Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

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| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 47
Chapitre 48
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 46

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By VicArroyo

Le vendredi, je rejoins Chloé avec des papillons dans le ventre et un sourire figé sur mon visage. J'ai tout essayé, impossible de le décoller de là. La moindre pensée à notre balade de la veille fait clignoter une énorme pancarte sur mon front, marquée « je suis amoureuse et j'aime ça ».

En arrivant chez elle, je gare la voiture à côté d'une moto grise que je n'ai jamais vue. Ceci dit, je ne suis pas au fait de toutes les connaissances de Chloé, et savoir qu'elle a de la visite me stresse un peu. Elle ouvre avant même que j'aie le temps de toquer à la porte et en me voyant, un grand sourire lui mange le visage. Mon cœur manque de se transformer en grenade. Je prends beaucoup trop l'habitude de ces instants de bonheur, et je me complais dans le déni de la réalité. Celle-là même dans laquelle Noisettes est inaccessible. Celle-là même dans laquelle Chloé et Charly n'existent pas avec un trait d'union. Celle-là même qui m'éclatera bien trop vite à la gueule. Mais pour l'instant, je ne pense qu'au bien-être que me procure ce sourire ravageur et je m'empresse de le lui rendre.

Derrière elle, je découvre un homme doté de jambes gigantesques en train de passer une grosse veste. Ses cheveux bruns en bataille rejoignent une barbe de quelques jours qui encadre son visage. La lumière dorée de la fin de journée se reflète dans ses petits yeux rieurs.

– Salut ! me lance-t-il en m'apercevant.

Je le reconnais immédiatement. Il était venu voir Chloé devant l'agence alors qu'on l'épiait avec Betty. J'étais persuadée qu'il s'agissait de son copain à ce moment-là.

– Je te présente Adrien, déclare Chloé en lui saisissant les épaules malgré sa grande taille. Frérot, voici Charly !

C'est marrant, ils ne se ressemblent pas du tout. Pourtant, cette annonce ne m'étonne pas. La sorte de connivence dans le câlin que j'avais observé prend sens désormais. Chloé porte cette carapace constante – hormis quand elle est bourrée – et ça me semble alors bien logique que la seule personne susceptible de l'enlacer comme il l'avait fait ne pouvait être que son frère. Ce dernier s'avance vers moi. Je tends la joue, m'attendant à recevoir deux bises, mais il écrase ses bras musclés autour de moi dans une sorte de câlin.

Ah d'accord.

– Content de te rencontrer enfin, depuis le temps que j'entends parler de toi !

Le sourire installé sur mon visage se fige légèrement et je dirige un regard interrogatif vers sa sœur. Sœur qui pique un fard et détourne immédiatement la conversation sur le passage de son frère en France.

– Il vit en Californie la majorité du temps, mais revient plusieurs mois en France en fin d'année. Alors il est venu me voir...

Je hoche la tête face à son besoin de se justifier avec un léger sourire narquois sur les lèvres. Elle a parlé de moi à son frère, et visiblement pas qu'une fois. Et vu ce qu'il a dit, ça ne doit pas être de manière si négative ! Un feu de camp prend naissance dans ma poitrine tandis que mon cœur se tartine de chocolat fondu face à cette information. Il y a peut-être un espoir que ce que nous avons vécu hier était bien réel.

– En fait, je t'ai déjà aperçu devant l'agence il n'y a pas si longtemps. Mais j'ai cru que tu étais son petit ami ! avoué-je.

– Oula, rit-il, personne ne peut supporter une tornade pareille !

Il attrape sa sœur dans ses bras avant qu'elle ne puisse répliquer, lève un chapeau imaginaire en ma direction, et rejoint sa voiture.

De retour au chaud, Chloé reprend son tri. Après avoir passé chaque pièce de sa maison au peigne fin, il ne lui reste que celle qu'elle redoute le plus : la chambre. Face à sa penderie, les mains sur les hanches, elle semble affronter le dernier obstacle de son grand ménage. Noisettes fait coulisser la paroi droite du placard dans un silence édifiant, révélant des vêtements colorés et flashy. Elle souhaite trier les affaires qu'elle possède en souvenir de Zoé, mais ne se résout pas à le faire seule.

– C'est drôle finalement, j'avais déjà fait la distinction dans mon dressing, mais pas dans mon esprit...

