Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

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| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 36

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By VicArroyo

Le travail s'accumule, et plus les jours passent, plus j'ai l'impression que Chloé se fane. Elle est souvent sur les nerfs, tendue, ou sur le point d'éclater en sanglots, selon le moment. Ça me fait de la peine de la voir comme ça. Encore plus depuis que j'ai eu l'occasion de passer une après-midi entière à l'entendre rire toutes les deux minutes. Mais j'ai beau chercher les oies se baladant autour de ses yeux ces derniers temps, il n'y a personne. Les oies sont en hibernation, et les noisettes bien à l'abri derrière leur coquille.

J'ai fini par comprendre que mon intuition de l'autre jour s'avérait correcte. Ce n'est pas possible que l'amoncellement des dossiers soit le seul responsable de son teint grisâtre. J'aimerais savoir ce qui la tourmente, ce qui l'atteint à ce point pour qu'elle soit si terne, même si je ne pense pas pouvoir changer grand-chose. En effet, tout comme le baiser que l'on a échangé et dont on n'a absolument pas discuté, tout ce qui la concerne est mis sous cloche et elle n'autorise plus ces douces parenthèses à s'ouvrir.

S'il y a bien une chose que je pourrais faire, pourtant, c'est lui offrir un moment hors du temps, sous les draps, où elle n'aurait à se poser aucune autre question que le plaisir de l'instant présent. Le sexe exerce cet effet apaisant sur moi et je ne me priverais pas de lui en faire profiter, mais je ne suis pas certaine que cela soit son truc... Je serai même prête à juste la câliner jusqu'à ce qu'elle se détende si ça peut ramener son sourire sur son visage, c'est pour dire !

Ce qui est d'ailleurs franchement surprenant. Je suis toujours partante pour me préoccuper du bien-être de mes amantes, puisque c'est le meilleur chemin vers le plaisir, mais généralement j'en retire quelque chose derrière. Alors que là, a priori, tout ce que j'en retire, c'est qu'elle soit bien. Juste bien. Et le pire, c'est que ça me va. Parce que je réalise que quand Chloé est triste, ça me touche et je n'arrive pas à être totalement heureuse moi non plus.

Pourquoi est-ce que son état m'atteint autant ? Est-ce que Pauline aurait raison ? Je rejette cette idée en levant les yeux au ciel. Surtout que ce n'est pas mon genre de courir après des filles qui ne veulent pas de moi.

Il ne faut pas déconner non plus, je l'apprécie la Chloé, mais je ne ferai pas ma vie avec. Et puis je ne vois même pas comment ça serait possible. La dernière fois que je suis tombée amoureuse, c'était de Mélodie. J'avais douze ans et je ne connaissais rien aux sentiments. Tout ce que je désirais c'était la faire sourire tout le temps, et quand elle se blessait je ne pensais qu'à la réparer. Je voulais constamment lui tenir la main aussi. Mais c'est à peu près tout ce dont je me souviens de ce que les sensations de l'amour peuvent provoquer. De toute façon, je ne sais même pas pourquoi je me prends la tête sur la question, qu'est-ce qu'on y connaît réellement à l'amour, à douze ans ?

Ce jeudi soir, en rentrant de l'agence, je reçois un message de Pauline, ce qui n'arrive à peu près jamais. Prise de panique, je saisis mon téléphone suite à sa notification personnalisée, et ouvre le texto d'une main.

J'ai démissionné.

Je fixe l'écran avant de rabattre mes yeux sur la route. Puis à nouveau sur mon appareil, puis sur la route.

Ok.

Ok, je me répète à voix haute.

Message reçu.

Je balance mon portable sur le siège passager, et profite du premier rebord de route assez large pour faire demi-tour. Je m'arrête à notre pâtisserie préférée pour acheter des beignets et lui prends également une part de carrot cake, ne sachant pas s'il faut sortir la grosse artillerie.

En arrivant chez elle, Pauline est étalée sur le canapé, les quatre fers en l'air.

– Euh... Ça va ?

– Putain de bien ! s'exclame-t-elle en se redressant.

Elle se lève et se poste face à moi, un sourire fatigué, mais gigantesque sur le visage, ses poings sur les hanches.

– Bon, ben voilà. C'est fait !

– Mais genre, « démissionné » démissionné ?

Ses yeux se posent sur la boîte de gâteaux que j'ai ouverte et elle se rue sur moi pour m'enlacer.

– C'est exactement pour ça que tu es ma meilleure amie, bordel ! Qu'eche que che t'aime ! dit-elle en fourrant un énorme morceau de beignet dans sa bouche.

Elle m'explique alors avoir longuement discuté avec ses supérieurs ces dernières semaines et avoir arrangé une rupture conventionnelle. Elle ne débutera son chômage que dans un mois, ayant posé tous ses congés restant à partir de demain.

