Aide-moi Sasha...

By lau_rex

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Quand leur professeur d'anglais leur annonce qu'ils vont devoir présenter la personne la plus chère à leurs y... More

Chapitre 1 : Sasha
Chapitre 2 : Léo
Chapitre 3 : Sasha
Chapitre 4 : Léo
Chapitre 5 : Sasha
Chapitre 6 : Léo
Chapitre 7 : Sasha
Chapitre 8 : Léo
Chapitre 9 : Sasha
Chapitre 10 : Léo
Chapitre 11 : Sasha
Chapitre 12 : Léo
Chapitre 13 : Sasha
Chapitre 14 : Léo
Chapitre 15 : Sasha
Chapitre 16 : Léo
Chapitre 17 : Sasha
Chapitre 18 : Léo
Chapitre 19 : Sasha
Chapitre 20 : Léo
Chapitre 21 : Sasha
Chapitre 22 : Léo
Chapitre 23 : Sasha
Chapitre 24 : Léo
Chapitre 25
Chapitre 26 : Léo
Chapitre 27 : Sasha
Chapitre 29 : Sasha
Chapitre 30 : Sasha
Chapitre 31 : Léo
Chapitre 32 : Léo
Chapitre 33 : Sasha
Chapitre 34 : Sasha
Chapitre 35 : Léo
Épilogue

Chapitre 28 : Léo

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By lau_rex

Je suis réveillé depuis une petite demie-heure, et je crois que Sasha n'est pas dans son état normal. Il est plus distant, moins souriant... J'espère que ce n'est rien de grave. Au moins, il est là. Et c'est tout ce qui compte pour le moment.

Il ne m'a presque pas parlé depuis mon réveil. Ça m'inquiète. D'habitude, il aurait trouvé quelque chose pour me faire oublier ma douleur, pour me faire rire, n'importe quoi. Là, il n'a quasiment rien dit, et je suis toujours pleinement conscient de mon dos douloureux.

"Ça va Sasha ?
-Hmm.
-Sûr ? T'as pas l'air dans ton assiette...
-Je voulais te parler d'un truc."

Oh. Là, je flippe carrément. La façon dont il l'a dit ne laisse rien présager de bon. Il ne manquait plus ça pour compléter ma journée pourrie parmi les autres.

"Ça fait plus de quatre mois qu'on est amis, et maintenant plus qu'amis même, et pourtant tu me parles à peine au lycée. En dehors tout va bien, j'ai rien à dire. Mais au lycée, c'est comme si j'étais juste un gars parmi les autres, à qui tu parles parce que je suis dans ta classe mais c'est tout. Et franchement ça me fait chier. Je te demande pas qu'on se montre en couple, je sais bien que tu flippes trop pour ça, mais au moins qu'on se parle comme des amis, pas comme des étrangers.
-Euh... wow, ok. Je... Je peux essayer, ouais je vais essayer. Mais je te promet rien...
-Mais pourquoi ? Il est où le problème ? T'as honte de moi c'est ça ? Nan parce que si c'est ça, dis-le moi directement, j'abandonnerai complètement. Mais je vois franchement pas où est le problème avec le fait d'avoir un nouvel ami.
-Nan mais y'a pas de problème, j'ai pas honte de toi ! C'est juste que... J'en sais rien, je sais même pas de quoi j'ai peur... Enfin j'ai pas peur, c'est pas ce que je veux dire, mais...
-C'est bon, j'ai compris. C'est mort, tu veux vraiment pas.
-Mais nan ! J'ai pas dit ça !
-Peut-être, mais c'est parfaitement clair. Je comprends vraiment pas ton problème, mais si c'est comme ça, je vois même pas l'intérêt de continuer.
-Sasha !"

Il se lève et sort sans attendre une réponse de ma part. Je me redresse, ignorant autant que possible la douleur qui me transperce aussitôt, et me précipite à sa suite dans l'escalier.

