Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

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| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 22

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By VicArroyo

– Je pense que Charly est en pleine dépression, là, lance Betty, à moitié en riant, essayant probablement de faire de l'humour.

– Elle déprime. Ce n'est pas pareil.

Plusieurs têtes se tournent dans la direction de Chloé qui déjeune seule à une table du réfectoire, un peu en retrait.

– Comment ça ? demande Samy.

– La dépression est une maladie. Charly va juste mal.

– Et alors, ce n'est pas moins important ! rétorque Sandie.

J'adore quand on parle de moi comme si je n'étais pas là.

– Je n'ai pas dit que ça l'était. C'est une question de vocabulaire qui ne veut pas dire la même chose.

Ils vont vraiment détailler mon état mental alors que je suis à un mètre d'eux ?

– Ben, l'idée c'est qu'elle broie du noir, quoi.

– Eh bien, quelles observations ! Je ne m'en porte que mieux. Merci à tous pour votre diagnostic, sifflé-je entre mes dents en me levant.

Je m'éloigne en entendant leur gêne s'exprimer. Ils n'avaient pas vu que j'étais là. Ce qui veut dire qu'en plus d'être ou ne pas être dépressive, je suis clairement transparente. Un pur bonheur de travailler avec ces gens-là.

Je marmonne dans ma barbe jusqu'à planter mes fesses dans mon fauteuil de bureau. J'essaie de me raccrocher au fait que dans quelques heures, je serais en week-end et je pourrais me terrer au fond de mon lit sans que personne ne vienne m'emmerder.

Je soupire et m'efforce d'évincer tous les souvenirs de ma grand-mère qui me hantent depuis plus de vingt-quatre heures, la tentative de communication de ma mère et les appels incessants d'Alex. À lui seul, il a inondé ma messagerie vocale pour que je vienne assister à l'enterrement de mon grand-père.

Non, mais vraiment ? À quel moment le courant a stoppé son parcours d'un hémisphère à l'autre de son cerveau ? Parfois, je me demande s'il ne prend pas autant de plaisir que le reste de ma famille à me torturer. L'anniversaire de grand-père a été une telle réussite que je doute qu'une seule des têtes présentes souhaite me voir apparaître pour dire au revoir à l'homme que je méprisais le plus. Quoique... Personne n'est encore arrivé au niveau de mon père en fait, mais ils concouraient vraiment dans la même catégorie. Cela dit, Ghislain Sanders vient d'être battu par forfait.

– Charly, on peut se voir deux minutes, s'il te plaît ?

Chloé est de retour de sa pause. Son bureau est rempli de pochettes que je ne reconnais pas, de couleur rouge, avec de gros triangles encadrant des points d'exclamation, tel un panneau "attention".

– Tu as eu le temps de préparer la présentation pour le salon des métiers ?

– Quelle présentation ? demandé-je, cherchant dans mon esprit, en vain, ce à quoi elle pouvait se référer.

– La pochette que je t'ai donnée lundi quand tu es rentrée chez toi.

– J'ai parcouru les papiers qu'elle contenait, mais c'était des flyers de l'agence et des documents sur ce qu'on y fait. Je me suis dit que c'était à titre informatif.

Chloé se redresse en même temps que son sourcil. Je sens que la moutarde lui monte tranquillement au nez.

– Et tu ne tu n'es pas dit par hasard que ce que contenait la pochette était probablement lié aux indications que je t'ai fait parvenir par texto le soir même ?

Mes paupières s'abaissent alors que les souvenirs me reviennent en mémoire. Ces fameux textos... que j'ai totalement zappés. Je me racle la gorge en faisant une grimace.

– Tu n'as pas reçu mes messages ? demande-t-elle, sceptique.

–... Si.

– Tu ne les as pas ouverts alors ?

–... Si, si.

Je pourrais presque sentir d'ici la chaleur des boules de feu qui se préparent dans ses yeux.

– Charly, ce n'est pas sérieux ! Tu as oublié que tu travailles en équipe ?

– Non, non.

Je me racle à nouveau la gorge, me jugeant vraiment très stupide lorsque je lui révèle la véritable raison.

– En fait, je les ai ouverts pour enlever les notifications, mais je ne les ai pas lus, et...

– Et tu as oublié, complète-t-elle.

– Oui, avoué-je après quelques secondes, dépitée.

Bon sang, mais quelle conne je fais ! Je n'arrive plus du tout à gérer mon esprit qui s'échappe dans tous les sens, et ça m'empêche complètement de me concentrer sur mon boulot. En vrai, j'ai de la chance que Chloé ne soit pas encore allée faire un rapport d'efficacité à Joanne, sinon elle m'aurait mise à pied depuis longtemps...

