Neither good nor bad

By RosalineOscar

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"We've had our doubts but now we're fine, And I love you, i swear that's true. I cannot live without you. Go... More

Derek Meyer. La plus douce des drogues. Ma seule drogue.
Il sait. Je sais. Nous oublions.
Cause living with me must have damn near killed you
I'm tired of being what you want me to be
Reconversion future ? Dompteuse de carpe.
Je te guiderais alors, s'il te plaît, danse avec moi.
Manipulation. Jusqu'où m'entraîneras-tu ?
Aime perpétuellement, déteste assidûment.
Confidence pour confidence.
Premiers accords. Quelle sera la mélodie ?
I have loved you for a thousand years, i'll love you for a thousand more
If you ever want to join me, baby. I'll be dancing in the dark
Décorner un élan.
Soeurtilège
D'invisible à trop visible. J'étais très bien en Casper.
I saw that both your smiles were twice as wide as ours
Ain't nobody hurt you like i hurt you. But, ain't nobody love you like i do
Elle ne dit rien, elle se tait, mais ton coeur brûle en secret
Un baiser de tendresse est tout un discours condensé en un seul souffle
- Tu fais quoi pour Noël ? - Je regonfle la bouée qui me sert de hanche.
D'une bombe à une autre. L'art de l'esquive.
Je sais ce que je ne veux pas, mais je ne sais pas ce que je veux
Try, baby try, to trust in my love again
Se faire prendre pour un lapin de garenne en une leçon.
Mais que peuvent contre la destinée les plus fermes résolutions ?
And then you come and ease the pain
You probably never loved someone like i do
Savoir aimer à tous les temps
Il est entré dans mon cœur, une part de bonheur, dont je connais la cause

D'un cercle vicieux à un triangle amoureux, ou comment détester les maths.

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By RosalineOscar

BONJOUR. 

Pour une fois, je suis bien dans les temps *o* xD Mais le chapitre est un peu plus court que d'habitude... et il ne s'y passe pas énormément de chose... mais j'espère qu'il vous plaira quand même ;_; J'ai bien aimé l'écrire, surtout le début... MAIS BREF. Je n'en dis pas plus *o* xD

Bonne lecture mes nénuphars. 

PS : comme toujours, je compte sur vos bons yeux pour repérer mes petites - ceci est un euphémisme - bourdes orthographiques/grammaticales *o* 



Une longue minute, restai plantée debout, juste devant un Cameron qui n'avait pas bougé d'un cil, restant sagement assis à me dévisager. Mon assurance s'était volatilisée dès l'instant où je m'étais retrouvée là devant lui, son regard planté dans le mien tandis que sa propre assurance, elle, n'avait rien de factice. Et, plus déstabilisant encore, je ne pouvais que sentir la pression de ce regard posé sur moi. Il me déshabillait du regard, me sondait d'une façon que je n'avais jamais ressentie jusqu'alors.

J'avalai difficilement ma salive, parcourue d'un frisson étrange et que je peinai à expliquer et même à comprendre. Désir ? Inquiétude ? Appréhension ? Honte ? Gêne ? Je n'en savais rien. Et je ne chercherai pas à le découvrir, j'avais déjà assez à penser en cette seconde.

Autour de nous, les autres s'agitaient en tout sens. Sifflements grivois, commentaires désobligeants, fredonnements de musique paillarde ou de striptease. En bref, tout le nécessaire pour redoubler ma gêne. Et puis, qu'avais-je cru faire en m'avançant devant lui, pleine d'assurance ? Je ne savais même pas comment m'y prendre. J'allais reculer d'un pas, les joues brûlantes et prenant conscience que j'étais bien incapable d'aller plus loin, mais, soudainement, Cameron se redressa, ses mains appuyant sur ses cuisses afin de s'aider à se relever.

Il se retrouva donc debout face à moi, me dévisageant toujours sans siller. Ma gorge était sèche, mes mains tremblantes et je crois que j'avais même cessée de respirer. Cependant, je restai immobile, même lorsqu'il s'avança dans ma direction. Autour de nous, un silence de plomb était tombé. Ou du moins, le son ne parvenait plus à mes tympans. Je n'entendis même pas le commentaire osé de Tamara qui reçut un coussin dans la figure, Mathieu étant plus qu'outré par ses paroles.

