Bonne lecture
Dans la Peau d'Amadou
-Où est ce que tu vas comme ça ?
-J'ai des choses à faire.
-Mais Fatima toi aussi, on n'avait pas fini de parler.
-Ben moi j'en ai fini. Je t'ai dit tout ce que j'avais à te dire maintenant à toi de voir. Salut.
-Tu ne restes pas dîner Fatima ?
-Pouf, vas te chercher un mari au lieu de rester ici.
-J'attends que Kallé vienne demander ma main.
-Espèce de garce, comment ose tu me dire cela ?
-Haha, j'oubliais que toi tu ne partage pas ton homme alors je vais me contenter d'Amadou ça te va ? Fit Soumaya avec un sourire au coin.
Fatima vit rouge et lève la main pour la gifler mais j'arrive à temps pour l'en empêcher.
-Mais calme toi à la fin.
-Lâche moi Amadou. Tu prends la défense de cette fille à mon détriment.
-Je ne défends personne mais la violence n'est jamais une solution.
-Évidemment, comme si elle était innocente. Garde en tête que cette fille est sournoise et peut-être même pire que Ramata. Dit-elle en claquant la porte.
Au lieu de se sentir vexée ou faire la tête, Soumaya se met à rire.
-Pourquoi ris tu comme ça ?
-C'est interdit ?
-Non mais je ne vois pas ce qu'il y a de drôle ici.
-C'est juste que ton amie est très mignonne quand elle se met en colère.
-Tu l'as vraiment provoquée et poussée à bout.
-Non non monsieur, je n'ai fait que riposter à ses attaques ou tu voulais que je la laisse me dire tout ce qui lui chante ?
-Même pas mais t'aurais pas dû parler de son fiancé ainsi.
-Elle non plus n'avait pas à porter des jugements sur moi alors qu'elle ne me connait pas. Dit-elle en allant dans sa chambre.
Elle a raison sur ce point. Fatima s'est très vite emportée même si je sais que c'est son amitié qui la guide.
À bien y penser, je ne connais rien de Soumaya et je ne voudrais pas avoir de mauvaises surprises comme avec Ramata.
Le seul qui pourrait me renseigner, c'est Mamoudou mais je ne voudrais pas le déranger avec ses broutilles.
Quoiqu'il en soit, je l'apprécie vraiment car elle est prévenante sans pour autant être envahissante et elle est pieuse ce que j'aime chez une femme par dessus tout.
Elle serait beaucoup plus magnifique avec un voile, c'est certain.
(...)
Comme à son habitude, elle a préparé un succulent repas et je me suis régalé.
En toute sincérité, j'avoue que grâce à elle, les bons mets de maman ne me manquent plus.
On débarrasse et je l'aide à faire la vaisselle.
Elle met de la mousse sur mon visage tout en rigolant.
-Mais t'es folle ou quoi ?
Elle tire juste la langue. Une vraie gamine! Bizarrement ça me dérange pas.
-Allez continue la vaisselle, je vais mettre un film. Dit-elle.
-Pitié, j'en ai marre de tes films romantiques qui fendent le cœur.
-La plupart se termine très bien.
-Non non ils vendent des rêves pleins la tête alors que la réalité est toute autre, change s'il te plait ou tu le regardera seule.
-Okay d'accord qu'est ce que je recherche alors ?
-Hum, un film d'enquête ou d'horreur.
-Bien mais si jamais j'ai peur, tu auras à faire à moi.
-T'inquiète pas, je suis là.
(...)
La vie est bizarre non ? C'est dans les moments les plus improbables ou dans les choses les plus insignifiantes, qu'on tire parfois nos plus grands bonheurs.
En ce moment, Soumaya dort paisiblement sur mon épaule et je n'ose même pas bouger au risque de la réveiller car elle respire la sérénité et la pureté.
Plus je la regarde, plus elle m'intimide.
J'ai peur de me retrouver blesser si jamais je lui ouvre les portes de mon cœur et puis je ne sais pas vraiment quelles sont ses intentions.
-Euh.. désolée... je me suis un peu assoupie. Dit-elle en se frottant les yeux.
-Haha, pas qu'un peu, tu as raté la fin du film.
-Ah bon ? Qui était l'assassin alors ?
-Sa femme. Elle avait bien caché son jeu.
-Haha, j'en étais sûre, il suffisait de voir comment elle pleurait pour voir qu'elle n'était pas sincère.
-Comment as tu deviné cela ?
-Amadou, si tu veux savoir si quelqu'un te dit la vérité ou pas, il faut juste le regarder droit dans les yeux et tu sauras tout.
Je la regarde comme si j'allais trouver les réponses à mes questions dans ses jolis yeux.
Elle sourit juste ce qui fait apparaître ses fossettes, décidément elles ont beaucoup de points communs.
-Haha, ton regard me dit que tu voudrais savoir qui je suis vraiment. Ai-je tort ?
-Non, tu as raison.
Je me demande même comment elle a pu le deviner.
-La réponse ne se trouve pas dans mes yeux Amadou.
-Où se trouve-t-elle alors ?
-Dans ton cœur ! Si tu lui demande la vérité, il te le dira sans problème. Reste plus qu'à bien l'écouter.
Bonne nuit.
(...)
Ça va faire plus de deux heures que je tournoie sur mon lit sans trouver le sommeil.
Les paroles de Soumaya n'arrêtent pas de tourner en boucle dans ma tête.
