Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

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| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 6

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By VicArroyo

       Je patiente depuis seulement quelques minutes devant le Raspuntzel lorsque je vois Betty sortir de sa voiture vêtue d'une robe jaune magnifique. Cette couleur rend son teint éclatant et la longueur du tissu tombe harmonieusement sur ses hanches gourmandes.

Wow, il y a du niveau !

Quand ses yeux caramel se posent sur les miens, son visage se fend d'un grand sourire et c'est presque en courant qu'elle élimine la distance qui nous sépare. Je lui renvoie sa joie et me penche pour l'embrasser sur la joue. Mais elle en a décidé autrement et m'enlace avec fermeté, collant son corps contre le mien.

– Salut, Mademoiselle ! lui soufflé-je à l'oreille en riant. Tu es très belle.

Elle se détache de moi et se recule pour jauger mon attirail composé d'une veste officier bleu nuit recouvrant un T-shirt loose rentré dans un jean sombre à l'effet usé.

– Tu n'es pas mal non plus, jolie Charly.

Je souris et l'invite à entrer dans le bar. L'atmosphère est feutrée, une lumière rouge tamisée éclaire individuellement chaque table et un fond de musique électronique alimente l'ambiance cosy de l'endroit. Il n'y a presque personne, il faut dire qu'il est peu commun de sortir un mercredi soir dans le centre de Megève hors-saison.

Au moins, personne ne viendra nous faire chier.

Je la suis vers une table en bois, fabriquée à partir d'une bobine de câbles électriques, un peu isolée au fond de l'établissement. Des fauteuils larges et dépareillés encadrent une banquette ayant l'air extrêmement confortable. Betty prend place sur cette dernière et je m'assois à côté d'elle. Le serveur reparti avec nos commandes, je me penche vers Betty.

– Je pense que ce que tu as fait était très culotté !

– Qu'est-ce que j'ai fait ? demande-t-elle, étonnée.

– M'inviter à sortir, de cette manière, sans préavis. Je t'avouerai qu'on ne me l'avait encore jamais fait comme ça.

– Ah ! C'est vrai, j'ai osé, rit-elle. En fait, avant, j'avais tendance à préparer le terrain, récupérer le numéro de ma proie et dragouiller par ce biais, si on peut dire. Mais les textos ou tout autre moyen de communication du genre, pour ça, c'est l'enfer. Tu attends des heures que la personne te réponde sans savoir si elle est occupée ou si elle t'ignore. Tu as toujours l'impression qu'elle parle froidement et qu'au final, c'est juste toi qui lui cours après. Ça me rend complètement parano et ça me fait me sentir super mal. Du coup, maintenant, je préfère jouer franc-jeu dès le départ, au moins je suis fixée.

Le serveur arrive et dépose nos boissons devant nous, avec un bol de cacahuètes.

– C'est une bonne façon de voir les choses. Ça m'a plutôt agréablement surprise en tout cas. Et puis, c'est marrant de travailler avec une lesbienne !

– Je ne suis pas lesbienne, répond Betty en fronçant imperceptiblement les sourcils.

– Ah ! Pardon, rectifié-je. Avec une bi ! C'est juste que je m'attendais à être la seule.

Elle se met à rire doucement.

– Raté ! Je ne suis pas bi non plus.

Je me gratte la tête en plissant les paupières. J'ai du mal à suivre.

Betty pose son verre devant elle et triture la petite serviette arborant le logo du bar, les lèvres à peine étirées sur son doux visage.

– Charly... As-tu vraiment besoin de mettre les gens dans des cases ?

J'écarquille les yeux.

– Je n'ai rien dit !

– C'était plutôt manifeste.

– Ce n'est pas que j'aie besoin de catégoriser tout le monde. C'est juste que... si tu es intéressée par moi, ça veut dire que tu aimes les filles, mais si tu me dis que tu n'es ni lesbienne ni bi, je t'avouerai que je suis un peu perdue.

– Parce que, précisément, tu essaies de me catégoriser. Mais ce n'est pas de ta faute, tout le monde le fait, ajoute-t-elle presque peinée. D'ailleurs, pour ta gouverne, il y a encore d'autres termes qui englobent l'attirance pour les filles.

Je trempe mes lèvres dans mon verre en secouant la tête, mais elle ne me laisse pas répondre.