La main de Cameron se leva dans ma direction, passa sur mon bras dans un effleurement qui me fit presque sursauter. Ses doigts glissèrent jusqu'à ma propre paume, la saisissant avec douceur. Sans brusquerie, me laissant l'occasion de m'échapper, il ramena ma main vers lui, venant la déposer contre le bas de son vêtement.

- T'as rien à craindre. Ignore-les et concentre-toi sur moi.

Je hochai faiblement la tête, presque inconsciemment. Je pris une profonde inspiration, réalisant seulement que ma respiration était effectivement bloquée depuis de longues minutes. Je fermai brièvement les yeux, m'intimant moultes directives : « reste calme », « ne panique pas », « pas besoin d'être gênée, ce n'est qu'un jeu ». Je rouvris les yeux, les posant sur la chemise qui le couvrait tandis qu'il avait déjà ôté son pull, bien avant le début du jeu.

Un peu fébrile, je fus néanmoins soulagée de constater que mes doigts avaient cessé de trembler lorsque je vins défaire le premier de ses boutons, débutant par le col. Un nouveau sifflement parvint à mes oreilles, me faisant tiquer, mais je continuai mon dur labeur. Un à un, les boutons cédèrent sous mes doigts, dévoilant un torse pâle, musclé et barré d'une large cicatrice qui partait un peu plus haut que son nombril et retombait en dessous de sa ceinture. Comment se l'était-il faite ? Mes mains, accrochées aux pans ouverts de sa chemise, eurent la folle envie de venir glisser sur cette marque et cette peau lisse. Mais je ne le fis pas, me contentant de les remonter à nouveau et de faire glisser le tissu des épaules de Cameron.

Une fois la chemise écrasée au sol, les commentaires fusèrent à nouveau autour de nous et, cette fois-si, je ne pus que retenir un sourire en coin tandis que Nathanaël fit mine de s'évanouir de délice devant le spectacle que je venais de lui offrir. Si son comportement était plus qu'exagéré, je partageai néanmoins son avis : Cameron était foutrement sexy. J'avais déjà vu le corps d'un garçon, Derek et ses amis ne connaissant que peu le concept de pudeur. Mais Cameron n'était pas un adolescent. C'était un adulte avec un corps d'adulte.

Il était mieux bâti, plus large d'épaules, peut-être moins parfait aussi. Il avait été abîmé de-ci de-là, avait vécu, avait connu bien des épreuves. Et, pourtant, il débordait d'un quelque chose que je ne pouvais nommer. De la sensualité ? Oui, sans doute, mais c'était plus que cela encore. Il n'était pas que sexy, pas que désirable. Il était beau. Extrêmement beau.

- Tu devrais fermer la bouche, Heden, la bave va commencer à couler ! Balança Tamara dans un rire franc qui me fit piquer un fard.

- Je ne bave pas, affirmai-je dans un bougonnement.

- Vraiment ? Et ça, c'est quoi ? Demanda Cameron.

Malgré la lueur d'espièglerie dans ses yeux qui m'assura sa taquinerie, je ne pus m'empêcher de vivement porter ma main à ma bouche lorsqu'il la pointa du doigt. Je rougis un peu plus encore, mes joues devenant bien trop bouillantes à mon goût, et envoyai un coup de poing dans l'épaule d'un Cameron qui éclatait de rire avec les autres.

- Je vous déteste, affirmai-je, venant croiser mes bras contre ma poitrine.

- Et nous on t'adore, répondit naturellement Cameron, se calmant et venant saisir mes deux mains entres les siennes. Alors plutôt que de nous détester, que dirais-tu de finir ton action ?

Je plissai les yeux, le jaugeant un instant, indécise. J'en avais déjà fait bien assez à mon goût, peu désireuse d'encore subir les railleries de mes amis et j'étais convaincue que personne ne chercherait à m'empêcher de renoncer à cette action audacieuse après ce que je venais de faire. Ils me savaient prude et avaient donc tous conscience que ce que je venais de réaliser était déjà bien assez pour mon pauvre cœur.

