Aide-moi Sasha...

By lau_rex

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Quand leur professeur d'anglais leur annonce qu'ils vont devoir présenter la personne la plus chère à leurs y... More

Chapitre 1 : Sasha
Chapitre 2 : Léo
Chapitre 3 : Sasha
Chapitre 4 : Léo
Chapitre 5 : Sasha
Chapitre 6 : Léo
Chapitre 7 : Sasha
Chapitre 8 : Léo
Chapitre 9 : Sasha
Chapitre 10 : Léo
Chapitre 11 : Sasha
Chapitre 12 : Léo
Chapitre 13 : Sasha
Chapitre 14 : Léo
Chapitre 15 : Sasha
Chapitre 16 : Léo
Chapitre 17 : Sasha
Chapitre 18 : Léo
Chapitre 19 : Sasha
Chapitre 20 : Léo
Chapitre 21 : Sasha
Chapitre 22 : Léo
Chapitre 23 : Sasha
Chapitre 24 : Léo
Chapitre 25
Chapitre 26 : Léo
Chapitre 27 : Sasha
Chapitre 28 : Léo
Chapitre 30 : Sasha
Chapitre 31 : Léo
Chapitre 32 : Léo
Chapitre 33 : Sasha
Chapitre 34 : Sasha
Chapitre 35 : Léo
Épilogue

Chapitre 29 : Sasha

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By lau_rex

Mon téléphone sonne alors que je suis devant la télé avec ma mère. Qui peut bien m'appeler à a une heure pareil ? Je le sors de ma poche et découvre la réponse à ma question. Léo. Je raccroche aussitôt. Je n'ai franchement pas envie de lui parler pour le moment. S'il veut réellement me parler, il viendra me voir au lycée. C'est ça ou rien.

Il essaye de m'appeler encore trois fois avant que je finisse par répondre, sous le regard insistant de ma mère. Je vais dans la cuisine pour être un peu plus tranquille.

“Allô ?
-Sasha !”

Il pleure. Il a crié mon nom avec tellement de soulagement dans la voix que j'en ai le cœur brisé. Mais je ne peux pas craquer, pas maintenant.

“Qu'est-ce que tu veux ?
-Je vais faire une connerie Sasha, une très grosse connerie… J'ai peur…
-De quoi tu parles ?
-C'est la seule solution ! Tu m'as dit que t'en trouverais une, et devine quoi ? Je l'ai trouvée !
-Léo, tu me fais flipper là. De quoi tu parles à la fin ?
-Le vide, je crois que j'ai le vertige. Mais il m'appelle, je suis sûr qu'il peut tout résoudre.
-Wow, Léo, qu'est-ce que tu racontes ? Où est-ce que tu es ?
-Je sais pas trop. Je crois que je suis en train de devenir fou. Ça, c'est à cause des coups que j'ai pris sur la tête ! C'est de sa faute ! Tout est de sa faute ! J'en peux plus Sasha, il faut que ça s'arrête, c'est la seule solution !
-Léo, stop stop stop, attend s'il te plaît. Dis-moi où tu es. Je déconne pas, je veux savoir où tu es. Je viens te chercher.”

Et c'est la pure vérité. Je suis déjà en train d'enfiler mes chaussures et mon manteau. Ma mère fait comme moi. Elle a dû comprendre à mon expression terrifiée que quelque chose n'allait pas. Et elle a entièrement raison. Je crois avoir compris ce que Léo s'apprête à faire, et ça me fait horriblement mal. Je suis terrifié. C'est de ma faute. Je n'aurais jamais dû lui parler comme ça l'autre jour. Il veut que tout se termine. Il veut mourir. Il veut se suicider putain.

“Léo ?
-Oui, je suis là. J'écoutais le vent. C'est super relaxant tu sais. Je m'étais pas senti aussi bien depuis que ma sœur est partie. Enfin si, avec toi, mais comme t'es plus là ça compte pas vraiment. J'aurais dû venir ici avant. En plus, la vue est super belle.”

Je ne sais pas s'il pense vraiment tout ce qu'il dit ou s'il délire juste à cause du désespoir. Et du fait qu'il est probablement au bord du vide, prêt à sauter.

