Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

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| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 48

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By VicArroyo

La veille de Noël, je me rends chez Pauline pour préparer notre réveillon. Nous avons décidé un peu au dernier moment de le fêter ensemble. Ce n'est pas la première année qu'elle me le propose, mais d'habitude je m'arrange pour voyager à cette période, ou alors elle travaille toute la nuit et profite de sa famille le lendemain. Mais cette fois, Pauline a préféré rester ici et le célébrer avec moi. Elle savait que je n'avais rien prévu de toute façon, et elle ne voulait pas me laisser seule suite à ma rupture-même-si-rien-n'avait-encore-commencé avec Chloé. Et comme nous ne sommes pas du genre à faire les choses à moitié, on s'est lancées dans une véritable entreprise pour fêter un Noël digne de l'univers d'Harry Potter. Décoration, repas, musique, ambiance, tout y passe ! Ma mission en arrivant chez elle consiste donc à orner sa maison pendant qu'elle prépare tout ce qu'elle peut cuisiner en avance.

Nous avons dévalisé les magasins hier soir à la recherche de la décoration idéale et ça remplit deux cartons entiers. J'ai installé des bougies sur toutes les fenêtres et positionné deux rennes lumineux, parés d'écharpes aux couleurs des maisons de Poudlard, de part et d'autre de la porte d'entrée. Les troncs d'arbres scintillent de guirlandes de vifs d'or et de lettres magiques et un mélange de bouteilles d'apothicaire agrémente des petites boîtes en bois.

On n'est pas du tout extrêmes quand on organise quelque chose ensemble avec ma meilleure amie...

Au bout d'une heure, mes mains menacent de se détacher de mes bras à cause du froid.

– Pourquoi mettre des gants quand on peut se geler jusqu'à la moelle ? me taquine Pauline en déposant sa tarte aux citrouilles sur le rebord de la fenêtre.

L'odeur me chatouille les narines et j'ai du mal à lutter contre l'envie de pré-réveillonner pour tester toutes ses préparations, mais elle m'assène un coup sur les doigts lorsque je m'en approche un peu trop.

– Viens plutôt manger, j'ai préparé des ravioles !

Je salive d'avance à cette annonce, et entends mon estomac grogner. Il n'est que dix-neuf heures trente, mais j'ai déjà une faim de loup.

En installant la dernière petite touche de décoration sur la porte d'entrée, une couronne de houx parée d'une écharpe de Serdaigle — Pauline y tenait —, je décide de dévier de quelques mètres et d'accrocher une version réduite sur celle de Chloé. J'imagine qu'elle fête Noël dans sa famille, aucune lumière n'émanant des fenêtres et sa voiture n'étant pas garée devant chez elle. Mais ça lui fera la surprise lorsqu'elle la verra.

– J'ai glissé une petite note entre les feuilles sur laquelle je lui souhaite un joyeux Noël, avoué-je à Pauline lorsque je me réfugie enfin dans la chaleur de sa maison.

– Pas la meilleure manière de garder tes distances...

– Pas du tout même, mais je n'ai pas pu m'en empêcher.

Peu avant vingt-deux heures, ce soir-là, je sors pour aller fermer les volets et verrouiller la grange, et je tombe sur Chloé qui s'apprêtait à toquer à la porte. Elle porte un bonnet bordeaux qui contraste avec le blanc de ses cheveux et son visage est emmitouflé dans une écharpe à carreaux roses et gris. Un long manteau anthracite pare ses épaules et elle semble à peine arriver chez elle.

Elle se recule comme prise la main dans le sac, et laisse retomber sa main avant de la fourrer dans sa poche. Elle a l'air de vouloir dire quelque chose, mais se ravise. Je ferme la porte derrière moi et m'avance vers ma collègue.

– Bonsoir, Chloé.

– Salut ! répond-elle avec un sourire hésitant. Euh...

Elle regarde autour d'elle comme si elle cherchait à toute vitesse des paroles à prononcer pour justifier sa présence. J'évite de croiser ses Noisettes de peur de me perdre dedans. Elle agite alors son doigt vers sa porte d'entrée.