Cependant, le regard que Cameron me lançait voulait me défier d'aller jusqu'au bout. Je me mordis la lèvre. J'étais prude et peureuse. Mais je n'étais pas du genre à m'écraser. Ou, du moins, je ne l'étais plus. Mieux. Je ne voulais plus l'être. Alors j'arquai un sourcil, cherchant à le déstabiliser en recouvrant une once de sérénité. Mais il se contenta de sourire un peu plus. Bien. J'allais devoir y aller franchement.

Tâchant de conserver un masque d'indifférence, je reposai mes mains au niveau de ses hanches nues. Je fus quelque peu surprise de sentir sa peau glisser sous la mienne. Elle était chaude. Bien plus que mes doigts. Et un frisson le parcourut, me faisant relever les yeux que j'avais posé sur la boucle de sa ceinture, mon cœur s'emportant soudainement lorsque je ne pus que réaliser ce que je m'apprêtais à faire. Cette fois, aucun sourire ne tirait ses lèvres. Il me fixait juste de cette façon si étrange.

Une nouvelle respiration profonde et je reportai mes yeux plus bas que de raison. J'allais devoir me lancer. Hors de question de reculer. Je lançai un regard en coin à un Nathanaël étrangement silencieux. Lui aussi semblait avoir oublié qu'il nous était nécessaire de respirer. Nous échangions un bref regard et il hocha la tête, comme pour m'encourager. M'encourager ? A désaper Cameron devant tout le monde ? Original. Je me mordis l'intérieur de la joue, à nouveau hésitante. J'avais beau vouloir jouer les fières à bras, je n'en menais pas large en réalité.

Mais je n'allais pas reculer.

Je saisis la boucle et tirai légèrement dessus pour la déboucler. Le cuir souple se plia à ma volonté et je pus la retirer aisément. Le cliquetis métallique enveloppa la pièce lorsque je posais l'accessoire au sol. Bien. Maintenant, le bouton de son pantalon. J'expirai et je ne pus qu'entendre le pouffement discret de Cameron. Cette saleté se moquait clairement de moi. Je lui adressai un regard noir et il me sourit à pleines dents avant de me faire un petit signe des yeux en direction du bas de son corps, me sommant ainsi de continuer.

Il n'allait pas être déçu du voyage. Si j'allais vite, la chose serait moins gênante, non ? Résolue à le faire en moins de dix secondes, je me ruai vers le bouton qui, heureusement, était suffisamment haut sur son abdomen pour ne pas me faire me sentir plus gênée encore. Le bouton froid passa sous mon pouce et je le poussai, le cœur sur le point de bondir hors de ma poitrine. Il devait forcément l'entendre. Ils devaient tous l'entendre. Mais je continuai. Je poussai un peu plus et le bouton glissa dans la fen...

- Heden ?

Je sursautai violemment, reculant de trois pas tandis que la voix masculine venait soudainement d'envahir mon esprit vide de toutes pensées jusqu'alors. Je me tournai dans la direction de celui qui venait de nous interrompre et mes paupières papillonnèrent face à la personne se trouvant planté dans le salon, le regard probablement aussi ahuri que le mien.

- Jason ?

Ma voix fut un murmure à peine audible tant j'étais incertaine. Etait-ce un tour de mon esprit ? Une vision voulant m'assurer que j'agissais mal ? Mais je dus bien admettre que mon esprit ne me jouait aucun tour lorsque je constatai que je n'étais pas la seule à m'être tournée dans sa direction. Tous le dévisageaient longuement. Il était là. Il était bel et bien là. Et il m'avait vue en train de déshabiller un mec devant tout un groupe de gens.

- J-je vais t'expliquer, baragouinai-je.

- J'attends ça avec impatience, rit-il. Depuis quand ma petite sœur est-elle capable de se dévergonder à ce point ?

J'ouvris la bouche, prête à sortir tout un tas d'excuse avant de me calmer devant le sourire moqueur que Jason m'adressait. Je n'avais pas besoin de paniquer. Ce n'était que Jason. Mon Jason. Mon frère. Merde alors. Je ne rêvais pas ? Sans plus réfléchir, ni même songer à éprouver une gêne quelconque, je me ruai dans sa direction, me jetant dans ses bras avec délice. Il rit aussitôt, refermant ses bras autour de ma taille et me pressant contre lui.

