Neither good nor bad

By RosalineOscar

42.6K 5K 3.5K

"We've had our doubts but now we're fine, And I love you, i swear that's true. I cannot live without you. Go... More

Derek Meyer. La plus douce des drogues. Ma seule drogue.
Il sait. Je sais. Nous oublions.
Cause living with me must have damn near killed you
I'm tired of being what you want me to be
Reconversion future ? Dompteuse de carpe.
Je te guiderais alors, s'il te plaît, danse avec moi.
Manipulation. Jusqu'où m'entraîneras-tu ?
Aime perpétuellement, déteste assidûment.
Confidence pour confidence.
Premiers accords. Quelle sera la mélodie ?
I have loved you for a thousand years, i'll love you for a thousand more
Décorner un élan.
Soeurtilège
D'invisible à trop visible. J'étais très bien en Casper.
I saw that both your smiles were twice as wide as ours
Ain't nobody hurt you like i hurt you. But, ain't nobody love you like i do
Elle ne dit rien, elle se tait, mais ton coeur brûle en secret
Un baiser de tendresse est tout un discours condensé en un seul souffle
- Tu fais quoi pour Noël ? - Je regonfle la bouée qui me sert de hanche.
D'une bombe à une autre. L'art de l'esquive.
Je sais ce que je ne veux pas, mais je ne sais pas ce que je veux
Try, baby try, to trust in my love again
Se faire prendre pour un lapin de garenne en une leçon.
D'un cercle vicieux à un triangle amoureux, ou comment détester les maths.
Mais que peuvent contre la destinée les plus fermes résolutions ?
And then you come and ease the pain
You probably never loved someone like i do
Savoir aimer à tous les temps
Il est entré dans mon cœur, une part de bonheur, dont je connais la cause

If you ever want to join me, baby. I'll be dancing in the dark

1.3K 159 90
By RosalineOscar

BONJOUR. 

Juste pour vous dire. CE CHAPITRE EST EXCESSIVEMENT LONG. Donc pardon 'w' xDDD Vous avez le droit de lire en diagonale ;___; xDD 



- Jouons ! Brailla Tamara. A « je n'ai jamais » !

Sa voix me parvenait très nettement. Et pour cause, elle était agrippée à mon bras droit et me braillait dans les oreilles, sans vergogne. Je grimaçai quelque peu alors qu'elle tanguait dangereusement. Pourtant, elle n'avait pas bu plus que de raison, mais, selon Nathanaël, la jeune femme tenait assez mal l'alcool. Chose que je ne pouvais que confirmer.

Je passai ma main sur son épaule, tentant de la stabiliser et elle éclata d'un rire bruyant, venant se pendre à mon cou sans se soucier des rires qui fusaient derrière le sien. Je lançai un regard suppliant à un Nathanaël qui ne semblait plus du tout soucieux de venir me secourir d'une quelconque façon. Il était trop occupé à attirer l'attention d'un certain garçon. Un instant, je le fixai alors qu'il discutait gaiement avec Mathieu. Le courant semblait bien passer entre eux. Mais Nathanaël avait beau tenter de se rapprocher, Mathieu conservait systématiquement une certaine distance. Pourtant, il ne cherchait pas à fuir les avances du batteur. C'était un comportement assez illogique et qui m'aurait déstabilisée. Mais pas Nathanaël. Il insistait. Persistait. N'abandonnait sous aucun prétexte. Je souris en coin. Mathieu ne savait pas dans quoi il se laissait embarquer.

- Encore ? Siffla une voix masculine, toute proche. Tu ne te lasseras donc jamais de ce jeu ? Et arrête de t'avachir sur Heden.

- Encore ! Approuva Tamara, me déliassant pour se ruer vers mon sauveur, se pendant à son cou. Cette fois nous avons de nouveau joueur ! Mathieu et Heden n'ont jamais joués avec nous !

Cameron soupira quelque peu, conservant ses mains sur la taille de la jeune femme afin de veiller à ce qu'elle ne chute pas malencontreusement. Mais, malgré son état, elle semblait bien plus stable qu'elle ne le laissait croire. Elle profitait juste de la situation. Il releva les yeux vers moi, cherchant, visiblement, mon approbation.

- Cela te tente ? Me questionna-t-il devant mon mutisme.

- Pourquoi pas, assurai-je dans un haussement d'épaule. Tant que cela ne dérange personne si je ne bois pas d'alcool.

- Aucun souci, m'assura Mathieu, surgissant soudainement dans mon dos. Tu n'es pas la seule à être raisonnable, ici.

- Ouiiii, s'enthousiasma Tamara, s'avançant déjà vers un Mathieu qui me plaça vivement devant lui pour éviter que la rouquine ne s'agrippe à lui.

- Par contre vous tenez ce fauve loin de moi, geint-il.

- T'es nul, protesta aussitôt Tamara, repassant ses bras autour de mon cou et venant faire s'écraser son souffle contre mon visage. Heden, elle, est géniale !

- Merci du compliment, souris-je malgré tout.

- Dire qu'elle affirmait que j'étais celui qui devenait un type collant lorsque je bois trop, grimaça Nathanaël en s'approchant à son tour.

Elle lui lança un regard noir mais se contenta de me délaisser pour aller prendre un coussin et se laisser choir, lourdement, sur le sol, attendant patiemment que nous en fassions de même. Nathanaël et moi échangions un regard complice, pouffant dans un même mouvement. Il attrapa ma main, m'entraînant avec lui jusqu'au petit cercle qui se formait déjà. Je fus soulager qu'il m'installe à ses côtés, tandis que j'étais encore quelque peu mal à l'aise.

La soirée se déroulait extrêmement bien et, sans mentir, jamais je n'aurai pensée autant m'amuser. Dès que nous étions arrivés, Cameron nous avait accueillis, nous présentant à tous les invités présents. J'avais d'abord été déstabilisée de voir des visages inconnus, mais il avait rapidement fait les présentations et lorsque Nathanaël s'était rué vers d'anciens amis, ne m'avait pas abandonné à mon triste sort. Il était resté avec moi durant deux bonnes heures, veillant à ce que je m'intègre à cette joyeuse bande. En majorité des élèves de deuxième et troisième années, ainsi que quelques amis qui étaient venus les encouragés durant le spectacle. Dont le type bourré de la supérette. Qui s'était confondu en excuse dès qu'il avait réalisé qui j'étais. Et j'avais même fini par le trouver sympathique.

Cependant, je n'étais définitivement pas à mon aise au milieu d'une foule quelconque. Ma nature renfermée se faisant ressentir alors que je peinai à faire la conversation à ces inconnus. Néanmoins, Tamara, Andréa et Mathieu avaient rattrapés ma gêne, m'intégrant à leurs propres discutions et me permettant de me détendre au fur et à mesure. Sans parler de Cameron. J'étais persuadée que, dès le lendemain, Nathanaël allait me charrier sur son omniprésence à mes côtés.

