Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

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| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 45

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By VicArroyo

Je toque à la porte et attends que Chloé réponde en triturant le carton de la boîte de pâtisseries que j'ai achetées sur le chemin. Quand elle apparaît dans l'encadrement, la fatigue marque toujours son visage, mais on peut y déceler un peu d'éclat retrouvé. C'est plutôt positif. Une mine interloquée s'installe lorsqu'elle m'aperçoit.

Je remarque tout de suite sa tenue. Je la découvre dans un accoutrement de vêtements étranges, un débardeur jaune fluo sur un t-shirt blanc et une jupe rouge courte en vinyle sur un pantalon de jogging gris. Quelque chose semble avoir mal fonctionné ce matin...

– Salut !

Elle semble en arrêt sur image et il lui faut quelques secondes pour sortir de sa stupeur, ses noisettes écarquillées revenant peu à peu à leur taille habituelle.

– Charly ?! Mais...

Elle stoppe en plein milieu de sa phrase et baisse la tête pour jeter un coup d'œil à sa tenue.

– Hum... Qu'est-ce que tu fais là ? demande-t-elle avec un sourire un peu gêné en ôtant sa jupe.

– Je suis passée voir si tu allais bien.

Ses sourcils se haussent de surprise. Une surprise agréable, je crois.

– Oh ! Ben... c'est vachement sympa.

Pourtant, elle reste immobile, comme figée sur le pas de la porte. Elle ne pensait sûrement pas me revoir avant son retour au boulot, suite à notre échange de dimanche... Après un flottement où nous nous fixons du regard, elle finit par me laisser entrer.

– Euh, désolée, ne fais pas attention au bazar, je me suis lancée dans un grand tri.

En effet, le sol est jonché de petits cartons et sacs de courses remplis de vêtements et bibelots en vrac. Certains se baladent aussi sur le canapé et sur les tables.

– Tu déménages ? demandé-je avec une pointe d'anxiété dans la voix.

Ça serait quand même franchement con que la seule fille que j'ai jamais aimée décide de partir maintenant. Même si ça me rendrait service, quelque part. Il est parfois plus facile d'oublier une personne quand celle-ci disparaît...

Je glisse la boîte de gâteau sur la petite table en verre et m'affaisse légèrement sur le canapé. Cependant, je remarque assez rapidement que ça ne ressemble pas à un déménagement.

– Non, non ! Je... hum. Je fais un peu de tri. Une sorte de ménage de printemps anticipé. Ou en retard.

Je tends la main vers un vieux carnet posé devant moi, au milieu d'autres objets. Il est décoré de paillettes comme celui que j'avais trouvé chez sa mère, et à l'intérieur, des partages de petits messages secrets entre deux écolières.

– Ça, c'est ce que je garde, souffle-t-elle à l'égard du carnet, mettant la peluche qu'elle tenait à la main dans un sac poubelle.

Et soudain, je comprends.

– Tout ça appartenait à Zoé ?

– Pas tout, mais c'est ce qu'on a partagé, oui, depuis qu'on se connaît. Donc... depuis toujours.

Je hoche la tête respectueusement. Passée la tristesse, elle semble avoir pris les devants pour se remettre d'aplomb. Je ne peux m'empêcher de me sentir fière d'elle. Je remarque tout d'un coup que j'ai pris place sur son canapé sans vraiment en avoir conscience et que malgré la tension que je ressens, notre échange paraît naturel. Ma présence ici apparaît comme tout à fait normale et je ne me sens plus le cœur d'évoquer notre dernier échange. Je décide donc de faire comme si de rien n'était.

– Oh, au fait, dis-je en récupérant la boîte de gâteaux et l'ouvrant devant elle, j'ai pensé que ça pourrait te faire plaisir.

Ses yeux se mettent à briller et elle n'hésite pas à loucher sur les pâtisseries.

– C'est très gentil, Charly, je ne sais pas quoi dire !

– Alors, ne dis rien ! réponds-je avec un grand sourire.

Je suis rassurée de son accueil. Elle non plus ne semble pas vouloir aborder le sujet que nous veillons soigneusement à dissimuler sous le tapis, et ce sentiment de plénitude entre nous est bien trop agréable. Je m'efforce donc de ne pas me triturer les neurones et de mettre mon cerveau sur off pour pouvoir profiter de l'instant présent, en m'assurant que Chloé aille bien.

La soirée file en un rien de temps et je quitte son perron trois heures après, avec la sensation de n'y être restée que quinze minutes.

À peine dans la voiture, mes synapses se réactivent et je revis chaque instant. Nous n'avons parlé de rien d'important, évitant soigneusement tout terrain glissant, pourtant j'ai passé un excellent moment. Elle m'a raconté plein d'anecdotes de ses voyages, m'a montré des photos et m'a même joué un morceau de Ukulélé. Bon, elle a encore besoin de se perfectionner, mais c'était plutôt sympa. Je l'ai sentie troublée de nombreuses fois, mais elle a souri plus souvent, et pour moi, c'est tout ce qui compte.

