Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

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| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 7

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By VicArroyo

Chloé est enfin de retour, accompagnée de sa mauvaise humeur. Je ne connais pas les raisons de son absence, mais visiblement ce temps de repos ne lui réussit pas. Elle a passé sa matinée pendue au téléphone, et d'après les bribes que j'ai pu capter, il ne s'agissait pas d'appels professionnels. C'est à peine si elle ne faisait pas partie des murs durant notre réunion avec Monsieur Dangon.

J'ai profité d'être seule au bureau pour avancer sur le dossier et notamment sur le trajet du rallye. Le groupe à la tête d'une centaine d'enseignes de matériel de sport de montagne réparties sur tout le pays souhaite organiser un parcours découverte de la région Haute-Savoyarde. Le directeur nous a laissé une grande marge de manœuvre, tant que l'on appliquait les quelques conditions qu'il imposait. Une d'entre elles était la possibilité, pour les entreprises participantes, de choisir les véhicules. Selon lui, cela valorise l'expérience d'une activité itinérante et permet à chacun de s'approprier le circuit reliant plusieurs communes. Dans chaque ville, une dégustation gastronomique correspondant à la spécialité locale est impérative, et un challenge à relever à chaque étape.

Nous devons lui présenter l'itinéraire demain après-midi, mais Chloé n'a pour l'instant prévu aucun moment à me consacrer pour pouvoir le valider. Pendant la pause déjeuner, elle a carrément disparu, personne n'a été capable de me dire où elle était partie. Elle est revenue avec une heure de retard pour me laisser trois minutes après lorsqu'elle a reçu un énième appel. Nul besoin de préciser que je n'ai toujours pas eu l'occasion de lui demander ce que j'avais oublié chez elle. Mais je commence à nourrir un besoin urgent de lui faire remarquer que j'existe et qu'en tant que référente elle a un rôle à tenir... Et pour, cela il faudrait qu'elle commence par interagir avec moi.

C'est finalement maintenant, alors que la journée se termine dans moins de deux heures, qu'elle se pointe avec une liasse de documents à vérifier avant de dater et coller un post-it à chaque page où elle devra signer.

Normal.

Après m'être occupée de trois contrats, je remarque que je dois systématiquement relire quatre fois chaque phrase avant de la comprendre. Je décide donc de m'octroyer une pause pour payer une petite visite à Betty dans la pièce d'à côté. Je passe lui chercher un café et me glisse silencieusement derrière elle. Concentrée sur l'ordinateur imposant du bureau, elle ne semble pas me remarquer. Je pose la tasse à côté de la souris avant de la saluer en chuchotant contre son oreille.

Betty sursaute et soupire en sentant mes lèvres s'attarder près de sa peau, mais pousse rapidement un gémissement réprobateur.

– Ça sent le café... dit-elle en fronçant le nez.

– Oui ! approuvé-je fièrement en lui montrant la tasse. J'ai pensé qu'un petit break te tenterait.

– Oh ! Merci Charly, c'est très gentil.

Elle hoche la tête, l'air gêné, et repousse la tasse un peu plus loin, un sourire désolé sur les lèvres.

– Mais en fait, je n'aime pas le café... Je suis vraiment navrée.

Dommage.

– Ne t'inquiète pas, je le boirais, la rassuré-je avec un clin d'œil.

– Ça va, je ne vous dérange pas trop ? lance une voix glaciale dans mon dos.

Chloé se tient dans l'embrasure de la porte, les traits tirés et l'air mauvais. Elle n'est visiblement pas contente de me trouver là plutôt que derrière ses contrats.

– Je faisais juste une pause, rétorqué-je, faisant néanmoins cap vers le bureau adjacent.

Je dépasse Chloé sans un regard, me sentant fulminer de l'intérieur. Cela fait deux jours qu'elle ne se pointe pas à l'agence alors que je suis censée être sous sa responsabilité et que je n'ai commencé dans cette boîte que depuis le début de la semaine. Puis elle revient sans rien dire, reste pendue au téléphone au lieu de se concentrer sur son boulot, disparaît je ne sais où pendant deux heures, et elle a le culot de me tomber dessus parce que j'échange un café avec une collègue !

