en prison !

Le Général ne bougea pas d'un cheveu.

— Je...

Elliott hésita, parut chercher ses mots, reprit d'une voix tremblante :.

— Je suppose que j'aurais demandé moins... Mais après tout... j'ai déjà sur la conscience la mort d'un homme qui a essayé de la blesser...

Eliane sentait son cœur battre dans sa cage thoracique, si fort qu'elle crut durant les quelques secondes de silence qu'on l'entendait.

— Je demande sa mort aussi, finit par requérir l'ancien garçon de cuisine.

Les regards de Laurus et de sa souveraine se croisèrent, ses yeux se firent suppliants. Elle haussa imperceptiblement les sourcils. Elle ne le dit pas, mais son visage froid parla malgré tout.

Telles sont les conséquences de vos actes.

— La mort.

— Ainsi soit-il, approuva le prêtre.

— GARDES ! hurla Vilhelm. SAISISSEZ-LES !

Eliane tendit la main, posa doucement ses doigts sur le front de Laurus, ferma les yeux. Son arcane de glace afflua dans sa paume, glissa le long de ses doigts. Sur son trône, Vilhelm continuait à glapir des ordres, mais il était comme cloué à son siège, incapable de bouger. Laurus poussa une plainte sourde, puis se tut. Ses lèvres virèrent au violet, sa peau au bleu pâle. Lentement, comme dans un rêve, une fine couche de givre commença à s'étendre sur sa peau, partant de son front, descendant le long de son cou. Sa respiration se fit plus rapide, plus saccadée, ses doigts se mirent à trembler. Alors que le givre atteignait sa poitrine, ses yeux se révulsèrent, il s'affala dans les bras des soldats qui le maintenaient.

Imperturbable, Eliane poursuivit son œuvre macabre. Comme avec Uriel, elle continua à diffuser de la glace dans son corps, jusqu'à ce que les os durcissent comme de la pierre, les ligaments se fassent friables, et la peau devienne sèche et cassante. Elle perçut la vie qui s'éteignait, comme une chandelle que l'on aurait mouchée. Quand les gardes retirèrent leurs mains, l'assassin demeura immobile, statue de glace figée dans l'éternité.

◊~◊~◊

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