– Le fait est que je n'aime pas me définir comme quoi que ce soit. Je sais que ça emmerde profondément les gens parce que l'humain a ce besoin primaire de tout catégoriser. Ça permet de voir le monde plus simplement, et au fond, je ne peux pas leur en vouloir. Mais certaines choses nécessitent une souplesse que n'offre pas la rigidité des cases dans lesquelles on les range. Et je n'aime pas l'idée que l'on me définisse par rapport à mon orientation sexuelle ou sentimentale.

– Ce n'est pas le cas ! Crois-moi, je peux te définir de bien des manières, cependant, je ne te connais pas encore assez pour que ça soit réellement poussé.

– Peut-être, répond-elle, ayant retrouvé le cœur à rire. Mais c'est quand même une des premières choses à laquelle tu t'es référée quand tu t'es dit que c'était marrant de bosser avec moi.

Je fais tourner mon verre entre mes doigts. Je n'aime pas l'idée de catégoriser les gens, encore moins quand ce sont les autres qui ne voient que ça en moi, et je suis la première à gueuler pour combattre cette tendance ahurissante. Et pourtant, je ne peux pas m'empêcher de le faire quand même.

– C'est vrai. Je suis navrée si tu l'as ressenti de cette manière. Je n'aurais pas dû présumer ton orientation. C'est une habitude que j'essaie de perdre... Pour revenir aux étiquettes, et c'est une réelle question : je me demande si ce n'est pas important, parfois, de mettre des mots sur les choses.

– C'est-à-dire ?

– Eh bien, certaines catégorisations permettent à ceux qui s'y identifient de légitimer leurs ressentis, grâce à des termes qui n'existaient pas forcément avant, par exemple. Nommer une chose la rend réelle, et ça permet aussi de se réapproprier certaines expressions. Aujourd'hui encore, le mot « lesbienne » est souvent perçu comme négatif, voire comme une insulte parfois, ou comme une objectivation sexuelle de l'amour entre femmes pour ces chers hommes hétéros. Je ne sais pas si tu as déjà fait le test, mais si tu tapes le mot « lesbienne » sur un moteur de recherche tu tombes majoritairement sur des sites pornographiques.

Je n'imaginais pas me lancer dans ce débat à notre premier rendez-vous, mais ça se révèle passionnant.

– Au final, je pense que c'est surtout une question de respect. Si certaines personnes n'en ressentent pas le besoin, elles devraient être libres de ne pas se coller d'étiquette. Au même titre que celles pour qui mettre un nom sur leurs sentiments, leur identité, est profondément libérateur. J'estime que le choix leur revient.

Elle hausse les sourcils et me regarde du coin de l'œil, considérant mes propos. Elle ne lâche pas mes pupilles tandis qu'elle réfléchit et ne semble pas remarquer qu'elle joue avec sa paille du bout de la langue.

Bon sang, ce qu'elle est sexy !

– Tu es surprenante, Charly Sanders. Tes arguments tiennent la route, et honnêtement, à première vue, je ne me doutais pas que tu réfléchissais de cette manière. C'est agréable de parler avec quelqu'un qui sait se remettre en question.

À mon avis, elle me surestime largement. Mais il est vrai que ces derniers temps j'essaie de déconstruire mes préjugés. Ce qui n'est pas une tâche facile, surtout quand j'ai baigné dans le jugement pendant toute mon enfance.

Je me souviens encore de la manière dont ma mère qualifiait mon homosexualité de « situation » qu'il était difficile de régler. Comme s'il y avait quelque chose à régler. Comme si j'étais une pendule qui ne sonnait plus l'heure au bon moment et qu'il suffisait d'en resserrer quelques boulons. C'est bien ce qu'a tenté de faire mon père depuis ma naissance d'ailleurs, me retaper, me réparer, fixer l'erreur que j'étais devant la passivité accablante de ma mère... Pourtant, tout ce qu'il a réussi à faire est me détraquer encore plus jusqu'à ce que je ne devienne qu'un meuble devant sa tapisserie hideuse.

Avec la découverte de mes « penchants », ma sœur a rejoint ses rangs et j'ai réalisé qu'elle possédait un avis bien trop tranché sur la manière dont l'orientation sexuelle d'une personne définissait son humanité. J'imaginais que les années deux mille ne connaissaient plus ce genre de préjugés aberrants, en France tout du moins. Mais il faut croire que si, et son illustration parfaite porte mon nom.

