Retrouver Harper et notre complicité est comme un souffle d'air frais s'infiltrant directement dans mes poumons, et me permettant de revivre. J'aime le voir sourire, j'aime l'entendre rire, et quand il me regarde de cette façon, avec cette adoration qui m'intimide et me rend un peu nerveuse, je me sens bien. Je me sens à ma place. Et c'est une sensation que je n'avais jamais éprouvée avant. Avant de le rencontrer.
— Quoi ? grommelé-je. Pourquoi est-ce que tu me fixes comme ça ?
Il ne cesse de me dévisager, l'air tellement heureux que j'en suis agacée.
— T'es belle, ce n'est tout de même pas ma faute !
— Comment est-ce que j'ai un jour pu accepter que tu m'adresses la parole ? soupiré-je.
— C'est parce que je suis i...
— Prononce le mot « irrésistible » et je te jure que je tague chaque mur de cette fac pour apprendre à tous les étudiants que tu es autonepiophile.
— C'est quoi ce truc ? ricane-t-il.
— C'est une déviance sexuelle, avec ces types qui aiment porter des couches-culottes...
— Beurk ! Tu ne peux pas me faire un truc pareil, Mia ! Et puis d'abord, comment est-ce que tu connais ça ? Je suis intrigué. Peut-être aussi un peu intéressé.
— Tu es insupportable ! soupiré-je.
— Tu sais bien que c'est faux. Je vais te prouver, maintenant, que j'ai quelques qualités. Je voudrais que tu fermes les yeux, et que tu penches la tête en arrière, susurre-t-il d'une voix paisible.
Son bras libre se pose sur mes épaules, me donnant bien chaud, alors je me pelotonne contre lui et m'exécute sans protester.
— Très bien.
Je sens son souffle frôler ma joue, ses doigts caresser mon bras. C'est un cocktail d'émotions et de sensations divines que je ressens dans tout mon corps.
— Qu'est-ce que tu fais ? lui demandé-je à voix basse.
— Je t'admire, bien sûr. Et à présent, ouvre les yeux, Mia, et dis-moi à quoi tu penses.
Lentement, je bats des paupières et je m'extasie devant le plus beau paysage que je n'aie jamais vu de toute ma vie. Les arbres qui encadrent les buissons se découpent en branchages noirs, en feuilles délicates sur un ciel d'un bleu sombre, pur, et ponctué de milliers d'étoiles. C'est magnifique, sublime et émouvant.
— Je me sens minuscule, avoué-je alors. Minuscule, insignifiante, mais tellement, tellement heureuse d'être en vie pour admirer ce spectacle. Et chanceuse, aussi. Parce que tu le partages avec moi, parce que je vis ce moment à tes côtés.
— Ce que j'ai ressenti la première fois que j'ai vu cette voûte céleste, c'est de la solitude, lâche-t-il après quelques minutes de silence. J'étais triste, mais de t'avoir au creux de mes bras ce soir, ça donne une toute autre dimension à ce spectacle. C'est terriblement beau, et fascinant, mais ça l'est tellement moins que toi, Mia.
Surprise, émue, je baisse le regard et plonge dans le sien, brillant de désir. Je me tourne vers Harper. Il se tourne vers moi. L'une de mes mains se glisse sous sa veste kaki pour caresser la peau de ses épaules tendues, musclées. J'aime ce que je ressens, auprès de lui. J'aime qu'il éveille en moi un sentiment de vie et de plaisir comme je n'en avais jamais connu avant.
— Je suis contente que tu m'aies sauvée de Brutus, ce soir, tu sais. Tu avais raison en disant que les premiers baisers doivent être spéciaux. Mais je suis prête. Enfin... Si tu le veux, bien sûr, chuchoté-je, embarrassée mais tellement embrasée.
— Mia, tu es consciente que ce serait le plus beau jour de ma vie, si tu me laissais t'embrasser, pas vrai ?
— Ne dis pas de bêtises, par pitié ! Tu vas gâcher ce moment, grondé-je. Ce moment parfait, et magique.
— Ce n'est pas des conneries, je te le jure, réplique-t-il, sérieux.
— Alors vas-y.
Mon petit air de défi lui plaît.