– Et tu es... ? demandé-je en ondulant le cou comme un serpent, essayant de savoir si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle.

– Honnêtement, juste soulagée en fait. Emplie d'une lassitude extrême, mais aussi d'un apaisement intense, comme si on m'avait enlevé un énorme poids qui m'écrasait depuis des mois.

Je sonde ses yeux et pose mes mains sur ses épaules avant de la serrer dans mes bras.

– Bon... Je suis contente alors ! Et maintenant ?

– Ben maintenant...

Elle s'assied à moitié sur le dossier du canapé et réfléchit deux minutes.

– Tu vas commencer par m'apprendre le snow ce week-end !

J'éclate de rire et lui tape dans la main qu'elle me tend.

– Et dire qu'il fallait que tu démissionnes pour qu'enfin tu lâches tes skis !

Je décide de passer la soirée chez elle, bien qu'elle m'assure que tout va bien.

– T'inquiètes, je ne vais pas déprimer ! Je t'ai dit, je suis soulagée.

I know, mon poulain. Mais si on ne les anticipe pas, les contrecoups peuvent entraîner des dégâts, et je préfère que tu entames ta période de chômage sur une bonne note !

– Comme c'est mignon ! sourit-elle en prenant un deuxième gâteau.

On s'installe comme à notre habitude sur son canapé et nous lançons une série, plus en fond sonore que pour véritablement regarder.

On passe notre soirée à commenter les scènes se déroulant sous nos yeux et à refaire le monde dès qu'une pensée nous vient à l'esprit. Au bout de cinq épisodes, on coupe puisqu'on n'a rien suivi, et on se met à table. Et forcément, comme il fallait s'y attendre, le sujet Chloé finit par arriver sur le tapis.

J'ai du mal à organiser mes pensées et trouver les mots qui me conviennent. Des mots ni trop faibles, ni trop forts face à ce que je ressens. Je crois que j'ai envie de la voir plus régulièrement, en dehors du travail.

– Entretenir une relation avec elle, quoi ?

– Non ! m'exclamé-je en me grattant la tête. Ce n'est pas une relation que je souhaite avec elle, c'est...

C'est vrai ça, qu'est-ce que je désire réellement ? La voir sur notre temps personnel pour passer du temps avec elle.

De préférence nues.

Dans un lit.

Pauline secoue la tête avec un sourire narquois.

– Des sex friends, quoi ?

– Ouais. Non. Je ne sais pas.

La frustration se ressent dans ma voix et je m'acharne sur une pauvre carotte dans mon assiette. J'ai envie de coucher avec Chloé, c'est un fait. Mais pas que. Cependant, je n'ai aucune idée de ce qu'on pourrait faire d'autre. C'est encore trop étrange pour moi de l'imaginer autrement qu'une collègue de travail, alors que j'ai eu plusieurs occasions de la découvrir sur un autre angle. Mais quelque chose me bloque et je n'arrive pas tout à fait à poser le doigt dessus. Sûrement le fait que je sais si peu de choses la concernant, et j'ai l'impression que ce constat me gêne de plus en plus.

– Tu te souviens de la dernière fois où tu as réellement eu envie de connaître une fille avec qui tu couchais ? me demande Pauline. Je veux dire, à part chaque recoin de son corps.

Je fronce les sourcils et réfléchis. Récemment il y a bien eu la nana du bar, Alice, qui m'a beaucoup plu. Il y avait quelque chose chez elle qui m'intriguait. Pour autant, je n'ai ni essayé de la revoir ni d'en apprendre plus sur elle. Je crois que son numéro traîne quelque part chez moi, mais je n'ai jamais pris le temps de lui écrire ou de la contacter.

– Et je n'ai jamais spécialement entendu parler de cette fille. Alors que là, à chaque fois qu'on se retrouve, j'ai le droit aux aventures de Chloé et Charly.

Je grimace, gênée.

– Désolée... Je dois complètement t'emmerder avec mes histoires.

– Ah non, pas du tout, me reprend-elle. Moi j'adore ! Mais ça montre bien qu'elle a creusé sa place dans ta tête, et peut-être bien quelque part d'autre...

Peut-être... Seulement, pour moi, le meilleur moyen d'apprendre à connaitre quelqu'un c'est au travers des relations sexuelles. Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'y prendre autrement, ceci dit. Et Chloé ne semble pas vouloir retourner sur ce terrain avec moi. Mais selon Pauline, je n'ai pas besoin de ça pour me rapprocher d'elle.

– On se connaît par cœur, toutes les deux, n'est-ce pas ?

– Oui, acquiescé-je sans comprendre où elle veut en venir.

– Et pourtant tu n'as pas eu besoin de coucher avec moi pour ça.

Pauline rit à l'expression choquée qui passe sur mon visage.