"Sasha, attend !
-Nan Léo, j'en ai marre. J'ai l'impression que rien n'est réciproque, que je t'aide mais qu'en retour j'ai rien du tout, qu'au contraire t'as honte de moi. T'es même pas capable de me parler en dehors de chez toi ou chez moi ! Tu crois pas qu'il y a un problème ?
-Si mais...
-Et même, il est où le problème au fait qu'on sorte ensemble ? Ok, que tu le dises pas à tes parents je peux le comprendre sans problème, mais à Maxime et Sarah ? Je l'ai dit à toute ma famille ! Ça aussi, ça va que dans un sens ! Si t'as pas envie, dis-le moi, qu'on arrête tout de suite quoi.
-Sasha arrête, c'est injuste...
-Tu trouves ? Moi je trouve ça plutôt vrai.
-Nan..."

Il ne me répond pas et sort en claquant la porte. Il est parti. Je suis définitivement seul. Tout ça pourquoi ? Parce que j'ai peur des réactions de Maxime et Sarah. Et cette peur vient de me faire perdre la seule personne qui sait ce que je vis, qui sait dans quel merde je suis, et qui est d'accord pour m'aider autant qu'il le peut. Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Je ne tiendrai pas une semaine sans lui adresser la parole, c'est certain.

Je m'écroule sur la première marche de l'escalier, la tête entre les mains, en pleurant et tremblant comme lors de mes crises de panique. Ce n'en est pas une, c'est simplement du désespoir complet. Je lâche tout, je ne peux plus contrôler mes larmes ou quoi que ce soit. J'ai l'impression que tout est perdu, que je ne peux plus rien faire à part pleurer, pleurer, encore pleurer.

***

Mes doigts tremblent alors que j'attends que Maxime et Sarah me rejoigne au parc à côté de chez moi. Ça fait deux jours que Sasha ne m'a pas adressé la parole, qu'il ne m'a pas envoyé le moindre message. Je me sens affreusement mal, je suis plus fatigué que jamais à force de pleurer toutes les nuits, mais j'ai décidé de faire mon coming out face à mes deux meilleurs amis. C'est mieux que rien. Et peut-être que ça suffira à faire revenir Sasha...

"Léo !"

Je me retourne pour voir Sarah trottiner jusqu'à moi, suivie de Maxime, un ballon de basket à la main. Il fait étonnamment beau pour un mois de mars, et la température est plutôt agréable. Il a probablement cru que je voulais juste passer une fin de semaine tranquille avec mes deux meilleurs amis, ce qui est le cas en un sens. Mais mon coming out passe en priorité. Qui sait, les deux sont peut-être compatible...? J'espère sincèrement.

"Comment ça va mec ? me demande Maxime.
-Ça va, merci d'être venu.
-Bah on avait rien de mieux à faire tu sais. Pis c'est pas comme si on te détestait non plus !
-Vous allez peut-être me détester avant la fin de la soirée, mais ravi de l'entendre !
-Pourquoi on te détesterait ? demande Sarah en haussant un sourcil, chose que je n'ai malheureusement jamais réussi à faire.
-Beh..."

C'est le moment Léo. Tu peux le faire. J'avale ma salive, tord mes doigts une dernière fois avant de les enfouir dans mes poches, et c'est parti.

"Il faut que je vous dise un truc assez... important. Et je vous avoue que j'ai carrément peur de vos réactions.
-T'es enceinte ? plaisante Maxime.
-Max arrête ! le rabroue Sarah en lui frappant l'épaule. Vas-y Léo, on t'écoute. Je vois pas ce qui pourrait nous faire te détester, mais vas-y.
-Ok hmm..."

J'ai préparé mon mini discours pendant des heures avant de venir. Disons que mes nuits blanches sont au moins utiles à quelque chose. Pourtant, toutes les idées semblent se mélanger, ne laissant qu'un bazar monstre dans mon esprit. Ça avait l'air tellement simple dans ma tête... Si seulement j'étais capable de communiquer par télépathie.

"Aller mec, accouche.
-Ok ok, alors... C'est carrément plus dur à dire en réalité que dans ma tête, je vous jure. Je sais même pas quel mot utiliser, quand arrêter les phrases et tout... c'est le gros bordel dans ma tête, clairement.
-Fais du mieux que tu peux, t'en fais pas."