Quelle réponse mon cœur pourrait il bien me fournir quand je ne comprend plus les signaux qu'il m'envoie ?
Dès que j'interroge mon cœur, il se dépêche de me donner de la tristesse, de la détresse, de la peur, pleins d'incertitudes et une lueur d'espoir que j'aperçois à peine.
Les yeux fermés, je vois Alima qui me quitte, Ramata qui m'agresse et Soumaya qui me sourit.
Je ne sais plus où donner de la tête.
-Amadou ?
C'est Soumaya qui frappe à ma porte.
Que peut elle bien vouloir à cette heure de la nuit ? Pitié, qu'elle ne me rejoue pas la scène de Marème ou de Ramata.
J'en serai terriblement déçu.
-T'as besoin de quoi ? Demandai-je en ouvrant la porte.
-Amadou.. je...
Elle ne continue même pas sa phrase qu'elle se colle à moi.
Mon Dieu ! Pas elle ! Non, faites que ça soit un cauchemar.
-S'il te plait Amadou, je voudrais que...
-Stop Soumaya, je ne peux pas. Tu es une très belle femme mais je ne le ferai pas.
-Quoi ? Demanda-t-elle en se relevant tout en enlaçant mon bras.
-Certes tu me plais bien mais je ne coucherai pas avec toi.
-Commment ? Paff !
Elle vient de me gifler là.
-Fa lakhara (va au diable) ! Dit-elle en me lâchant brutalement le bras et en se tenant le ventre.
-Mais qu'est ce que j'ai dit de mal ?
-Haha, tu crois vraiment que.. aïe ! Fit-elle en posant sa main sur son ventre.
-Ça va tu mal ?
-Ne... me.. tou... che... pas.
Elle s'éloigne de moi et s'appuie sur le mur en marchant difficilement.
Vu la manière dont elle se courbe, elle a sûrement mal. Je m'approche à nouveau d'elle pour l'aider mais elle fait non de la main.
-L'homme... qui me... possédera sans m'avoir épousé... n'est pas... encore né et ne naîtra jamais. Dit-elle en haletant avant d'entrer dans sa chambre.
Oh non ! Qu'est ce que je viens de faire.
J'ai jugé trop vite Soumaya alors que visiblement elle n'était pas venu pour ce que je pensais.
Je frappe à sa porte afin de m'excuser et de voir comment elle se porte mais elle ne me répond pas.
L'appel du muezzin retentit et je pars prier.
D'habitude elle prie avec moi mais là, elle ne sort pas de sa chambre.
Le matin pointe déjà son nez, je devrais me reposer un peu avant d'aller au bureau mais avant ça faudra qu'elle me pardonne la grosse bourde que je viens de commettre.
(...)
Ouvrir les yeux et sentir directe un bobo au cœur, ça vous arrive ?
En ce moment c'est ce que je ressens.
J'ai vraiment été con sur ce coup de penser qu'elle était comme Ramata toute fois je suis heureux de constater qu'elle est différente, qu'elle se respecte.
La douche m'a fait du bien.
Je tape à sa porte mais elle n'ouvre pas.
Je me dirige alors à la cuisine dans l'espoir d'y trouver mon café prêt comme je l'aime et comme elle a l'habitude de me le faire depuis qu'elle est ici.
Malheureusement pour moi ça ne sera pas le cas aujourd'hui. Je vais devoir le préparer tout seul.
(...)
Il commence à se faire tard et elle ne sort toujours pas. On risque d'arriver en retard au bureau.
-Soumaya s'il te plait, ouvre la porte, je sais que tu ne dors pas à cette heure. Je suis sincèrement désolé de ce que je t'ai dit hier.
Ha, je l'ai vraiment offensé je crois.
-Je t'en prie pardonne moi et sors d'ici. Il fait déjà jour et on va être en retard.
Même pas de réponse. On dirait qu'elle est décidée à ne pas me parler.
-Vraiment, je regrette ce que je t'ai dit, je me suis lourdement trompé, désolé. Je ne voudrais pas arriver en retard au bureau alors je m'en vais mais j'espère que tu me rejoindras là-bas.
Elle est tenace mais je me ferai pardonner.
Je prends mon sac et pars. Je roule à peine cinq minutes et me rends compte que j'ai oublié mon téléphone.
Cette journée s'annonce mal. Je n'ai jamais été en retard mais aujourd'hui sera le premier.
Je retourne à l'appart et dès que j'entre, je vois Soumaya par terre qui se tord de douleurs.
-Mon Dieu, qu'est ce que tu as Soumaya ?
Elle tient fermement son ventre et tourne sans cesse.
Je la soulève et l'installe sur le canapé.
Ça me fait horriblement mal de la voir souffrir autant.
-Attends, je t'amène à l'hôpital.
Elle désapprouve de la tête et place une de ses mains sur son dos et l'autre sur son bas ventre.
Dos ? Bas-ventre ? Mais oui, j'ai compris.
-Tu as tes règles ?
Elle acquiesce.
-D'accord, courage, tiens bon.... je connais les règles douloureuses et c'est horrible, enfin je veux dire, elle en souffrait tout le temps. Bon c'est..
Oh merde qu'est ce que je racontes ? Je stresse trop là.
-Comment s'appelle encore le nom du médicament ?
Soumaya n'arrive pas à prononcer un seul mot. Je dois me calmer et réfléchir.
Je réfléchis, réfléchis, réfléchis et comme une évidence, la solution apparaît.
C'est Alima qui va m'aider...
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À très bientôt pour la suite😘😘😘