- Je préfère ça, je retrouve mon petit monstre, dit-il, me faisant rapidement reculer pour me jauger d'un regard plus sévère. Alors, tu comptes quand même me donner une petite explication ?

- On ne faisait que jouer, affirmai-je dans un haussement d'épaule. Et m'as-tu donné une explication lorsque je t'ai surpris, dans la chambre des parents, à moitié nu avec Julie Hourrier ?

- Je t'ai dis que nous jouions à la bagarre, rétorqua-t-il faussement sérieux avant de se fendre d'un large sourire. Jouiez-vous aussi à ce genre de jeu ?

- Non, rougis-je légèrement. C'était plus une sorte de... action/vérité.

- Je vois, souffla-t-il en venant appuyer sa main sur ma tête. Tu as grandi.

- Toi et papa vous vous ressemblez vraiment, souris-je en coin.

- Je vais prendre ça pour un compliment, affirma-t-il. Tu ne me présentes pas à tes amis ?

Je le jaugeai un instant avant de me tourner vers ces fameux amis qui étaient, tous, muets comme des tombes. En croisant le regard de Cameron, je retins un large sourire. Si j'avais éprouvé de la gêne jusqu'à présent, c'était à son tour de se décomposer sur place. Il était carrément livide. Et, pour ne rien arranger, il était torse nu, le bouton de son pantalon ouvert et laissant apercevoir un caleçon bordeaux à motif... d'Hedwige. Je fis la grimace une courte seconde. Sérieusement ?

Mais Cameron était incapable de se focaliser sur mon commentaire intérieur, il préférait dévisager Jason, sans savoir s'il devait dire quelque chose, se contenter de se rhabiller ou bien même décamper à toute vitesse.

- Je te présente mes amis de la fac, dis-je. Assis, nous avons Nathanaël, Andréa, Mickaël, Mathieu et Tamara. Et... celui qui devrait remettre le bouton de son pantalon, s'appelle Cameron.

Mon sourire s'étendit plus largement encore lorsque le visage de Cameron vira à l'écrevisse. Il ouvrit la bouche et la referma dans la seconde. Son regard descendit sur son bas-ventre et il jura en s'empressant de reboutonner son pantalon tandis que tous éclataient d'un rire franc, l'ambiance s'allégeant instantanément devant son assurance dégringolant de seconde en seconde.

- Et je vous présente mon grand-frère, Jason, repris-je, décidée à détourner l'attention.

- Enchanté, braillèrent-ils en cœur.

- De même, sourit Jason. Quand je vous vois tous là, j'ai l'impression de redevenir adolescent. Mais, à l'époque, c'était moi qui ramenais du monde à la maison.

- Beaucoup trop de monde, approuvai-je dans une grimace au souvenir. Je ne sais pas ce qui était pire entre toute ta bande de mecs survoltés et bourrés de phéromones, ou maman qui recouvrait la maison de papier bulle parce qu'elle avait peur que vous cassiez la moitié de nos affaires.

- Faut reconnaître que j'étais bien content quand ils nous débarrassaient d'une ou deux des horreurs que maman entasse, sourit Jason.

- ... moi aussi, admis-je en riant.

Jason sourit un peu plus avant de me fixer une longue minute, me détaillant de la tête aux pieds. Je fis de même, peu surprise de constater qu'il n'avait pas changé d'un poil. Jason était toujours fidèle à lui-même. Il s'était trouvé tôt et n'avait jamais eu à connaître de multiples changements.

Toujours aussi immense et bâti comme une armoire à glace, mon frère était imposant. Mais malgré ce physique de rugbyman ou de titan, Jason avait un look très classique. Jean, T-shirt Star Wars et une paire de baskets d'une marque sportive quelconque. Ajouté à cela, des cheveux coupés court bruns, des yeux marrons similaires aux miens et des traits masculins à souhait. Il avait hérité de la mâchoire carrée de mon père et dégageait un quelque chose de très viril qui avait toujours attiré une multitude de filles à ses pieds.