Le lendemain soir, j'y retourne avec des lasagnes. Je découvre qu'après les voyages, la nourriture est la deuxième passion de Chloé. Elle adore varier les plaisirs et prépare régulièrement des plats du monde. Son rayon d'aromates est encore plus impressionnant que ce que je pensais. Elle m'a offert une visite approfondie de sa cuisine, me dévoilant ses cachettes secrètes où elle garde toujours plus d'épices et condiments. C'était comme investir la caverne d'Ali Baba tout en découvrant qu'il y avait une petite porte menant à une grotte de plus, qui elle-même mène à une cachette secrète donnant sur un antre de trésor, et cetera, et cetera.

La tristesse laisse progressivement place au renouveau, et je retrouve ma Chloé battante. Nous ne mentionnons pas la nuit particulière que nous avons partagée il y a quelques jours, ni son refus de me considérer comme autre chose qu'une collègue ou une amie. En fait, c'est comme s'il n'avait jamais été question de sentiments, même si, parfois, des éclairs d'intimité naissent entre nous. Mais si cela peut permettre à Chloé de garder son équilibre, alors j'accepte de faire semblant de rien.

Avec étonnement, je me rends compte qu'elle est bien plus bavarde que je ne l'avais imaginé. Je ne sais pas si c'est parce qu'elle est en terrain connu, mais j'ai l'impression qu'une partie de ses barrières a explosée. Elle porte son sourire sur ses lèvres comme la plus belle des parures, du moment où je franchis la porte d'entrée jusqu'au moment où je sors de chez elle. Chaque coup d'œil en sa direction est un délice autant qu'une torture, mais je ne peux m'en passer. Je sais que l'atterrissage fera horriblement mal, mais le déni est devenu mon meilleur allié.

Le jeudi, suite à l'annulation d'un client, Joanne me libère en fin de matinée. Sans même y réfléchir, mon inconscient me mène jusqu'à la porte de Chloé. Cela ne fait que le troisième jour que je vais chez elle, et pourtant cela ressemble à une habitude que j'ai depuis des mois entiers. Rien ne me paraît plus logique que de la retrouver...

En arrivant, je croise Pauline qui s'apprête à quitter le hameau pour s'occuper de l'aspect administratif de son chômage. Une tâche qui la met véritablement en joie...

– Sors le grand jeu mon Charlot ! Profite de ce que vous partagez là. Montre-lui que tu es un diamant vingt-quatre carats et qu'elle ne risque pas de trouver mieux que toi !

Je plisse le nez à sa comparaison vaseuse.

– Je ne sais même pas à quoi correspondent tes foutus carats et je déteste les diamants.

– Tu as raison, tu es bien plus précieuse que toute une mine de diamants ! corrige-t-elle en me serrant dans ses bras avant de s'éloigner. Mais montre-lui !

Je marmonne dans ma barbe tandis qu'elle articule silencieusement sur ses lèvres « le grand jeu » en grimpant dans sa voiture.

Je soupire et me frotte les mains pour les réchauffer avant de toquer chez Chloé. Quand elle ouvre, j'improvise.

– Surprise ! Aujourd'hui, je t'emmène en balade. Direction Annecy !

L'expression de son visage restera gravée longtemps dans mes pupilles. Ses yeux écarquillés, un sourire se dessinant sur ses lèvres, la stupéfaction peignant ses traits.

– Mais... Je ne suis pas habillée !

J'observe un peu plus loin que son visage et me rends compte qu'elle porte une sorte de combinaison en pilou-pilou en forme de hibou et je manque d'éclater de rire. Elle est beaucoup trop mignonne.

– Tu as cinq minutes.

Sa bouche forme un grand « o » tandis que ses yeux brillent d'amusement. Elle me plante dans l'entrée et se rue dans sa chambre. Je referme derrière moi pour conserver la chaleur de l'habitat et m'installe dans un fauteuil du salon.

Cette opération s'avère bien plus facile que je ne le pensais. J'imaginais devoir lutter avec elle ou accepter qu'elle ne souhaite pas sortir de chez elle. Mais ni la perspective de passer l'après-midi avec moi ni le froid ne semble la déranger.

C'est une Chloé joueuse qui réapparaît quelques minutes plus tard devant moi, et mon cœur sonne les carillons à tue-tête. Son jean bleu marine est surmonté d'un pull blanc mettant en valeur ses pommettes roses. Elle sautille pour terminer d'enfiler des chaussettes dépareillées et annonce qu'elle est prête. Je la trouve rayonnante et je dois me retenir de saisir son visage entre mes mains pour l'embrasser avec toute la passion qui m'habite. Mais je n'en fais rien et me contente de me diriger vers la sortie tandis qu'elle ferme la porte d'entrée derrière elle.