“Où es-tu Léo ? Je suis dans la voiture, on part tout de suite.
-J'en sais rien Sasha. Je suis parti du parc à côté de ma prison après avoir réalisé que j'avais plus personne, que j'étais tout seul pour toujours. Et que c'était plus simple de tout arrêter maintenant plutôt que d'attendre. J'ai marché pendant des heures, et je suis venu ici.
-Ça ressemble à quoi ? Qu’est-ce que tu vois ?
-C'est un immeuble. Plutôt haut, et très moche. Tout gris. Mais il y a des gens qui y vivent. Les pauvres. C'est tellement moche. Heureusement, il y a deux carrés d'herbe en bas de l'immeuble. Pour que les chiens fassent leurs besoins je suppose. Du coup c'est nul en fait. N'empêche que c'est pas loin du centre-ville. Et ils font des travaux à côté, peut-être qu'ils essayent de rendre l'endroit un peu plus beau. En tout cas, c'est aussi moche que ma vie.
-Je sais où c'est, j'arrive Léo. Ne bouge pas, je suis là dans cinq minutes. Promis. Ne bouge pas, je t'en supplie !”

Je ne raccroche pas, de peur qu'il saute. J'indique à ma mère la route à prendre au fur et à mesure que nous avançons. Ma voix tremble, tout comme le reste de mon corps. J'ai les yeux qui piquent, mais aucune larme n'en sort. J'ai bien trop peur pour ça. Faites qu'il ne soit pas trop tard, je vous en supplie !

Nous arrivons au bout de quatre minutes exactement. Je saute de la voiture avant qu'elle ne soit arrêtée et je cours jusqu'à la porte de l'immeuble. Heureusement, quelqu'un sort au moment où j'arrive, je n'ai pas besoin de sonner et d'attendre des siècles. Faites qu'il n'ait pas sauté, faites qu'il soit toujours là-haut… Je ne me le pardonnerai jamais. Tout ça, c'est de ma faute. J'ai été égoïste, j'ai complètement ignoré ces souffrances alors qu'elles étaient là, face à moi, plus réelles que tout le reste. Je ne suis qu'un idiot !

L'ascenseur met beaucoup trop longtemps à arriver au dernier étage. Dès que les portes s'ouvrent, je me rue à l'extérieur et monte les quelques marches qui me séparent du toit du bâtiment. Une fois en haut, le vent me gifle et envoie valser mes cheveux. Et je le vois. Au bord. Beaucoup trop au bord. Le vent fait flotter ses vêtements autour de lui. Il a l'air si fragile. Un simple coup de vent pourrait le faire basculer vers la mort. Une mort assurée, vu la hauteur. J'avale ma salive et m'approche lentement. Je m'arrête à une distance raisonnable, bien que l'envie de me jeter sur lui pour le ramener loin du bord me démange.

“Léo ? Je suis là, regarde-moi s'il te plaît.”

Il ne bouge pas d'un poil. J'ai peur.

“Léo, s'il te plaît, répond-moi au moins. Réfléchis une seconde. Pourquoi tu veux faire ça ? Pense à tes amis. A moi. A ta sœur ! Imagine sa tristesse en apprenant ce que tu as fait.
-Elle ne reviendra pas. Jamais. Et je n'ai plus d'ami. Je ne t'ai même plus, toi.”

Il ne me regarde toujours pas, mais au moins il me parle et il m'écoute. Je ne vois pas son visage, mais je devine facilement les larmes qui inondent son visage, et le désespoir installé sur celui-ci.

“C'est faux. Ta soeur finira par revenir. Axel est bien revenu, pourquoi pas elle ? Et tu as des amis. Maxime, Sarah. Et moi, je suis là.
-Elle ne reviendra pas ! Tu mens !”

Cette fois, il est vraiment en colère. Et merde.

“Elle ne reviendra pas parce qu'elle s'en fout de moi ! Et Maxime et Sarah non plus ! Parce que devine quoi ? Ils me détestent ! Parce que je suis gay et que je sors avec toi ! Oui, je leur ai dit, tout à l'heure, au parc. Et ils sont juste partis ! Ils m'ont tourné le dos et sont partis ! Exactement comme toi mercredi ! Toi aussi, tu m'as abandonné ! Je n'ai plus personne !”

J'ai l'impression qu'une main me serre le cœur le plus fort possible. Et qu'une autre creuse dans ma poitrine pour y faire un trou impossible à refermer.

“Et puis tu sais, je tiendrai jamais plus de deux minutes quand mon père rentrera. Je suis beaucoup trop fatigué pour ça. Physiquement et mentalement. J'en ai marre de me battre. Ça n'en vaut pas la peine. La meilleure chose qui puisse arriver est que tout s'arrête enfin. Je serai enfin tranquille.
-Tu ne penses pas un traître mot de ce que tu viens de dire.
-Bien sûr que si !”