- Tout le monde connait les règles ? Demanda Tamara, remplissant son verre vide d'un quelconque alcool sous le regard réprobateur d'un Andréa qui s'installant, malgré tout, à côté d'elle.

- Vu le nombre de fois où tu nous a infligés ce jeu, on ne peut que les connaître, souligna Nathanaël. Enfin, peut-être pas toi, princesse ?

- Je les connais, assurai-je dans un haussement d'épaule.

- Je suis surpris, siffla-t-il aussitôt en retour avant de mimer la déception. Moi qui te pensais pure et innocente... je suis choqué.

- Hahaha, grognai-je en venant bousculer son épaule de la mienne. Contrairement à ce que tu sembles penser, j'ai déjà participé à ce genre de soirée.

Et à ce genre de jeu. Même si plus que rarement. Les amis à Derek trouvaient ennuyant que je ne boive pas d'alcool, jugeant que cela faisait perdre tout son intérêt au jeu. Ainsi, je n'avais que rarement participée. Et ce à mon grand plaisir. Les « je n'ai jamais » de la bande à Derek finissait toujours par déraper. Ce n'était pas tant un jeu pour s'amuser, qu'un prétexte pour boire démesurément.

- J'ouvre le bal ! Lança Tamara, décidemment très motivée. Doivent boire tous ceux qui ont déjà eu une relation sexuelle !

Mes joues piquèrent un fard. Sérieusement ? Directement ? Tous éclatèrent de rire alors que j'étais la seule à la dévisager avec surprise alors qu'elle était la première à se jeter sur son verre. Ils étaient clairement habitués. Sans gêne, la plus part saisir le verre posé devant eux, avant une gorgée de celui-ci avec une modération surprenante. Enfin. Pas tant. Après tout, hormis Tamara, tous semblaient en bon état et les bouteilles d'alcools étaient encore bien garnies. Ce n'était pas une beuverie. Et Mathieu ne mentait pas en affirmant que je n'étais pas la seule à être raisonnable. Nombreux étaient ceux qui avaient préférés les jus que la bouteille de vodka pour remplir leurs verres. Et je n'avais vu Mathieu, boire, lui-même, qu'une unique bière.

Occupée à remarquer ce genre de détail, je n'avais pas réalisé que pratiquement tout le monde avait bus dans son verre. Sauf une personne. Moi. Les yeux se braquaient dans ma direction, sans que je ne comprenne pourquoi au départ, mais je finis par piquer un nouveau fard, rivant brusquement mes yeux sur mes pieds.

- Nooon ? Fit Tamara, m'enfonçant un peu plus dans ma gêne. Tu ne vas pas me faire croire que tu n'as j...

- Laisse-la tranquille, s'interposa aussitôt Mathieu. On n'est pas tous obligés d'être aussi entreprenante que toi sur la chose.

- Tu as bus aussi, rétorqua-t-elle, peu vexée par ses paroles.

- Je n'ai couché qu'une fois, affirma-t-il dans un haussement d'épaule. Et encore. Si on peut appeler ça couché.

- Ouh ça balance déjà les dossiers ! Brailla un garçon à notre droite.

Les sifflements retentirent aussitôt et Mathieu éclata de rire, très peu gêné. En apparence. Ses joues me semblaient bien plus rosies qu'elles ne l'étaient auparavant. Nos yeux se croisèrent. Et je sus. Je sus qu'il avait tout fait pour que l'attention se braque sur lui afin de m'éviter d'être gêné. Du bout des lèvres, je soufflai un « merci » qu'il sembla comprendre puisque son sourire s'étala avec un peu plus de naturel. Nathanaël me donna un petit coup de coude, m'adressant un clin d'œil dès que j'eus posés les yeux sur lui. Je comprenais bien le message. Celui qu'il cherchait à draguer était chouette. Vraiment chouette. Et ils se ressemblaient beaucoup l'un et l'autre.

- Moi aussi je n'ai couché qu'une seule fois.

Cette fois, aucun sifflement moqueur. Juste des yeux ahuris se posant sur un visage impassible. Cameron ne chercha pas à fuir, les affrontant dans une indifférence qui, pour sa part, n'était pas feinte le moins du monde. Il se fichait royalement de ce que l'on pouvait penser. Ce fut Tamara qui céda la première, exprimant ce que tous pensait :

- Tu te fous de nous ? Toi, le canon attitré de notre bande, le chanteur adulé par ces dames ne se serait tapé qu'une seule de ces fans ?

- C'était même pas une fan, sourit-il en coin. Je ne suis pas de ce genre. Je préfère attendre d'être avec quelqu'un avec qui j'ai vraiment envie d'être.

- Houuuuu. C'est qu'il est romantique notre Camerounet d'amouuuur.

Kaï vint se loger dans son dos, attrapant Cameron par la taille et faisant, ainsi, éclater de rire toute la bande. Mais, pour ma part, je ne ris pas. A nouveau, j'avais les joues rouges. Mais pas par gêne. Enfin si. Mais pas la même gêne. Je grognai lourdement lorsque Nathanaël me bourra de coup de coude, me soulignant un peu plus ce que je n'avais pu manquer. Les yeux de Cameron s'étaient rivés sur moi. Sur moi uniquement. Merde alors. Je plaquai une main devant mon visage, infiniment gênée. Alors, il s'intéresserait toujours à moi ? Malgré tout ce que j'avais pu lui montré de pitoyable ? Il ne devait pas avoir les yeux en face des trous.

- Aller ça suffit, gronda Cameron, chassant Kaï. C'est à Heden de choisir un intitulé.

- Pourquoi moi ? Geins-je aussitôt en tâchant de ne rien laisser paraître.

- Parce que tu es la seule qui n'a pas bu, approuva Tamara. Aller vas-y, on t'écoute !

Elle posait déjà la main sur son verre, prête à l'avaler d'une traite. Elle tenait peut-être mal l'alcool dans le sens où celui-ci l'enivrait rapidement, par contre elle le tenait bien ensuite. Je ne me lançai pas aussitôt, réfléchissant un instant. Qu'est-ce que je pouvais demander qui n'était pas trop gênant et suffisamment amusant pour ne pas plomber la bonne ambiance qui régnait autour de moi ? Derek aurait sans doute enchaîné sur le thème offert par Tamara. Mais ce n'était pas mon genre. Et je me renfrognai quelque peu. Arrête de penser à lui, bon sang.

- Doivent boire tous ceux qui ont déjà été arrêté par la police.

Pour ne pas penser à lui, c'était raté. Néanmoins, je trouvai ma trouvaille tout à fait convenable. Et je pus sourire, tout à fait sereine, lorsque tous me regardèrent, médusés, boire dans mon verre. Je n'avais aucune envie de continuer de passer pour une petite fille prude. Bon, mes séjours au commissariat n'avait rien d'affolant, mais ça, je n'avais pas besoin de le préciser pour le moment.

- Nooon ? Siffla Nathanaël, venant agripper son bras autour de mon cou. Tu t'es fait arrêté, princesse ? Pour délies de mignonnerie ? Non. Je sais. Pour avoir essayer de piquer à un enfant son sac pikachu.

