Bonne lecture
Dans la Peau d'Alima
Flashback
Cinq ans plus tôt...
-Tu es époustouflante mon amour comme d'habitude.
-Merci chéri, tu n'ouvres pas ton cadeau ?
-Bien-sûr, attends un peu.
Amadou s'exécute et découvre la montre que je lui ai achetée.
-Oh c'est magnifique, merci beaucoup fallait pas te fatiguer avec ça.
-C'est un plaisir pour moi.
-Voilà le tien, dit-il en me tendant un sachet.
Je me précipite et l'ouvre. C'est un bel voile de couleur rose qui s'y trouve.
-Ohh Guidélam (mon amour) c'est très très joli, merci, tu as bon goût.
-Oui oui je sais.
-Ça va les chevilles ?
-Très bien même.
On rigole ensemble et je me blottis dans ses bras. Ça fait chaud au cœur d'être avec la personne qu'on aime de toute son âme.
Aujourd'hui on fête nos quatre ans de relation et ça n'a été que du bonheur.
Il était plutôt réservé et moyen quand il s'agissait d'exprimer ses sentiments mais maintenant ça va beaucoup mieux.
Je le comprends et lui aussi alors on se complète et on est très fusionnel c'est pourquoi j'ai peur de lui annoncer la nouvelle.
-Alima ?
-Oui chéri.
-Hier quand on a parlé au téléphone, j'ai senti que tu voulais me dire quelque chose mais que t'osais pas, alors dis le moi.
-Ce n'est rien, oublie.
-Je peux lire en toi comme dans un livre ouvert, tu es transparente, rien ne m'échappe de toi, ton sourire, tes rires, tes mimiques.
-Vraiment ? Et si un jour je changeais d'apparences ?
-Même avec les yeux bandés et parmi cent milliers de femmes, je te reconnaîtrai car tu es unique.
-Oh c'est mignon.
-Tu n'as toujours pas répondu alors qu'est ce qui te tracasse ?
-Je n'aimerai pas gâcher ce moment merveilleux.
-Mais non, ça te soulagera et moi aussi alors dis moi tout.
-Okay si tu insistes. On m'a accordé ma bourse.
-Quoi ? Vraiment ? Mais c'est superbe, félicitations !
-Merci
-Pourquoi fais tu cette tête ? Tu n'es pas contente ?
-D'ici peu je devrais aller en France et on sera séparé.
D'un coup, il se raidit. On dirait qu'il vient de réaliser ce qui se passe.
Voilà pourquoi je ne voulais pas lui en parler en ce moment.
-Dis quelque chose chéri.
-Je suis surpris c'est tout mais je sais qu'on s'en sortira, la distance n'hésite pas tant que nos cœurs sont connectés.
-Tu as totalement raison, peu importe où je serai, je te porterai pour toujours dans mon cœur.
Son regard s'illumine et son joli sourire se dessine sur son beau visage, je crois qu'il vient d'avoir une merveilleuse idée.
-Veux tu m'épouser ?
-QUOI ? Mais tu es fou. On ne peut pas se marier maintenant.
-Et pourquoi pas ?
-On est encore très jeune, pas de boulot, de quoi allons nous vivre et le mariage c'est sérieux, ce n'est pas un jeu du tout.
-Je le sais parfaitement bien mais tu vas t'en aller dans un pays étranger et les français sont très romantiques.
-Haha, tu es le seul qui m'intéresse.
-Faire de toi ma femme a toujours été mon vœu et je ne veux pas te perdre.
-Je le veux autant que toi aussi mais je ne suis pas sûre que les parents acceptent.
-Alors marions nous en cachette.
-Mais c'est impossible ! C'est de la folie.
-Si mon amour, on est majeure et on s'aime alors faisons le mariage civil et inchallah quand on aura une situation stable, on se mariera vraiment.
Il me regarde avec les yeux pétillants que je ne pus lui dire non, de toute façon je l'aime plus que tout au monde et je le vois déjà comme le futur père de mes enfants.
J'ai peur mais je suis toute excitée aussi d'être sa femme même si ce n'est que sur le papier.
Fatima a crié comme une folle quand je le lui ai dit.
Amadou a fait les démarches nécessaires et quelques jours après, on s'est marié à la mairie en présence de nos témoins, Fatima et Rougui de mon côté, Kallé et Alou de son côté.
C'était le plus beau moment de ma vie et quand il a déposé ses douces lèvres sur mon front, j'étais comblée et rassurée.
Désormais je suis madame Bâ et je compte le rester pour toute ma vie même si pour le moment je ne peux pas en parler avec ma mère.
D'ailleurs la voilà qui arrive.
-Qu'est ce que tu fais ?