Sarah me sourit avec tant de douceur que j'ai envie de la prendre dans mes bras. Heureusement qu'elle est là, je n'aurais pas été capable de tout dire à Maxime en face à face. Là, au moins, il y a quelqu'un pour le retenir s'il décide de se jeter sur moi et de me frapper de rage. Je soupire.

"Bon, ça fait déjà un moment que ça dure mais j'ai toujours flippé de vous le dire, je sais pas pourquoi, mais je sors avec quelqu'un.
-Sérieux ? C'est trop cool mec ! On la connaît au moins ?"

Sarah a l'air beaucoup moins ravie. Bizarre.

"Ouais, enfin tu remplaces le "la" par "le"."

Énorme blanc. Personne ne parle. C'est comme si une météorite venait de s'écraser à côté de nous et que nous étions beaucoup trop choqués pour dire quoi que ce soit. C'est finalement Maxime qui brise le silence.

"Attend, j'ai peur de comprendre là. Tu sors avec quelqu'un qu'on connait, sauf que cette personne est un mec ?"

Il a craché ce dernier mot comme une insulte, et sa phrase, tout comme son regard, transpire le dégoût. Fait chier...

"C'est ça...
-Tu es GAY ?! "

Boum. Il me déteste. Et Sarah qui ne dit rien. Je me sens triplement abandonné.

"Oui...
-Putain. Et c'est qui ce mec ? T'as dit qu'on le connaissait.
-Oui, c'est Sasha.
-Sasha ? Genre le Sasha de notre classe ?
-Lui-même.
-Oh putain mec. Je sais pas quoi dire. Je suis désolé mais faut que j'y aille, c'est pas possible là.
-Max attend..."

Il s'est déjà retourné et lève la main pour nous dire au revoir. J'ai envie de pleurer. Mes yeux me brûlent et les doigts commencent à trembler dans les mes poches. Pas maintenant Léo, attend un peu avant de craquer. C'est clairement pas le moment.

Sarah fixe ses pieds sans rien dire. J'ai peur de ce que ça veut dire.

"Sarah... dis-moi que tu ne me déteste pas...
-Écoute Léo, nan je ne te déteste pas. Promis.
-Merci... Mon dieu merci...
-Après tout c'est ton choix nan ? Je n'ai pas à te détester parce que tu as choisi d'être gay. Ça ne change rien à qui tu es. Et puis tu sais, je suis bien incapable de te détester.
-Comme ça ?
-Ça va te paraître nul, surtout maintenant que je sais la vérité, mais j'ai toujours espéré qu'un jour, peut-être, il y aurait quelque chose entre nous...
-Oh merde... Sarah nan, je suis tellement désolé..."

Elle hausse les épaules et je la prends dans mes bras. Quel idiot je suis. J'aurais dû m'en rendre compte. Depuis tout ce temps, Sarah m'aimait, et j'ai toujours considéré ça comme de l'amitié. Mais maintenant qu'elle me l'a dit, je revois tout ce qu'elle m'a dit, tout ce qu'elle a fait, totalement différemment. Ça sautait aux yeux. Je suis sûr que même Maxime s'en était rendu compte.

Elle s'écarte de moi et passe sa main dans ses cheveux.

"Écoute, je t'assure que je t'en veux pas. Mais c'est trop compliqué, beaucoup trop compliqué pour le moment. J'ai besoin de temps, je sais pas de combien, mais sûrement une bonne semaine. Je suis désolée."

Et elle s'éloigne exactement comme Maxime l'a fait il y a quelques minutes, exactement comme Sasha l'a fait il y a deux jours. Je suis tout seul. Définitivement seul. Pas de famille, plus d'amis, plus personne à qui parler. Seul. C'est comme si on venait de retirer quelque chose de ma poitrine, quelque chose de vital. Ma respiration est saccadée, et mes larmes n'ont rien à voir avec ça. Je tombe accroupi dans l'herbe fraîche, serrant les tiges dans mes doigts tremblant. Qu'est-ce que je vais faire ? Qu'est-ce que je vais devenir ? Je n'ai plus personne. À quoi bon continuer ? De toute façon, dès que mon père rentrera, je mourrai. Je ne tiendrai jamais plus de deux minutes tant je suis fatigué.

Pourquoi attendre ?

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