Neither good nor bad

By RosalineOscar

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"We've had our doubts but now we're fine, And I love you, i swear that's true. I cannot live without you. Go... More

Derek Meyer. La plus douce des drogues. Ma seule drogue.
Il sait. Je sais. Nous oublions.
Cause living with me must have damn near killed you
I'm tired of being what you want me to be
Reconversion future ? Dompteuse de carpe.
Je te guiderais alors, s'il te plaît, danse avec moi.
Manipulation. Jusqu'où m'entraîneras-tu ?
Aime perpétuellement, déteste assidûment.
Confidence pour confidence.
Premiers accords. Quelle sera la mélodie ?
I have loved you for a thousand years, i'll love you for a thousand more
If you ever want to join me, baby. I'll be dancing in the dark
Décorner un élan.
Soeurtilège
D'invisible à trop visible. J'étais très bien en Casper.
I saw that both your smiles were twice as wide as ours
Ain't nobody hurt you like i hurt you. But, ain't nobody love you like i do
Elle ne dit rien, elle se tait, mais ton coeur brûle en secret
Un baiser de tendresse est tout un discours condensé en un seul souffle
D'une bombe à une autre. L'art de l'esquive.
Je sais ce que je ne veux pas, mais je ne sais pas ce que je veux
Try, baby try, to trust in my love again
Se faire prendre pour un lapin de garenne en une leçon.
D'un cercle vicieux à un triangle amoureux, ou comment détester les maths.
Mais que peuvent contre la destinée les plus fermes résolutions ?
And then you come and ease the pain
You probably never loved someone like i do
Savoir aimer à tous les temps
Il est entré dans mon cœur, une part de bonheur, dont je connais la cause

- Tu fais quoi pour Noël ? - Je regonfle la bouée qui me sert de hanche.

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By RosalineOscar

BONJOUR MES LOTUS. 

Il fait toujours froid... MAIS ! J'ai une grande nouvelle. Je participe à un concours organisé par les maisons d'éditions : Nisha et Librinova. C'est un concours pour une romance donc j'y ai inscrit cette histoire, sans conviction particulière mais sait-on jamais ! Le Dieu des céréales sera peut-être avec moi... ou avec vous ! 

Je me permets de vous en parler car je me suis dit que d'autres auteurs du site pourraient être intéressés ! Le gain du concours étant une publication à compte d'éditeur, ce n'est  pas rien. Du coup je vous laisse le lien du site ici - https://concours-nisha.librinova.com/ - et en commentaire (pour que le lien fonctionne) et je croise les doigts pour vous... et un peu pour moi aussi T_T xD 

BONNE FIN DE WEEK-END ET BONNE LECTURE. 

PS : Comme toujours, vous pouvez signaler mes nombreuses fautes ;_; xD



- J'ai jamais été dévisagée aussi froidement, souffla Jena, dans un sourire. Je crois que tes amis ne nous apprécient pas trop.

- Ignore-les, intimai-je, distraitement. Que penses-tu de ce passage ? Je pensais ajouter des cordes et plus de percussions comme vous vouliez quelque chose de plus pêchu...

Obtempérant, sans se faire prier, Jena se concentra sur la partition sur laquelle je gribouillais depuis une bonne heure. Le reste de son groupe n'était pas présent, mais, en tant que leader, son avis suffisait amplement. Surtout que les trois garçons qui l'accompagnaient lui faisaient parfaitement confiance, selon leurs propres mots.

Cela faisait trois jours que je travaillais avec cette jeune femme pleine de surprise. Une personne adorable. Mais exigeante et sévère. Elle ne me laissait rien passer. Et j'appréciais sa franchise exacerbée, son audace, sa confiance en elle et sa gentillesse. Malgré une franchise réelle, jamais je ne m'étais sentie blessée par ses critiques. Elle avait une façon de les formuler qui faisait qu'on avait toujours le sentiment que ses paroles voulaient surtout nous signifier qu'elle savait que nous pouvions faire mieux.

- ... c'est pas mal, murmura-t-elle, songeuse. Non, faut que j'arrête. C'est vraiment super, Heden. Cette musique... me donne déjà des frissons avant même de l'avoir entendue jouée. Tu m'épates pour une gamine.

- Nous n'avons que trois ans d'écart, soulignai-je dans un sourire avant de soupirer de soulagement, m'étirant longuement. Si cela te convient ainsi, on n'y touche plus. Mon travail est enfin ter-mi-né.

- Désolée de t'avoir autant malmené, rit-elle, tapotant mon dos, familièrement. Au départ, en toute franchise, je n'étais pas ravie lorsque le directeur t'a imposé à nous. Mais je dois le reconnaître : tu as du talent à revendre et je suis heureuse d'avoir pu travailler avec toi sur ce projet.

- Plaisir partagé, souris-je. Au départ, j'étais aussi déstabilisée. Et impressionnée. Je ne m'attendais pas à travailler pour vous.

Jena me sourit, très naturellement. Elle était fière de sa réussite et elle avait de quoi. Avec son groupe, elle avait gravi les étapes et était en voie de devenir l'une des plus grandes chanteuses de notre génération. Elle avait une voix en or et son aisance scénique était sidérante. Elle était faite pour ça. Et je n'étais pas la seule à le penser puisque toute l'école lui vouait un culte tonitruant. Culte promu par le directeur qui les valorisait à la moindre occasion, notamment sur le site de l'école où le visage de Jena était exhibé en page d'accueil.