J'aurais pu avoir un référent super cool ou tout simplement sensé, mais non, il faut que je me coltine une meuf complètement à côté de la plaque qui m'inflige une douche écossaise à chaque fois qu'on se voit.

Soupirant, je me remets au travail.

Le dernier contrat terminé, j'attache le tout ensemble, les glisse dans une pochette et me rends dans le bureau de Chloé. Je toque et entre, mais là encore ce n'était visiblement pas la bonne chose à faire. Elle lève la tête et me fusille sur place avec ses yeux couleur noisettes grillées.

– Je vous rappelle, aboie-t-elle au téléphone avant de raccrocher et de presque m'arracher la pochette des mains. Tu en es où du dossier Dangon ?

– De rien, je marmonne, excédée. Je me suis occupée du parcours, tu veux que je te l'emmène maintenant ?

Ou que je le mette entre deux dictionnaires pour t'écraser la tête avec ?

– Ben oui, sinon je ne te l'aurai pas demandé ! me répond-elle avec véhémence en s'affairant à chercher quelque chose dans ses tiroirs.

– Un peu de respect, ce serait bien aussi, marmonné-je dans ma barbe, espérant à moitié qu'elle m'entende.

– Quoi ?

– Rien, je reviens.

Je sors en claquant presque la porte malgré moi, récupère le dossier Dangon dans mon sac et le lui ramène en me retenant très fortement de ne pas le balancer dédaigneusement sur son bureau. Avant d'avoir le loisir de l'entendre râler à nouveau, je file dans le hall en faisant un signe de la main aux quelques collègues restant et quitte l'agence.

J'aime mon travail.
J'aime mon travail.
J'aime mon travail.

***

Le lendemain matin, je prie pour que le soleil rayonnant illumine autant l'humeur de Chloé que le ciel bleu. Mais quand j'arrive au travail, sa mine n'est pas jolie à voir. Elle semble exténuée. Je la soupçonne d'avoir légèrement abusé de l'anticernes qui n'est pourtant pas parvenu à masquer les boursouflures qui entourent ses yeux. Soit elle s'est couchée il y a trois heures, soit elle a beaucoup pleuré.

Quand elle m'aperçoit, à ma grande surprise elle ne me crie pas dessus. Au contraire, d'une voix faible, elle me notifie qu'elle a validé mon dossier sur le trajet du rallye et qu'elle s'est chargée de remplir le book avec mon travail. Elle me remercie et son portable se met à vibrer. Elle soupire, exaspérée, et laisse tomber sa tête dans ses mains.

– Ça ne va donc jamais s'arrêter ? murmure-t-elle, avant de décrocher en me congédiant du regard.

Je quitte la pièce en fermant la porte discrètement. Qui passe donc son temps à l'appeler ? Je ne peux m'empêcher d'éprouver de la peine pour elle. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa vie en ce moment, mais ça semble l'atteindre. Cette Chloé n'a rien à voir avec celle qui plaisantait dans la voiture il y a quelques jours de cela. Même hier, elle avait plus de vie dans sa mauvaise humeur. Et si elle se borne à répondre à son téléphone, c'est que ça ne doit pas être quelqu'un à qui elle peut se soustraire. Ou qu'elle n'est pas très maligne, car elle pourrait se contenter de balancer son portable par la fenêtre et le problème serait réglé. Mais je conçois que cette réaction soit légèrement extrême.

Si peu...

Alors que je m'amuse de mon petit monologue intérieur, Chloé débarque dans la salle commune, embarrassée, m'annonçant qu'elle ne pourra pas assurer la réunion de ce matin.

– C'est une présentation des budgets de l'année prochaine et d'autres spécificités passionnantes avec la Région, tu n'as rien à faire. Écoute et prend des notes, tu me feras un rapport ensuite. On se retrouve cette après-midi directement sur place pour rencontrer Monsieur Dangon. J'amènerai le book.