- La première fois je me suis fait arrêter pour tapage nocturne, désapprouvai-je, lui adressant un regard noir.

- Houu. Laisse-moi deviner, Derek Meyer aurait-il une responsabilité là-dedans ? Enchaîna-t-il, sans se laisser prendre par mon assurance.

Je lui lançai un nouveau regard noir avant de croiser les bras contre ma poitrine, boudeuse. Il ne croyait pas le moins du monde que j'ai pu m'attirer des ennuies. Et, le pire, était qu'il avait raison. J'avais toujours été très sage. Riant ouvertement, il me décocha une grande tape dans le dos pour me dérider et je grognai en retour.

- Et la seconde fois ?

- Hmm ? Fis-je, me tournant vers Cameron qui avait interrompu l'euphorie naissante de Nathanaël, trop enchanté à l'idée de me taquiner. La seconde fois ?

- Tu as dis « la première fois », donc cela implique qu'il y'en a eu une seconde, expliqua-t-il.

- Exact, avouai-je, plus sombre. Mais c'était rien de très intéressant.

- Ah non ! Enchaîna Mathieu, assis à côté de Nathanaël, donc tout proche. Tu ne peux pas nous laisser sur notre faim comme ça ! Il va falloir déballer ton sac !

Et, suivant son caprice, tous se mirent à scander mon nom pour obtenir que je révèle mon petit secret. Je me sentais soudainement très idiote d'avoir commencé à jouer sur ce terrain quand je n'avais sinistrement aucune envie de me remémorer ce jour précis. J'avais eu peur. J'avais eu extrêmement peur. Je me souvenais encore de ces deux types. Gigantesques. Ou peut-être ne l'étaient-ils pas tant, mais que la peur les avait rendus plus monstrueux qu'ils ne l'étaient réellement. Par contre les coups qui s'étaient mis à pleuvoir, eux, avaient été bien réels. Puis le plus jeune des deux avait sortit un couteau. Et les choses étaient allées beaucoup trop vite. Mais je gardai en mémoire le sang rougeâtre qui me coulait sur les doigts. Chaud. Visqueux. Ma gorge se noua et mon estomac se retourna sur lui-même. Non. Je ne voulais définitivement pas me souvenir.

- Elle a relancé le jeu, non ? On n'est pas censé boire ?

La voix cassante n'avait rien de chevaleresque. A première vue. Mais elle l'était pourtant bien. Andréa ne m'adressait pas le moindre regard, se contentant de saisir son verre pour le vider d'une traite. Personnes ne pailla de surprise tandis qu'il affirmait, ainsi, son propre séjour au commissariat ou toute autre forme carcéral. Et personnes n'osa lui demander le pourquoi du comment. Cependant, certains se décidèrent à imiter son geste, abandonnant l'idée de me forcer à révéler quoi que ce soit. Mes épaules s'affaissèrent de soulagement. Décidemment, ce soir, nombres de preux chevalier se révélaient à moi. Même les plus insoupçonnés.

A ma grande surprise, hormis moi et Andréa, peu d'autres levèrent leurs verres. Seulement un ou deux amis à la bande de Cameron, qui, tous, expliquèrent que cela avait été suite à une beuverie quelconque lorsqu'ils étaient adolescents. Ils affirmaient tous que j'étais une gentille fille sage, mais ils n'étaient pas, non plus, de grands rebelles contrairement à ce qu'ils voulaient laisser croire. Enfin. J'imaginai que la rébellion ne rimait pas, systématiquement, avec prison.

- A mon tour ! Fit Kaï après quelques secondes de bavardage. J'en ai une sympa : doivent boire tout ceux qui n'ont jamais eu envie d'embrasser quelqu'un dans la pièce.

Tamara bougonna aussitôt, reposant son verre bruyamment et peu élégamment, renversant même quelques goûtes sur le parquet d'un Cameron qui ne sembla pas s'en alarmer le moins du monde. Je souris en coin, amusée et ne pouvant m'empêcher de me demander qui elle avait eu l'envie d'embrasser. Cameron ? Peu probable. Je ne les voyais pas attirés l'un par l'autre. Andréa ? Certainement pas. Ils s'entendaient trop comme chien et chat. Kaï alors ? C'était une possibilité.

Machinalement et perdue dans ma réflexion, je pris mon verre pour boire une gorgée, vite suivis par quelques autres bien que nous soyons une grande minorité. Je croisai le regard de Kaï qui m'adressa aussitôt un clin d'œil, me pointant du doigt son verre resté sur le sol. Je roulai des yeux. Tellement subtile. Il prit le parti d'en rire, se contentant de retourner à sa conversation avec deux garçons de deuxième année.

- Tu ne bois pas, Cameron ?

Bon sang. Dieu des céréales, qu'avais-je pu te faire pour mériter ça ? Je tournai à peine le visage, contemplant, en biais, Nathanaël. Il n'allait pas oser, pas vrai ? Il n'allait pas oser me faire un coup pareil ? Son regard évita le mien, restant focalisé sur celui à qui il s'adressait alors que toute l'attention ce portait sur eux.

- Tu n'es plus sûr de ta vue, Nath ? Rétorqua Cameron, calmement.

- Qui donc notre monsieur romantique aurait-il eu envie d'embrasser ? Ne réponds pas trop vite, je risquerai de penser que c'est moi, sourit-il à pleine dent.

De nouveau quelques rirent. Mais certainement pas le mien. Je fusillai désormais Nathanaël du regard, hésitante face à l'idée de lui balancer un coup de coude qui serait infiniment trop peu discret. Il ne me regardait toujours pas, m'ignorant royalement. J'allais le tuer. Le transformer en steak. Mieux. En merguez. Cela lui allait bien mieux. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je détestai la situation dans laquelle il tentait de me mettre. Et puis c'était quoi son problème ? Il n'était pas censé avoir été amoureux de ce type ? Comment pouvait-il, aussi librement, tenter de me caser avec lui après ça ?

Cependant, malgré ma gêne, je devais reconnaître être soulagée. Nathanaël plaisantait de son homosexualité avec celui même qui l'avait blessé dans son rejet. Il n'hésitait pas à rire, à se comporter comme à son habitude. Aucune gêne. Aucune douleur. Il était passé à autre chose. Il avait su passer à autre chose. Et j'en étais extrêmement admirative.

- Heden.

Mon nom avait claqué dans l'air. Prononcé dans une normalité étrange dans une telle situation. Je tournai la tête. Ses yeux se plantèrent dans les miens avec assurance. J'ouvris la bouche. La refermai. Et les rires me firent gronder lourdement. Nathanaël se pencha aussitôt vers moi, venant passer son bras autour de mon cou et frottant ma tête bien trop rudement. Je me débattis vaguement, sans grande conviction. Mon cœur battait trop fort dans ma poitrine. Il avait eu envie de m'embrasser.

- On va avoir un nouveeeau couple, s'époumona Tamara, redoublant mes joues rougies.