En effet, ses habits quotidiens s'empilent, impeccablement superposés les uns sur les autres, sur les étagères de gauche, tandis que de grands éclats de couleurs et de formes indéterminées inondent la penderie à droite.

Elle sort un à un chaque vêtement, l'essaye ou se contente de le poser sur elle et me demande mon avis avant de faire son choix.

– Garde ce qui te plaît, Chloé. Ce n'est pas à moi de te dire ce que tu dois porter.

– Exact. Mais j'ai juste envie de savoir ce que tu aimes bien, répond-elle avec désinvolture.

Je remarque que la pile de ceux que j'apprécie rejoint vite l'étagère tandis que le reste est mis au rebut dans un sac plastique. Serait-ce important pour elle de me plaire ? Je veux croire à cette idée, car je ne suis pas encore prête à lâcher l'affaire, et tout prête à penser que quelque chose de nouveau se crée entre nous. Pourtant, je ne peux m'ôter cette désagréable sensation de marcher sur des œufs.

Ce temps que l'on passe ensemble, en dehors du cadre du travail, nous rapproche indéniablement, et au-delà de notre claire intimité physique, notre complicité s'est profondément développée. Nous volons des instants du quotidien, partageant des éléments de routine qui ne nous appartiennent pas. Des petits éclats de ce que pourrait être une vie passée ensemble, chacune aux côtés de l'autre. Parfois même, j'oublie que ce n'est pas – encore – le cas tant tout semble naturel entre nous. Et quand son rire résonne tous les soirs dans mon esprit, et que son sourire illumine systématiquement le chemin qui me mène à Morphée, la seule pensée qui m'anime est la perspective de la retrouver le lendemain.

Et dire qu'il t'a fallu 27 ans pour découvrir le sens du mot « aimer »...

Nous parlons de tout et de rien à chaque fois que l'on se voit, et désormais, je ne peux plus dire que je ne sais rien de Chloé. Je pourrais épingler sur une carte du monde tous les endroits qu'elle a visités, et elle pourrait énumérer le nom de tous les amis que j'ai pu me faire dans ma vie. Cependant, un seul sujet reste sous le tapis.

Étalée sur le canapé, un verre de vin à la main, Chloé semble apaisée par le passage de son frère un peu plus tôt. Après avoir vidé sa penderie, la soirée se déroule calmement et je me rends compte que l'on adopte déjà quelques habitudes, comme si mes visites après le travail étaient coutumes depuis bien plus d'une semaine. J'ai remarqué qu'elle commence toujours par me proposer un verre d'eau ou un café. Café qu'elle me sert systématiquement dans la même tasse, qu'elle m'a attribuée dès ma première visite. Une tasse blanche sur laquelle sont représentées deux femmes enlacées, qui se dénudent sous la chaleur de la boisson. Cadeau d'anniversaire de sa meilleure amie il y a cinq ans. Puis nous nous adonnons à une activité comme du rangement, un jeu ou une petite promenade. Selon l'envie et le contenu de son frigo, nous cuisinons ensemble. Et enfin, après manger, nous nous installons sur son canapé, un verre à la main, pour discuter de choses et d'autres. Chaque soir un peu plus proches. Chaque soir un peu plus intimes. Mais sans jamais laisser la passion nous consumer. Comme si voler trop près du soleil allait nous brûler les ailes.

Foutu Icare, il a fallu que tu cherches à t'évader de ta prison dorée...

– J'ai gagné le procès.

Je redresse la tête, incertaine d'avoir correctement entendu.

– Je n'ai pas voulu t'en parler avant parce que j'avais besoin de gérer cette information d'abord, mais mon avocat m'a appelé lundi matin. J'ai gagné le procès.

Ses paroles libèrent instantanément quelque chose dans mon cœur. De l'apaisement, du bonheur, de la fierté.

Chloé a gagné.

Elle s'est battue et elle a vaincu, malgré tout ce qu'elle a subi.

Son comportement cette semaine s'explique enfin, et l'issue du procès semble l'avoir décidée à s'ouvrir à moi pour me laisser pénétrer dans son château fort. C'est sa manière de me dire qu'elle me veut, qu'elle m'accepte, et le soulagement m'enveloppe comme un plaid géant en coton doux.