Le temps qu'elle fasse volte-face, une boule de neige atterrit sur l'anorak qu'elle est en train d'enfiler. Je l'entends hoqueter et la vois s'immobiliser. Je m'interromps immédiatement, de peur d'avoir fait preuve d'un peu trop de zèle.

Charly Sanders, pourquoi faut-il que tu gâches toujours tout ?

Mais contre toute attente, elle se baisse pour ramasser de la neige à son tour et me court après. Stupéfaite, je me fais prendre à mon propre jeu et m'ébroue pour ne pas récolter de cristaux sous mes vêtements. Nous jouons toutes les deux comme des enfants, et mon cœur est prêt à exploser dans ma poitrine. Pourtant, l'effort n'a strictement rien à voir là-dedans. En se ruant sur moi, elle glisse sur la glace et je la rattrape in extremis avant qu'elle ne s'étale par terre. Elle rit aux éclats et je me délecte de cette vision. Son visage rosi par le froid contraste avec le blanc des flocons, ses yeux sont presque fermés d'amusement et ses lèvres oscillent entre le rouge sang et le bleu violet. C'est la fille la plus belle du monde.

Nous nous affalons en riant, à moitié assises sur la neige, mon bras retenant son dos, les siens accrochés à mes épaules, nos nez à quelques centimètres seulement l'un de l'autre. Sa poitrine se soulève et se baisse de manière saccadée tandis que j'essaye également de reprendre mon souffle. Je sens le froid nous envelopper, pourtant mon visage se met à chauffer, ma cage thoracique s'embrase et je vois des flammes vaciller dans ses iris. Ces mêmes flammes qui brillaient lorsque le plaisir s'échappait d'elle. Alors je ne réfléchis plus, j'éclate les derniers pans de mon armure et approche mes lèvres des siennes avec une douceur infinie. Je ne bouge plus et lui laisse trois secondes pour réagir. Trois secondes pour consentir à ce baiser ou pour s'éloigner et enfermer mon cœur dans un bloc de glace.

Une respiration.

Deux souffles.

Trois battements.

Sa main se glisse sur ma nuque et elle m'attire contre elle. Sa langue danse avec la mienne et je me laisse aller à cet instant fiévreux. Le goût de sa bouche me parvient comme une trace de poudre sur les lèvres d'une toxico en sevrage.

Nos respirations s'emballent, nos cœurs se mêlent, et je perçois toute l'envie, tout le désir qu'elle s'acharne à me dissimuler. Quand nous nous détachons l'une de l'autre, notre souffle est encore plus erratique que lorsque nous nous sommes effondrées. Elle me regarde, les joues rouges d'avidité, sans une ombre de regret sur son visage.

Elle se racle la gorge, se frotte les mains sur son pantalon et se redresse tandis que j'essaie d'émerger de cet instant parfait. J'ai peur de tout gâcher, alors je ne dis rien, je ne pose pas de question, et je me contente de la regarder avec mon sourire béat.

Notre escapade à Annecy est tout simplement merveilleuse. C'est comme si nous étions dans une bulle et que rien n'existait autour de nous. Ni ce qu'il s'est passé avant ni la perspective du futur. Aucune question, aucune règle, juste elle et moi, nos doigts entrelacés, nos regards remplis d'affection, et ses soupirs de satisfaction.

Nous faisons tout ce qui constitue un rencard digne de ce nom sans même planifier quoi que ce soit. D'abord, nous partageons un repas dans un chouette petit restaurant à l'ambiance intimiste, puis nous baladons le long du lac. Nous restons environ une heure à patiner sur l'étendue de glace aménagée, après quoi nous nous réchauffons devant un chocolat chaud rempli de chantilly avant de nous promener au gré des lumières du vieil Annecy. Puis, en rentrant, nous inaugurons le jeu de société que je lui ai acheté dans une petite boutique spécialisée du centre. On réussit même l'exploit de se complaire mutuellement dans le déni et de n'absolument jamais mentionner ni notre baiser, ni notre proximité, ni notre situation. J'en ai envie pourtant, je meurs d'envie de lui demander ce que tout ça veut dire.Est-ce qu'elle laisse enfin tomber ses barrières ? Ai-je finalement accès à son cœur ? Sommes-nous désormais en couple ? Est-ce qu'elle est amoureuse elle aussi ? Ces questions me brûlent plus la langue que la première lampée d'un chocolat bouillant pour me réchauffer. Pourtant, encore une fois, je décide de me taire.Parce que ce moment est bien trop bon. Parce que notre complicité embrase mon cœur mille fois plus fort qu'une canicule estivale. Parce que malgré la douleur imminente, j'adore l'aimer et je veux que ça ne s'arrête jamais.

*******

Hello

Nouveau chapitre qui fait du bien à nos petits coeur après une bonne nuit de sommeil. Chloé a enfin baissé sa garde, pour le plus grand bonheur de Charly !

Ce chapitre vous a plu ?

On se retrouve demain pour la suite,

xx

Victoria

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