***

J'atteins Annecy avec un bon quart d'heure d'avance et rejoins le café choisi par notre client. À quatorze heures précises, il se présente devant moi vêtu d'un élégant costume noir satiné.

La couleur de l'argent.

Il me serre la main en me sondant sur ma référente qui n'est toujours pas arrivée. Je me retiens de lui avouer qu'il est impossible de la joindre, et le suit dans l'établissement.

– Je suis un homme occupé, alors commençons tout de suite. J'espère que vous avez pu terminer le parcours, car nous nous approchons de la date de l'événement et l'absence de votre responsable nous a fait prendre du retard.

Je rassure notre client en lui attestant que j'ai pris la relève pendant que Chloé se la jouait école buissonnière, quand celle-ci traverse enfin le café.

– Bonjour Mr Dangon, merci de m'avoir attendue.

– Pas de problème, répond-il sans pour autant se départir d'une moue pincée, votre collègue m'a dit que vous aviez pu finaliser le trajet ?

Chloé acquiesce en me jetant un coup d'œil qui semble anxieux, et s'installe en face de lui. Elle sort le dossier et commence à lui expliquer notre démarche. Notre client paraît tendu et la coupe en lui demandant directement à voir le book. Chloé le glisse devant lui lorsque son portable sonne. Dangon lui indique de répondre, souhaitant parcourir le dossier par lui-même avant d'en discuter. Son humeur commence à s'assombrir et il me somme de passer commande pour nous trois, avec un whisky pour lui. Décidément, le respect ne fait plus partie des mœurs courantes. N'osant pas moufter, je m'exécute en espérant que notre travail portera ses fruits. S'il faut tout recommencer, c'est certain qu'on va en prendre du retard.

En ramenant les boissons, je le vois clairement s'énerver.

– Vous vous fichez de moi ? s'enquiert-il en avalant rapidement une grosse gorgée de whisky.

– Je vous demande pardon ?

– Ce parcours ne dépasse pas les hauteurs de Chamonix ! Comment voulez-vous que mes entreprises découvrent la région si nous ne traversons qu'une seule ville ? Je suis extrêmement déçu de votre travail.

Il referme le dossier d'un claquement sec et commence à se lever pour partir.

– Attendez, Monsieur Dangon. Sincèrement, je ne comprends pas, ce contrat est la priorité de Madame Matteson, il doit y avoir une erreur. Si vous me le permettez, je vais vérifier le dossier.

Il se rassoit, le regard noir, et s'attelle à nouveau à son verre pendant que j'ouvre le book. Il a de quoi être énervé, Chloé s'est plantée et a pris le travail de préparation du trail de Chamonix, destiné à un autre client.

– En effet, je vois qu'il ne s'agit pas du bon dossier.

– Je me suis déplacé jusqu'ici en refusant une après-midi de rendez-vous, et vous n'avez pas les bons documents ? Cela manque cruellement de professionnalisme ! Je commence à remettre en question les qualités de votre agence, jeune fille.

"Jeune fille" ? Tu vas te détendre mon coco.

– Je m'excuse encore une fois pour ma collègue. Elle traverse une passe difficile, mais vous ne trouverez pas plus impliquée qu'elle, il ne s'agit là que d'un malentendu.

La concernée entre à ce moment-là, l'air plus détendue, prête à accueillir les retours positifs de son client qui ne viendront pas. Le voyant bouillir, elle le questionne et il réitère son laïus. Décontenancée, Chloé s'agite et me regarde, confuse.

– Je ne comprends pas... Je suis navrée, peut-être... Peut-être peut-on planifier un nouveau rendez-vous ?

– Je n'ai pas le temps pour ces âneries, enfin ! éclate notre client en se levant.

Le visage de Chloé se ferme alors et son visage dévie vers la table, comme si elle avait fait une bêtise et ne voulait pas se faire gronder. Elle semble bloquer sur le fond de sa tasse de café mais je vois le coin de ses lèvres et ses paupières tressauter. J'ai l'impression qu'elle va se mettre à pleurer et ce n'est vraiment pas le moment ! Voyant qu'elle ne réagit pas, je me précipite pour prendre le relais avant que notre client ne s'en aperçoive. Je me tourne vers lui, cachant ma référente derrière moi, pour sauver ce qu'il reste de notre entretien.