- Tu sembles en forme, finit-il par lâcher.

- Pourquoi ne le serais-je pas ? Rétorquai-je, haussant un sourcil sceptique. Et puis... qu'est-ce que tu fiches ici ? Tu ne nous avais pas dit que tu devais passer la nouvelle année avec tes amis du boulot ?

- J'ai changé d'avis, rétorqua-t-il dans un haussement d'épaule. Je dois veiller sur ma petite-sœur, ajouta-t-il pinçant mon nez dans un geste qu'il avait toujours eu à mon encontre.

- Arrête, geins-je aussitôt en tapant dans sa main. Je ne suis plus un bébé, Jas.

Il haussa les épaules, désinvolte et je n'eus aucun mal à comprendre qu'il ne préférait pas me dire la vraie raison de sa venue, improviste, devant les autres. Cela devrait attendre. Mais, dans tous les cas, il était évident qu'il avait une toute autre raison que celle qu'il venait de donner. Jason avait toujours veillé sur moi, mais il ne m'avait jamais traité comme un bébé incapable de se débrouiller. Après tout, il avait été le premier à m'encourager à partir seule sur Paris, alors il n'y avait aucun sens à assurer qu'il venait veiller sur moi.

Sobrement, je me retournai à nouveau vers mes amis qui ne s'étaient pas encore mêlés à la conversation, préférant l'épier calmement.

- Je vous laisse continuer de jouer un moment ? Je vais l'aider à s'installer, affirmai-je.

- Pas de soucis, affirma Mathieu, souriant. Prenez votre temps, vous avez l'air d'avoir du temps à rattraper.

- Pas tant que ça, répondit Jason. Je l'ai souvent au téléphone et on s'est  vus cet été.

- Dis tout de suite que je ne t'ai pas manqué, soulignai-je.

- Mais si tu m'as manqué affreusement, petit monstre.

Il frotta affectueusement mon crâne et je basculai mon épaule contre la sienne, réellement heureuse de le voir. Il avait raison, nous avions des contacts réguliers mais ce n'était pas comme avant où je pouvais me ruer dans sa chambre à la moindre contrariété.

- Il faut qu'on libère la chambre, peut-être ? M'interrompit Andréa dans ma pensée. Ce n'est pas la votre ?

- Woh. Je viens de prendre un coup de vieux ou quoi ? Me demanda Jason. Je rêve où il vient de me vouvoyer ?

- Il est juste poli, soulignai-je, tapant dans son épaule. Ne le taquine pas. Et prends exemple.

- Oui m'dmame.

Je fis la moue, mais il se contenta de se tourner vers Andréa qui n'avait pas moufté jusqu'alors.

- Il faut mieux que vous gardiez ma chambre, dit-il. Je vais dormir dans celle de mes parents. Mais par contre... pas touche au deuxième tiroir de mon armoire.

Cette fois, ma main claqua dans son dos et Jason éclata de rire, satisfait de lui-même. Il était définitivement resté le même garnement. Sobrement, j'attrapai le sac qu'il avait dû laisser tomber avant d'intervenir dans mon échange avec Cameron et le hissai péniblement sur mon épaule. Mais à peine l'avais-je installé que Jason tirait sur la lanière et se dirigeait, naturellement, vers la chambre de nos parents. D'ailleurs, ceux-ci étaient-ils au courant de sa venue ? J'en doutais. Ma mère aurait sans doute fait des pieds et des mains pour partir un peu plus tard afin d'avoir l'occasion de croiser son fils. Tout comme Marie, Jason ne rentrait pas souvent à la maison. Et il était un peu cruel de ne pas avoir fait en sorte de revenir assez tôt pour au moins les croiser. Néanmoins, je ne pus qu'en conclure qu'il avait, définitivement, une très bonne raison d'être ici.

Je le suivis après avoir adressé un bref signe de la tête à mes amis qui chahutèrent dès que nous entrâmes dans la chambre de nos parents. Toujours aussi surchargée que dans mes souvenirs. Jason balança son sac sur le lit, sans vergogne pour les draps, soigneusement tirés par ma mère avant son départ, et se vautra dessus.