- Et toi, Heden ? Tu n'as pas envie d'embrasser notre charismatique chanteur ? Enchaîna Mathieu, tout aussi euphorique.

Je grimaçai. Je n'avais jamais eu l'envie de l'embrasser. Pas qu'il n'était pas attirant. Ou qu'il ne me plaisait pas. C'était juste que j'avais eu la tête ailleurs. Non. Le cœur ailleurs. Je ne savais donc quoi répondre, Nathanaël m'ayant placé, sans le vouloir, dans un embarras assez colossal. Je n'avais aucune réponse à fournir.

Mais, j'eus le courage de relever les yeux vers Cameron. Il semblait impassible, assis en tailleur et jouant, machinalement, avec son médiator qu'il faisait tourner entre ses doigts. Mais il attendait clairement une réponse de ma part. Alors je prenais le temps de réfléchir, ne cherchant pas à me défiler. La question était simple. Avais-je envie de l'embrasser ?

La réponse spontanée était non. J'aimais Derek. Que je le veuille ou non, je l'aimais encore. Et, tout comme Cameron, je n'étais pas le genre de personne à vouloir s'amuser sur ce genre de chose. D'autant plus qu'il était quelqu'un que j'appréciais et que je ne voulais pas blesser. Je savais bien trop ce que l'on éprouvait à espérer vainement. Mais si je prenais plus de temps pour y réfléchir, la réponse n'était plus aussi nette. Cameron était quelqu'un de bien. De vraiment bien. Il était le genre de garçon que plus d'une fille rêverait d'avoir à ses côtés. Il était prévenant. Gentil. Parfois un peu étrange. Et souvent mystérieux. Mais il m'avait énormément aidé jusqu'à présent et s'était montré, plus d'une fois, plus que prévenant. Et puis il était foutrement mignon, il ne fallait pas se voiler la face.

- Sincèrement, débutai-je, posant mes yeux devant moi, le silence tombant net dans la pièce. J'aimerai pouvoir dire que j'en ai juste envie. Mais c'est plus compliqué que ça et, actuellement, mes sentiments sont un peu... chaotiques. Cependant... si on me repose la question dans quelques temps, je suis certaine que ce sera un oui. Un oui sacrément franc.

Et je plantai mes yeux dans les siens, débordant d'une assurance que je ne me connaissais pas. Il me fixa en retour et détourna les yeux, hochant simplement la tête alors que ses propres joues rougissaient. Nous avions l'air de deux idiots. Et je fus la première à rire, entre nervosité et bonheur. Je fus vite rejoint par les autres qui chahutèrent autour de nous, nous taquinant sans vergogne et je ris avec eux, naturellement. Je l'espérai sincèrement. J'espérai sincèrement pouvoir me tourner vers Cameron. Pleinement.

- Vous êtes sûr ? Je vous assure qu'il y a assez de place pour vous.

- Sûr, souris-je à Cameron, adossé dans l'encadrement de sa porte. Désolé de t'abandonner avec ces énergumènes. Tu penses que ça va aller ?

- J'ai l'habitude, assura-t-il dans un haussement d'épaule. J'aurais bien voulu vous raccompagner, mais j'ai peur que si je les laisses ils ne transforment mon appartement en taudis.

- Nous raccompagner ? Répéta Nathanaël, l'air joueur. Tu veux dire que tu aurais bien voulu « la » raccompagner.

Cameron ne décolla pas son épaule de la porte, jaugeant son ami de la tête au pied, sans réaction. Puis reposa ses yeux sur moi tandis que je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel, sans me sentir gênée de la réflexion. A force, je m'habituais. Et, au vue de toutes celles que j'avais reçues durant la soirée, j'étais désormais immunisée.

- Ils finiront par se lasser, m'assura-t-il, ignorant royalement Nathanaël.

- Je n'en suis pas si sûr, répondis-je, adressant un regard en coin au premier concerné. Surtout concernant celui-ci.

- Je trouve juste que vous feriez un très joli couple, rétorqua Nathan, passant son bras autour de mon cou. Même s'il faudra que tu te fasses à l'idée que j'aurai toujours sa préférence, Cam.

Mon talon s'enfonça sur son pied, sans brusquerie. Mais, malgré tout, il geint vivement en s'écartant prestement, exagérant la chose. Je levai les yeux au ciel et il sourit à pleine dent, cessant son manège. Cameron sourit à en coin à son tour, regardant notre jeu avec un réel amusement. Derek n'aurait jamais pu avoir un tel regard. Je me rembrunis. Je ne pouvais plus m'empêcher de penser à lui. Je savais. Je savais que dans quelques minutes j'allais devoir lui faire face. J'allais devoir lui déballer des choses que j'avais enfouis durant des années. J'allais devoir, définitivement, renoncer à un sentiment qui m'enivrait depuis que j'étais en âge de réaliser que ce que j'éprouvai était de l'amour.

- On y va, me somma finalement Nathanaël. Sinon ton amoureux transit risque de ne plus vouloir te laisser partir.

- T'es lourd, Nath, soupira Cameron.

- Je ne fais que dire tout haut ce que tu penses tout bas, rétorqua Nathanaël, toujours tout sourire.

- C'est ça, c'est ça. Je pense être assez grand pour m'exprimer moi-même, désapprouva-t-il avant de tourner, légèrement, la tête alors qu'on hélait son prénom depuis l'intérieur. Je vais devoir vous laisser... Je crois que ma fin de soirée va être mouvementée.

- Si Tamara vomit, je veux une vidéo ! Rit aussitôt Nathanaël, balançant une grande tape amicale dans le bras d'un Cameron bien moins enjouée par l'idée.

Cameron écarta son dos, nous offrant un dernier petit signe de la main. Du moins, presque. Alors qu'il allait refermer la porte de son appartement, nous laissant sur le palier, il se stoppa dans son mouvement. Il sembla hésitant, mais son regard finit par rencontrer le mien. Un instant, je crus qu'il allait ouvrir la bouche, cependant, presque aussitôt, il posa les yeux sur Nathanaël, aussi intrigué que je l'étais. Et il se rétracta, se contentant de nous offrir un dernier sourire avant de disparaître derrière sa porte.

Pendant un instant, nous échangions un regard silencieux avec Nathanaël, ni l'un ni l'autre ne sachant que penser de ce qu'il venait de se passer. Je pris le partit de hausser les épaules, me dirigeant vers les escaliers qui nous conduirait vers l'extérieur, Nathanaël me suivant sans protester. Il attrapa ma main, venant la loger sur son bras auquel je m'agrippai instinctivement tandis qu'une fois à l'extérieur je frissonnais violemment. L'air se faisait de plus en plus frais et les premiers flocons ne tarderaient pas à tomber. Du moins, je l'espérai.

Je n'aimais pas l'hiver, exécrant les basses températures qui m'obligeaient à m'emmitoufler sous quatre épaisseurs qui ne suffisaient même pas à me réchauffer. Plus encore, je détestai tous les désagréments de l'hiver : les trottoirs qui glissent, les transports en commun qui paniquaient comme s'ils n'avaient jamais connus ce genre de chose, l'euphorie des gamins qui se mettaient à brailler et à courir partout, les boules de neige malencontreusement lancées dans notre figure et le froid. Encore et toujours le froid.