Je glisse ma main dans la sienne et ne peux m'empêcher d'attirer Chloé contre moi pour la serrer dans mes bras. Nous restons comme ça un long moment, ni l'une ni l'autre ne semblant vouloir se détacher. Je perçois son souffle dans mon cou et accueille le poids de sa tête sur mon épaule. Je ferme les yeux pour savourer l'instant. La mélodie de nos cœurs battant en chœur me berce, et je me sens entière.

J'aimerais rester toujours comme ça, avec ma jolie Noisette contre moi, en sécurité. Mais à mesure que les minutes passent, j'ai le sentiment que cette étreinte n'est pas celle d'une Chloé qui s'abandonne. À mesure que les minutes passent, je réalise que cette étreinte est celle d'une Chloé qui m'abandonne. Et mon cœur se serre violemment à cette perspective. Ma Noisette ne m'a même pas encore adoptée, qu'elle me quitte déjà.

– Le truc, reprend-elle doucement à travers mes cheveux, c'est que toute cette histoire a brisé quelque chose en moi...

Elle se détache, en restant tout près de moi, et plonge ses yeux dans les miens, les mots suspendus au bord des lèvres. Il lui faut une éternité pour les asséner comme un couperet.

– Je ne peux tout simplement pas.

Mon cœur se fissure instantanément, comme un arbre qui aurait subi la foudre d'un éclair, et je ne peux que contempler la trace de l'impact tandis que tout mon être se paralyse.

– C'est trop, j'ai peur, Charly. J'ai beau savoir au fond de moi que tu n'es pas comme ça, parce que je commence à te connaître...

Mon cœur se craquelle dans mes entrailles, et j'aimerais attraper le scotch à temps, mais même une bétonnière de ciment ne serait pas suffisante.

– Et tu as raison, tu avais déjà raison la dernière fois, et encore plus depuis que tu es venue me voir tous les soirs pour injecter un peu de ta vie dans la mienne. J'ai de vrais sentiments pour toi, il faut que tu le saches. Mais j'ai peur, tellement peur que je ne veux plus jamais laisser cette porte s'ouvrir dans ces conditions.

Mon cœur s'effondre comme un échafaudage un jour de tremblement de terre, et le fracas étourdissant manque de me faire sombrer moi aussi.

– J'aurais vraiment aimé construire quelque chose avec toi Charly, si seulement nous n'avions pas travaillé ensemble. J'ai voulu essayer, cette semaine, j'ai réellement tenté de me persuader intérieurement que je pouvais passer au-dessus, mais j'en suis incapable. Dès que je pense au boulot, dès que je nous vois au bureau, ça me paralyse. Je suis désolée, tu trouves peut-être ça con et je suis vraiment navrée de te blesser si c'est le cas, car tu es quelqu'un d'étonnamment... géniale. Je ne m'attendais pas à t'apprécier autant, je pensais que tu étais juste une jolie fille pour qui j'avais craqué la première fois qu'on s'est vues. Mais c'est beaucoup trop compliqué pour moi. Je ne peux pas retourner là-dedans. Je n'ai pas le courage, pas la force, je n'ai pas ce qu'il faut. Je finirais par te faire du mal. Ça ne marcherait pas. Tu as beau m'avoir percée à jour, Charly, je suis une putain de passoire en titane. Les bonnes choses ne restent pas près de moi, elles s'évaporent pendant que je les regarde s'effacer sans pouvoir rien faire. Et je suis fatiguée d'avoir un bloc de gruyère à la place du cœur... Je dois me protéger. Et crois-moi, c'est un service que je te rends. Je suis désolée.

À ces derniers mots, ma poitrine explose et l'organe qui essayait tant bien que mal de battre encore se réduit en un million de petits cristaux qui me lacèrent de l'intérieur. Le simple fait de respirer devient l'action la plus difficile qu'il ne m'ait jamais été donné de faire. Quand je sors de chez elle, je ne parviens pas à retenir les larmes qui gèlent sur mes joues avant la fin de leur course. Je ne me retourne pas, je ne lui adresse aucun signe, je m'engouffre dans le silence et disparais dans la noirceur de la nuit.

*******

Helloooo...

J'ai bien envie d'aller me cacher haha j'espère que j'ai pas trop gâché votre dimanche avec ce chapitre ^^" Et j'espère qu'il vous a plu quand même...

Bonne fin de week-end et à demain,

xx

Victoria

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