J'avais donc été sidérée lorsque je m'étais retrouvée face à elle et son groupe, dans une petite salle de répétition. Selon les rumeurs que j'avais pu entendre, ils étaient tous en tournée depuis plusieurs mois mais ils avaient aménagé leur emploi du temps pour trouver le temps de me rencontrer. Honneur ultime. Et pression ultime.

Les trois derniers jours avaient été extrêmement tendus et je n'avais jamais eu aussi mal au ventre de ma vie. Mais, le sentiment qui m'envahissait maintenant était le meilleur que je n'avais jamais eu la chance de ressentir. Satisfaction. Estime. Bonheur. Je me mordis la lèvre, basculant la tête en arrière dans un gémissement.

- J'ai hâte d'être dans mon lit et d'enfin pouvoir dormir sans que cette musique ne me trotte en tête.

- Quel programme, rit-elle. Je t'aurais bien proposé qu'on aille faire la fête, mais ce soir je ne suis pas libre. Cela dit, je compte bien passer une soirée moins sérieuse avec toi un de ces jours. Tiens-toi prête.

- Je m'attends au pire avec ce que j'ai pu entendre à votre propos, ris-je. Je n'ai passé que quelques heures avec Loris, mais il m'en a déjà dit suffisamment sur vos soirées pour que j'aie quelque appréhension.

- Loris exagère toujours les choses, affirma-t-il dans un haussement d'épaule désinvolte.

Je souris distraitement, assez convaincue. Après tout, Loris m'avait aussi affirmé des choses si folles que je n'y avais pas cru le moins du monde. Comme lorsqu'il s'était vanté d'avoir déjà embrassé plus d'un million de fille. Même Derek n'avait jamais atteint un tel chiffre. Il aimait se faire mousser.

Une sonnerie légère attira mon regard vers Jena qui sortit, de la poche de son jean, son téléphone portable, lisant rapidement le sms qu'elle venait de recevoir. Son sourire s'étala sur ses lèvres, sans même qu'elle ne s'en aperçoive.

- Raphaël ? Tentai-je.

- Hein ? Fit-elle, surprise. Heu... ouais. Comment tu sais ?

- Ta façon de sourire. T'es raide dingue de lui.

Sous son teint mâte, j'étais certaine que ses joues venaient de rosir. Je pouffai, moqueuse et elle me lança un regard, faussement énervée, avant de soupirer, s'avachissant sur la table en me rappelant grandement Nathanaël dans ce comportement enfantin.

- Je ne suis pas raide dingue de lui, murmura-t-elle. Enfin. Peut-être. Mais faut pas.

- Pourquoi ? Fis-je, étonnée. Il me semble assez claire qu'il craque pour toi aussi.

- Raphaël a une bouille d'ange, mais en réalité, ce n'est qu'un ange déchu, soupira-t-elle, énigmatiquement.

Je fronçai les sourcils, ne comprenant que mal. Pour le peu que j'en avais vu, Raphaël était quelque peu... taciturne. Mais il me semblait plutôt gentil. Surtout avec Jena. Il la couvait d'attention et ne cessait de réclamer son attention. Et lui obéissait au doigt à et l'œil. Alors je ne pouvais pas comprendre pourquoi Jena ne souhaitait pas se laisser aller à ses sentiments.

- Tu es sûr que tes potes ne vont pas finir par m'assassiner ? Sourit-elle. Surtout le petit brun, là-bas ? Il me dévisage comme si je lui avais piqué son jouet préféré.

- Tu es pas loin de la vérité, souris-je, jetant un œil vers une table à notre gauche, me faisant aussitôt fusiller du regard par Nathanaël. Faut dire que je ne les ai prévenus qu'à la dernière minute que j'allais composer une musique pour vous.

- Ils sont tout de même sacrément possessifs, souligna-t-elle. J'aurais dû mal à le supporter... mais ça un côté mignon.

- Cela ne me gêne pas, assurai-je, calmement. Au contraire. Pendant longtemps j'ai eu du mal à me faire des amis et même à trouver ma place... ils m'ont apporté plus que tu ne l'imagines.

- Alors je vais te libérer, souffla-t-elle en souriant. Tu vas pouvoir aller les retrouver et les rassurer compte au fait que je ne vais pas te kidnapper définitivement.

Elle se leva, récupérant ses affaires qu'elle enfourna dans son sac avant de glisser, celui-ci, dans son dos. Je l'imitai, rangeant mes nombreuses feuilles volantes dans mon propre sac, impatiente de retrouver mes amis et de pouvoir enfin m'accorder un moment de détente.

- Je vous apporterai les partitions, remises au propre, demain matin, indiquai-je. Vous serez bien à la salle de répète ?

- Oui, oui, acquiesça-t-elle. Nous ne repartons que la semaine prochaine. Et... je sais qu'on t'a dit qu'on écrivait nous-mêmes nos paroles, mais cela te dirait de venir nous donner un coup de main ?