J'ai tendance à en rire maintenant. J'ai évolué, loin d'eux, et aujourd'hui je suis heureuse. J'ai décidé que je resterai une femme non ternie par une famille aux jugements dévastateurs. Malgré tout, cela laisse des réflexes dont il est difficile de se départir. Rien qu'à voir la manière dont je perçois Chloé. J'ai du mal à comprendre pourquoi je peux me montrer volontaire pour évoluer sur tous les sujets sauf le sien. Quelque chose me bloque en elle, me retient de creuser plus loin. Mais je n'ai pas envie de perdre mon énergie à cogiter à ce propos. Pas alors que je suis en si bonne compagnie.

– Tu sais quoi ? reprend Betty d'un ton enjôleur. Si tu tiens tant à me loger dans une case, je choisis celle des cœurs d'artichaut.

Je lève un sourcil, stupéfaite, et ma manie de pincer mes lèvres avec mes ongles dès que je suis nerveuse réapparaît.

Serait-ce un mauvais coup du sort ?

Une jolie fille, intelligente, rigolote et qui n'a pas l'air de vouloir se prendre la tête, il fallait bien que ce soit le genre à tomber amoureuse et rêver de tout ce qui va avec.

J'apprécie Betty, mais je sais aussi que mes relations ne dépassent jamais l'aspect charnel. Je ne tiens pas à la blesser ni à lui faire miroiter l'impossible. La solution reste encore de prendre la tangente.

– Ne l'est-on pas un peu tous ? Je pourrais me définir de la sorte, quelque part. Disons que je n'aime pas vraiment me poser avec quelqu'un.

Largage de la bombe : check.

J'espère ne pas la voir décamper. Elle m'attire vraiment beaucoup et ce serait du gâchis de ne pas pouvoir laisser libre cours ce désir qui commence tranquillement à embraser mon corps.

Elle se met à rire, ce qui fait disparaître son grain de beauté dans une de ses fossettes. Une lueur brillante apparaît dans ses magnifiques yeux bruns lorsqu'elle me regarde.

– Quand je dis « cœur d'artichaut », c'est que je tombe réellement amoureuse de tout le monde. Dès qu'une personne retient mon attention, c'est fichu, je me suis déjà perdue dans ses filets. Je ne peux pas m'en empêcher ! Ça ne m'arrive pas forcément souvent, mais c'est quelque chose que je n'ai pas envie de contrôler. Je pourrais me mettre des barrières et m'en tenir à une personne seulement, mais lorsque j'ai essayé, je me sentais prisonnière de mes relations. J'avais constamment l'impression de louper d'autres choses. Et je chéris beaucoup trop ce sentiment de tomber amoureuse pour m'en passer. Du coup, je préfère ne pas m'engager, car jusqu'à maintenant je n'ai jamais trouvé personne qui partageait ce point de vue et nous permettrait cette liberté.

Alors ça, je ne m'y attendais pas.

Je réfléchis quelques secondes avant de planter mes yeux dans les siens.

– Tu es une amoureuse invétérée, et inclusive. La classe !

Cela fait déjà deux heures que nous discutons et il n'y a pas une once de gêne entre nous. Un peu comme si on se connaissait depuis toujours, c'est agréable. Betty se penche vers moi lorsqu'une mélodie rêveuse et électrique emplit le bar.

– Viens danser, me chuchote-t-elle à l'oreille.

Cette simple phrase a pour effet de dresser les poils sur chaque parcelle de ma peau.

Elle glisse sa main dans la mienne et soulève son corps à la manière d'une fée enchantée. Je ne vois plus qu'elle, comme si toutes les lumières autour de nous s'étaient soudainement éteintes et qu'il ne restait qu'un halo l'entourant.

Mon cœur bat au rythme de la musique sensuelle, tout comme le temps qui me paraît se dérouler au ralenti. C'est l'effet que me font les femmes, leurs yeux pétillants, leur corps voluptueux, leur voix veloutée. Betty me sonde du regard et j'ai soudain envie de me perdre à l'intérieur de ses iris aussi sombres que ses pupilles. La lumière rouge du bar se reflète sur ses épaules dénudées. Sa peau dorée attise ma gourmandise et me rend avide de la goûter.

Voyant que je ne réagis pas, elle laisse retomber ma main et saisit le volant de sa robe, ses yeux plongés dans les miens. Avec une intention claire comme de l'eau de roche, elle se mord la lèvre en reculant, remuant ses hanches sur l'enchaînement serein des notes électroniques. Une femme magnifique, de l'électro posée dans un bar cosy, je n'ai besoin de rien d'autre pour la soirée ! Je me délecte du spectacle se déroulant devant moi. Je m'adosse contre la banquette et ne lâche pas des yeux la créature qui s'anime à quelques mètres de mon corps en alerte.

