Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

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| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 43

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By VicArroyo

Nous avons enchaîné quatre parties. Cela fait plus de deux heures que l'on joue et j'ai l'impression que Chloé pourrait continuer toute la journée.

– Une dernière ? demande-t-elle en mélangeant d'office les cartes.

Encore dix si tu veux, tant que tu ne m'intimes pas de rentrer chez moi.

– Tu sais que c'est la troisième fois que tu me proposes ça ?

– C'est agréable de se concentrer sur autre chose, admet-elle.

J'acquiesce et nous nous lançons dans une cinquième partie. Heureusement que le jeu est amusant. Cependant, cela me fait du bien de la voir souriante et apaisée. Même si nous ne parlons pas vraiment, même si nous ne faisons qu'échanger des cartes, elle ne reste pas seule, et cela me rassure. Mais malgré la situation, je ne peux empêcher une infime partie de moi de se demander si c'est la solitude qui l'inquiète, ou si elle souhaite véritablement passer du temps avec moi.

J'ôte mes chaussures pour la troisième fois avant de suivre à nouveau Noisettes dans le salon. J'ai compris son cinéma. Elle a beau refuser de l'avouer — ou de se l'avouer —, mais à chaque fois que je suis prête à partir, elle me propose une nouvelle manière de rester. D'abord le jeu, puis son envie de faire un gâteau, mais pas de le manger toute seule, et je viens à l'instant d'accepter de l'aider à faire ses semis d'hiver.

Je me contente d'acquiescer sobrement à ses suggestions, mais ça tourbillonne dans mon esprit, et mon cœur fait des cabrioles. C'est sa dernière proposition qui l'a trahie. Je sais pertinemment qu'elle n'a besoin de personne pour planter trois graines dans une boîte d'œufs et les recouvrir de terre. Elle cherche des excuses pour me garder près d'elle. J'imagine que ma présence doit la rassurer, l'apaiser, ou lui faire du bien. Ou tout ça à la fois. Mais tout ce que je retiens, c'est qu'elle souhaite me voir rester, et que je ne vais pas me faire prier !

Je me pince l'arête du nez, épuisée du bruit incessant de mon cerveau. J'aimerais parfois ne pas avoir besoin de décortiquer chaque situation dans le moindre détail. Mais contrairement à moi, mes neurones ne se fatiguent jamais.

– Je peux te poser une question ?

La voix de Chloé me fait sursauter. J'acquiesce d'un mouvement de tête, mais elle secoue son visage au même moment.

– Non rien, en fait.

Je fronce les sourcils. Ce n'est pas vraiment le genre de Chloé de demander la permission de parler, et encore moins de s'en abstenir juste après.

– Vas-y, tu peux m'interroger sur ce que tu veux.

Elle pose consciencieusement ses graines de poireaux en alternance dans chaque alvéole de papier moulé, sur une couche de terreau. Elle ne se presse pas et je la suspecte d'essayer de gagner du temps pour formuler correctement sa requête dans son esprit. Je me demande quelle sorte de question peut nécessiter tant de préparation quand la moindre parole sort habituellement de sa bouche avant même qu'elle n'ait eu le temps de l'ouvrir.

– Est-ce que, euh... Tu pensais à... hum...

Elle souffle et reprend contenance pendant quelques secondes.

– Pourquoi... pourquoi es-tu restée cette nuit ?

Je fronce les sourcils, incertaine de ce qu'elle veut réellement dire.

– Ça me paraît évident, non ?

Elle se crispe imperceptiblement, et son visage exprime un air piqué tandis qu'elle acquiesce avec une moue sarcastique.

– J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

– Non, non, enfin ça semble logique quoi, marmonne-t-elle entre ses dents.

J'ai du mal à comprendre ce qu'il vient de se passer dans son esprit pour qu'elle se ferme comme ça. Est-ce vraiment si dur à accepter pour elle que je puisse vouloir être présente dans ses moments difficiles ? Ou est-ce que c'est justement ça qui lui pose un problème, que je puisse être attachée à elle ? Ma poitrine se comprime face à cette idée. Peut-être que je me suis fourvoyée toute la journée, et qu'elle aurait préféré que ça soit quelqu'un d'autre à ma place...

– Chloé ?

Tout mon corps lui intime de m'expliquer.

– Non, mais laisse tomber, t'inquiètes. Tu peux me passer la pelle, s'il te plaît ?

– Ça me plairait plutôt que tu me dises ce que tu penses, parce que je ne comprends pas ta réaction. Ça t'embête que je sois restée avec toi cette nuit ? demandé-je en lui tendant tout de même l'outil.