- Alors ? Fis-je, repoussant quelque peu la porte derrière moi. Qu'est-ce qui t'amène ?

- Je ne t'ai pas menti, m'affirma-t-il, sans se redresser du matelas. Je viens veiller sur ma petite-sœur.

- Et pourquoi aurait-elle besoin qu'on veille sur elle ? M'enquis-je.

- Parce que mon autre sœur l'entraîne vers la catastrophe ?

Oh. J'écarquillai quelque peu les yeux, réellement surprise. Alors, Jason était au courant. Mais comment ? Marie l'avait contacté ? J'en doutais fort. Elle n'aurait jamais pris un tel risque.

Devant mon silence, Jason remonta quelque peu, s'appuyant sur ses coudes pour pouvoir me fixer. Il soupira et se redressa définitivement, s'installant sur le bord du lit sans me quitter des yeux :

- Quand comptais-tu m'en parler ? Me questionna-t-il. Quand cette idiote aurait rabattu tous ses problèmes sur toi et que vous seriez, ainsi, tombées au fond du trou main dans la main ?

- Je la loge juste le temps qu'elle trouve un boulot, me justifiai-je en détournant le regard.

- Mais bien sûr. Et quand plusieurs se seront écoulés, que l'école ne cessera de la harceler pour qu'elle rembourse ses bourses et qu'elle n'aura toujours pas de boulot assez digne pour elle, tu l'aurais laissé se débrouiller, bien évidemment ?

- Oui.

Je l'aurais fait. Je ne devais rien à Marie. Et même si elle était ma sœur, elle devait prendre conscience de la réalité, elle devait prendre conscience qu'elle ne pouvait toujours agir à sa guise et comme bon lui semblait. Elle avait des responsabilités, elle était une adulte.

- Menteuse, me gratifia aussitôt Jason, dans un calme parfait. Tu prétends toujours que toi et Marie vous ne pouvez pas vous supporter, mais, en réalité, tu es celle qui cèdes le plus à ses caprices. Tu ne l'abandonneras jamais. Et... probablement que tu n'abandonneras jamais personne.

Que voulait-il sous-entendre ? Je soupirai simplement, triturant nerveusement le bas de mon T-shirt. Avait-il raison ? Oui. Probablement. Je me voilais la face en disant que je laisserais Marie dans ses ennuis. Ce n'était pas moi. Pas mon genre de l'abandonner. Parce que même si nous ne nous entendions pas toujours, parce que même si nous étions différentes, nous étions sœurs. Je soupirai une seconde fois.

- J'imagine que c'est Derek qui t'a appelé, enchaînai-je, sans chercher à nier son affirmation.

Il n'y avait que lui qui avait pu prévenir Jason. Il était le seul à avoir son numéro et le seul qui aurait pu juger que l'intervention de mon frère était nécessaire. Jason confirma rapidement mon hypothèse et je me laissai choir contre le mur le plus proche, basculant la tête en arrière pour fixer le plafond dans un énième soupire :

- Il s'inquiète beaucoup pour toi. J'ai vraiment été surpris lorsque j'ai reçu son coup de fil, c'était bien la première fois en... et bien depuis qu'il a mon numéro. Mais j'ai été moins surpris lorsqu'il m'a expliqué la situation et son inquiétude. Ce type tient à toi.

Je ne répondis pas. Oui. Je le savais bien.

- Pourquoi tu ne m'as prévenue, Heden ? Que Marie ne l'ait pas fait ne me surprend pas, mais toi... n'as-tu pas confiance en moi ?

- Tu sais bien que si, rétorquai-je vivement en plantant mon regard dans le sien. Cela n'a rien à voir. C'est juste... que ce sont les problèmes de Marie et je n'avais pas à le crier sur tous les toits.

- Tous les toits, non. Sur le mien, oui, désapprouva-t-il.

Je fis la moue pour seule réponse puisque je n'avais rien à redire à ses paroles. Aucun argument valable ne me venait en cet instant. Et il enchaîna, enfonçant le clou :

- Mais maintenant que je suis au courant, tu vas me laisser gérer la situation.

- Et comment comptes-tu « gérer la situation » ?