Je m'affaisse sur le fauteuil et m'excuse platement auprès de Chloé en sortant mon téléphone.

– Écoute, je te propose qu'on revoie ensemble tes directives par texto, et je m'y attelle toute cette après-midi pour que ça soit nickel...

– Tu as plutôt intérêt, le salon est demain, me coupe-t-elle, avec douceur cependant.

Je me mords les lèvres en réalisant à quel point je suis à la ramasse. Je pensais que le salon des métiers était bien plus tard, et je me souviens en effet que je devais préparer les visuels que Christophe va présenter à son stand.

J'ouvre mes messages et commence à chercher ceux du début de semaine, qui ont été engloutis par ceux de ma mère et mon frère. Qui aurait un jour cru que je puisse mettre du temps à trouver des textos, quand je n'en reçois habituellement jamais ?

Chloé semble s'impatienter et ma gêne augmente, ce qui ne me ressemble pas. En d'autres circonstances, cette situation me ferait presque rire, mais là j'ai l'impression d'enchaîner les impairs et je n'ai pas envie d'être sur la sellette. Il faut que je me reprenne, au moins quand je suis au travail.

J'appuie sur plusieurs touches en même temps, jamais les bonnes, et je dois m'y reprendre à deux fois pour enfin voir le petit "Chloé" affiché sur mon portable.

– Ça y est, j'y suis ! annoncé-je en brandissant mollement mon téléphone en signe de victoire, devant une paire de noisettes grillées. Hum... Bref. Alors...

Je commence à lire les textos, quand je réalise que quelque chose cloche.

– Chloé...

– Quoi ? demande-t-elle vivement, clairement excédée que je ne sois pas encore en train de marteler mon clavier de mon devoir professionnel.

Au fur et à mesure que je lis son dernier message, une multitude de sentiments me traverse, et ce ne sont clairement pas que des bons.

Tu sais, j'ai beau essayer d'oublier, tout me ramène à cette nuit. Et aujourd'hui, ça fait encore plus mal, vu tout ce que j'ai à gérer. J'ai bien trop de choses à penser que ressasser nos moments en boucle, mais mon cerveau ne me laisse pas de répit. Je t'en veux. Je t'en veux d'être partout et de ne pas me voir, comme si notre relation n'existait pas. On a partagé quelque chose d'unique, et comme ça, pouf, plus rien. Pas de réponse à mes textos, même pas la peine de t'appeler. Comme si on n'avait rien vécu. Ça me dégoûte. Je fais semblant, bien sûr, pour garder la face, surtout au boulot, je n'ai pas envie que quelqu'un remarque ce qu'il se trame, ça ne regarde que nous. J'aimerais juste te parler pendant des heures, te tenir dans mes bras, mais je sais que ce n'est pas possible. Et je sais que ce n'est pas ce que tu veux, mais ça fait mal. En fait, j'aimerais juste t'oublier, une bonne fois pour toute. J'aimerais que tout ça n'ait pas existé, que tu n'aies pas existé. Que tu sortes enfin de ma vie parce que j'en ai marre de souffrir à cause de toi.

La gêne m'envahit et je ne sais pas quoi dire. Je ne suis pas prête pour ça, pour ce type de déclaration, pour ce type de sentiments. Est-ce que je dois faire semblant de n'avoir rien vu ? Prétendre être flattée alors que les dernières phrases provoquent des picotements dans mes jambes, dans mes veines, dans ma chair ?

Je lève les yeux vers elle pour essayer de lui faire comprendre ce que j'ai lu, mais son comportement n'est pas en adéquation avec sa déclaration. Elle perd patience face à moi, réclamant de savoir si ses instructions sont claires. Je brandis alors le téléphone sous son nez pour qu'elle constate par elle-même. Les traits de Chloé se décomposent en moins d'un quart de seconde. Toute irritation disparaît de ses traits et c'est comme si son âme avait soudainement quitté son enveloppe.

– Charly...

– Chloé, je...

Nous commençons en même temps et elle se fige dans l'attente de quelque chose.

– Écoute, c'est, hum... Je suis désolée si je t'ai induite en erreur, mais...

– Non, non, ce n'est pas ça...

De nombreuses émotions traversent son visage mais je peine à en identifier une seule. Des éclats de colère, ou de douleur ? Ses yeux brillent comme si elle allait se mettre à pleurer, mais elle serre les mâchoires et tente de se reprendre. Elle sourit pour se donner une contenance avant de froncer les sourcils. Elle-même semble indécise, mais je lutte déjà avec mes propres émotions pour parvenir à lire correctement les siennes. Elle laisse alors échapper un rire qui sonne étrangement faux.