– Écoutez, Monsieur Dangon, le double de votre dossier est dans ma voiture. Suivez-moi, je vous le fournis, je vous laisse le parcourir tranquillement et je vous rappelle ce soir. Cela vous convient ?

Je le sens se calmer. Il jette un regard interloqué à Chloé, et, la saluant à peine, m'emboîte le pas. Je vérifie le dossier avant de lui tendre et m'excuse encore. Au lieu de disparaître, il le parcourt devant moi et son regard s'illumine.

– Eh bien voilà ce que j'attendais ! Heureusement que vous êtes là ! Écoutez, je me suis emporté contre vous un peu rapidement. Une erreur, cela arrive à tout le monde. Cependant, vous devriez dire à votre collègue de prendre un peu de repos, elle semble au bout du rouleau !

Et sur ce, son mécontentement évaporé, il me serre la main vigoureusement avec un grand sourire et s'en va.

Passée ma stupéfaction, je retourne au café dans l'espoir de confronter Chloé qui enchaîne les conneries, mais pour couronner le tout, le serveur m'informe qu'elle l'a chargé d'un message. Madame est repartie à l'agence sans demander son reste.

J'hésite entre péter un câble et... péter un câble.

***

Le trajet jusqu'à Extra'Time me laisse le temps de redescendre, sans pour autant supprimer toute ma colère. En plus de devoir gérer un nouveau travail, j'ai l'impression de devoir compiler avec les humeurs de ma référente qui apparaît et disparaît à sa guise. Non seulement je n'ai toujours pas pu la confronter sur ce qu'il s'est passé entre nous, mais surtout, j'ai l'impression de ne pas du tout être accompagnée dans ma prise de poste. Et c'est cela qui me pose le plus de problème. J'apprécie mes missions, mais jusqu'ici, elle a passé plus de temps à gâcher le plaisir qu'à me permettre de m'épanouir dans mes fonctions.

La voiture de ma collègue n'est visible nulle part sur le parking, m'informant qu'elle n'est pas encore de retour. Pour ne pas louper son arrivée, je décide de l'attendre dans le hall où je croise Betty.

– Salut toi ! Dis donc ça n'a pas l'air d'aller ! déclare-t-elle face à ma mine déconfite.

Je me laisse tomber dans le canapé en cuir près de la fenêtre et lui fais le récit de ce qu'il vient de se passer. Elle m'écoute attentivement et confirme mon point de vue sur le comportement étrange de Chloé. Mais n'a pas plus d'indices que moi sur les raisons de ses agissements.

Tout à coup, Betty me fait signe de regarder par la fenêtre. Miss Noisettes est dans la cour de l'agence et discute avec un homme d'une trentaine d'années, son casque de moto dans la main. Elle semble vidée de toute énergie, et finit par se blottir dans les bras de l'inconnu qui lui caresse tendrement les cheveux et l'embrasse sur le front.

Elle a réussi à trouver un mec qui la supporte ?

Deux minutes ! Un petit retour en arrière s'impose. Impossible que Chloé se soit mise en couple si peu de temps après avoir couché avec moi, ces deux-là semblent bien trop intimes. Je suis donc l'erreur de parcours de Chloé, ou sa soupape ?

Il y avait peut-être de l'eau dans le gaz. Je demande si c'était l'origine de son humeur de merde...

– Charly, ça ne te regarde pas ! me rabroue Betty.

– J'ai pensé à voix haute ?

– Tu sais, tu te plains de son comportement, mais tu n'es pas mieux. Même si elle t'en fait voir des vertes et des pas mûres, tu ne devrais pas la critiquer de cette manière. « Que ta parole soit impeccable... » Au moins elle n'aura rien à te reprocher.

Ses propos résonnent vivement en moi, malheureusement je n'ai pas le temps de m'y attarder.

Chloé passe la porte de l'agence et me fait signe de la suivre jusqu'à son bureau.

