C'est avec un sachet plein de beignets que Kara se présenta à la porte de sa meilleure amie, essayant de ne pas sembler trop stressé extérieurement, même si intérieurement elle avait envie de fuir en courant.
Cette conversation qui aurait dû, au départ être une conversation heureuse se transformait en quelque chose de beaucoup moins joyeux, si seulement elle n'avait pas fait sa Serpentarde de première en se planquant pour ignorer l'une des personnes qui comptait le plus pour elle...
Elle avait merdé et elle ne pouvait que s'en prendre à elle-même et à personne d'autre, elle allait devoir assumer cette fois-ci.
- Tam', c'est moi, est-ce que l'on peut parler ? Demanda-t-elle assez fort pour que sa voix traverse la porte en bois de l'appartement de sa meilleure amie, l'angoisse lui tordant l'estomac, lui donnant presque envie de vomir.
Elle n'avait jamais été en froid avec sa sœur de cœur et elle était sûre maintenant de tout faire pour que cela n'arrive plus, elle détestait véritablement cela.
Encore plus parce que c'était de sa faute.
- S'il te plait..., plaida-t-elle, se sentant presque au bord des larmes, sa gorge se nouant.
Kara savait que Tamara était chez elle, tout simplement parce qu'elle avait commencé par passer au Commissariat et qu'on lui avait dit qu'elle était rentrée chez elle il y a une bonne heure, demandant à ses collègues de la couvrir pour la soirée.
- Bien, je suppose que je l'ai mérité, souffla la jeune femme aux cheveux noir, essayant de retenir ses larmes qui menaçaient de couler à tout moment maintenant, je suis désolée..., ajouta-t-elle sa voix s'étranglant dans sa gorge, avant de poser les beignets devant la porte, espérant que l'offrande sucrée pourrait lui servir comme le début d'une offre de paix, quittant ensuite l'immeuble, laissant les larmes couler sur ses joues, ne cherchant même pas à les arrêter.
Elle avait totalement foiré et elle ne savait vraiment pas comment elle allait changer cela.
Montant dans sa voiture, la jeune femme essaya de calmer ses sanglots, laissant sa tête reposer contre son volant.
- Je suis tellement stu... Stupide..., bredouilla-t-elle, laissant sortir toute la peine qu'elle ressentait à cet instant précis, s'en voulant pour ne pas avoir pensé qu'elle pourrait blesser l'une des personnes qu'elle aimait le plus au monde pour quelques non réponses à des messages, mais si elle devait être honnête, si cela avait été dans l'autre sens, elle aurait surement été tout aussi fâchée, voir même plus.
Sortant son téléphone, Kara se décida à appeler Elise.
Elle ne voulait pas être seule ce soir et elle ne se sentait pas capable de conduire sa voiture dans ses conditions.
La dernière chose qu'elle voulait était de provoquer un accident parce qu'elle n'aurait pas vu une voiture arriver à cause de ses larmes qui lui brouillaient la vision.
- Hey Kara, je pensais justement à toi. J'ai parlé avec Emily et elle est enchantée de dîner avec nous et Tamara Samedi.
- Je... Je ne sais pas si Tamara se... Sera là..., tenta de parler la jeune femme aux cheveux noirs, ne réussissant qu'à laisser un nouveau sanglot sortir de sa bouche.
- Oh ma chérie... Est-ce que ça c'est mal passé ? Est-ce que tu veux que je vienne chez toi ce soir ?
- Je... Est-ce que tu pourrais venir m... Me chercher ?
- Où est-ce que tu es ?
Dans un nouveau sanglot, Kara réussit à lui donner l'adresse de sa meilleure amie, avant de s'effondrer une nouvelle fois, n'entendant presque pas la réponse d'Elise qui ne tarda pas à arriver :
- J'arrive tout de suite !
K&E
Elise n'avait pas mis longtemps à arriver pour récupérer Kara, en faites la jeune avocate avait eu l'impression qu'elle c'était juste téléportée là, ce qui était tout bonnement impossible.
Ouvrant la porte de la voiture, se glissant rapidement à l'intérieur avec inquiétude, Elise n'eut pas à attendre longtemps pour que sa petite amie ne se mette à parler, lui expliquant ce qui l'avait mise dans cet état.
- J'ai... J'ai tout gâché... El... Elle n'a même pas voulu m... Me parler...
- Oh ma chérie... Il faut juste lui laisser le temps de se calmer...
Réussissant à se jeter dans les bras de sa petite amie et ce malgré le levier de vitesse qui se trouvait entre elles, Kara se mit à pleurer encore plus fort, ne réussissant pas à s'arrêter, sa respiration devenant de plus en plus erratique.
- Ca va aller, je suis sûre que ça va s'arranger... Elle comprendra... Et s'il le faut, j'irai lui parler moi-même. Je lui dirais que c'est de ma faute et qu'elle n'a pas à t'en vouloir à toi.
