Aide-moi Sasha...

Chapitre 26 : Léo

J’ai dû m’endormir pendant l’appel, car je me réveille allongé dans mon lit. Tout seul. Je me redresse brusquement, ignorant la douleur de mon crâne. Ce n’est pas ma chambre. Les murs sont peints avec un bleu très clair, les rares meubles sont blancs et plutôt mal rangés, et il n’y pas beaucoup de décorations sur les murs. Je ne reconnais rien. Où est-ce que je suis ? Et Sasha ? Où est-il ?! Ma tête me lance de plus en plus, et mes mains commencent à trembler. Pas encore…

La porte s’ouvre lentement et quelqu’un passe la tête dans l’ouverture, sûrement pour vérifier que je suis encore là. Je me recroqueville sur le lit, en proie à un début de crise de panique. Pour ne pas changer. Et puis je reconnais ce visage, ces yeux verts et ces cheveux bruns épais et bouclés. Je reconnais aussi ce sourire rassurant. Sasha. Et puis je comprends. Je suis chez lui. Sa mère a dû venir nous chercher, mais comme je dormais et qu’il n’a probablement pas voulu me réveiller, je ne m’en suis pas rendu compte. Je me détends instantanément, et souris légèrement à Sasha.

“Ça y est, t’es réveillé !”

Il me sourit à son tour, et s’assoit au bout de son lit. Est-ce que ça fait longtemps que je dors ?

“Ton poignet, ça va mieux ?
-Mon poignet ?”

Je baisse les yeux qui se posent sur mon poignet gauche. Je l’avais bandé avant que Sasha arrive chez moi, mais ce n’est plus le même bandage. Le mien était usé, jauni par le temps, et il y avait même quelques taches de sang. Celui-là est d’un blanc presque parfait, comme s’il était neuf. Il l'est, c’est certain.

“Ma mère a été infirmière pendant un moment. Je lui ai dit que tu avais mal au poignet, alors elle a regardé et changé ton bandage.
-Oh, ok, je comprends mieux… Merci.
-C’est à elle qu’il faut le dire hein !
-Oh, ouais, pas faux.
-Elle a préparé à manger, et ça tombe bien que tu sois réveillé parce que c’est prêt ! Tu vas pouvoir la remercier en direct.”

Il me sourit de plus bel et me fait signe de le suivre. Ce que je fais sans hésiter une seconde. Pas question que je reste seul une seconde de plus, j’en ai assez des crises de panique. Nous descendons l’escalier et arrivons dans le salon, où la mère de Sasha termine de mettre la table. Le peu que j’ai vu de sa maison me donne une sensation de bien-être. C’est tellement plus chaleureux que chez moi… Je pourrais y passer ma vie. Je suppose que la bonne odeur de cuisine n’y est pas pour rien.

“Bonjour Léo, bien dormis ?
-Bonjour, oui très bien, merci. Et euh… Merci pour le bandage, c’est beaucoup mieux qu’avant.
-Oh ce n’est rien. J’ai mis ton ancien à laver, il est un peu usé mais il pourra sûrement resservir.
-Super, merci beaucoup.
-Installez-vous les garçons, je vais chercher le plat.”

Je m’assois à côté de Sasha et le dévisage une seconde. Est-ce qu’il lui a dit ? Autant lui demander.

“Sasha, tu lui as dit pour…
-Nous deux ? Oui. En fait, elle s’en doutait depuis un moment, depuis qu’elle nous a emmené au lycée. Mais elle a préféré attendre que je lui en parle. Du coup, elle a été plutôt contente, et ça l’a à peine surprise.
-Oh, ok, tant mieux.”

Si je ne me retenais pas, je soupirerais de soulagement. Sa mère revient en déposant un plat sur la table, encore fumant. Mon ventre me fait bruyamment comprendre que j’ai faim, ce que tout le monde remarque, à en croire leur regard amusé.

Le repas est clairement ce que j'ai mangé de meilleur dans ma vie. Et la mère de Sasha est adorable. Vraiment. Je donnerai n'importe quoi pour qu'elle soit ma mère aussi. Elle n’a pas cherché à me parler de mon père, de mon poignet ou autre. Et elle n'a pas non plus procédé à un interrogatoire. Non, elle a discuté avec Sasha et moi de tout et rien, en passant par l’actualité, le lycée, et même de musique. Jamais de ma vie je n'ai pu parler de tout ça avec mes parents. J'ignorais à quel point c'était génial.