Elle a l'air moins tendue. La gêne se lit sur son visage et elle semble peiner à trouver ses mots.

– Écoute Charly... Je tiens à m'excuser pour mon comportement de ces derniers jours. Je suis loin d'avoir été la meilleure des référentes et je t'ai limite manqué de respect. On a commencé sur une mauvaise base, et au lieu de faire preuve de professionnalisme, je me suis embourbée dedans. J'aimerais que tu acceptes de passer l'éponge. Je traverse une période compliquée, mais ce n'est pas une excuse. Je n'aurais pas dû rejeter mon stress et ma colère sur toi, ou sur qui que ce soit d'autre d'ailleurs.

Son laïus m'embarrasse un peu. Je ne porte pas toute la culpabilité de ses actions, mais une part de responsabilité me revient.

– Ce n'est pas grave, Chloé. Enfin, je suis loin d'avoir été parfaite moi aussi. Je ne sais pas ce que tu as entendu de ma conversation téléphonique de lundi, mais je m'en excuse.

Je perçois ses mâchoires se contracter, mais elle se contente de soupirer.

– J'en ai entendu assez en tout cas...

Elle marque une pause en m'observant, comme si elle pesait le pour et le contre à dévoiler le fond de sa pensée.

– En fait, si on est totalement honnêtes...

Mais le reste de sa phrase reste en suspens tandis qu'elle pince ses lèvres comme pour s'empêcher de continuer.

– Tu sais quoi ? reprend-elle en secouant la main devant moi. N'en parlons plus. On efface ce qu'il s'est passé jusque-là, et on prend un nouveau départ. Ça te convient ?

– Tu en es capable ? rétorqué-je sceptique, étonnée de ce revirement de situation.

Elle hausse un sourcil, jaugeant ma réaction.

– Si toi tu en es capable... On n'a rien à perdre à essayer, non ?

Je hausse les épaules et serre la main qu'elle me tend pour sceller ce pacte de la paix. Qui aurait pensé que ça se révèlerait si compliqué de travailler avec elle ?

– D'ailleurs, ajoute-t-elle en fouillant dans son sac, je te rends ça. Je pensais que tu me l'aurais réclamé bien plus rapidement.

Elle fourre un trousseau de clés dans ma main et je reconnais le dinosaure en peluche qui pend à un anneau. Les clés de la grange de Pauline dans laquelle j'avais stocké quelques affaires. Je devais justement les lui rendre à son anniversaire, mais ça m'était totalement sorti de la tête, et de la sienne aussi visiblement. Je la remercie avant de me diriger vers la porte mais sa voix m'interpelle.

– Au fait, merci pour tout à l'heure, vraiment. Tu m'as sauvée face à Dangon. Je ne sais pas pourquoi tu as conservé un double, mais je ne peux nier que, pour l'instant, tu es irréprochable dans ton travail.

Je suis tentée de lui envoyer une réplique cinglante, mais je me souviens de l'accord qu'on vient de passer et affiche un grand sourire.

– Je garde le compliment.

Un rictus adorablement vulnérable apparaît sur son visage. Je crois que c'est l'expression de gentillesse la plus sincère que j'ai eu de sa part depuis que j'ai commencé à bosser pour Extra'Time, et c'est agréable. Je ne peux pas continuer à la clouer au pilori et je décide, à sa suggestion, de passer l'éponge. Je l'observe comme si elle venait de m'offrir un éclat d'elle-même. Son regard rencontre le mien et s'accroche quelques instants avant qu'elle ne détourne le visage.

Elle m'offre de s'occuper de la paperasse pour que je puisse rentrer chez moi, et tandis que je la remercie, sa dernière phrase reste en suspens dans l'air :

– Je te revaudrai ça, Charly.

*******

Bonsoir !

J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu.

J'ai une petite question pour vous ! J'ai hésité à le couper en deux sur Wattpad pour faciliter la lecture. Est-ce que vous l'avez trouvé trop long ? Ou est-ce que la longueur vous convient ?

On se retrouve demain pour la suite !

xx

Victoria

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