- Sérieux ? Fis-je en posant mes yeux dans les siens.

- Sérieux. Je ne plaisantais pas en disant que j'avais radicalement changé d'avis à ton sujet. Tu as du talent et je serais débile de nous priver de tes compétences. Qu'est-ce que tu en penses ?

- Que j'en serai avec plaisir, approuvai-je. Quand ?

- Demain après midi, Loris a une interview à donner, mais Jérémy et Raphaël sont libres, m'expliqua-t-elle, jetant un coup d'œil sur son téléphone qui vibrait à nouveau. Et je dois te laisser. Je préviendrai le directeur que tu te joins à nous demain, il fera le nécessaire pour que les professeurs ne s'alarment pas de ton absence. On se voit demain.

- A demain, acquiesçai-je. Et merci !

Elle m'offrit un bref salut de la main et s'éclipsa sous le regard admiratif des autres élèves présents dans la pièce. Jena faisait tourner les têtes, à n'en pas douter. Je plaçai la lanière de mon sac sur mon épaule et me dirigeai vers Nathanaël qui était richement accompagné : Mathieu, Cameron, Tamara, Mickaël et Andréa. La joyeuse bande presque au grand complet. Il ne manquait plus que Kaï. Et je ne pus que me sentir coupable en constatant qu'il était encore absent du groupe. Comme tous les jours depuis cette fameuse soirée catastrophique.

- Je peux m'asseoir ? Tentai-je sous le regard noir de Nathanaël.

- Nooooon ? Princesse nous accorde sa présence ? Tu es sûr de vouloir t'afficher avec la plèbe ?

- Certaine, approuvai-je sérieusement avant de sourire devant son air bougon. Aller, tu en fais pas un peu trop ? Au final, je ne t'ai délaissé que quelques jours. Et je t'ai promis de me faire pardonner.

- Tu m'avais promis de venir ce week-end avec nous ! Désapprouva-t-il, croisant ses bras sur son torse et évitant mon regard. Et tu as annulé au dernier moment ! J'ai dû tout décaler !

- Vous auriez pu sortir sans moi, soulignai-je, sceptique.

- Et passer une journée à l'entendre râler parce que tu n'étais pas là ? Rétorqua Mathieu, tout sourire. Non merci. Et puis, cela m'arrangeait qu'on reporte à ce week-end plutôt que le précédent.

Nathanaël lui fit la grimace et Mathieu se contenta de lever les yeux au ciel. Ils s'étaient beaucoup rapprochés tous les deux. Bien que, aux dernières nouvelles, Nathanaël n'avait pas eu le droit à un nouveau baiser.

Sobrement, et sans me laisser démonter par son air renfrogné, j'écartais les bras de Nathanaël et avant qu'il ne puisse se plaindre, me laissait choir sur ses genoux. Il sembla un instant décontenancé mais finit par venir enlacer ses bras autour de ma taille, en se contentant de bougonner tout bas, bien moins récalcitrant qu'il ne voulait le faire croire.

- Tu as fini avec nos petits chouchous de l'école ? Questionna Tamara. Comment ils sont ? La grosse tête ?

- Du tout, assurai-je. Enfin pas Jena en tout cas, je n'ai que peu côtoyé les garçons. Mais Jena est adorable et vraiment pas du genre à avoir la grosse tête.

- Elle doit être sympa alors si tu le dis, approuva Tamara. Et tu n'as pas répondu à ma première question : tu as fini avec eux ? Tu vas enfin revenir vers tes chouchous à toi ?

- Presque, encore demain et après je serais tout à vous.

- Ou presque, compléta Cameron. J'imagine que tu vas devoir bosser dur, à ma connaissance tu n'as pas fini d'écrire les chansons pour votre groupe ?

Je geins vivement, basculant la tête en arrière, me calant contre l'épaule d'un Nathanaël qui émit un petit « hmmf » très significatif de ce qu'il pensait. Oui. J'étais à la bourre. Mais je souris malgré moi, étrangement détendue.

- Je pense que je vais gérer.

- Wahou, qui êtes-vous et qu'avez-vous fais de notre petite pleurnicheuse qui manquait de confiance en elle ? Siffla Mathieu.

- Elle est toujours là, ris-je. Mais... elle a désormais des gens sur qui elle sait pouvoir compter, et qu'elle ne sombrera pas grâce à eux.

- Oh.

Je lançai un regard en coin vers Mathieu dont l'onomatopée brève me laissa perplexe. Mais je souris en constatant qu'il était simplement ému. Je secouai la tête, venant ébouriffer ses cheveux blonds et il me laissa faire, sans se plaindre. Au contraire, il me gratifia d'un parfait sourire.

- Hey. C'est moi que tu devrais cajoler, protesta aussitôt Nathanaël, saisissant ma main pour l'écarter de sa chère tête blonde. C'est moi que tu as le plus délaissé ces derniers jours.

- Mais oui, mais oui, approuvai-je, levant quelque peu les yeux au ciel. Après tout, ce n'est pas comme si je t'avais vu à presque tous nos cours, appelé tous les soirs et envoyé des centaines de textos...

- Cela n'empêche qu'on ne s'est pas vus en dehors des cours, bougonna-t-il. On ne néglige pas son prince charmant !