Il me regarde enfin. Le regard qu'il me lance est rempli de haine, de colère. Mais aussi de désespoir, de peur. Il m'appelle à l’aide. Il n'a pas envie que ça se termine comme ça. Pas encore.

“Nan Léo, je le vois dans tes yeux. Et je te connais. Bien plus que tu le crois. Tu m'as dit que tu voulais aider les gens mieux que tu ne t’aides toi-même, tu te souviens ? Et bien moi je veux t'aider. Tu m'as fait confiance pour ça, rappelle-toi. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. Si tu t’écartes du bord, on va trouver une solution. Une vraie. Tu viendras à la maison jusqu'à ce qu'on en ait une. Tu ne retourneras pas chez toi. Tu ne le reverras pas. Il ne te fera plus rien. Mais si tu sautes, ça n'arrivera jamais. Tu n'auras jamais l'occasion de te réconcilier avec Sarah et Maxime. Tu n'auras jamais l'occasion de revoir ta soeur. Tu ne pourras jamais faire la connaissance d’Axel. Je sais que ça te tient à cœur, ne me dis pas le contraire. Tu n'aurais jamais cherché son nom si ça n'avait pas d'importance à tes yeux. Alors ne fais pas ça Léo, je t'en supplie.
-Tu me détestes…
-Bien sûr que non ! Je t'aime Léo ! Je t'aime de tout mon cœur ! Tu n'as pas le droit de dire que je te déteste. C'est complètement faux. Je t'aime bien plus que tu ne peux l'imaginer.
-Mais mercredi…
-J'ai été égoïste. Con. Inconscient. Tout ce que tu veux. Et j'ai eu tort de réagir comme ça. Je ne sais pas à quoi je pensais. J'ai été stupide. J'ai complètement ignoré ce que tu vis. Au lieu de ça, je me suis plain. De quelque chose de stupide. Si on ne se parle pas plus que ça au lycée, c'est autant de ma faute que de la tienne. Un couple, c'est à deux. J'ai été le plus grand des cons mercredi, j'en suis terriblement désolé.”

Je crois que je pleure autant que lui. Des sirènes de pompier viennent dans notre direction. Ma mère a dû les appeler. Mais je m'en fiche, je ne veux pas qu'il saute. J'ai besoin de lui autant qu'il a besoin de moi. J'ai foutu le bordel dans sa vie autant qu'il a foutu le bordel dans la mienne. Il n'a pas le droit de faire ça.

“Léo, je t'en supplie, ne fais pas ça. Ne laisse pas ton père gagner. C'est ce qu'il veut. Il veut te voir mort. Ne lui offre pas cette satisfaction. Il n'a pas le droit de réussir ça.”

Il recule du bord et s'effondre à genoux. Je me précipite vers lui et le prends dans mes bras aussitôt. Il est en sécurité, il n'a pas sauté. Il va vivre. Je le serre aussi fort que je le peux contre moi, comme si le vent allait l'emporter loin de moi. Je caresse son dos de la main droite tandis que la gauche se perd dans ses cheveux emmêlées par le vent. Il tremble, et je crois que moi aussi. J'ai eu tellement peur.

“Ça va aller Léo, je suis là. Je serai toujours là. C'est terminé, ça va.”

Je répète cette phrase en boucle jusqu'à ce que ma mère et les pompiers arrivent sur le toit avec nous. Ils veulent que je le lâche. C'est hors de question. Ils me demandent s'il va bien. Je leur répond que oui, qu’il n'est pas blessé ni rien. Ils me demandent pourquoi il a voulu faire ça. Je leur répond d'aller se faire voir.

Après ça, j’entends vaguement les pompiers parler avec ma mère. Leur discussion me parvient de loin, très loin. Comme si un mur de verre nous séparait et que le son passait à peine. Mais j'entends juste assez pour comprendre que ma mère a promis de s'occuper de Léo, qu'il n'y a rien à craindre et qu'au moindre problème, elle appellera les pompiers ou la police. Après quoi deux hommes m'aident à me lever et à remettre Léo sur pied. Il est toujours serré contre moi, je ne l'ai pas lâché une seule seconde, mais il ne tremble plus. Je ne suis pas sûr qu'il ait arrêté de pleurer, moi-même je continue, mais ça n'a pas d'importance.

Nous descendons tous jusqu'aux voitures et camions, je monte à l'arrière de celle de ma mère avec Léo, et nous nous mettons en route vers la maison. J'ai l'impression d'être vide.

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