Mais j'aimais l'atmosphère des premières neiges. Tout devenait plus calme, plus serein. C'était comme si le temps s'arrêtait le temps d'une petite matinée. Il n'y avait plus que les flocons qui dansaient dans le vent avant de s'écraser, élégamment, sur le sol. Puis elles se transformaient, perdant tout éclat pour finir par disparaître. Mais, juste le temps d'une matinée, j'appréciais cette nature éphémère.

- Tu as froid ? S'enquit Nathanaël, venant déjà passer un bras autour de mes épaules et me ramenant un peu plus prêt. Tu veux ma veste ?

- Ca va aller, assurai-je. L'appartement de Cameron est vraiment proche du mien, je serais vite au chaud.

- Tu es prête ?

- Prête ? Répétai-je, distraitement. Pour affronter Derek, tu veux dire ?

- Exact.

- Non, souris-je aussitôt, tristement. Mais j'imagine que je ne me sentirai jamais prête.

- Tu sais que rien ne t'oblige à lui parler, surtout ce soir. Nous avons passés une journée de folie et tu dois être épuisée, on peut directement aller chez moi et nous mâter un bon film. Celui qui te fera plaisir. On peut même s'arrêter en chemin pour acheter du pop-corn.

- C'est très tentant, admis-je dans un nouveau sourire, cette fois naturellement. Mais si je recule ce soir, j'ai le sentiment que rien ne changera jamais. Et je ne veux pas de ça. Je ne veux pas continuer dans cette voie là. Je vais donc prendre mon courage à deux mains, discuté avec lui et ensuite, si ta proposition tient toujours, je veux voir le Roi Lion !

- Très bon choix de film, approuva-t-il d'un hochement de tête qui se veut dynamique mais qui ne parvient pas à l'être. J'attendrai sur ton palier. S'il y a le moindre problème je pourrais rapidement intervenir.

- Tu t'attends à un combat de catch ou quoi ? Rétorquai-je, arquant un sourcil, sceptique. Pourquoi aurais-tu besoin d'intervenir ?

- Ce type est un tel abruti que je ne sais pas à quoi m'attendre avec lui. Il pourrait péter un câble lorsque tu lui diras que tu veux plus de lui.

- Il ne me fera aucun mal, assurai-je, me braquant quelque peu, malgré moi.

- Tu plaisantes ? Se braqua-t-il à son tour. Et tout ce qu...

- Physiquement, rajoutai-je, sentant l'énervement de Nathanaël remonter en flèche. Il n'est pas violent. Du moins, pas avec moi.

- Mouai. Je préfère être prudent.

- Comme tu voudras. Mais je persiste à dire que tu n'as pas besoin d'attendre devant la porte. La conversation risque de durer longtemps, tu devrais donc simplement rentrer chez toi et je viendrai dès que ce sera fini.

- Aucune chance, répondit-il sobrement. Tu peux bien passer le reste de la nuit à lui parler, j'attendrai devant ta porte et rien ne me fera changer d'avis. Donc garde ta salive, princesse.

- Arrête avec ce surnom, grognai-je. Je n'ai rien d'une princesse.

- Tu as tout d'une princesse. Tu es juste incapable de le voir.

Et, sur ces mots, il pinça, affectueusement, ma joue. Je grognai un peu plus, tapant dans sa paume et il se contenta de sourire, repassant son bras autour de mes épaules pour me permettre de profiter de sa chaleur. Je marchai silencieusement avec lui, le cœur un peu lourd d'une angoisse qui montait au fur et à mesure que je voyais les immeubles défiler. Bientôt, je me tiendrai en face d'une personne que j'avais évitée durant des semaines. Devant une personne à qui j'allais devoir déballer tout un tas de chose. J'avais peur. Peur d'entendre des mots pourtant inévitables. Peur de briser, définitivement, une relation que j'avais pratiquement toujours connues. Derek était important. Plus qu'important. Il avait été un tout pendant des années. Et je souhaitai qu'il le reste. Mais pas de cette façon. Pas de façon si malsaine.

- J'aimerai tellement pouvoir être avec Derek comme je suis avec toi... tout aurait été tellement simple si je n'étais jamais tombée amoureuse, murmurai-je, le regard dans le vide.

- Vous avez partagé beaucoup de chose, n'est-ce pas ? Me questionna Nathan, resserrant sa main sur mon épaule, tentant de m'apporter du réconfort.

- J'ai presque envie de dire qu'il m'a pris toutes mes premières fois, souris-je en coin. C'est avec lui que j'ai bu mon premier verre. Avec lui que j'ai eu mon vrai premier fou rire. Avec lui que j'ai eu mes premiers ennuies. Avec lui que j'ai appris à avoir le droit de faire ce qui me plaît. Avec lui que j'ai appris à conduire... et ainsi de suite. Je sais qu'il a mal agit... mais une part de moi est heureuse qu'il l'ait fait. Parce que cela nous a permis de vivre toutes ces choses.

- Peut-être que vous les auriez tout autant vécu s'il avait été franc avec toi, désapprouva Nathan, sans s'emporter cette fois-ci.

- J'en doute. S'il m'avait clairement rejeté dès le départ, je pense que je n'aurai jamais agis de la même façon durant tout ce temps. J'aurai cherché à fuir, à m'écarter. Parce que j'ai toujours sus que si je restai à ses côtés, mes sentiments ne cesseraient de croître. Alors face au rejet, je me serais protégée... et il le sait tout autant que moi.

- Alors il a tout fait pour que cela ne se produise pas, soupira Nathanaël. Dans un sens... j'aimerai juste dire que ce n'est qu'un pauvre type qui n'a pensé qu'à sa gueule. Mais dans un autre... je peux comprendre. Tu m'as retourné la tête en quelques mois, j'ai donc du mal à concevoir ce que l'on peut éprouver à l'idée de te perdre lorsqu'on te connait depuis des années.

Je pouffai faiblement, peu convaincue par ses paroles et, en retour, il me pinça, l'air sévère et mécontent que je ne croie pas en son affirmation. Je me contentai de hausser les épaules. Je n'avais rien d'exceptionnelle. Sinistrement rien qui pouvait pousser qui que ce soit à tant craindre de me perdre. Sauf Derek. Mais c'était différent. Nous avions été trop proches, trop liées. Ce n'était pas que j'étais exceptionnelle. C'était juste que j'avais eu la chance d'être différente pour lui. Pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi n'avais-je pas, simplement, été l'une de ses nombreuses conquêtes ? D'accord, je n'étais pas tout à fait son style. Mais j'avais quelques charmes. Enfin. Je crois. Après tout, je plaisais bien à Cameron, non ?