- Je croyais que tu n'étais que mon preux chevalier ? Tu es monté en grade ? M'enquis-je.

- Je suis le seul digne de ce titre, se pâma-t-il.

- ... Et dire que je pourrais presque trouver ça vrai, soufflai-je en le fixant, un peu moqueuse.

- Comment ça « presque » ?

Et nous nous mettions à rire face à son air vexé. Ce fut à son tour de passer sa main dans mes cheveux pour les ébouriffer et à mon tour de me laisser faire en souriant.

- Avant que tu ne te replonges dans tes partitions, que dirais-tu qu'on t'invite à manger ce soir ?

Je relevai les yeux vers Cameron, un peu plus hésitante. L'idée était tentante. Mais j'étais extrêmement mal à l'aise à l'idée de me rapprocher, à nouveau, de ce garçon. Je n'avais pas reparlé avec Derek depuis ce fameux soir, et je ne savais toujours pas quoi penser de notre discussion. Rien ne semblait avoir changé. Et il n'avait été que peu présent à l'appartement, tout comme Marie. Je ne savais pas où se trouvait, ni l'un, ni l'autre.

Mais, malgré tout, une part de moi devenait récalcitrante à l'idée de flirtée avec quelqu'un d'autre. J'avais envie de croire en Derek. Même si c'était complètement dingue. Complètement débile. Complètement idiot. Je soupirai, passant ma main dans ma nuque, geste auquel Cameron réagit aussitôt :

- Tu as besoin de te vider la tête, insista-t-il. Et je connais un super restaurant Thaï. Ou, si cela te tente plus, de ramen ?

- ... j'adore les ramen, répondis-je en faisant la moue. C'est ok. Mais je ne resterai pas tard, j'ai un rendez-vous galant avec mon oreiller.

- Me rend pas jaloux, désapprouva-t-il. Je risquerais de vouloir te retenir rien que pour ne pas te laisser à quelqu'un d'autre.

Des sifflements fusèrent autour de nous et, inévitablement, mes joues rosirent. Cameron sourit en coin avant de se chamailler avec Tamara lorsqu'elle s'accrocha à son cou, le tirant en arrière avec trop de brusquerie. Elle n'avait aucune conscience de sa force. Me soulageant, l'attention se porta sur nos deux bagarreurs et je pus rester, calmement, dans les bras de Nathanaël dont le regard se porta sur moi.

- Si tu n'as pas envie, on peut juste sortir tous les deux, murmura-t-il. Nous n'avons pas eu l'occasion de rediscuter de ta conversation avec Derek.

Je ne répondis pas. J'avais fini par tout dire à Nathanaël. Il avait bien compris que quelque chose clochait et j'avais tout déballé, un soir, par téléphone. Mais cela avait été une conversation relativement brève pour tout ce que cette « conversation » avait provoqué. Et provoquait encore.

- Je peux trouver une excuse bidon, continua-t-il. Et on prendra un truc à emporter qu'on mangera chez moi devant un bon film. Ou une série, j'ai un abonnement Netflix.

- Argument ultime, souris-je, distraitement. C'est tentant, mais j'ai envie de me vider la tête. Et puis, peut-être que tu auras le droit à ton deuxième baiser.

Nathanaël se mordit la lèvre, visiblement très intéressé par cette possibilité. Néanmoins, il me jeta un dernier coup d'œil, cherchant à s'assurer que je ne cherchais pas à le faire passer avant moi. Je lui souris naturellement, ayant, finalement, réellement l'envie d'une soirée légère et sans prise de tête. Il finit par abandonner, même s'il ne sembla pas pleinement convaincu.

La conversation continua donc et je pus me vider la tête, comme je le souhaitais.

- On gèle, murmurai-je, frottant vigoureusement mes mains contre mes bras.

- On est en hiver, me souligna Nathanaël. Ta mère le frigidaire.

J'inspirai lourdement, roulant des yeux. Jamais au grand jamais, je n'aurais dû faire découvrir à Nathanaël ce youtubeur que j'appréciais depuis quelques mois maintenant. Depuis, Nathanaël n'avait de cesse de ressortir les expressions qu'il utilisait durant ses vidéos. Sans logique apparente. Juste parce qu'il trouvait qu'elles sonnaient excessivement classe. Bon. J'admettais que « ta mère le frigidaire » était quand même une expression avec du niveau.

- S'il balance cette phrase sans logique, une seule fois de plus, je te jure que je lui fais manger son frigidaire, murmura Cameron.

Je ris discrètement avant de me raidir lorsqu'il passa, négligemment, son bras autour de mes épaules, m'attirant contre lui. Je lui jetai un petit coup d'œil en coin, entre timidité et incertitude. Il grimaça quelque peu et je ne sus pas si les rougeurs sur ses joues étaient dues à sa gêne ou au froid de plus en plus mordant. Je me détendis et souris légèrement, détournant le regard sans lui demander de s'éloigner. Sans, pour autant, être convaincue que c'était la seule réaction logique à avoir.

- Dis..., débutai-je, fixant notre joyeuse bande qui chahutait devant nous, s'attirant l'attention des autres passants qui déambulaient pour profiter des illuminations de noël. Depuis la fête d'anniversaire d'Andréa, je n'ai pratiquement pas revu Kaï. Est-ce que... vous êtes toujours en froid ?