– En fait, je voulais juste vous remercier pour la couronne.

Mes lèvres s'étirent en un large sourire. Je me rends bien compte qu'elle n'avait pas du tout prévu de me dire ça, mais je ne fais mine de rien. Je n'ai plus envie d'interpréter ses actes pour elle. De toute façon, je me plante à chaque fois. Et puis, j'ai dit que j'étais en rémission, donc j'essaie d'agir le plus normalement possible.

– Avec plaisir, j'adore les décorations de Noël. J'ai vu que ta maison n'en possédait aucune, alors c'est cadeau.

Elle hoche la tête et sourit, puis reste quelques secondes à se dandiner d'un pied sur l'autre, comme si elle attendait quelque chose. J'ai envie de lui demander comment elle va, de connaître ses projets pour Noël, de lui poser un million de questions et discuter pendant des heures avec elle, mais je ne peux pas, je dois me contenir. Je résiste difficilement à la tentation de lui proposer d'entrer tester de la bièraubeurre maison, mais je dois respecter ma décision. Alors je reste statique en attendant qu'elle prenne la sienne. Finalement, elle lève la main en guise de salut, puis se retourne pour partir, le pas lent, semblant hésitante. Je recule sur le perron et saisis la poignée de la porte pour rentrer, quand elle se dirige à nouveau vers moi.

– Je... C'est faux, déclare-t-elle avec précipitation. Enfin si, c'est très mignon, mais je ne suis pas venue pour ça.

Je hausse un sourcil interrogatif.

– J'ai vu ta voiture devant la maison et... Je voulais te souhaiter Joyeux Noël.

J'attends la suite, mais elle n'ajoute rien. Je croise les bras, frissonnant, et lui souris, sans pouvoir m'empêcher d'être déçue. Malgré mon désir d'aller de l'avant, c'est vraiment difficile de lutter contre l'envie qu'elle revienne sur sa décision.

– Eh bien, merci Chloé, déclaré-je avec le plus de neutralité possible. Joyeux Noël à toi aussi et à ta famille.

Elle paraît mal à l'aise et semble livrer une bataille sans merci contre ses propres pensées. Son front se plisse et se lisse, elle se gratte la joue et se dandine comme si elle brûlait d'envie de faire pipi.

– Tu veux entrer deux minutes ? finis-je par proposer, sans pouvoir m'en empêcher.

– Non, non, je... tu me manques, souffle-t-elle soudainement.

Ses yeux croisent finalement les miens et nos regards se verrouillent. J'y vois alors briller une lueur nouvelle, comme une guerrière prête à partir au combat, comme une commandante s'apprêtant à lancer l'assaut, et j'ai envie d'écraser mon cœur lorsque je le sens se réveiller.

J'ai dit stop ! Plus d'espoir possible.

– On s'est vues hier au travail, fais-je remarquer, incertaine.

Elle rit doucement et secoue la tête.

– Tu sais très bien ce que je veux dire, Charly. Enfin, peut-être pas, en fait, se corrige-t-elle. J'ai conscience que je n'ai cessé d'agir de manière versatile avec toi. Un jour je me montrais sympa, un jour non. Un jour on s'embrasse, le lendemain je ne te calcule pas. Un jour j'ai envie d'essayer de construire quelque chose avec toi, et puis je me rends compte que j'en suis incapable. Je réalise que je ne peux pas m'attendre à ce que tu anticipes mes pensées. Alors voilà...

Elle prend une grande inspiration avant de continuer.

– Tu m'as demandé plusieurs fois ce que je ferais sans toi dernièrement. Je me doute bien que c'était juste une expression comme ça, pour plaisanter, parce que tu m'as été d'une aide précieuse. Mais la vérité, c'est que je n'ai plus envie d'essayer de savoir.

Elle laisse passer un blanc, et je ne suis pas certaine de comprendre.

– Essayer de savoir quoi ?

– Ce que je ferais sans toi...