Elle soupire en tassant le terreau dans les boîtes d'œuf.

– Oui, enfin non. Pas...

Elle souffle encore, semblant peiner à trouver ses mots.

– Pas si ton seul objectif était de coucher avec moi.

J'espère que mon visage exprime toute la consternation que ses paroles m'évoquent.

– Que mon seul objectif était de quoi ? répété-je plus sèchement que je n'avais prévu.

Elle écarte les mains en signe d'évidence.

– Toi, moi... Ça là, avance-t-elle en brandissant son doigt entre nous deux, ce n'est pas... Je ne suis pas en mesure de « m'amuser » comme tu le voudrais...

– Je sais ! la coupé-je en essayant de ne pas être trop véhémente.

Je me frotte le visage dans une tentative de me calmer. Ses mots me blessent. Comme si j'avais passé la moitié de la nuit à la consoler juste pour du sexe.

Est-ce vraiment l'opinion qu'elle a de moi ?

– C'est pourtant toi qui refusais de me laisser partir, Chloé. Tu as essayé plusieurs fois de me monter dessus d'ailleurs, donc s'il y en a une qui voulait coucher avec l'autre, c'était toi pour le coup...

– Ah bon ? réagit-elle en écarquillant les yeux.

Je hausse les sourcils en guise d'approbation. Je l'ai mauvaise, mais sa peine transpire de tous ses pores et elle se mêle soudainement à de la honte. Ses joues rougissent et son être tout entier ne semble plus savoir ou se mettre.

Comment réussir à véritablement lui en vouloir ?

Je n'ai aucune idée d'à quel point elle se souvient de cette nuit. Je décide donc de rester fidèle à moi-même et jouer la franchise, malgré mon amertume.

– J'admets qu'en temps normal, je n'aurais certainement pas refusé, bien que tu aies été claire lors de notre dernière discussion. Mais ce n'était pas du tout la question hier soir, Chloé. Ça ne m'a même pas traversé l'esprit, parce que tu étais en piteux état. Tu étais triste, déchirée, et que sais-je encore, car je n'ai jamais vécu ce qui t'est arrivé. Et ça me blesse que tu penses que je suis restée avec toi uniquement par intérêt. J'ai conscience qu'on est loin de se connaître par cœur, mais j'imaginais que tu aurais au moins compris ça sur moi... Si je suis restée, c'est parce que c'était tout bonnement impossible pour moi de te laisser seule.

Le regard incertain de tout à l'heure réapparaît, comme si elle ne savait pas trop quoi faire de cette information. Elle me fixe de ses grandes noisettes et j'ai l'impression de me tenir face à un petit animal chétif.

– Je ne pouvais pas t'abandonner face à ce qu'il se passait en toi. J'avais besoin d'être là pour toi, comme tu l'as été pour moi. Je ne pouvais pas partir, Chloé. Et même si j'avais pu, je n'en avais aucune envie. Si je suis restée avec toi toute la nuit, puis toute la journée, c'est parce que je tiens à toi, pas parce que je tiens à coucher avec toi.

Je fais une petite pause pour lui laisser le temps d'enregistrer l'information, et soupire avant de continuer dans ma lancée. Quitte à lui ouvrir mon cœur, autant le faire jusqu'au bout.

– Chloé, ce n'est certainement pas le moment pour toi, mais puisqu'on en parle... J'ai conscience que dernièrement je t'ai laissé penser que tout ce qui m'intéressait était de coucher avec toi. Enfin non, que ça ne m'intéressait pas d'aller plus loin que ça. Sauf que c'est faux.

Ses yeux s'écarquillent et elle ne me lâche pas du regard, comme avide de ce que je vais lui dire. Je la vois déglutir difficilement, mais elle ne me coupe pas dans ma tirade, alors je continue.

– J'ai envie de plus. Je ne vais pas te le cacher, ton corps m'attire irrésistiblement, mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg. Ton intelligence, les valeurs que tu défends, le son de ton rire.

Je lève les yeux au ciel avant d'avouer ce qui va suivre.

– Même ta manière de tirer des traits hyper rigides dans tes carnets, j'adore. N'importe quelle excuse m'irait pour rester plus longtemps avec toi tant j'aime ta compagnie. Ta présence me donne l'impression d'être constamment en apesanteur, et bon sang ce que je chéris cette sensation. Et ça me rend d'autant plus amoureuse de savoir que c'est toi qui me l'as fait découvrir...

Tout ça était totalement décousu et étonnamment facile à dire, alors que je pensais que ça allait être l'aveu le plus difficile de mon existence. J'ai l'impression d'avoir décroché mon cœur de ma poitrine pour le poser sur un plateau à sa disposition, et je ne sais plus trop si je suis prête à découvrir ce qu'elle va en faire.