Son sourire se fane pour laisser place à une expression envoûtante, bien que concentrée, comme s'il avait peur de me faire louper cet instant incroyable. Son pouce caresse doucement ma joue chaude, effleure la commissure de mes lèvres et avec lenteur, il se penche vers moi. Son parfum brut, entêtant, fait frémir quelques étincelles de désir au creux de mes cuisses. Ma respiration s'intensifie. Ma poitrine frôle à présent son torse et se durcit si bien que j'ai envie, pendant la plus troublante des secondes, qu'il l'empoigne à pleines mains pour la caresser sans retenue.
Je gémis.
Mon prénom caresse la nuit une toute dernière fois, de sa voix rauque, de ce ton lourd.
Et je ferme les yeux.
Et j'entrouvre la bouche.
Et je laisse la sienne me savourer avec une délicatesse qui fait briller d'autres étoiles tout au fond de ma poitrine.
Mes ongles se plantent dans sa peau. J'ai besoin de m'accrocher à lui pour ne pas basculer, pour ne pas sombrer alors que mon esprit s'évade complètement. Je ne suis plus rien, et je suis tout à la fois, mélange de bonheur, de joie, de tentation et de tension.
Harper m'embrasse une dernière fois avant de se reculer un tout petit peu. Son sourire revient, lumineux et parfait, et il me donne envie. Encore. C'était trop bon, et c'était trop peu. Enivrée de ce premier baiser, je m'accroche soudain à son cou, le presse contre moi et je plaque mes lèvres contre les siennes parce que je n'ai pas eu assez de lui. Je ne suis qu'une débutante, je n'ai ni sa patience, ni sa douceur, et encore moins cette retenue dont il a fait preuve, mais mon excitation lui plaît, et lui arrache un râle érotique qui me rend fière. Fière de lui faire ressentir autant de plaisir que j'en prends, moi aussi. Et soudain, nos corps se heurtent avec passion. Je réalise que je me suis redressée, et que je le chevauche, à présent.
Mon audace me fait rougir, mais je la mets de côté parce que je me sens vivante, et que cela me fait trembler de tout mon être.
Assise sur les genoux d'Harper, ma petite culotte frottant contre l'érection que je lui provoque, je me sens aussi joueuse qu'audacieuse. Doucement, je caresse sa lèvre inférieure de ma langue et d'un seul coup, ses bras se resserrent autour de ma taille.
— Mia, tu n'imagines pas comme tu me fais envie, murmure-t-il en glissant une main sous ma jupette jaune.
Ses doigts calleux effleurent l'arrondi de mes fesses, suivent les contours de ma culotte de dentelle dans des recoins si intimes que je hoquète de surprise. De plaisir.
— Tu aimes ça, quand je te touche ? s'enquiert-il.
Sa poitrine se soulève à présent aussi vite que la mienne.
Je hoche la tête, et quelques mèches sombres me tombent devant les yeux. Il les balaye en arrière, puis passe le bout de ses doigts sur mes seins, à travers le tissu fin de mon pull moulant. J'ai l'impression que mon corps entier s'électrise à son contact – se tend et se dévoile. Me brûle, et n'est fait que pour ses mains.
— Moi aussi, j'adore te toucher. Tu es tellement belle, Mia... Tellement fascinante. Et je pense à toi sans arrêt, c'est fou. Je me rejoue mille fois chacune de nos rencontres et je suis consterné de ne jamais avoir pu te faire comprendre à quel point je suis dingue de toi, mais j'espère que tu t'en rends compte, à présent. J'espère que tu ne penseras plus jamais que je te déteste.
— Plus jamais, soufflé-je en passant les mains dans ses cheveux aux boucles sauvages.
— Quand tu m'as proposé ce rendez-vous, à la bibliothèque, durant une seconde, ça a été l'euphorie en moi. Je me suis senti bien, je me suis senti comme un foutu prince parvenant enfin à faire craquer sa princesse grâce à son armure étincelante.
— Toujours aussi prétentieux, me moqué-je.
— En vérité, je ne suis pas arrogant, contrairement à ce que je cherche à montrer de temps en temps. C'est un peu une façon pour moi de me protéger de mes insécurités, et c'est pour ça que j'ai réagi de façon aussi stupide et irréfléchie, là-bas. Je regretterai toute ma vie de t'avoir fait souffrir, Mia.