Je ne comprenais pas pourquoi il avait décidé que, moi, je serais une amie. Une véritable amie. Non. Peut-être plus que cela. Quelqu'un d'extrêmement spéciale. Quelqu'un avec qui il allait entretenir une relation dont la définition n'était pas possible. Ni une petite-amie. Ni une sœur. Ni une meilleure amie. J'étais plus. Ou, plutôt, j'avais été plus.

- Nous y sommes.

Nathanaël se plantait devant mon immeuble et j'en fis de même, levant les yeux vers le troisième étage. Le salon était allumé. Il m'attendait. Mon cœur loupa un battement avant de laisser glisser l'angoisse dans mon estomac qui se noua douloureusement.

- Accroche-toi, m'encouragea Nathanaël, percevant, sans doute, la soudaine pâleur de ma peau. C'est juste un mauvais moment à passer, ensuite tout ira mieux.

- Je n'ai pas ton optimisme, grimaçai-je. Mais il est trop tard pour reculer.

Sobrement, je m'avançai donc, tapant le code d'entrée de l'immeuble avant d'en ouvrir la porte qui grinça lugubrement. Ou peut-être n'était-ce qu'un tour de mon esprit. Ou du Dieu des céréales. Aller savoir. Nathanaël passa devant tandis que je traînai un peu des pieds. Décidée à me focaliser sur autre chose jusqu'au dernier moment – et ainsi d'éviter de rendre le contenu de mon estomac à cause du stress – je me mis à compter les marches. Une à une. Lentement. Nathanaël ne chercha pas à m'interrompre, avançant dans une même lenteur exagérée. Lui non plus n'avait pas envie que le moment fatidique arrive.

Pourtant, après quarante cinq marches très précisément, je fus face à la porte de mon appartement. Mon cœur allait rompre tant il se mit à battre démesurément dans ma poitrine. Je n'avais pas envie d'être là. Je n'avais pas envie de l'affronter. Je n'avais pas envie de me retrouver dans cette situation. Mes ongles s'enfoncèrent dans mes paumes. Mon souffle se bloqua dans ma gorge. Je voulais juste que tout devienne simple. Que tout ce règle comme par magie. Mais ça, ce n'était que des rêves d'enfants. Les choses n'étaient pas simples. Elles ne l'étaient jamais. Cependant, nous pouvions toujours agir pour les arranger. Je fermai les yeux, tâchant de me calmer et me tournai vers Nathanaël :

- Toujours décidé à rester là ?

- Toujours, approuva-t-il, retirant déjà sa veste et se laissant choir sur une marche de mon pallier. Vas-y et, surtout, n'oublies pas : au moindre souci, tu m'appelles.

- Promis, assurai-je. Mais ça va aller.

Ces derniers mots semblaient autant lui être destiné, qu'adressé à ma propre personne. Je tentai, vainement, de me convaincre que tout irait bien. Mais comment la situation pourrait-elle tourner positivement ? C'était inenvisageable. Totalement inenvisageable.

J'hésitai une nouvelle fraction de seconde mais secouai la tête. Je n'étais plus une gamine. Je devais faire face. Avant de réfléchir un peu plus à ce qui allait se passer et, ainsi, redoubler mon angoisse, je me tournai vers la porte, enfonçant la poignée qui céda aisément pour me laisser entrer. J'adressai un mince sourire à Nathanaël en refermant la porte derrière moi, lui promettant simplement, et sans aucun doute stupidement, que je ferai au plus vite.

Notre appartement avait une petite entrée dans laquelle je pris le temps de retirer ma veste en cuir, profitant du dernier moment de calme avant la tempête. Du moins, c'était ce que j'avais escompté. Mais Derek avait du entendre le bruit de la porte et, trop rapidement à mon goût, j'entendis le bruit de ses pas s'avancer dans ma direction. Mon cœur se cala à ses bruits de pas et mon cerveau débuta un décompte qui occupa tout mon esprit : Quatre. Trois. Deux. Un...

- Salut.

Mon cœur loupa un battement et mes doigts se crispèrent sur mon blouson. Je mis un instant avant de terminer le mouvement que j'avais initié, posant le vêtement sur un cintre avant de le glisser dans un placard présent dans le hall. Je me retournai, calmement. En apparence. Et enfin, je rencontrai ses yeux bleus qui se plantèrent dans les miens. Calmes. Du moins. En apparence.

- Salut, fis-je à mon tour, étrangement mal à l'aise. Tu ne dormais pas ?

- J'n'ai pas réussi à dormir, avoua-t-il, sobrement. J'étais inquiet. C'est la première fois que tu pars en soirée sans moi, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander si tout allait bien pour toi.

- Tu n'aurais pas dû. Ce n'était pas comme si j'étais partie seule, Nath était avec moi, rétorquai-je, essayant au mieux de ne pas me laisser attendrir par sa douceur.

- Je ne connais pas assez ce type pour me sentir serein à l'idée qu'il t'embarque dans ses mauvais plans.

- Ce n'était pas un mauvais plan, nous sommes juste allés chez Cameron, désapprouvai-je. Enfin peu importe. Je vais me faire un café, tu en veux un ?

Il ne répondit pas et je levai les yeux vers lui, inquisitrice. Il me fixa un long moment avant de hocher la tête et de disparaître dans le salon, me soulageant grandement. Je soupirai discrètement avant de m'avancer dans la cuisine qui donnait, partiellement, sur le salon.

- Tu as passé une bonne soirée ? S'enquit-il, sa voix luttant pour ne pas se teinter d'amertume.

- Excellente, répondis-je, sans chercher à mentir. Tamara avait un peu abusée de la bouteille mais elle a l'alcool... jovial. Un vrai pot de glue.

- Tu t'entends bien avec eux, murmura-t-il, les yeux dans le vague.

- C'est une question ?

- Plutôt une affirmation.

- Et c'est un problème ?

- Non. Oui. Enfin... si notre relation n'était pas entrain de voler en éclat, je trouverai ça bien. Mais dans l'état des choses, j'ai juste peur qu'ils prennent ma place.

Je ne relevai pas les yeux de l'évier où j'étais entrain de laver ma tasse fétiche. Une grande tasse en céramique blanche, recouverte de pattes de chat noires. Un cadeau de Derek. Elle avait vécu une longue vie pour une tasse. Surtout lorsque je connaissais ma maladresse. Je ne comptais plus le nombre d'assiette et de verre que j'avais brisés au cours de ma courte vie. Mais j'avais toujours pris grand soin de tout ce qu'il m'offrait.

Mais son regard braqué sur moi pesait dans ma nuque. Il attendait une réponse de ma part. Réponse que je n'étais pas apte à fournir. Je comprenais sa peur, mais n'avais aucune envie de la faire disparaître.

- Heden, murmura-t-il. Je sais que tu es en colère ma...

- Est-ce que tu me permettrais de débuter cette conversation ? Coupai-je en abandonnant ma tasse dans l'évier, à contre cœur.

