Bonne lecture
Dans la Peau d'Aïcha
Assis sur le banc de l'école en face de mon numéro, je suis remplie d'espoir et de doutes.
Les quelques minutes qui nous séparent de l'épreuve philosophique semblent surmontables.
Je m'accroche et je repense à toutes ces personnes qui sont avec moi, qui prient pour moi et qui comptent sur moi.
(...)
Même si je m'attendais à ce que le sujet porte sur l'épistémologie, je me suis bien débrouillée, je dois avouer.
La philosophie, cet exercice de la pensée me passionne beaucoup et m'aide vraiment à voir la vie différemment, à me tenir éloigner des préjugés.
C'est pourquoi, la fois passée, quand j'ai vu mon frère quasiment nu et ma belle mère qui l'accusait de crime odieux, je n'ai pas tiré de conclusions hâtives.
J'ai réfléchi, analysé et compris que jamais mon frère n'aurait été capable d'un tel acte.
Son départ de la maison est une bonne chose je crois, car cela ne fera que renforcer sa relation avec Ramata qui est une fille géniale et qui l'aime éperdument.
D'ailleurs, il y'a mon téléphone qui vibre, c'est sûrement lui car il voulait qu'on se retrouve au resto avec maman.
Je baisse les yeux sur mon sac pour décrocher le combiné et quelqu'un me cogne.
-AÏE ! Tu ne peux pas regarder où tu mets les pieds.
-C'est plutôt à toi que je devrai dire cela, mademoiselle Bâ.
-Toi ? Mais quand comptes tu me laisser tranquille ?
-Jamais ! On dirait que même le destin ne veut pas que je te laisse.
-Ôte toi de mon chemin je dois partir, on m'attend.
-Avant ça, il faut que je fasse quelque chose. Dit-il en me tenant l'épaule.
-Qu'est ce que tu fais ? Bégayai-je presque.
Il ne me répond pas et m'attrape le cou.
Je frissonne à ce contact et perds littéralement la voix.
Il approche sa tête de la mienne et je ferme instinctivement les yeux.
-Voilà, c'est fait. Tu peux réouvrir les yeux.
-Quoi ? Dis-je désemparée.
-Ben, on s'est cogné par accident alors la tradition voudrait qu'on se cogne à nouveau et c'est ce que j'ai fait mais t'avais les yeux fermés, t'a rien ressenti on dirait.
La honte! J'ai vraiment cru qu'il allait... hum oublions, je dois partir vite d'ici.
-Arrête de me fuir bella, et pourquoi tu ne veux toujours pas me donner ma chance ? Dit-il en me tenant la main.
-Laisse moi y aller Alassane, mon frère doit m'attendre.
Il me lâche d'un coup la main.
-Vas-y ! Je ne vais plus t'importuner, tu ne vas plus entendre parler de moi.
Ces mots ont l'effet d'une bombe.
Je pars et il n'essaye même pas de me retenir.
C'est ce que je voulais pourtant mais je ne sais pas pourquoi je me sens vide d'un coup.
Je me retourne pour voir s'il me suit mais il n'a pas bougé.
Ahhh ! Il m'énerve. Cela va faire bientôt neuf mois qu'il me fait la cour mais je n'ai toujours pas cédé.
On est dans la même école et sa réputation auprès des filles n'est vraiment pas flatteuse c'est pourquoi je ne lui fais pas confiance même si je l'aime bien.
(...)
-Hey ? Qu'est ce que tu as ? Je te parle depuis tout à l'heure mais tu es plongée dans tes pensées.
-Désolée frangin! que disais tu ? Demandai-je en sirotant mon jus.
-Je te demandais juste comment c'était passé votre épreuve.
-Bien, j'ai argumenté comme j'ai pu, le sujet était plaisant.
-C'est très bien alors, j'espère que t'auras une bonne note et sais tu pourquoi mère n'est pas venue ?
-Non, papa ne lui a sûrement pas permis de sortir.
-Tu as raison et sinon ? As-tu un prétendant ?
-Nonnn frérot toi aussi. Dis-je gênée.
-Tant mieux alors parce qu'il faut que tu te concentres sur tes études, le bac est pour très bientôt et les hommes ne font que te distraire.
-J'ai compris, tu n'as surtout pas à t'en faire et comment ça se passe avec ma future belle-sœur ?
-Ça va.
-Amadou, tu dois faire beaucoup plus d'effort. Elle t'aime énormément et manque pas l'occasion de te le prouver.
-Je le sais sœurette mais l'amour ne se commande pas.