- Non... Tu... Tu n'y es pour rien... Mais j'app... J'apprécie l'offre...
- Je ferais ce qu'il faut pour que tu ailles bien... Même si ça signifie me mettre ta meilleure amie à dos...
Le silence s'installa entre les deux jeunes femmes, tandis qu'Elise se mettait à tracer des figures aléatoires sur le dos de Kara, la laissant se calmer doucement.
- Et si je te ramenais à la Maison maintenant ? Proposa l'actrice, attendant une réponse de la part de sa petite amie, qui ne tarda pas à venir sous la forme d'un simple hochement de tête, ne se sentant pas la force de dire un seul mot, ok, allons-y alors...
Laissant Elise desserrer son étreinte sur elle, Kara sortit rapidement de sa voiture, la fermant une fois qu'il n'y eu plus personne à l'intérieur.
Le trajet jusqu'à l'appartement de la jeune avocate se fit dans un quasi silence, seulement entrecoupé de quelques commentaires de la jeune femme aux cheveux bouclés sur des "conducteurs du Dimanche", faisant sourire doucement la femme aux cheveux couleur corbeaux, se détendant quelques peux, un sanglot quittant tout de même ses lèvres de tant en tant, sans qu'elle n'arrive à les contrôler.
Une fois arrivée, Kara fit comprendre à sa petite amie qu'elle ne voulait pas être seule pour le moment, la trainant à sa suite jusqu'à son immeuble, puis jusqu'à son étage, se stoppant en voyant qui se trouvait assise sur la dernière marche d'escalier avant son pallier, triturant son téléphone portable, semblant attendre quelque chose.
- Tamara ?
- Hey ! Je pensais que tu rentrerais plus tôt, mais je vois que tu étais occupée... Ma faute... J'aurais dû appeler...
- Non, ce n'est pas ça... Je... J'étais chez toi en faites, j'y étais pour la dernière heure au moins, je t'ai apporté des beignets au chocolat, tes préférés, mais tu ne m'as jamais répondu, alors j'ai pensé que tu ne voulais plus me parler, que j'avais trop merdé et que tu ne voulais plus entendre parler de moi pour le moment... J'ai appelé Elise pour qu'elle vienne me chercher et elle m'a ramené ici parce que je ne me sentais pas en mesure de conduire... Je n'avais aucune idée que tu serais ici à m'attendre... J'aurai dû t'appeler aussi...
- Tu m'as dit que tu voulais me parler. Tout me raconter, bien sûre que je suis venu chez toi quand j'ai eu terminé le travail.
- Je sais que c'est un peu hypocrite de dire ça, surtout quand je suis la première à l'avoir fait, mais tu n'as pas répondu à mon message de cette après-midi. Donc je pensais que tu étais en colère après moi, beaucoup... Je ne pensais pas un seul instant que tu serais ici à m'attendre...
- Bien sûre que je suis en colère après toi K', mais tu es comme ma sœur, tu es ma famille et même si je suis énervée après toi, je te laisserais toujours une chance de t'expliquer !
- Je vais vous laisser, intervint alors Elise, avant de poser un baiser sur la tempe de sa petite amie avec tendresse, je pense que vous avez beaucoup à vous dire toutes les deux... Tamara, c'était un plaisir de vous rencontrer, j'espère que nous pourrons faire plus ample connaissance un autre jour.
- Je l'espère aussi. Après tout si vous sortez avec ma sœur ici présente, il y a plutôt intérêt que j'apprenne à vous connaitre.
Regardant sa petite amie partir, la laissant seule avec Tamara, Kara se tourna finalement en direction de sa meilleure amie, attendant que celle-ci ne lui parle.
- Est-ce que l'on pourrait rentrer à l'intérieur ? Je ne suis pas à l'aise à avoir cette conversation sur le pas de ta porte. Je ne pense pas que tu veuilles que tes voisins soit au courant de toute l'histoire. Après tout, qui c'est, ils pourraient décider de le vendre à la presse... Maintenant que tu sors avec une célébrité et que tu es toi-même un peu célèbre...
- En ce moment, je me fous complètement de mes voisins, je veux juste m'assurer que toi et moi soyons en bon terme, alors ils peuvent vendre ce qu'ils veulent à la presse, ça ne me fait ni chaud, ni froid.
- Je sais, mais je serais aussi bien plus à l'aise si on faisait cela assise sur ton canapé, dans ton salon.
- Très bien, acquiesça la jeune femme aux cheveux couleur corbeau, passant devant sa meilleure amie pour ouvrir la porte de son appartement, essayant de calmer ses tremblements, son cœur battant à la chamade.
Si Tamara voulait entrer chez elle ça voulait dire qu'elle ne comptait pas partir de suite, cela voulait dire qu'elles avaient une chance de ne pas terminer cette journée d'une mauvaise façon, tout n'était pas perdu, elle pouvait encore tout arranger...