Il me lança un regard en coin tandis que mon visage devait parfaitement refléter ce que j'éprouvais. De l'inquiétude. Et beaucoup de culpabilité. Leur groupe était soudé, ne s'était jamais disputé devant moi et ne m'avait jamais semblé aussi instable que pouvait l'être le mien. Mais j'avais tout gâché.

Doucement, la main de Cameron tomba sur le sommet de mon crâne, la tapotant en me faisant arquer un sourcil, sceptique tandis qu'il se contentait de sourire, bien plus naturellement, en me fixant.

- Tu t'en fais trop. Kaï et moi on se dispute plus souvent que tu ne l'imagines, mais on fini toujours par se rabibocher. Et je ne regrette pas le moins du monde de m'être disputé avec lui ce soir là, je défendais quelqu'un qui m'est important.

Dans un autre contexte, mes joues se seraient encore échauffées, mais pas quand j'avais le sentiment que ses paroles n'étaient prononcées que pour me rassurer. Je savais qu'il mentait. Cameron ne se disputait pas avec Kaï. Et j'avais obtenu l'information d'une source plus que fiable : Mickaël. Il était surprenant de constater à quel point ce garçon savait bien des choses sur bien des gens quand il ne semblait lié à personne.

Il cherchait juste à me rassurer. Je me contentai de sourire, me détournant rapidement, le faisant soupirer. Néanmoins, il n'insista pas, se contentant de marcher à mes côtés, plus silencieusement.

La nuit commençait doucement à tomber, laissant planer une atmosphère typique des fêtes de fin d'année. J'aimais cette ambiance. Les néons multicolores, l'odeur du pain d'épice, les chalets en bois typique des marchés de noël, l'ébullition de la ville et de ses habitants en quête du cadeau idéal, l'euphorie des gamins et même cette froideur que j'exécrais tant habituellement. A cette période, tous me semblait moins austère, moins dérisoire. Enfin. Ça. C'était avant. A Paris, la magie de Noël restait minime. Ma Franche-Comté natale me manquait grandement. Elle était peut-être moins dynamique et moins valorisée, mais les gens y étaient tous biens plus souriants et courtois.

- Qu'est-ce que tu fais pour le réveillon ?

- Je rentre chez mes parents, répondis-je, songeuse, les yeux rivés vers le ciel. Et toi ?

- Je n'en sais rien, répondit-il, haussant les épaules.

- Tu ne vas pas voir tes parents ?

- Ils sont à l'autre bout du monde. Et puis... je pense que même s'ils étaient en France, nous ne nous verrions pas. Nous ne sommes pas en très bons termes.

Je ne répondis pas tout de suite. Je crois que c'était la première fois que Cameron me parlait réellement de lui. Et, plus encore, que je ne le connaissais pas. Je ne savais rien sur lui. Ou très peu. Il avait redoublé sa première année – sans que je ne comprenne pourquoi au vu de son talent –, chantait et jouait de la musique depuis très longtemps, était passionné et avait un grand frère. Voilà. C'était tout.

Et je réalisai que cette absence d'information était aussi ma faute. Je n'avais jamais cherché à en savoir plus, jamais posé des questions. Pourquoi ? Pourquoi n'avais-je pas cherché à apprendre à mieux connaître ce garçon dont le bras était passé autour de mon épaule sans que cela ne me semble désagréable ? Je l'appréciais. Et, pourtant, je n'avais jamais cherché à approfondir notre relation.

- Et... ton frère ? Tentai-je donc, un peu incertaine. J'ai cru comprendre que vous étiez plutôt proches.

Il marqua un temps d'arrêt, sa main sur mon épaule se serrant et son regard se perdant devant lui. J'avais dis quelque chose qui ne fallait pas ? Est-ce que j'étais trop intrusive ? Je ne pensais pas avoir posé une question trop intime, en réalité peu douée pour tenir une telle conversation. Après tout, ils étaient tous mes premiers véritables amis. Même Epona et Saphira avaient pour moi une grande part de mystère. Et je le regrettais maintenant, réalisant seulement à quel point je ne m'étais jamais impliquée dans mes relations.

- Mon frère est mort l'année dernière.

Oh. Cette fois, ce fut moi qui marquai un temps d'arrêt. Mes yeux s'écarquillèrent et j'ouvris la bouche, sans savoir ce que j'aurais dû répondre. Ou même ce que j'aurais dû répondre. Y'avait-il seulement des mots convenables à prononcer à une telle annonce ?

- Je suis désolée, finis-je par murmurer. Je n'aurais pas dû po...

- Tu ne pouvais pas savoir, me coupa-t-il, sans chercher à m'offrir un sourire quelconque. Personne n'est au courant.

- Même Tamara et le reste du groupe ? Fis-je, surprise.

- ... ouais, murmura-t-il, conservant les yeux dans le vague. Je suppose que moins je le dis, plus je peux continuer à me dire que ce n'est pas la réalité. J'ai encore... tellement la sensation qu'il est là, qu'il peut surgir devant moi à tout instant. C'est débile mais, il m'arrive parfois de composer, machinalement, son numéro et de râler parce qu'il ne décroche pas... ce n'est que quand je tombe sur sa messagerie que je réalise ce que je suis en train de faire.