-Non il ne se commande pas et te tombe dessus sans prévenir, intervient une voix derrière moi.
Je me tourne et mon cœur rate un battement.
-Alassane ? Qu'est ce que tu fais ici ? Demanda mon frère en se levant de sa chaise.
-Je voulais rencontrer le frère de la femme que j'aime mais j'ignorais que c'est toi.
Oh punaise! Ils se connaissent, je ne sais plus où me mettre tellement que je suis gênée.
-Aïcha ? Qu'est ce qu'il raconte comme ça ? Tu sors avec lui ?
-Nonnn frérot.
-Ça ne saurait tarder si tu nous donnes ta bénédiction. Dit Alassane.
-Viens là toi. Fit Amadou en l'amenant loin de moi.
Je les observe attentivement en essayant de savoir ce qu'ils disent mais j'y arrive pas.
Cet Alassane a vraiment du culot et s'il m'a suivi jusqu'ici pour parler avec mon frère, c'est sûrement parce qu'il m'aime sincèrement.
Du haut de mes dix-huit ans, je ne jamais eu de petit ami et Alassane ne m'est vraiment pas indifférent.
Pour tout dire, je l'aime beaucoup, j'ai juste peur qu'il me blesse ou qu'il me soit infidèle vu que les filles lui tournent trop autour.
Mon frère et moi sommes très fusionnels et si j'ai son approbation et l'assurance d'Alassane, je ne pourrai qu'accepter de sortir avec lui.
Pourvu que leur discussion se passe bien...
Dans la Peau d'Amadou
-Arrête ton baratin et laisse ma sœur tranquille.
-Tu n'as pas laissé ma sœur tranquille alors pourquoi laisserai je tranquille la tienne ?
-C'est une question de vengeance alors ?
-Non! Jamais ! Je veux juste te dire que j'aime Aïcha profondément comme toi tu aimes toujours ma sœur malgré votre séparation.
-Je n'aimes plus ta sœur.
-Ce n'est pas ce que j'ai compris en venant à l'aéroport l'autre fois.
-Comment ça ?
-J'étais là Amadou, c'est moi qui t'ai amené auprès de tes amis et si j'avais pas retenu ma sœur, elle aurait raté son vol.
-Pourquoi tu l'as fait alors ?
-Parce que je sais qu'elle l'aurait regretté. Elle t'aime toujours énormément mais elle est mariée et pieuse qu'elle est, elle ne pourra jamais te revenir sans divorcer au préalable.
-Je ne la désire plus, qu'elle reste dans son ménage et prenne soin de sa fille. Maintenant je ne veux plus parler d'elle mais plutôt de ma sœur.
-Aïcha, elle est une fille géniale, studieuse, respectable, belle et dynamique. Je l'aime depuis longtemps mais ce n'est que ces derniers mois que j'ai eu le courage de lui faire la cour.
-Tu n'es encore qu'un gamin et je ne te laisserai pas jouer avec elle.
-Je suis jeune certes mais je veux faire les choses bien c'est pourquoi je suis venu rencontrer son frère. Toi et ma sœur avaient été ensemble depuis le collège et votre amour perdure toujours.
-Il n'y a pas de comparaison possible.
-Tu as raison car vous êtes mon modèle. Amadou, fais moi confiance et donne nous ta bénédiction.
-De toute façon c'est à elle de décider, si elle refuse, tu devras la laisser tranquille.
Il me prend direct dans les bras.
-Merci beaucoup, crois moi, elle dira oui.
-Ne t'emballe pas trop vite et laisse la passer son bac en paix.
-Hey beau-frère, moi aussi je passe le bac hein et inchallah je la traiterai comme une princesse.
(...)
Je rentre à la maison des Sow après avoir dit au-revoir à ma sœur et lui ai bien fait comprendre que c'est à elle de décider mais qu'elle donne toujours la priorité à ses études.
Alassane est un gentil jeune homme et il s'est affirmé aujourd'hui.
-Bonsoir mon amour, tu es rentré
-Bonsoir Ramata, ça va ?
-Super bien maintenant que tu es là, allez viens, il y'a une invitée qui t'attends dans le salon.
-Qui est ce ?
-Ben ta petite femme.
Je me dépêche d'aller voir et ce n'est nul autre que Fatima.
-Bonsoir mon ange.
-Bonsoir.
Je suis toujours remontée contre elle.
-Je vous laisse seuls, dit Ramata en sortant.
-Comment vas-tu ? Demanda-t-elle.
-Bien alhamdoulilah.
