Chapitre 33 : Sasha

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Mon crâne me fait un mal de chien. J’entends le père de Léo hurler, Léo gémir. Je me relève avec peine. Maxime est à peine conscient à côté de moi. Il se tient le visage des deux mains, du sang coulant entre ses doigts. Il cligne des yeux beaucoup trop rapidement qu’il ne le devrait. J’ai dû rester inconscient un moment, parce que tout ce dont je me rappelle, c’est de Sarah sortant, de Maxime recevant un coup de poing dans la mâchoire, et de la main du père de Léo m’attrapant les cheveux et écrasant violemment ma tête contre la porte. Après ça, trou noir.

Léo est en train de se faire étrangler par son père. Merde. Pourquoi n’ai-je pas remarqué ça dès le début ?! Il faut que je l’arrête. Mais comment ? Il va me repousser, et je ne pourrais plus rien faire. Je sais ! Je me lève aussi vite que ma tête me le permet, entre dans le salon en m’appuyant au mur, attrape le plus gros objet que je trouve, et retourne aussi vite que possible dans l’entrée. Maxime a l’air d’aller un peu mieux, puisqu’il me suit du regard. Je me place derrière le père de Léo, qui ne m’a étrangement pas remarqué, et abat de toutes mes forces l’objet contre l’arrière de son crâne. Il pousse un cri de surprise et s’écroule à côté de son fils, lui aussi inconscient. Je laisse tomber l’objet, repousse le corps du père loin de Léo, et m’accroupis à ses côtés. Il ne respire plus, il ne bouge plus. Il est mort ! Pitié, tout sauf ça ! Je pose mes doigts sur son cou, et à mon plus grand soulagement, son coeur bat toujours. Très lentement, trop lentement, mais il bat.

“Maxime ! Il ne respire plus !
-Et merde !”

Il me rejoint à quatre pattes, laissant sur son passage une traînée de sang. Il tapote les joues de Léo, comme si ça allait le ramener. Son visage est recouvert de larmes et de sang dont je n’arrive même pas à comprendre l’origine.

“Tu sais faire le bouche à bouche ?”

Je hausse les épaules. Non, je ne sais pas faire ça. Je n’ai jamais pris de cours de secourisme. J’aurais dû. Mais je peux bien essayer. Après tout, Léo est presque mort. Qu’est-ce que j’ai à perdre à essayer ?

Je tremble de tout mon corps, les larmes coulent sans arrêt tandis que je me penche au dessus du visage inexpressif de Léo. Je lui envoie tout l’air dont je dispose, plusieurs fois de suite. Et au bout d’un nombre incalculable de fois, ça fonctionne. Léo respire à nouveau. Faiblement, beaucoup trop faiblement. Mais les sirènes de police retentissent enfin au loin. Il va s’en sortir. Dieu merci, Léo va s’en sortir ! Mes larmes redoublent et je passe ma main sur sa joue nerveusement, essayant en vain de nettoyer le sang et les larmes.

“C’est terminé Léo, ça va aller. Je t’en supplie, tiens le coup… Ils vont te soigner, ça va aller, je te le jure… Reste avec nous…
-Allez mec, nous lâche pas maintenant. Tout est terminé, ton père te fera plus jamais rien. On est là, on t’abandonnera pas. Tiens le coup s’il te plaît…”

Maxime pleure aussi. Je n’aurais jamais cru le voir comme ça. Il sert la main de Léo comme si sa vie en dépendait. Je savais qu’ils étaient meilleurs amis depuis super longtemps, mais voir cette amitié là, devant moi, dans une situation pire que critique, c’est différent. Léo serait heureux de voir que son meilleur ami ne le déteste pas comme il le pensait.

La porte d’entrée s’ouvre sur deux policiers, qui s’arrête aussitôt en nous voyant. Ils comprennent directement ce qu’il s’est passé, sûrement en voyant les deux corps inertes et le sang. Ils appellent leurs collègues restés dehors et laissent entrer quatre ambulanciers.

“Ecartez-vous s’il vous plaît.
-Est-ce qu’il va s’en sortir ? demande Maxime d’une voix tremblante.
-On vous le dira quand on l’aura emmené à l’hôpital. Allez attendre dehors s’il vous plaît.”

Aide-moi Sasha...Where stories live. Discover now