-Rien de particulier néné et toi ça va ? Tu as mauvaise mine.
-J'ai à te parler ma fille.
Ça sent pas bon, je déteste cette phrase.
-J'aimerai que tu m'écoutes attentivement. Ta tante Maïmouna a parlé à ton père et ils veulent t'unir à ton cousin Matar.
-Quoi ? Non ! Tu sais que c'est Amadou que j'aime et personne d'autre maman.
-Ta tante a toujours voulu que son fils épouse quelqu'un d'ici pour ne pas s'enticher d'une blanche, elle a horreur que ça arrive et toi elle t'aime beaucoup.
-Ce n'est pas une raison pour me marier avec lui et je vais en parler avec papa, c'est sûr qu'il ne m'obligera pas.
-Il a déjà donné sa parole et il m'a demandé de te convaincre et crois moi, sa décision est irrévocable.
-NON NON ET NON, je n'épouserai pas Matar car mon cœur appartient déjà à Amadou. Dis-je en sortant de ma chambre pour aller voir mon père.
-Alima reviens ici, on n'a pas fini de parler.
Je ne l'écoute pas et continue mon chemin.
-Ah ma fille, tu es là ? Ta maman t'as appris la bonne nouvelle j'espère?
Je pris mon courage à deux mains et lui dis le fond de ma pensée.
-Papa, je ne peux pas épouser Matar.
-Pourquoi donc ?
-Je ne suis pas prête, je dois finir mes études et puis euh je Jaime quelqu'un d'autre.
-QUOI ? TU TE FICHES DE MA GUEULE !
J'ai cru m'être pissé dessus quand il a crié mais je dois être forte.
-Non papa mais s'il te plait comprend moi.
-Bien-sûr, je te comprends parfaitement bien, tu veux jeter le déshonneur sur moi mais non tu ne le pourras pas, ta mère a déjà essayé mais ça n'a pas marché. Telle mère telle fille on dirait.
-Ay Thierno, khotto watt (s'il te plait Thierno, ne fait pas ça) Fit ma mère.
-Ta fille est ingrate, vraiment. J'ai pris soin de toi depuis ta naissance, je t'ai tout donné, je n'ai voulu que tu ne manques de rien et aujourd'hui tu veux rejeter Matar pour un autre.
-Papa ce...
-Tais toi Alima, si Matar ne te rejette pas, ce n'est certainement pas toi qui le fera. Diéwo, fais comprendre à ta fille où se trouve sa place ou sinon je ne répondrai plus de moi.
Maman me tire et me ramène à ma chambre. Je n'arrive pas à croire que c'est mon père qui m'a parlé comme ça.
-Alima, tu veux causer ma mort ou quoi ? Matar est quelqu'un de bien et il a une bonne situation alors pourquoi ne fais tu pas un effort.
-Je ne peux pas mère, je considère Matar comme mon frère et...
-Et rien du tout, ton père n'acceptera jamais un tel affront.
-JE M'EN FICHE ! Je ne vais pas sacrifier ma vie pour cela.
-Tu vas devoir le faire Alima, tu es obligée.
-Non maman je ne suis pas obligée, je vais bientôt partir pour continuer mes études et puis c'est de ma vie qu'il s'agit, celle de personne d'autre.
-C'est là que tu te trompes. J'ai déjà déçu ton père de la pire des manières alors toi aussi tu ne vas pas lui faire ça.
-Maman je...
-Écoute ma fille, je dois t'avouer un truc horrible. Si je ne savais pas à quel point tu es têtue, tenace et bornée, jamais je ne te l'avouerai mais je dois te le dire pour que tu saches que tu n'as pas d'autre choix que d'accepter.
-Parle maman, arrête de pleurer et dis moi.
-Il y'a très longtemps de ça avant ta naissance, j'étais la secrétaire d'un grand homme d'affaire et ton père voyageait beaucoup, il donnait presque jamais de nouvelles et quand il revenait, il passait tout son temps avec sa famille en me délaissant, cela me faisait mal. Ta grande sœur qui était ma joie de vivre, fût rappelée à Dieu et on me reprocha sa mort.
Elle s'arrêta un moment pour essuyer ses larmes avant de poursuivre.
-Il ne m'adraissait plus la parole alors que j'avais tant besoin de lui. Je me suis donc réfugiée dans le travail et mon patron se montrait très attentionné. Un soir de malheur alors que j'étais très triste, il m'a réconforté et le pire s'est produit.
Sniff, Alima, tu es le fruit de cette mésaventure et jamais je ne m'en excuserai assez au près de Dieu, de mon mari et de toi.