– Non en effet ! Mais ce n'est pas pareil.

– Pourquoi ?

– Je ne sais pas, mais j'imagine que quand tu sors avec quelqu'un c'est comme ça que ça fonctionne.

– C'est vrai que j'oublie constamment que tu n'as jamais eu de relation sérieuse. Bon, j'admets que pour les personnes ayant un attrait pour le sexe, coucher avec quelqu'un peut permettre de faire tomber des barrières, mais c'est surtout ce qui va ouvrir les portes sur la discussion. Car c'est en parlant, en échangeant que tu vas apprendre à connaître l'autre. Et de ce que tu m'expliquais la dernière fois, c'est justement ce qui t'a frustrée pendant votre week-end. Toi tu lui as beaucoup parlé de toi, et en retour, elle t'a offert son corps.

Je reste silencieuse quelques minutes tandis que j'analyse ses propos. Elle a raison évidemment, et cela me fait prendre conscience que je n'ai pas envie de m'arrêter au corps de Chloé. Je l'ai déjà découvert plusieurs fois mais ça ne m'a jamais donné accès à ses pensées. Et c'est ce qu'il se passe dans son cerveau qui m'intéresse réellement. J'ai envie de comprendre comment elle réfléchit, de savoir comment elle voit la vie, comment elle a vécu son passé et imagine son futur. Et peut-être même bien comment je pourrais trouver ma place là-dedans... Mais à peine cette phrase formulée dans mon esprit que j'ai envie de prendre mes jambes à mon cou. Ces sentiments me font peur, je n'ai aucun contrôle dessus et ça ne me plaît pas du tout.

Je soupire longuement et me frotte la mâchoire, pensive.

– Enfin, c'est bien beau tout ça, mais c'est elle qui esquive toute discussion dès que ça la concerne d'un peu trop près. Et elle se montre tellement inconstante, je ne sais jamais sur quel pied danser ! Elle me snobe totalement et s'excite sur moi toutes les deux secondes, pour finalement se mettre à poil lors d'un week-end en tête à tête duquel elle finit par me virer sans ménagement. Elle se pointe avec sa meuf au bowling, et m'embrasse sur un coup de tête la semaine suivante, pour encore me repousser tout de suite après. Je suis censée faire quoi avec ça, moi ? Je suis complètement perdue !

– Ça signifie probablement que quelque chose la turlupine.

– Merci Sherlock, je m'en suis rendu compte toute seule. Mais j'aimerais qu'elle sache qu'elle peut me parler, qu'elle peut se confier si elle en a besoin.

– Tu sais Charly, normalement, ce n'est pas à moi que tu devrais dire tout ça.

Je relève les yeux et plante mon regard dans le sien en me mordillant l'intérieur de la joue nerveusement.

– J'en ai bien conscience, mais franchement je ne vois pas trop comment aborder le sujet. Elle avait été assez claire sur le fait que – je cite – « ça ne se reproduira jamais », et qu'en gros c'était juste parce que l'occasion s'y prêtait.

Pauline rigole.

– Ce n'est pas ce qu'on appelle « l'arroseur arrosé » ?

– Oh, la ferme ! C'est exactement pour ça que les histoires de couple me gonflent. Franchement, c'est ridicule.

– Mais non, mon Charlot ! Au contraire, je trouve ça mignon. Ton cœur s'ouvre et je suis heureuse de pouvoir en témoigner. Peut-être qu'on devrait prendre une photo de cet instant et te le faire signer, au cas où que ça te passe et que l'amour ne soit à jamais condamné dans ton esprit fermé à double tour, ajoute-t-elle avec un air faussement dramatique.

Je lui balance des miettes dessus, à moitié en ronchonnant, mais riant quand même. J'avoue que c'est une première pour moi... Et elle qui adore les films d'amour, je lui en fournis un parfait à vivre en direct.

Pathétique.

– Non, mais plus sérieusement, tu te retrouves face à un choix pas franchement facile. Chloé prétend ne pas vouloir aller plus loin – tandis que son comportement affirme le contraire –, mais toi oui. Soit tu lui en parles et tu vois ce que ça donne, parce que qui ne tente rien n'a rien, soit tu acceptes le fait que ça ne peut aller nulle part et tu essaies de l'oublier.

– Facile à dire ! Elle occupe littéralement le bureau en face du mien et est ma référente, j'interagis quotidiennement avec elle.

– Il faut apprendre à la voir autrement, mais il n'y a pas de recette miracle pour ça. Ou alors... Tu lui parles.

*******

Bonjour !

J'espère que vous avez passé un bon moment de lecture. J'aime toujours beaucoup les interactions entre Charly et Pauline, je crois que j'adore tout simplement Pauline haha ! Et vous, que pensez-vous d'elle ?

On se retrouve demain !

Passez une belle journée

xx

Victoria


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