Nous échangions un nouveau regard qui perdura quelques secondes avant qu'il ne hoche la tête. J'abandonnai donc l'idée du café, Derek ayant, visiblement, assez attendu. Je m'avançai dans le salon, me laissant choir à côté de lui dans le canapé. Je me mis à fixer l'écran noir de la télévision, triturant mes doigts entre eux. Un silence pesant s'établit, entrecoupé par les martellements de mon cœur contre les parois de ma poitrine. Ma nervosité explosait les conteurs. Estomac, gorge, doigt, esprit. Tout était noué. Et pourtant, je trouvai la force de rouvrir la bouche, balançant d'une traite ce que je redoutai tant de dire :

- Je suis amoureuse de toi Derek. Je suis amoureuse de toi depuis que je suis une gamine et je...

Ma voix s'étouffa dans ma gorge. Merde. Merde. Merde. Je l'avais véritablement dit. D'une traite. D'un bloc. Trop certaine que si je ralentissais le rythme, je ne parviendrai pas à le dire. Pas à le formuler. Mais au fond, je ne formulai là que le quart de mes réels sentiments. Pourtant, cela suffisait. Un poids immense venait de quitter mes épaules, se volatilisant brutalement et me laissant vide. Etrangement vide. Je portais mes mains à mon visage, recouvrant mes joues brûlantes. Je l'avais dit. Je l'avais enfin dit. J'avais formulé mes sentiments. J'avais osé les dire.

Inquiet, Derek posa une main dans mon dos sans comprendre que ma gorge ne se nouait pas de tristesse. Pas cette fois. J'étais juste soulagée. Enfin soulagée. Un léger rire s'échappa à mes lèvres. J'avais été tellement idiote. Si seulement j'avais pus avoir le courage de tout lui dire bien avant. Si seulement j'avais eu l'audace de croire un peu plus en nous, de croire que, malgré son rejet, notre amitié perdurerait.

- Mais tu le savais déjà, repris-je, tâchant de conserver un semblant de sérénité. Et, plus encore, tu l'as utilisé à ton avantage.

Derek se crispa, sa main dans mon dos cessant ses mouvements. Je tournai la tête, lui faisant face avec tout le courage encore à ma disposition et profitant du fait que mes yeux ne s'embuaient pas encore. Il se détourna presque aussitôt, ramenant ses bras le long de ses cuisses et se voûtant en avant pour faire tomber ses cheveux devant son visage. Il cherchait, clairement, à m'éviter. Mais, tout comme moi, il était au pied du mur :

- Je m'en doutais plus ou moins, effectivement. Mais je ne l'ai pas uti...

- Derek, coupai-je. Tu veux vraiment me prendre pour une idiote ? Toutes ces fois où tu m'as embrassées, toutes ces fois où tu as soudainement agis différemment... tu n'agissais ainsi que lorsque tu sentais que j'allais t'échapper. Tu as toujours veillé à me donner de faux espoirs. De puissants faux espoirs.

Il serra les poings et les dents, sa mâchoire se faisant aussi saillante que ses phalanges. Il avait clairement envie de nier, clairement envie de me dire que je faisais erreur, que je me trompais. Mais il ne parvenait pas à le faire. Il savait. Il savait que je n'avais plus aucun doute, qu'il ne pourrait plus me mener par le bout du nez. C'était terminé. Je ne me laisserai plus entraîner dans sa danse.

- Je... je voudrais dire que je suis désolé, finit-il par dire, sa voix se faisant murmure. Mais ce ne serait qu'un mensonge. Laisse-moi terminer, enchaîna-t-il vivement en me voyant ouvrir la bouche, prête à l'interrompre. S'il te plaît.

Je consenti à me taire, refermant ma bouche entrouverte. Il me remercia dans un murmure, retournant à sa contemplation du mur après seulement quelques secondes. Il prit un temps de réflexion, rassemblant des pensées que je soupçonnai chaotiques. Tout comme les miennes.

- Heden. Tu ne te rends probablement pas compte mais... tu m'as sauvé. A plus d'une reprise. Ta présence dans ma vie m'a empêché de sombrer, m'a empêché de faire trop de bêtise, m'a empêché... de dérailler. Si tu n'avais pas été là, si tu n'avais pas été dans ma vie durant toutes ces années... je ne sais pas ce que je serais devenu.

- Ne dis pas de bêtise, soupirai-je. Derek tu as le monde à tes pieds, tu peux être ami avec qui tu le sou...

- La seule personne avec qui j'ai désiré être ami, c'est toi, Hedwige. Toi et toi seulement.

Je n'avais rien à redire à cela. Même si je peinai à comprendre. Mais il ne me laissa pas l'occasion de trop réfléchir à ses paroles, continuant dans sa lancée :

- Si tu me demandais la logique de tout ça, je serais incapable de le faire mais... tu as toujours été différente. Plus encore. Essentielle. J'ai besoin que tu sois à mes côtés, j'ai besoin de te savoir à mes côtés... et si tu m'avais déclarée tes sentiments, bien avant, je sais que j'y aurai répondue positivement. Parce qu'être ton petit ami me convient. Plus encore, je serais vraiment heureux de l'être.

- Mais tu ne m'aimes pas, Derek, soupirai-je. Tu ne m'as jamais aimée.

- C'est faux ! S'emporta-t-il, me dévisageant froidement. Je t'aime, Heden. Je t'aime à en devenir dingue, même à en crever... mais peut-être pas de la même façon que toi. Mais qu'est-ce que cela peut faire ? Cela ne change pas grand-chose, non ? J'ai envie d'être avec toi, je veux te choyer, te protéger, te donner tout ce que tu désires...

Tout ce que je désirai hein ? Je reposai mes yeux sur l'écran de la télévision. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas m'offrir ce que je désirai. La seule chose que je désirai réellement. Qu'il me regarde moi. Moi uniquement. Comme il regardait Marie. Mon cœur se serrait, ne battant plus aussi follement. Le vide se creusait. Je l'avais d'abord trouvé libérateur, mais, de plus en plus, il devenait douloureux.

- Je n'ai pas envie d'une relation où j'aurai toujours conscience que mon amour n'est pas partagé, soufflai-je, morne. Et tu n'en as pas envie, non plus. Ne tentes même pas de le nier, rajoutai-je en le voyant déjà prêt à s'emporter. Sinon, pourquoi ne te serais-tu pas contenter de me faire croire que tu étais amoureux de moi, bien avant ?

Il se stoppa net, ses yeux fuyant les miens instantanément. Je visai juste. Derek n'avait aucune envie d'être véritablement en couple avec moi. Oh, bien sûr j'étais certaine qu'il aurait été prêt à l'être pour s'assurer que je reste à ses côtés. Il m'aurait été fidèle. Il m'aurait traité avec douceur. Il m'aurait rendu heureuse. J'en étais convaincue. Je n'avais même aucun doute sur ces faits. Mais ce n'était pas ce qu'il désirait. Derek voulait s'amuser, batifoler avec autant de fille que possible. Etre libre. Ou peut-être désirait-il quelqu'un d'autre. Une personne très précise. La seule pour qui il aurait réellement souhaité se ranger. Mais, quoi qu'il en fût, cela ne concordait pas avec l'idée d'être avec moi. Pas en tant que petite amie.