Mon estomac se tordit. La souffrance de Cameron était profonde, luisant autant dans ses iris que sur ses traits tirés. Il continuait de marcher, conservant un masque calme et son bras sur mes épaules.

Doucement, je reposai mes yeux devant moi, contemplant Nathanaël qui embêtait Mathieu, cherchant ainsi à le convaincre qu'il devait le laisser lui tenir la main car sinon il ne savait pas quoi faire de ses mains. Mathieu avait les joues rougies et fini par capituler, tendant une paume sur laquelle Nathanaël se rua en piaillant. Le rire de Tamara fusa, moqueuse, et elle ne put s'empêcher de balancer une grande claque dans le dos de Mathieu sans réaliser que le pauvre était bien assez gêné pour que quiconque n'en rajoute. Andréa la tira en arrière, la ramenant entre lui et Mickaël qui lui accorda un regard noir lorsqu'elle le bouscula familièrement, enjouée.

Pourquoi me disait-il une telle chose à moi et pas à eux ? Ils étaient ses amis. Ils auraient pus lui apporter un plus grand soutien qu'une pseudo inconnue. Mais il avait choisi de se tourner vers moi. Alors, j'allais être là. Comme il l'avait été pour moi à de trop nombreuses reprises. Je me rapprochai de lui, collant un peu plus mon épaule contre son torse.

- Je ne sais pas trop quoi dire, avouai-je, doucement. J'imagine assez mal ce que l'on doit éprouver... je n'ai jamais perdu quelqu'un de ma famille ou un proche... mais étant très proche de mon grand-frère, l'idée qu'il ne soit plus là... est effrayante.

- Ne t'en fais pas, m'assura-t-il. Avec le temps, j'ai entendu toutes sortes de phrases, aucune n'a jamais rien changé.

- Tu... veux en parler ? Je veux dire, est-ce que tu aurais envie de me parler de ce qu'il s'est passé ? Ou simplement me parler de ton frère ?

Son regard retomba dans le mien. Il hésitait. Clairement. Et durant de longues minutes, j'eus la conviction qu'il allait m'assurer qu'il ne préférait pas, que je n'étais pas suffisamment proche de lui pour me permettre une demande aussi audacieuse, surtout s'il n'en avait pas parlé à des gens qui lui étaient bien plus proches. Puis, finalement, sa main délaissa mon épaule. Je me crispai, m'écartant néanmoins sans me faire prier. J'étais vraiment nulle. Définitivement nulle.

Mais alors que j'allais m'avancer, sa main vint saisir la mienne. Et, doucement, ses doigts s'emmêlèrent entre les miens.

- Pas aujourd'hui, débuta-t-il, plantant ses yeux dans les miens. Je n'ai pas envie de déballer quoi que ce soit au milieu d'une rue passante... j'ai un peu trop conscience que je pourrais aisément... craquer, ajouta-t-il, détournant cette fois le regard, mal à l'aise. Mais... si cela te tente, tu pourrais venir passer la journée à l'appart, demain ?

Je marquai un temps d'arrêt entre surprise et indécision. Il me proposait bien un tête à tête, n'est-ce pas ? Non. Ce n'était pas ça. C'était plus que cela. Il voulait me parler de lui, de ce qu'il était. Et je n'avais aucune envie de manquer ça. Je voulais apprendre à le connaître, apprendre à découvrir qui il était réellement. Et, plus encore, je voulais être là pour lui.

- Avec plaisir. J'apporterais des gâteaux.

- Et je fournirais le lait à la cannelle, sourit-il, doucement, se détendant.

- Comment tu sais que j'aime le lait à la cannelle ? Sifflai-je, écarquillant un peu les yeux.

- C'est pitbull qui l'a balancé à la soirée, la dernière fois, expliqua-t-il, grimaçant légèrement quand je soupirais.

- Tu as une bonne mémoire, soulignai-je, tentant de rester souriante même si me rappeler de Derek faisait vaciller ma bonne humeur.

- Quand cela te concerne, je me surprends à en avoir une impressionnante, approuva-t-il, souriant. Mais j'ai hâte d'en apprendre plus, de moi-même.

- Moi de même, souris-je. Je réalise que je vous considère tous comme mes plus proches amis... mais je ne sais rien sur vous hormis que vous êtes des monstres en musique.

- Et bien, il te suffit de demander, je suis sûr que tous seront heureux que tu t'intéresses à eux.

- Je ne suis pas douée pour ce genre de choses, avouai-je, regardant distraitement Tamara qui bondissait dans le dos d'un Nathanaël râlant après ses enfantillages alors que, lui-même, venait de faire la même chose à Mathieu. J'ai toujours peur de m'imposer ou de forcer les gens à me parler en posant des questions inappropriées...

- Alors tu n'as qu'à te servir de nous comme cobayes, répondit-il dans un haussement d'épaule. Que ce soit moi, Nathanaël, Tamara et même ce bon vieux ronchon d'Andréa, nous ne serons gênés par aucune de tes questions... et si cela arrivait, aucun de nous ne se privera de te le dire. C'est ça être amis, non ?

