Confidence pour confidence.

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- Merci, murmurai-je alors que Nathanaël me tendait un bouteille d'oasis, fraîche.

Il hocha la tête tout en se laissant tomber à côté de moi, lourdement, sur un des bancs du parc jouxtant notre fac. Il bascula la tête en arrière, fixant le ciel grisonnant en ce début d'automne, ses doigts tapotant, nerveusement sur sa canette de coca. Je n'osais pas relancer la conversation, gênée de l'avoir provoqué. Je ne voulais pas le forcer à me raconter quoi que ce soit et même si j'étais curieuse d'obtenir des explications sur son annonce, je voulais surtout qu'il ait envie de le faire.

- Je connais Cameron depuis un moment, souffla Nathanaël, m'interrompant dans mes tourments coupables. Je l'ai rencontré dans un bar où il joue régulièrement et ... comment dire. Ça a été le coup de foudre ? Du moins, de mon côté. C'était très perturbent de se sentir attiré par lui quand, jusque là, je n'étais sorti qu'avec des filles... enfin je me voilais sans doute la face. J'ai toujours craint le regard et le jugement des autres, ainsi que de blesser ma mère très branchée religion.

- Cameron est canon, faut dire, soufflai-je, tentant de dédramatiser la situation.

- Tellement, geint-il. Ce con. Si seulement il avait pu être affreux, avec une grosse pustule en plein milieu du front.

- Crétin, ris-je devant sa grimace de dégoût avant de retrouver mon sérieux. Ta mère est au courant pour ... ?

- Mon homosexualité ? Compléta-t-il devant mon hésitation. Non. Je préfère éviter de le lui dire tant que je n'ai pas de relation sérieuse... c'est peut-être stupide comme idée, mais je me dis que si je lui présente la personne qui me rend heureux et dont je suis vraiment amoureux, elle sera plus apte à le comprendre.

- Ce n'est pas idiot, assurai-je. Cela doit être difficile comme remise en question.

- Oui et non, soupira-t-il en se voûtant en avant. En réalité, je pense que j'ai toujours été homo. Pour bander avec certaine nana, j'imaginai des hommes... cela ne m'avait jamais alerté... dingue, pas vrai ? Rit-il, nerveusement. C'est fou le point auquel on peut se cacher la vérité à soit-même. Ce n'est qu'en voyant Cameron que je me suis dit : « merde, je veux me le faire ».

- Carrément, pouffai-je malgré moi.

- Tu as vue ses petites fesses d'enfers ? Y avait pas moyen autrement, assura-t-il dans un sérieux qui se fendilla par un large sourire. Non mais ça a été ma première pensée. Ensuite quand j'ai commencé à le connaître, j'ai réalisé que c'était plus que ça. Je voulais toujours son attention, entendre sa voix prononcer mon nom... mon cœur déraillait dès qu'il posait la main sur moi... je devenais dingue. Et ça a été pire quand j'ai intégré la même école que lui. On était fourré ensemble toute la journée et... j'ai finis par réaliser que j'étais amoureux d'un mec. De ce mec.

- Et... tu lui en parlé ?

- Malheureusement, rit-il, nerveusement. Un soir, j'ai tout déballé. J'avais un peu bu faut dire... mais j'ai balancé à tout le monde que je sortais du placard et que c'était entièrement sa faute avec sa « gueule d'ange ». La honte de ma vie, soupira-t-il. Tamara s'est foutue de ma tronche pendant des mois avec cette histoire.

- Tamara ?

- On s'entend bien tous les deux, assura-t-il. En réalité, je lui suis très reconnaissant d'avoir été si naturelle avec moi... elle a continué à se comporter comme avant, ne changeant rien à ses habitudes de bûcheronnes.

- Contrairement à d'autres ? Suggérai-je devant son visage s'assombrissant.

- Cameron ne m'a pas regardé dans les yeux les trois mois suivant, approuva-t-il dans un maigre sourire. Il m'évitait comme si j'avais une maladie contagieuse... alors un jour je lui ai demandé de me donner une réponse. Je l'ai mis au pied du mur.

Neither good nor badWhere stories live. Discover now