Betty tourne sur elle-même, virevolte lentement sans jamais perdre le tempo. On dirait qu'elle a dansé toute sa vie. Je ne peux décemment pas rester affalée derrière la table. S'il y a bien une chose que je ne maîtrise pas, c'est déhancher mon corps dans un contexte non sexuel. Mais au vu des intentions de Betty, je peux transgresser un peu. Je m'approche doucement d'elle et de sa chorégraphie envoûtante. Elle n'a aucune peine à comprendre que je ne danserai pas, mais elle pose ses mains de chaque côté de mon bassin et s'appuie légèrement dessus pour accentuer ses mouvements sensuels. Je n'ai clairement pas affaire à une débutante, il y a ici une maîtrise parfaite de la séduction enchanteresse.

Elle descend le long de mon corps en frottant ses courbes contre moi. Elle ne lâche jamais mon regard ce qui m'excite encore plus. Je veux sortir de cet endroit au plus vite, l'emmener chez moi et lui donner tout le plaisir que j'ai à offrir jusqu'à ce que nos corps ne soient plus que pantins dans des draps de satin.

Lorsqu'elle remonte le long de mon buste, je lui saisis la nuque et laisse mes lèvres se promener sur son cou en l'effleurant à peine. Sa tête tombe en arrière, m'offrant une vue imprenable sur son décolleté étourdissant. Je trace une ligne de baisers en partant de la naissance de sa poitrine jusque sous son oreille, et je termine mon chemin en lui mordillant les trapèzes. Son corps se tend, ses doigts s'enfoncent dans ma peau et je l'entends soupirer. Je jette un rapide coup d'œil autour de nous et bénis qui de droit d'avoir choisi un bar désert.

– Tu as envie de partir d'ici ? je lui demande, légèrement étourdie par cette ambiance fiévreuse.

Elle se recule à peine et m'observe, un sourire en coin, sans arrêter de bouger.

– J'ai une règle, jolie Charly, à laquelle je ne déroge jamais.

Elle glisse ses doigts entre le haut de mon jean et ma peau qui s'embrase sous son contact, hisse sa bouche pulpeuse sous mon oreille et ajoute, d'une voix enjôleuse :

– Je ne couche jamais le premier soir.

QUOI ?!

Je la regarde, interdite. Elle penche la tête, hausse les sourcils de manière séductrice et fait doucement remonter ses ongles sur l'épiderme sensible de mon ventre. Ce contact envoie une décharge électrique qui me parcourt de la racine de mes cheveux jusqu'au bout de mes orteils. Elle cherche à me torturer, la vilaine !

– Si tu veux que je te fasse la cour, ma jolie, je ne sais pas si tu as tapé à la bonne porte. J'aime m'amuser, vois-tu, ma chère Betty. Les sentiments et moi, ce n'est pas une affaire qui marche.

Les prunelles brûlantes de désir de Betty m'attrapent, et mon bas-ventre se contracte instantanément à mesure qu'elle s'approche de moi. Je ferme les yeux pour mieux apprécier les sensations imminentes. L'odeur de la menthe contenue dans son Mojito vient chatouiller mes narines. Je la sens agripper mon T-shirt et plaquer son corps sur le mien tandis que sa bouche s'écrase sur la mienne. Elle m'embrasse avec tendresse et fougue à la fois, comme une promesse de ce que j'aurais bientôt, si j'accepte de patienter un peu. Sa langue caresse ma lèvre inférieure sans aucune hésitation. Son petit jeu ne fait qu'attiser davantage mon désir. J'intensifie mon étreinte et mords dans sa chair, juste assez pour qu'elle finisse par sombrer. Sa réponse est immédiate, la bouche entrouverte, le sourire en suspens. Mon abdomen s'enflamme, elle est irrésistible et la période chaste que j'ai eue dernièrement – en dehors de mon épisode amnésique – n'aide pas à calmer mes ardeurs. Mais j'ai bien l'impression qu'ici, je me suis frottée à plus maligne que moi, et bon sang ce que j'aime ça !

À cet instant précis, la seule chose que je désire est d'être au lit avec elle pour faire un sacré paquet de bêtises. Je l'entends gémir dans ma bouche et ce petit son adorablement sexy traverse mon corps pour se déposer délicatement au creux de mes reins. Je saisis son minois entre mes deux mains et exprime mon désir de la seule manière que je connais : en jouant. Je plaque mon visage contre le sien, mes lèvres à quelques millimètres des siennes.