En dépit de tout ce qu'elle a pu me répéter, elle semble bien plus touchée par mes paroles que je n'aurais pu l'imaginer. L'idée semble même lui plaire. Sa main se déplace à travers la petite table de la véranda pour se poser sur la mienne. Nos peaux en contact l'une de l'autre s'électrisent et je le sens jusqu'au fond de mes entrailles. Je reste immobile, de peur que le moindre mouvement la fasse fuir comme un chat sauvage. Ses noisettes brûlent de la même passion que celle que nous avons partagée dans le secret de la nuit passée chez sa mère. Du bout des doigts, elle me caresse délicatement la peau et vient progressivement enserrer mon poignet en effleurant le relief de mes veines avec son index. Elle ferme les yeux en exerçant une tendre pression, puis soupire et se défait de mon contact, retirant doucement son bras jusqu'à ne laisser que le vide caresser ma peau. Comme si me toucher était tout aussi insupportable pour elle que de résister à l'attraction de ma chair.

La détresse envahit son regard avant qu'elle ne se cache le visage derrière les mains, et je sais que j'ai raison. Qu'elle aussi a dépassé le stade de l'attraction et que ses sentiments ne sont pas inexistants. Ce qu'elle a subi la bloque, et je la vois lutter. Mais je ne suis pas sûre contre quoi, et je ne vois pas bien ce que je pourrais faire pour changer ça.

– Tu devrais rentrer chez toi, Charly.

Ma respiration se coupe et j'ai la sensation d'un étau qui se referme sur ma cage thoracique. Une pluie d'émotions s'abat sur moi en un millième de seconde avec l'impression de me perdre sur les commandes en essayant d'éviter des météorites. Je sens une enveloppe de fonte se former autour de mon cœur, de mes poumons, de mes veines et s'étendre à chaque parcelle de mon être.

Toutes ces émotions me fatiguent. Je n'arrive plus à suivre. Rien n'est cohérent.

Je me mords les lèvres, secoue la tête, et me lève tandis qu'elle refuse de me regarder. Je reste un instant debout devant elle, attendant un geste de sa part, mais rien ne vient. J'ai le sentiment que tout son être clame « prends-moi, chéris-moi, aime-moi » pendant que ses paroles me supplient de disparaître.

Je ne sais plus quoi faire à part m'avouer vaincue. Je récupère ma veste pour la dernière fois de la journée avec la sensation que chacun de mes membres est lesté d'une boule de plomb.

– Tu sais, ajouté-je d'une voix monocorde avant de partir, je vois bien que tu tiens aussi à moi. D'une certaine façon... À ta façon, on va dire.

Elle ne répond rien.

– J'ai bien conscience qu'une partie est imputable à tout l'alcool que tu as ingurgité, mais tu t'es accrochée à moi comme à une bouée de sauvetage, Chloé. Comme si ton esprit, hier soir, avait bien compris que j'étais là pour prendre soin de toi. Même si tu fais tout pour repousser cette idée.

Elle ne lève même pas les yeux vers moi. Je déglutis, retenant les larmes qui menacent d'enrouer ma voix.

– Je comprends que ton passé te dicte de ne faire confiance à personne, je sais de quoi je parle. Mais je ne suis pas comme ce connard, et tu finiras par le comprendre. Si tu maintiens que tu ne veux réellement pas de moi parce que je ne t'intéresse pas, alors j'abandonnerais, mais je vois bien que je ne suis pas la seule à vouloir aller plus loin. Et je veux que tu saches que j'attendrais. Jusqu'à ce que tu sois prête. Parce que contrairement à ce que tu peux croire, tu en vaux la peine, Chloé.

Je sais que mes paroles semblent désespérées, et d'un certain côté, je me déteste de lui exposer une telle vulnérabilité, mais je ne peux plus le garder pour moi. Elle lutte contre ce qu'elle ressent, elle n'arrive pas à se mettre d'accord avec elle-même et ça crève les yeux. Mais j'aimerais juste qu'elle soit honnête avec moi et qu'elle sache qu'elle peut me faire confiance.

Pourtant, seul le silence faitécho à ma voix, et tandis que je m'en vais, je la laisse réfléchir à ces motsque j'ai lâchés, sur le pas de sa porte, avec mon cœur en miettes.

*******

Bonjour !

J'espère que vous allez bien.

Votre lecture vous a plu ? Qu'en avez-vous pensé ? Pauvre Charly... Son coeur subit !

À demain pour la suite,

xx

Victoria

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