- Tu veux boire quelque chose ? Demanda Kara une fois qu'elles furent entrées, la porte fermée derrière elles, la jeune avocate quittant rapidement sa veste, l'accrochant à son porte manteau, Tamara faisant de même.
- Un verre de vin, si tu en as.
Acquiesçant, la jeune avocate prit la direction de sa cuisine, sortant une bouteille de vin qu'elle ouvrit tout en faisant attention de ne pas en mettre partout.
La dernière fois qu'elle avait dû ouvrir une bouteille, elle avait réussi l'exploit de s'en renverser la moitié sur elle, elle n'avait jamais réussie à comprendre comment elle avait fait, mais ça avait fait beaucoup rire Tamara.
- Et voilà pour toi, lança-t-elle en lui tendant un verre, recevant un léger sourire de la brunette.
- Pas de tâche de vin sur tes vêtements aujourd'hui ?
- Non, pas aujourd'hui, j'ai été prudente, répondit Kara tout en s'installant sur son canapé à côté de sa meilleure amie, triturant son verre de vin.
- Je vois ça...
Un silence légèrement lourd sembla prendre place entre les deux amies, faisant frissonner Kara et ce malgré la chaleur clémente de la Californie.
- Je suis désolée de ne pas avoir répondu à tes appels et tes sms... C'est juste que je ne savais pas quoi te dire exactement. C'était un tel bazar dans ma tête et je n'avais pas réellement discuté avec Elise de ce que nous allions faire, je ne voulais pas te dire quelque chose qui ne serait pas vrai... Et j'ai eu peur de ce que tu me dirais, parce qu'elle est une actrice et que c'est une relation possiblement à risque que tu aurais pu désapprouver... Et ton avis compte tellement pour moi, je ne voulais pas que nous nous fâchions, alors j'ai fait l'autruche...
- Ce qui est complètement stupide ! Kara, je ne t'aurai jamais demandé de quitter la personne que tu aimes, son métier n'a aucune importance... Enfin... Elle aurait été une criminel j'aurai eu un peu plus de mal à l'accepter, mais là ce n'est pas le cas. Alors tu n'as absolument rien à craindre de mon côté, je te supporterais toujours dans tout tes choix.
Laissant partir un souffle qu'elle n'avait même pas remarqué qu'elle tenait, Kara ne put retenir une larme de couler sur sa joue, suivant le sillage de toutes celles qui y avait déjà coulé pendant la dernière heure, avant qu'elle ne sente les bras de sa meilleure amie autour d'elle, l'entrainant dans un câlin.
- Je vais avoir besoin de discuter avec ta petite amie, lui faire comprendre à quel point tu es géniale et qu'elle a intérêt de bien te traiter, je pense que tu comprends.
- Je n'en attendais pas moins de toi... Tu as toujours été celle qui me protégeais de tout et ce malgré que je sois la plus âgée d'entre nous.
- Seulement de quelques mois ! Protesta Tamara, plus pour la forme qu'autre chose, cette discussion ayant déjà été épuisée par de nombreux argumentaire, faisant rire la jeune avocate, son rire étouffé par le t-shirt de la policière dans lequel sa tête était toujours enfoncée.
- Quelques mois c'est parfaitement suffisant. Je suis l'ainée, c'est comme ça, il faudra t'y faire un jour.
- Mais je suis celle qui a une arme...
- Tu sais très bien que ça ne marche pas avec moi ça. Nous sommes aux Etats-Unis, si je voulais je pourrais aller au Super Marché dans l'heure et revenir avec une arme. Il y aurait même une chance que tu sois celle qui me la fournisse par peur que quelqu'un me fasse du mal.
- Ok, je déteste quand tu as raison.
- Et moi j'adore ça, mais je suppose que tu t'en doutes.
Un léger rire sortit d'entre les lèvres des deux jeunes femmes cette fois-ci, sans qu'elles ne cherchent à se séparer.
- Donc tout va bien entre nous ? S'enquit finalement Kara, quittant le creux du cou de sa meilleure amie après quelques minutes silencieuses, afin de le regarder correctement.
- Tout va bien entre nous. Mais plus de secret d'accord ? Et surtout, ne fait plus ça, ne plus répondre à mes messages, ça à tendance à me rendre vraiment dingue.
- Promis !
- Maintenant, que dirais-tu de regarder un film totalement insipide à la télévision pendant que nous terminons cette bouteille de vin.
- Seulement si nous commandons des pizzas pour aller avec.
- Je pensais que c'était déjà prévu ça !
Sortant son téléphone, Kara ne mit pas longtemps à commander leurs pizzas préférées, avant de mettre ensuite Netflix sur sa télévision, afin de chercher le film le plus simple à suivre qu'elle pouvait trouver, prête à passer la soirée à se moquer du jeu des acteurs et du scénario complètement stupide, soulagée que tout se soit arrangé avec sa meilleure amie...