- Je vais commencer par parler avec elle, on verra si j'arrive à la raisonner, soupira-t-il. Ensuite, en fonction, je prendrai les mesures nécessaires.

- C'est-à-dire ? Insistai-je.

- Tout pour qu'elle remette les pieds sur terre, murmura-t-il, un peu froidement. En parler aux parents, lui dire de ficher le camp de chez toi, envoyer une lettre à sa fac pour leur signaler qu'elle ne remboursera pas et qu'ils devraient porter plain...

- Attends, coupai-je en me redressant brusquement, me décalant du mur pour regarder mon frère, incrédule. Ce n'est pas un peu fort ? La virer de chez moi ? Elle irait où selon toi ?

- Elle trouvera une solution, me répondit-il, désinvolte. Marie est débrouillarde, elle trouva bien un « ami » chez qui dormir quelque temps et cela la motivera à se trouver un boulot.

- On parle de Marie là, désapprouvai-je. Si on lui fait un coup pareil, elle serait capable de s'attirer des ennuies bien pires encore.

- Et bien peut-être que ce serait un mal pour un bien. Elle doit grandir, me souligna-t-il, plus sévère que jamais. Si elle ne le fait pas maintenant, elle va gâcher sa vie toute entière.

Je me mordis la lèvre. Oui. J'en avais aussi conscience. Mais, par contre, je doutais sincèrement que cette méthode serait la bonne pour la faire changer. Au contraire, si elle perdait le peu qu'elle avait, je n'étais pas certaine que sa réaction serait la plus adulte. Je secouai négativement la tête, signifiant ainsi mon désaccord à Jason :

- On va lui parler. A deux on parviendra à la convaincre, assurai-je. Et... si jamais ce n'est pas le cas, nous trouverons une solution.

- Maintenant tu acceptes d'en parler avec moi ? S'enquit-il, cynique.

- Tu es au courant, je n'ai donc plus le choix, fis-je, calmement.

- Ouais. Tête de pioche.

- Tu n'es pas mon frère pour rien, souris-je aussitôt.

Il me fixa un instant en conservant ce même air sévère puis finit par secouer la tête en ne parvenant plus à retenir son sourire.

- Crétine, me dit-il en se relevant enfin du matelas. Aller, allons retrouver tes amis, on aura l'occasion d'en rediscuter avant que Marie n'arrive.

- Hein ?

Je clignai plusieurs fois des yeux. Je venais d'halluciner, n'est-ce pas ? Jason ne venait pas de dire que Marie allait rappliquer ici, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? N'est-ce pas ? Je voulus hurler la question mais elle resta bloquée dans le fond de ma gorge. Il se tourna vers moi alors qu'il s'était apprêté à sortir de la chambre, grimaçant devant mon visage déconfit :

- Oh, je ne t'ai pas précisé que je lui ai demandé de nous rejoindre ici ?

- Non, tu as omis ce détail, me crispai-je vivement. Jason, c'était mes vacances.

- Elle ne les gâchera pas, m'assura-t-il. Je te le promets.

- Tu ne peux pas promettre un truc pareil, murmurai-je, serrant les poings. Mes amis ne s'entendent pas avec elle et... très sincèrement j'avais espéré pouvoir avoir un peu de répit. L'appart que nous partageons est bien trop étroit pour que je parvienne... à la supporter.

- Elle partagera cette chambre avec moi et je te promets qu'elle n'aura certainement pas le moins du monde l'envie de passer du temps ici tant je vais la harceler pour qu'elle change de comportement.

- Pourquoi devais-tu faire ça ici et pendant que mes amis sont là ? Soupirai-je lourdement.

- Je n'aurais pas d'autres vacances avant un petit moment, m'expliqua-t-il en m'imitant dans mon soupir. Et je pense qu'il faut prendre l'affaire au plus tôt. Et il n'y a qu'ici où je peux la coller plusieurs jours pour la rendre dingue.

Je le contemplai durant une très longue minute. J'aurai voulu trouver une échappatoire, l'envoyer au fin fond du monde si je l'avais pu. Mais je ne pouvais pas. Ils étaient chez eux, tout autant que moi. Je me contentai de soupirer encore une fois. Ces vacances allaient être chaotiques, j'en étais désormais convaincue.