- J'ai fais pas mal de connerie ces dernières années, mais maintenant je suis prêt à me ranger, affirma-t-il, suivant le fil de ma pensée. Si ce qui t'inquiète est ma fidélité, je peux t'assurer que je n'irais pas voir ailleurs. Je n'ai aucune intention de te faire souffrir.

- Tu l'as pourtant déjà fait.

J'avais été plus cassante. Plus froide. Et je m'en mordais déjà les doigts en voyant son visage blessé. Mais je continuai :

- Et tu continueras à le faire tant que tu n'admettras pas que tout ce que tu as fais et escompte faire, n'as jamais et ne sera jamais la solution.

Doucement, je m'agenouillai face à lui, passant mes mains par-dessus les siennes. Cette fois, il ne put fuir, devant laisser ses yeux dans les miens. Il semblait déboussolé. Et, pour la première fois, je me sentais bien plus assuré qu'il ne l'était. Pour la première fois, je prenais une décision pour nous. Je menais la danse.

- Derek, écoute, je vais ne pas t'abandonner brusquement juste parce que tu ne me retournes pas mes sentiments. Je ne vais pas non plus me volatiliser. D'accord, notre relation risque de changer..., admis-je en le faisant se crisper vivement. Mais elle ne se brisera pas pour autant si nous faisons le nécessaire. Il faut que tu me laisses du temps... que mes sentiments redeviennent ce qu'ils auraient toujours dû être : de la pure et simple amitié.

- Je n'ai aucune envie que notre relation change, insista-t-il, venant serrer ses doigts autour des miens. Heden, je te jure que je peux te rendre heureuse. J'ai sus le faire jusqu'à maintenant, non ? Alors pourquoi je ne pourrais pas continuer ? Non. Faire mieux encore. Je suis...

- Derek, coupai-je. Regarde-moi, tu trouves que j'ai l'aire heureuse ?

Il me fixa un instant avant de se pincer les lèvres et de laisser tomber son front contre mon épaule. J'hésitai à passer une main dans ses cheveux, comme je l'avais toujours fait. Mon cœur était lourd. Tout comme devait l'être le sien. Mais je ne le fis pas, me contentant de le laisser s'avachir contre moi.

- S'il te plaît, murmura-t-il. Laisse-moi une seconde chance, je te prouverai que je peux être un bon petit-ami.

- Je n'ai pas envie que tu sois mon petit-ami, désapprouvai-je. Pas dans ces conditions. On ne ferait que se faire souffrir l'un l'autre et cela risque de finir en drame. On peut éviter ça. Mais pour ça, il faut que tu aspectes l'idée que notre relation change. Au moins pendant un certain temps.

Son bras passa autour de ma taille, me ramenant autoritairement contre lui. Comme pour me dire qu'il refusait de me lâcher, qu'il refusait de me laisser partir. Et ça soulevait mon cœur plus durement que jamais. Il n'avait pas le droit de me faire me sentir coupable. Pas après tout ce qu'il avait fait. Pas après avoir été si égoïste. Je comprenais. Je comprenais ses paroles. Je comprenais pourquoi il avait fait tout ça. Parce que, à sa place, j'en aurais probablement fait tout autant. J'avais besoin de lui. J'avais toujours eu besoin de lui. Peu importe le prix à payer pour ça. Mes yeux s'embuèrent quelque peu.

Mais les choses devaient changer. Moi aussi j'avais besoin d'être égoïste.

- Si tu n'es pas capable de l'accepter, tu me perdras complètement. Je ne supporterai plus cette situation. Quoi que cela m'en coûte.

Ses bras refermèrent leur prise. Durement. Douloureusement. Et il redressa la tête, me fixant avec surprise. Son souffle semblait aussi bloqué que le mien. Ses yeux restant logés dans les miens, cherchant à savoir si je bluffai ou non. Mais ce n'était pas le cas. Plus question de reculer. Plus question de jouer les petites filles qui se leurraient dans des rêves illusoires. Plus question de se montrer faible. Je l'affrontai donc, sans reprendre la parole.

Et mon cœur éclata un peu plus en morceaux lorsque ses yeux s'emplirent de larme qu'il ne parvint pas à retenir. Je l'aimais. Je l'aimais tellement. Je l'aimais à en crever. Je serrai les dents, baissant les yeux la première. Mais après quelques secondes où il posa ses mains devant son visage, camouflant un état dans lequel je l'avais rarement vu, je me redressai et me reculai de quelques pas.

- Prend le temps d'y réfléchir, murmurai-je. Je vais aller dormir quelques temps chez Nathanaël.

Il ne répondit pas, gardant sa tête enfouis dans ses paumes. Plus question d'être de se montrer faible. Plus question de se montrer faible. Plus question de se montrer faible. J'allais vomir. Au prix d'un ultime effort, je me détournai définitivement, seul le bruit de pas sur le parquet comblant le vide qui nous entourait. Je rassemblai quelques affaires dans un sac et une fois devant la porte, j'hésitai encore une dernière fois. Si j'appuyai sur cette poignée, que deviendrait mon monde ? Il n'y en aurait plus. Mon monde c'était lui. Mon monde n'était pas là-bas. Mon monde n'était pas derrière cette porte. Je voulais reculer. Je me mordis la lèvre. Les larmes roulant sur mes joues. Je voulais juste être avec lui. Je voulais juste rire avec lui. Je voulais juste être heureuse avec lui. Nous aurions pu l'être, n'est-ce pas ? Nous aurions pu nous rendre mutuellement heureux. Il me l'avait promis à l'instant. Et j'étais apte à le rendre tout autant heureux. J'en étais certaine.

Mais pour combien de temps encore ? Comment une relation sans amour pourrait-elle fonctionner sur le long terme ?

Mes doigts hésitants sur la poignée se raffermirent. J'appuyai. Et dès qu'il me vit franchir la porte, Nathanaël se redressa d'un bond, juste à tant pour me réceptionner. J'éclatai en sanglot, incapable de le refouler. C'était fini. C'était fini. C'était fini. Le mot tambourinait en moi, me lacérant la poitrine. Nathanaël referma ses bras autour de moi, m'enlaçant aussi fort qu'il le pouvait. Mais le vide resta. Mon monde venait de s'écrouler.

Je dansais désormais seule dans le noir. 

Continue Reading

You'll Also Like

4.3M 273K 36
Ce qui me revient de droit ... Pour comprendre l'amour , faut le vivre !
795K 86.2K 37
Lorsqu'elle découvre le visage de celui qui est sur le point de détruire sa vie, Sienna est loin de s'attendre à faire face à un homme balafré et qui...
37.9K 3.5K 78
Eléonore a vu sa vie basculer deux ans plus tôt. Un besoin viscéral de changement la pousse à quitter Paris, son travail de médecin et ses amis. Ains...
2M 20.5K 27
Moi c'est Zaineb, j'ai 16 ans et 3 gardes du corps, euh.. non j'voulais dire 3 frères.. Mon père est en prison depuis mes 5 ans, c'est donc ma mère...