— Ce n'est pas la peine de te faire du mal, pas alors que nous avons tout mis à plat entre nous.
Je caresse doucement ses bras musclés pour l'apaiser. Je peux sentir sa peau dure et tendue sous sa veste militaire, et ça m'excite terriblement.
Harper penche la tête en arrière, les yeux mi-clos de plaisir, puis avant que je n'aie pu l'embrasser une nouvelle fois, c'est lui qui revient à moi. Tenté. Affamé. Attiré.
La brusquerie de ce nouveau baiser me plait et me percute comme un train à grande vitesse. Chacune de mes émotions est comme multipliée par mille, cette nuit. J'ondule des hanches tout contre lui, expire un souffle brûlant et erratique puis quand sa langue s'immisce dans ma bouche, je cesse tout mouvement pour le déguster à mon tour.
Harper a un petit goût sucré, celui de bonbons ; des crocodiles rouges, je dirais, parce que j'ai remarqué qu'il en avait souvent un paquet dans son sac à dos. J'ai envie de le croquer. Je me saisis de sa lèvre inférieure entre mes dents, et le mordille délicatement.
— Et voilà, grâce à toi, ma vie a pris un autre sens, me dit Harper avec un petit sourire. J'ai vécu le plus beau jour de toute mon existence.
— Tu exagères un peu.
— Pas du tout, se défend-il. Parfois, une personne parmi les milliards d'autres qui parcourent cette terre peut changer notre façon de voir le monde. Tu as changé le mien, Mia. Depuis que je te connais, j'oublie mon passé et je vais de l'avant. Et ça, c'est une révolution dans mon univers qui a toujours tourné autour des mêmes personnes toxiques.
— Et qu'est-ce que tu souhaiterais oublier, dans ton passé ?
Il en parle comme s'il s'agissait de quelque chose de grave, et je veux tout apprendre, de lui. Je veux pouvoir le rassurer, l'apaiser et l'adorer sans aucune barrière. Mais Harper baisse les yeux, et pose la tête au creux de mon cou.
Il n'est pas prêt. Pas prêt à me parler, à s'ouvrir à moi et d'un sens, ça me blesse, ça me fait mal. D'un autre côté, cependant, je culpabilise moins de lui cacher tout un pan de ma vie, moi aussi. La solitude, la peur, la violence de ce foyer qui est à présent détruit.
Mais nous aurons encore le temps pour partager tout cela. Nous ne sommes qu'au début d'une relation qui, je l'espère de tout mon cœur, durera à l'infini.
Je me redresse un peu, profite de son petit air béat pour caresser son torse à travers son débardeur blanc, moulant. C'est quand je recule un peu pour descendre sur ses abdos qu'Harper pousse un cri bestial, alors je me lève d'un bond, et je recule jusqu'à l'orée des buissons, les mains plaquées sur ma bouche pour étouffer mon cri d'horreur. Il s'effondre sur le banc et plante les doigts dans sa jambe. Je suis mortifiée, je suis déboussolée. Qu'est-ce qu'il lui arrive, encore ? Est-ce que c'est moi ? Est-ce que je l'ai blessé ? Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis... Mon Dieu, perdue et traumatisée.
Bonjour bonjour :) J'espère que vous allez bien !
Je vous retrouve aujourd'hui avec ce chapitre 14, et j'ai une question importante à vous poser :
Alors, est-ce que ce premier baiser entre Harper et Mia vous a plu ?
Hiiiiiii moi il m'a trop émue ! J'aime tellement ces deux petits bouts de chou ♥ (comment ça je parle comme une maman poule ?)
Et sinon, vous avez été nombreuses à me demander si j'allais mieux, la semaine dernière, et ça m'a beaucoup touchée. Je n'ai pas répondu sur le moment parce qu'en fait, vendredi dernier j'avais rendez-vous à l'hôpital et j'étais très stressée, du coup je ne savais pas tellement comment vous répondre. Je suis à présent sous traitement pour les trois prochains moi et aujourd'hui ça va déjà mieux :) En tout cas, merci pour vos petits messages, vraiment, ça m'a émue ♥
Et pour finir, on se retrouve vendredi prochain pour la suite hihi :)
Belle journée à tous ! ♥