Mon cœur active le mode dégel malgré moi et je ne veux pas le laisser sortir de sa catalepsie avant d'être certaine qu'il ne va pas se briser en mille morceaux à nouveau. Le froid me fait grelotter, mais il est hors de question pour moi de rentrer maintenant. J'ai besoin d'entendre ce qu'elle a à me dire. Tout ce qu'elle a à me dire.

– T'avoir au quotidien près de moi pendant une semaine, dans ma maison dans laquelle tu évoluais si naturellement, les moments que nous avons partagés, nos discussions, notre baiser... Ça a déclenché quelque chose.

Des flashs de ces instants passés ensemble me reviennent et c'est comme si je me trouvais soudainement devant une cheminée tant ces pensées me réchauffent de l'intérieur. Mais ça fait aussi terriblement mal, comme si les flammes s'échappaient de l'âtre pour venir me consumer le cœur.

– Et ne plus te voir qu'en coup de vent au travail me frustre terriblement. Ces dernières semaines m'ont fait comprendre que je ne peux absolument pas me contenter de ça. Je sais que j'ai dit que j'avais peur, mais je ne veux plus laisser cette peur diriger ma vie. Je pensais avoir besoin de temps pour peut-être être capable de passer au-dessus. J'imaginais devoir réaliser un énorme travail sur moi qui allait devoir me prendre des années, et je ne pouvais pas te demander de m'attendre, ça n'aurait pas été correct. Mais en fait, je ne veux plus me laisser porter par ce que j'ai vécu. Tu me manques bien trop quand tu n'es pas là. J'ai conscience que c'est moi qui t'ai demandé ça, mais lorsque tu as arrêté tes visites, ma maison m'a paru terriblement vide et sans vie. Je ne parvenais plus à la voir de la même manière, et quelque chose manquait pour qu'elle me semble normale et habitée. Même quand d'autres personnes sont venues, même quand mon frère est repassé, il y avait quelque chose qui clochait.

Ma respiration s'accélère sans que je ne puisse la maîtriser et une vague d'espoir me submerge. J'ai l'impression qu'elle pioche les mots au sein même de mon cœur, que les phrases qu'elle formule sont l'écho parfait de mes ressentis, de mes sentiments, de mes émotions.

– Je ne l'ai pas compris tout de suite, mais ta présence chez moi paraissait tellement logique, que depuis deux semaines, c'est comme si je vivais dans un puzzle que je ne pourrais jamais terminer, car il me manque la dernière pièce ; celle qui donne un sens à tout le reste.

Nous nous fixons un moment, les lumières des décorations se reflétant dans ses iris. Ses joues rosies par le froid sont secouées par ses claquements de dents et je ne peux m'empêcher de venir les caresser pour essayer de les réchauffer.

– Qu'est-ce que tu me dis, Noisettes ? soufflé-je.

– Noisettes ? répète-t-elle étonnée.

Mes yeux s'écarquillent et j'affiche une moue gênée. Son petit surnom secret est sorti sans même que je ne m'en rende compte.

– C'est comme ça que je t'appelle dans ma tête.

Son sourire illuminé fait exploser les barrières que j'avais érigées depuis plusieurs semaines pour me protéger. Comment pourrais-je rester impassible à une telle beauté ? C'est totalement impossible.

Elle tend la main pour attraper la mienne sur sa joue, et la serre.

– Je sais que je t'ai un peu trimballée dans tous les sens, et que je t'ai plutôt malmenée... Et ce n'est pas une excuse, mais le procès a été si éprouvant, que je n'avais aucune idée de comment t'intégrer dans tout ce bazar. Ça me paraissait totalement incompatible. Alors c'était plus simple d'essayer de faire en sorte que tu t'éloignes de toi-même. Et pour ça, je n'avais pas d'autre choix que de te repousser. Pourtant, tu apparais constamment dans le paysage, et bon sang ce que ça me plaît ! J'ai envie que tu sois là tout le temps. Je ne sais pas si tu m'as réellement aidée à évoluer dans mes torrents d'émotions, ou si tu es juste arrivée au bon moment dans ma vie, mais j'ai pris conscience que mes sentiments pour toi sont devenus plus forts que ma peur. Ils la canalisent en fait. Parce que je t'aime.