– Non, mais c'est faux en fait. J'ai écrit ça comme ça, pour voir ta réaction, mais je ne le pense pas.

Elle balaie l'air de la main pour accompagner ses paroles qui me heurtent de plein fouet. Je n'arrive pas à savoir ce que je ressens, mais c'est finalement la colère qui semble prendre le dessus. Parce que sous prétexte de passer le temps, elle s'est amusée en réveillant de vilaines blessures.

– Dis-moi que tu n'es pas ce genre de personne.

Mon ton se fait de plus en plus impérieux.

– Chloé, dis-moi que tu n'as pas huit ans d'âge mental et que ça ne t'éclate pas de jouer avec les sentiments des autres, croassé-je, parvenant à peine à me retenir de lui cracher toute la haine qui m'habite à cet instant précis.

Elle se met à bredouiller un semblant d'explication mais rien n'a de sens.

– Je croyais que tu étais au-dessus de ces conneries. Je commençais à avoir de l'estime pour toi ! À penser que tu étais quelqu'un de bien.

Elle tente de me couper la parole, mais j'ai l'impression que ma colère emplit la pièce entière et force ma supérieure hiérarchique à se ratatiner devant moi.

– Mais en fait, tu n'as fait que te foutre de ma gueule. Comme tout le monde ! Parce que c'est tellement drôle de se jouer de la vie de Charly, n'est-ce pas ?!

Chloé est livide. C'est la première fois qu'elle me voit véritablement sortir de mes gonds, moi, la personne habituellement calme et de bonne humeur ou qui déprime discrètement quand la vie la met à l'épreuve. C'est la première fois qu'elle prend conscience qu'une tornade d'émotions me traverse et risque de tout raser sur son passage si on ne s'éloigne pas suffisamment.

– Charly, s'il te plaît, tente-t-elle d'une voix douce, afin de calmer le jeu. J'ai fait ça sans vraiment réfléchir, je ne pensais pas à mal, c'était juste pour rigoler.

– J'en ai marre de ne pas être prise au sérieux, vois-tu !

La douleur accompagne progressivement ma colère et j'ai la sensation de ne plus parvenir à contrôler quoi que ce soit.

– J'en ai assez d'être la bonne poire sur laquelle on se fend la gueule, au détriment de ce que je peux ressentir. Comment oses-tu écrire des choses pareilles après ce qu'il s'est passé ? Après ce dont tu as été témoin ? Les mots ont un impact Chloé, bordel !

– Charly, s'il te plaît, tente-t-elle d'une voix tremblante, les larmes lui montant à nouveau aux yeux. Je n'ai jamais voulu dire ça, ce message n'était pas pour toi en réalité !

– Et pourtant c'est dit ! la coupé-je avec hargne. Et en plus tu sors une vieille excuse, mais ça ne colle pas Chloé, alors assume !

Ma référente a perdu toute contenance et semble prête à s'effondrer. Mais je ne peux pas m'occuper d'elle ou de sa prétendue douleur. J'ai déjà trop à faire avec la mienne, à cause d'elle. Et je sens toute la haine que je contiens m'envahir, ne sachant plus trop qui se trouve devant moi, de Chloé ou de mon père. Une voix lointaine dans mon esprit tente de me prévenir que je mélange tout, que je vais trop loin, que je devrais me taire et la laisser s'expliquer, mais je ne l'écoute pas. Elle ne parvient pas suffisamment en surface de ma conscience pour que je puisse la prendre en considération et je suis aveuglée par ma souffrance irraisonnée.

– En tout cas, c'était un joli numéro chez mon grand-père. Ton militantisme, tes grandes valeurs, tes cheveux miraculeusement blancs... Tu es une imposture, Chloé.

Un éclair de douleur semble traverser ses iris, mais il passe tellement rapidement que j'ai peut-être juste piqué son ego putride. Ses mâchoires se serrent et se desserrent, mais elle ne dit finalement rien. J'ai l'impression de faire face à un mur de béton armé qui recouvre un incendie.

Cependant, lorsque j'ouvre la bouche pour continuer à cracher mon venin, elle plante ses yeux dans les miens et m'aboie de me taire.

– Il n'y a que la vérité qui fâche, n'est-ce pas ?

– Disparais de ma vue ! vocifère-t-elle avant de contourner son bureau pour me pousser vers la sortie.

Je m'arrache de son toucher comme si ses mains pouvaient me salir de sa duplicité, et quitte la pièce sans un regard.

*******

Et bon matin !

J'suis bonne pour vous mettre de bonne humeur n'est-ce pas ? Vous aussi vous avez envie de claquer la porte comme Charly ?

Soyez au rendez-vous demain sans faute pour la suite !

Bonne journée

xx

Victoria

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