– Si tu ne veux pas que je te prenne sur le siège de ta jolie petite voiture, tu ferais mieux d'arrêter tout de suite, l'avertis-je, essayant de calmer mon effervescence.

– Je reconnais que je m'en ferais une joie, mais c'est trop bon de te voir lutter.

Elle dépose un dernier baiser sur mes lèvres, laisse sa tête choir dans le creux de mon cou quelques secondes, et retourne s'asseoir sur la banquette sans un seul regard autour d'elle. Comme si tout ce que nous venions de faire en l'espace de quelques minutes était monnaie courante dans les bars de Megève. Mais nous nous trouvons au fond de la salle, le serveur est fasciné par le match retransmis sur le grand écran suspendu au plafond près de l'entrée, et personne ne se préoccupe de nous. Je pousse un long soupir pour essayer d'évacuer la tension sexuelle imprégnée dans mon corps et me glisse aux côtés de cette fille fascinante.

– Alors comme ça, tu n'es pas une sentimentale ? me demande-t-elle en avalant une cacahuète, les joues rosies par tant d'émotions.

– Non, pas le moins du monde. J'aime les sensations brutes et physiques, l'effet qu'ont les femmes sur mon corps, les réactions chimiques qui se produisent. J'adore jouer, chercher l'autre. Voir l'expression d'extase de ma partenaire quand je la fais monter au septième ciel.

– Ça va, tu n'es pas du genre modeste, me coupe-t-elle avec ironie.

Je ris en secouant la tête d'un air faussement désabusé.

– Pourquoi est-ce que tu n'apprécies pas l'amour ?

J'avale ce qu'il reste de ma bière plus très fraîche et réfléchis à la manière de formuler ma réponse. Elle n'est pas la première à soulever cette question, et elle ne sera sûrement pas la dernière.

­– Ce n'est pas tant ça... c'est juste que ce n'est pas pour moi. Les relations amoureuses, se poser avec quelqu'un, habiter ensemble, et laisser une autre personne avoir une certaine emprise sur toi et tes décisions.

– Tu as une vision bizarre de la vie à deux. C'est beau tout ce que tu partages, dans un couple.

– Je n'ai pas dit le contraire. Il y en a à qui ça convient très bien. Ce n'est pas mon cas. Je n'ai pas envie de percer ma bulle intime, je suis bien toute seule.

– C'est parce que tu n'as pas trouvé la bonne personne.

Je réprime un soupir et secoue légèrement la tête. Ça m'agace un peu de devoir constamment me justifier sur mon choix, bien qu'étant en plein rencard, je comprends que Betty veuille en savoir plus.

– On me l'a souvent dit, mais pour moi, il ne s'agit pas des autres. Je n'ai pas trouvé la bonne personne, car je ne l'ai pas cherchée, et surtout je n'en ai pas envie. Ça changera peut-être un jour, mais pour l'instant, penser à deux et inclure une partenaire dans tous les projets que je fais, même les plus simples, c'est impossible pour moi, je suis bien trop égoïste pour ça.

Je vois le visage de Betty s'adoucir, et un sentiment proche de la pitié y passe. Cette réaction est à deux doigts de m'énerver.

– Charly, je suis sûre que tu n'es pas égoïste.

– Non, tu ne comprends pas, la coupé-je. Je ne parle pas d'être égoïste au sens général du terme. Je parle du fait de vouloir privilégier mes propres choix sur ma vie personnelle, sur mon confort, sur la routine que j'ai dans ma chouette petite maison avec mon chat et mes habitudes. Et je n'ai pas envie que quelqu'un vienne chambouler ça et laisse ses marques partout chez moi et dans ma vie.

Elle hoche la tête en capitulant et termine son verre d'une traite.

– Je comprends, répond-elle simplement en se levant. On y va ?

L'intensité du jeu de séduction entre Betty et moi s'est évanouie dans la nuit, mais la tension reste toujours palpable sous nos doigts. Elle saisit ma main en sortant du bar et la garde tout contre elle jusqu'à ce que l'on arrive devant sa voiture. Là, elle m'embrasse tendrement à la commissure de mes lèvres et murmure :

– Bonne nuit, jolieCharly.

*******

Hellooooo !

On se retrouve après cette scène sensuelle, j'espère qu'elle vous a plu !

Que pensez-vous de Betty ?

Au fait, ça y est ! J'ai envoyé mon manuscrit à plusieurs maisons d'éditions, il ne reste plus qu'à attendre ! Je suis assez stressée, mais il va falloir que je m'arme de patience...

On se retrouve demain pour la suite !

xx

Victoria

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