Je le fixai un instant et finis par hocher la tête en souriant. Oui, c'était probablement ça. S'intéresser à l'autre, se montrer franc quelle que soit la situation et avoir envie d'échanger, de partager, de se découvrir. Il sourit à son tour en me ramenant un peu plus contre son torse tandis que nous marchions au ralentit, gardant une bonne distance avec le reste du groupe qui attirait de plus en plus l'attention des passants tant leurs rires fusaient sans cesse. Ainsi que les grognements réguliers d'un Andréa qui nous lançait des regards furieux, quémandant de la sorte notre intervention afin de le libérer de l'effervescence de Mathieu, Nathanaël et Tamara qui prenaient, tous trois, un malin plaisir à le torturer.

Distraitement, je détaillai la foule nous entourant et les nombreuses décorations de Noël. Une musique envahissante d'un vieux chant traditionnel que personne ne connaissait plus depuis six générations, grésillait dans les haut-parleurs, tentant de recouvrir les discutions animées. La nuit commençait à tomber doucement et les guirlandes lumineuses ne tarderaient pas à venir nous vriller les yeux. Je souris, envahie par une nostalgie réelle. Habituellement, tous les ans, ma mère nous traînait tous au marché de Noël de Besançon. Bien que, chaque année, il soit quasiment identique. Elle aimait cette période de l'année, flâner devant les vitrines, trouver des cadeaux farfelus, décorer la maison, réaliser ses propres calendriers de l'avent richement garnis de chocolat et autres gourmandises parfaites pour continuer à gonfler la bouée qui nous sert de hanches. Elle me manquait. Elle me manquait réellement. Malgré nos désaccords et notre manque de communication, je l'aimais profondément. Et je savais que c'était un sentiment réciproque bien que je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle préférait Marie.

- Qu'est-ce que tu comptes faire pour le réveillon, du coup ? Questionnai-je, toujours plongée dans mes pensées.

- Tamara et Mathieu restent dans le coin, je pense que ça va finir en petite soirée entre potes, répondit-il, dans un haussement d'épaule. Andréa va dans sa famille en Italie et... il faut que je demande à Mimi s'il veut se joindre à nous.

- Tu sais qu'il déteste vraiment ce surnom ? Souris-je.

- C'est ce qui est drôle, me répondit-il dans un même sourire. Et puis, il se donne un faux air, mais il aime bien qu'on le taquine.

- J'ai quelque doute sur la chose, ris-je. Je n'aurais jamais pensée dire ça mais... je l'aime bien. C'est vraiment un type cool. Quand il veut.

- Je suis bien d'accord, approuva Cameron. Et pour la nouvelle année, tu as prévue quelque chose ?

- Nathanaël veut me traîner je ne sais où, soupirai-je aussitôt. Et jusqu'au bout de la nuit.

- On pourrait le fêter tous ensemble alors, enchaîna-t-il sans trop me surprendre. Mais il faudra trouver un autre appart que le mien pour l'occasion. Va y'avoir des travaux dans mon bâtiment et je suis prié de ne pas faire entrer d'invités du vingt-cinq au quatre.

- J'aurais bien proposé qu'on le fasse dans le mien, mais je pense que cela ne va pas le faire, grimaçai-je. Je préférai éviter de réitérer l'expérience de la dernière fois et de vous imposer Derek et ma sœur.

- Effectivement. Et ce ne sera pas ni chez Tam, ni chez Mathieu, ils vivent dans des placards à balais, grimaça-t-il. Andréa sera rentré mais il habite en collocation avec une vraie meute...

- Une meute ? Répétai-je, sceptique.

- Ouais, pouffa-t-il. Il joue les durs mais en vrai c'est une guimauve, il habite en collocation avec ses amis d'enfances et est le « papa » de la bande. Son appart fait dans les quatre vingt-mètres carrés, ce qui est pas mal du tout pour Paris, mais ils y crèchent à six.

- Six ? Fis-je, écarquillant les yeux. Que des gars ?

- Non, quatre et deux nanas. Et je suis bien d'accord avec toi : je ne sais pas comment ils font.

J'acquiesçai. Déjà que je trouvais une cohabitation à trois difficile, alors je n'imaginais pas les contraintes à six. Et puis, je ne pouvais que supposer qu'ils n'avaient pas chacun leur chambre et encore moins plusieurs salles de bain. Les levers devaient être mouvementés.

- Tu sais si Nath pourrait tous nous héberger le temps d'une soirée ? S'enquit Cameron. Je ne suis jamais allé chez lui.

- Non ce ne sera pas possible, non plus, assurai-je, calmement.

En réalité, j'étais convaincue que si je le lui suggérai, Nathanaël accepterait les yeux fermés. Et son appart était bien assez grand pour héberger la moitié de la promotion. Mais je savais que cela le mettrait mal à l'aise et c'était totalement hors de question. Il n'avait aucune envie d'étaler sa fortune aux yeux de tous et je n'allais pas lui imposer, bien que j'étais convaincue qu'aucun de nos amis ne chercheraient à en profiter.

- ... j'ai peut-être une solution, fis-je, songeuse. Mais cela impliquerait que vous bougiez.

- Qu'on bouge ?