- Quand arrive-t-elle ?

- Demain, m'apprit-il dans une nouvelle grimace devant mon air renfrogné. Si j'avais pu faire autrement, je l'aurais fais. Je suis vraiment désolé, Heden.

- T'inquiète, soufflai-je.

- On y va ? Me suggéra-t-il en désignant la porte.

- Ouai.

- Aller, ne fais pas la tête, me somma-t-il en venant passer un bras autour de mes épaules. Je te promets de faire en sorte qu'elle ne te pourrisse pas tes vacances. C'est moi qui me charge d'elle. Et puis, vois le côté positif, on va pouvoir se faire un réveillon comme toi et moi on en a le secret.

- J'ai hâte, sifflai-je, ironique. Tu resteras avec nous ou tu vas te soûler d'abord avec tes amis ?

- Avec vous. Enfin si cela ne te dérange pas... en réalité, je suis aussi très heureux que Marie m'ait donné une raison supplémentaire de venir squatter. J'en avais déjà envie à la base, mais je me disais que je pouvais être une gêne pour ta... nouvelle vie.

- Nouvelle vie ou pas, tu en feras toujours partie, désapprouvai-je. Je ne vois pas comment tu as pu penser une idiotie pareille. Tu me connais, non ?

- Exact. Et je te connais justement suffisamment bien pour savoir que tu ne me dirais jamais que cela te dérange que je vienne m'incruster alors que tu... flirtes clairement avec un joli minois.

- Je ne flirtais pas, me défendis-je, piquant un fard malgré tout en me remémorant ce qui c'était passé peu de temps auparavant. A ce moment là, ajoutai-je lorsqu'il me lança un regard très sceptique.

- C'est ton petit ami ? Interrogea-t-il.

- Non, répondis-je. Mais... peut-être qu'il le deviendra... enfin j'en sais rien. Je ne sais pas trop où j'en suis en ce moment.

- Derek ? Suggéra-t-il.

- Derek, approuvai-je, mollement.

- Vous vous êtes disputé à ce qu'il paraît.

- Comment tu sais ça ? Fis-je, surprise.

- Derek me l'a dit.

- Il te l'a dit ? Sifflai-je, incrédule.

- Ouai.

- Et pourquoi il t'a dit un truc pareil ? Depuis quand êtes-vous si proches tous les deux ? Je sais que vous vous entendez plutôt bien mais de là à ce qu'il te confie ce genre de choses, je suis étonnée.

- Il ne l'a fait que pour une unique raison.

Jason se détourna, m'offrant son large dos alors qu'il se dirigeait vers le salon me laissant présupposer qu'il n'allait pas m'expliquer son énigmatique phrase. Mais alors que j'allais attraper son poignet pour le stopper et lui demander de plus amples explications, sa voix résonna à nouveau :

- Il avait besoin de me dire qu'il t'avait fait du mal, qu'il était un abruti et que si j'en avais envie je pouvais lui casser la figure quand je voulais. Et... même s'il ne l'a pas dit aussi clairement, il me semble évident qu'il avait surtout besoin de me dire qu'il avait enfin réalisé.

- Enfin réalisé ? Répétai-je.

- Qu'il était amoureux de toi.

Et il me planta dans la chambre de nos parents, pantoise et le cœur battant. Et, surtout, avec un sentiment dont je ne sus que faire. J'aimais encore Derek. Comme jamais. Mais mon cœur semblait, doucement, se déchirer. J'aimais aussi Cameron. D'un amour différent, d'un amour plus sûr, plus stable, plus doux.

Alors je me retrouvais à ne plus savoir que faire. Un amour raisonné ou un amour passionnel ? Un amour doux mais peut-être moins profond ou un amour infinie mais dont je ne serais jamais certaine ni de la véracité, ni de ce qu'il en adviendrait ? Et puis, l'un de ces deux garçons était-il réellement amoureux de moi ? L'un me connaissait à peine et l'autre m'avait berné tant d'années que je ne pouvais que peiner à croire à son revirement soudain.

Mais je n'eus aucune réponse à mes questions et finis par me contenter de rejoindre mon frère et mes amis. 

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