-Je suis vraiment désolée Amadou pardonne moi toi aussi.
Je me lève pour partir mais elle me barre la route.
-Jusqu'à quand vas-tu être fâché contre moi ? Je t'ai caché la vérité et je m'en excuse.
-Tu n'as pas fait que cela, tu m'as menti, tu as prétendu qu'elle était ta cousine Kadia.
-Oui je t'ai menti mais je n'ai fait que respecter son choix même si j'étais pas d'accord. Ma loyauté va avant tout à canim.
-Et moi je compte pour du beurre.
-Non tu es très important pour moi, tu es mon ange
-Laisse tomber Tima et va-t-en
-D'accord j'y vais mais avant cela tu rendras ça à Kallé, dit-elle en commençant à enlever sa bague de fiançailles.
-Mais qu'est-ce que tu fais ?
-Si tu ne me pardonnes pas, je me verrai dans l'obligation de rompre avec Kallé car tu es tout aussi important que lui, tu es mon deuxième mari.
-Arrête tes idioties Tima et remets cela.
-Non je ne le ferai pas. Pas avant que tu m'aies pardonné. Dit-elle l'air décidé.
-Tu es folle!
-Ah Amadou ! Fit-elle en s'asseyant. Je suis vraiment désolée de la peine qu'on a pu te causer, comprends juste que j'avais les mains liées.
Elle a vraiment l'air triste là.
-Elle est revenue ici après si longtemps et n'est même pas aller voir sa famille mais uniquement moi. Je n'allais tout de même pas la trahir.
J'aurai aimé qu'elle soit revenue pour moi.
-Comprends moi s'il te plait, dit-elle avec une faible voix.
-Je te comprends.
-Alors pardonne moi mon ange.
-Ok c'est bon, je te pardonne.
-OH MERCI, fit elle en se jetant sur moi.
-Oh doucement, t'es trop lourde. Plaisantai-je.
-Merci mon ange, je me sens beaucoup mieux maintenant.
-Je dirigeai ma colère contre toi alors que c'est pas toi la fautive dans cette histoire.
-C'est parce que je suis sa jumelle alors c'est normal.
-Je vois bien ça mais promets moi que tu ne me cacheras plus rien.
Elle hésite un instant avant de lever sa main.
-Promis juré.
On continue de discuter de tout et de rien et je reconnais avoir été injuste avec elle.
-Est-ce que tu te plaies bien ici ?
-Oui ça va, dis-je sans grande enthousiasme.
-Et Ramata ? Elle m'a fait savoir que vous êtes ensemble. Est ce que tu l'aimes bien ?
-C'est une fille vraiment gentille alors voilà quoi.
-Hum, et est ce que tu lui fais confiance ?
-Bon, je ne la connais pas assez mais ...
-Mais quoi ?
-C'est juste que je viens de me rappeler des paroles de Madina ?
-Madina ? Cette garce ?
-Oui, elle même. Elle venue à mon bureau et m'a mis en garde contre Ramata disant que c'est une mauvaise personne.
-Nonn? Elle a vraiment fait cela ?
-Oui et elle s'est beaucoup excusée de son comportement du collège. C'est une femme mariée maintenant et elle dit être enceinte de moi.
-QUOI ??
-Je plaisante. Elle est mariée à un de ses cousins et est très heureuse avec elle.
-Je suis étonnée qu'elle ne soit pas mariée avec Abdou.
-Je l'étais aussi mais je lui ai bien fait comprendre que j'avais plus de rancunes envers elle. Je lui ai pardonné de tout cœur et lui ai souhaité tout le bonheur du monde et que son bébé naisse en paix.
-Tu as bien fait, vraiment t'es un ange.
Point de vue externe
Écoutant derrière la porte, Ramata ne rate pas une miette de la conversation de Fatima et d'Amadou.
Elle sortit automatiquement de la maison en furie après avoir entendu Amadou dire que Madina est enceinte de lui.
Elle roule chez elle pour lui demander des comptes, ignorant que sa voiture est suivie.
(...)
-Madame, elle vient d'arriver à ***
-D'accord merci, j'arrive tout de suite mais ne bouge pas de là et n'hésite pas à filmer s'il se passe quelque chose de louche. Ordonna Fatima.
Cette dernière prend un taxi et se rend à l'adresse indiquée par l'homme qu'elle a engagé.
Arrivée sur les lieux, Fatima trouve Madina par terre qui se tord de douleurs.
-MADINAAA ? Cria-t-elle en allant vers elle.
-Mon bé.. bé, sauve le, dit-elle faiblement.
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