- Mes parents se sont offert un voyage et partent le vingt sept décembre... du coup nous pourrions avoir la maison pour nous.

- Ils accepteraient de nous la laisser ? Interrogea-t-il, soudainement plus dynamique.

- Oui, sans soucis. Mon frère a déjà fait venir toute son équipe de volley, alors quatre ou cinq personnes ce n'est rien pour eux, crois-moi.

- Alors vendu !

- Hey, ris-je. Tu sais même pas où j'habit...

- Besançon, non ?

Je tiquai. Comment pouvait-il savoir un truc pareil ? Il me lança un regard en coin et finit par sourire en coin.

- Oui. Je suis un vrai stalker.

- Flippant, commentai-je.

- Idiote, rit-il. Je crois que c'est Nathanaël qui en a parlé une fois... mais par contre, aucune idée de pourquoi il l'a balancé. Il parle tellement de toi, qu'à force, j'oublie le contexte.

- Mouais, répondis-je, plissant les yeux, faussement sceptique. Je suis sûr qu'en vrai tu m'espionnes.

- C'est possible, dit-il, affichant un sourire énigmatique. Qui sais, peut-être qu'en réalité je te connais depuis que tu es toute petite, que je me suis toujours tapi dans l'ombre et ait attendu le moment opportun pour surgir et capturer ton cœur.

- Flipppaaant, geins-je.

Je fis mine de m'écarter, détachant mon épaule de la sienne mais ses bras vinrent passer autour de ma taille et il me ramena vers lui, fermement tandis que j'éclatais de rire avec lui. Il se colla bien dans mon dos, allant même jusqu'à me soulever légèrement pour que mes pieds ne touchent plus le sol. Et je ne pus que continuer à rire, comme envoûtée. Ce. Type. Est. Vraiment. Incroyable.

- Hoy, toi. Qu'est-ce que tu fais à ma princesse.

Brusquement, on vint saisir mon avant-bras et en quelques secondes, je fus tirée en avant, me retrouvant blottit dans de nouveaux bras masculin. Je souris en levant les yeux vers le visage courroucé de Nathanaël. Il ébouriffa mes cheveux, bougon et je passai simplement mes bras autour de sa taille.

- Jaloux, commentai-je.

- J'assume, grogna-t-il. A moi.

- Nop, fis-je. Celui qui est à toi, il est juste là.

Je désignai du bout du doigt Mathieu, à quelques pas de nous, luttant visiblement à l'envie de se joindre au câlin collectif. Mais dès que mon doigt se tendit vers lui, ses joues virèrent au rouge écrevisse et il ouvrit la bouche, sans qu'aucun son ne parvienne à en sortir. J'éclatai de rire et Tamara lui bondit dessus, riant aussi ouvertement que je m'étais permis de le faire. Pour une fois que ce n'était pas moi qu'on faisait tourner en bourrique.

- Vous allez me rendre dingue tous les deux, geint Nathanaël. Vous êtes tellement adorables.

- De quoi vous parliez tous les deux ?

Andréa venait de surgir vers Cameron, posant lourdement une paume sur l'épaule de celui-ci. Il se fichait pas mal de l'effervescence de Nathanaël et de Mathieu, rompant notre euphorie sans le moindre état d'âme pour reprendre une conversation qui lui convenait bien plus.

- Heden vient de tous nous inviter chez elle, à Besançon, pour le nouvel an.

- Noooooon ? Bondit Tamara, se ruant vers moi pour nouer ses bras autour de mon cou. Tu vas nous présenter tes parents ?

- Ils ne seront pas là, navrée, ris-je légèrement alors qu'elle semblait réellement déçue. Mais pour compenser vous pourrez rester quelques jours, je vous ferai visiter ma ville. Ce n'est pas les lieux touristiques de dingue, mais on a quelque truc sympa.

- Avec plaisir ! Approuva Mathieu. Mais tu es certaine que cela ne te dérange pas ?

- Certaine, souris-je.

- J'amène l'alcooooool ! Lança Tamara.

- Tamara, soupira aussitôt Mathieu. Tu ne penses donc qu'à ça ?

- Me gonfle pas, on n'est pas tous saint Mathieu. Moi je suis une vampire mais je n'ai pas besoin de sang pour survivre mais d'alcool.

Mathieu et Andréa roulèrent des yeux dans un même mouvement, échangeant un léger sourire complice lorsqu'elle croisa ses bras contre sa poitrine, vexée. Mais alors que j'allais tenter de la dérider, mon portable vibra dans ma poche. Machinalement, je l'en extirpai et jetai un œil sur l'écran allumé. Je fronçai rapidement le regard, un peu surprise :

- Désolée, je dois décrocher.

- Pas de soucis, assura Mathieu le premier. On pensait aller se poser dans le café juste là, tu nous rejoins ?

- Ca marche, acquiesçai-je.

Rapidement, je m'écartai tandis que Tamara se remettait déjà à piailler de contentement, me faisant sourire lorsque je l'entendis se vanter de « mon invitation ». Elle aussi était assez incroyable dans son genre.

Mais, perdant rapidement mon sourire, je décrochai, portant mon téléphone à mon oreille, une voix stridente venant déjà vrombir contre mes tympans.


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