Ses derniers mots sonnent comme un soulagement tandis qu'ils bloquent ma respiration. Mes doigts serrent tellement les siens que je crains de les briser. Je ne sens même plus mes gelures tant ce qu'elle me dit me paraît irréel. Il y a quelques jours, rien ne semblait possible entre nous, et aujourd'hui elle décide que c'est bon ? Je ne sais que penser.

– Je veux passer au-dessus maintenant, avancer, comme tu l'as fait avec ta famille. Et c'est avec toi que j'ai envie de faire ça, parce que grâce à toi, je n'ai plus peur.

C'est avec toi que j'ai envie de faire ça, parce que grâce à toi, je n'ai plus peur.

Sa phrase explose entre nous comme d'infimes cristaux de neiges, chaque lettre représentant des flocons suspendus dans leur parcours. Ses mots virevoltent autour de mon cœur dans une course effrénée, à celui qui s'ancrera en lui le premier.

– Tout ne sera pas parfait, et j'aurais sûrement besoin que tu me rassures. Souvent. Je risque d'être chiante, de ne pas toujours avoir des réactions censées, et de parfois te donner l'impression que je n'ai pas confiance en toi. Mais je veux me reconstruire avec toi à mes côtés.

Chloé s'avance alors et effleure mes lèvres des siennes, pour illustrer avec son corps tout ce que son cœur vient de me livrer. Mais c'est ma peur d'être blessée désormais qui me paralyse et elle se retire aussi rapidement qu'elle est arrivée, les sourcils froncés, un éclair de tristesse traversant son visage.

– Mais c'est peut-être trop tard, murmure-t-elle d'une voix brisée.

Mon esprit turbine à la vitesse maximale. Je me suis montrée tellement patiente avec elle, à ne jamais savoir sur quel pied danser, que j'ai peur de me prendre un revers de médaille dès qu'elle se sera rendu compte qu'en fait, non, elle ne peut pas. Mon regard plonge dans ses noisettes profondes et je peux y lire son âme. Tout l'éclat qu'elle possède, toutes les couleurs qui se mêlent dessinent un parfait tableau qui n'attend plus que moi comme dernière touche. Cette vision me fait presque oublier comment on respire. Tout ce que je désire est de pouvoir lui donner mon amour, et pour la première fois elle semble entièrement sincère dans ses paroles. Alors je plonge, parce que c'est en faisant des erreurs qu'on apprend, et que certaines erreurs se révèlent les meilleures décisions que l'on pourrait prendre.

– Non, ce n'est pas trop tard, soufflé-je contre elle.

Je m'approche à mon tour de ses lèvres pour l'embrasser de peur que l'authenticité de cet instant ne s'évapore. Sa bouche a le goût de l'abricot et je me recule quelques secondes avant de m'enivrer. Je veux être sûre d'elle, sûre de moi, pour totalement me défaire de mes chaînes.

Nos visages sont à quelques millimètres seulement l'un de l'autre, et la buée de nos respirations erratiques forme un joli tourbillon dans le froid glacial de la nuit. Nous plongeons ensemble dans nos iris scintillants, comme pour y chercher la réponse. Il se passe alors quelque chose d'invisible, et d'absolument extraordinaire. Par le seul échange de nos regards, nos esprits convergent et passent un accord tacite : cette fois-ci, c'est pour de bon.

Je saisis délicatement sonvisage entre mes mains sans jamais me décrocher de ses noisettes, et avec ladouceur d'une plume, nos lèvres se retrouvent pour sceller le contrat.

*******

Bonjour !

Ça y est, la fin est imminente... L'épilogue sera publié demain...

Pour faire durer un peu le plaisir, je vous publierai également après-demain la lettre que j'avais écris au père de Charly dans le cadre d'un concours. Et ensuite, eh bien Charly et Chloé continueront leur bonhomme de chemin...

J'espère que ce chapitre vous a plu et que vous êtes finalement content·e·s haha (j'en vois certain.e.s sautiller d'ici !).

À demain,

xx

Victoria


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