-Hahahahha, c'est une blague, maman elle n'est pas drôle du tout, je sais que tu veux que j'épouse Matar mais ce n'est pas une raison pour inventer cette histoire.
-J'aurai aimé que ça ne soit qu'une invention, un cauchemar mais malheureusement c'est la vérité et même en le sachant, il t'a élevé comme si tu étais sa propre fille.
Puis-je vraiment mettre les mots sur ce que je ressens ? Non je ne peux pas. Je suis sonnée, confuse, détruite, anéantie, bouleversée.
Mon monde s'écroule sous mes yeux.
Mon identité m'est inconnue tout d'un coup.
Mon cœur en mille morceaux, j'ai l'impression de mourir à petit feu et que tout ceci n'est qu'un mensonge.
Deux jours seulement se sont suivis et le mariage fût scellé. Il y'a à peine une semaine j'étais la personne la plus heureuse avec une vie stable et belle.
Aujourd'hui tout ce bonheur semble lointain, mes certitudes se sont transformées en incertitudes en un claquement de doigt et toute ma vie est bouleversée.
Papa était heureux que j'ai changé d'avis. Il ignore que maman m'a tout raconté.
Fatima est triste tout comme moi et c'est Rougui, ma cousine à qui j'ai demandé d'appeler Amadou, mon cher mari.
Rien de leur conversation ne m'a échappé et je me sens si mal que j'ai l'impression de ne lui plus pouvoir respirer.
Apprêtée comme une djomadjo (nouvelle mariée) on me sort de ma chambre pour rejoindre le domicile conjugale.
En croisant Amadou, trempé et le regard peureux, je ne pus m'empêcher d'aller vers lui.
Mes larmes coulent sans que je ne puisse les arrêter. Je lève ma main et lui touche la joue.
Ma mère me tire en disant je ne sais quoi.
Je me réveille près de Matar dans une voiture ou limousine ou je ne sais quoi.
-On est bientôt arrivé, me dit-il.
En entrant dans la maison, les mamans chantent, dansent et on complète les rituels.
Une fois seuls dans la chambre, je m'éloigne de Matar et commence à pleurer.
-Qu'est ce que tu as Alima ?
-Je ne peux pas Matar sniff, je ne peux pas désolée sniff, je sais que je suis ta femme mais je ne peux pas t'appartenir.
-Calme toi je t'en prie, ce n'est pas une raison pour te mettre dans un tel état.
-Ma tante et les autres attendent tous dehors pour avoir ce drap taché de mon sang, preuve de ma virginité mais je ne peux pas, c'est trop dur pour moi sniff
-Calme toi cousine, je ne te toucherai pas, les parents ont fait ce qu'ils voulaient sans nos accords mais ça ne veut pas dire qu'on est obligé d'agir comme de vrais mariés. Calme toi maintenant, je ne veux pas te voir pleurer.
-Tu me le jures ?
-Bien-sûr petite folle et puis on doit se parler, ça fait longtemps qu'on s'est pas vu et y'a beaucoup de choses que tu ignores dans ma vie.
-D'accord, moi aussi j'ai des choses à te dire.
La confession commença et je lui raconte mon histoire avec Amadou et il en fait de même en me disant que quand il a atterri en France, il n'avait personne pour l'aider sauf une personne, Nathalie. Cette femme l'a aidé et après ils se sont mariés et grâce à ça il a eu la nationalité française.
-Les parents nous ont forcé la main mais une fois en France, je ne serai que le mari de Nathalie et toi ma cousine, on pourra divorcer quand tu le voudras.
-Ça me va, de toute façon mon cœur et mon nom appartienne à un autre.
-Super! J'avais tellement peur de te blesser en te disant la vérité mais en fin de compte, Dieu fait bien les choses.
Il s'est coupé la main pour tacher le drap et sauver mon honneur sans pour autant le prendre. Jamais je ne lui en remercierai assez.
Quelques jours plus tard, nous voilà en terre inconnue pour moi, avec les bénédictions des parents.
Fin du Flashback
Aujourd'hui je suis une femme accomplie, indépendante. Par la grâce de Dieu, j'ai monté ma propre boite de styliste et elle est fructueuse, Ba Design comme je le rêvais avec mon petit mari. J'ai des partenaires un peu partout.
Mon seul but maintenant est de reconquérir Amadou, former une famille avec lui, ma Maïna et nos futurs enfants.
Mon téléphone sonne et j'y répond.
-Oui allô... Ça va bien maintenant t'inquiètes pas... Non le mariage a été annulé...Elle a perdu la boule en ce moment... T'en fais pas pour ton frère et comment se porte mère... Alhamdoulilah... Je m'occupe de tout Aïcha pas besoin de me remercier...
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À très bientôt pour la suite 😘😘😘