Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

226K 11.7K 4.6K

| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 4

5.3K 340 166
By VicArroyo

– Salut ! Tu es Charly, non ? Celle qui est arrivée en retard au jeu ?

Un jeune homme portant un véritable champ de bataille doré sur le crâne m'interpelle dans le hall. Il s'agit de Matthieu, un assistant. Je le salue en retour, riant avec gêne.

– On pensait tous aller manger au parc à côté, histoire de profiter du beau temps avant que l'automne ne s'installe pour de bon. Je ne sais pas si tu as amené ton repas, mais on est plusieurs à aller acheter quelque chose à la boulangerie, si tu veux venir avec nous !

Matthieu m'apparaît comme quelqu'un de détendu, respirant la joie de vivre. C'est agréable après la situation inattendue avec Chloé. N'ayant aucune raison de refuser, nous sortons rejoindre deux autres personnes en train de fumer sur le parking. La fille, Betty, me fait une bise et me propose une clope.

Me cramer les poumons avec cette merde ? Non merci.

Un peu plus en retrait, Samy hoche la tête dans ma direction avec un sourire timide en guise de bonjour. Il est petit et porte un blouson alors qu'il fait vingt-trois degrés. Mais il a l'air gentil et ses yeux noirs brillent d'une fantaisie contenue. Je pense que je vais bien aimer mes collègues.

– Alors, cette matinée ? lance Betty.

Samy baisse la tête, un peu gêné. Il écrase sa cigarette dans le cendrier mis à cet effet et jette son mégot dans la petite poubelle juste en dessous. L'air dépité, il se retourne vers nous :

– Je doute qu'ils me gardent longtemps, j'ai déjà réussi à enchaîner trois boulettes en quatre heures...

– Mais non, ne t'inquiète pas, le rassuré-je. Ce n'est que notre premier jour, ils seront indulgents. Et puis, je ne connais pas ton référent, mais la mienne m'a déjà prise en grippe, alors tu n'es pas seul dans ta misère !

Je me garde bien de mentionner la raison sous-jacente, évidemment. Nous rions de bon cœur en nous dirigeant vers la boulangerie avant de rejoindre le reste du groupe dans le parc arboré qui longe la boîte. Des sapins se mêlent aux chênes dont les branches constituent un terrain de jeu palpitant pour les oiseaux qui viennent s'y poser. Les feuilles jaunies virevoltent autour de nous pour finir leur vie sur terre.

J'entends une mélodie qui me plaît, un peu plus loin, s'élevant dans les airs, et ma tête se tourne vers sa source. Chloé est installée sur un banc avec un bol de salade sur ses genoux, son iPod branché à une petite enceinte colorée diffusant les notes électroniques et douces de Møme et de sa chanson « Aloha ». J'adore cette chanson, elle convient parfaitement à l'ambiance estivale du moment.

Caractère de merde, mais goûts musicaux de qualité.

Je m'installe dans le cercle formé par mes collègues et me présente aux autres. En dehors de Matthieu, Betty et Samy, deux des personnes assises n'étaient pas présentes à la petite réunion de ce matin. Agnès et Sandie font partie de l'ancienne équipe. Si Joanne a mentionné qu'une nouvelle équipe débutait aujourd'hui, elle n'en a pas dit plus sur les raisons de ce recrutement groupé.

– Vous travaillez ici depuis longtemps ? demande Matthieu à Agnès et Sandie.

– Depuis un an et demi, répond Sandie. Et Agnès a commencé quatre mois plus tard. On faisait partie d'une ancienne équipe, mais il y a eu des soucis. Du coup, il ne reste qu'Agnès et moi.

– Des soucis ? relève Samy. Qu'est-ce qui est arrivé aux autres ?

Sandie lance un regard en coin à sa collègue et semble tout à coup s'intéresser un peu trop en détail à son sandwich pour que ça soit réellement le cas. Agnès jette un coup d'œil discret à Chloé qui passe visiblement inaperçu, mais j'étais en train de l'observer et je n'ai rien loupé. Elle croise mon regard et se détourne en rougissant.

– On ne sait pas trop. On n'a pas vraiment été mises au courant, mais il y a quelques mois, Joanne nous a annoncé le départ de certains membres de l'équipe et qu'elle allait procéder à une vague de recrutement. Ça avait l'air d'une situation assez particulière, car elle nous a laissé le choix de rester ou non. On a décidé de rester parce que l'agence est vraiment bien.

– Quelle question ! s'exclame Betty. Ça ne fait même pas vingt-quatre heures que je travaille ici et je veux que ça dure toute ma vie !

Cette réplique relance la discussion entre les autres et je croque vivement dans mon sandwich. Je n'avais pas remarqué à quel point j'avais faim jusqu'à maintenant.

Je réfléchis au discours d'Agnès. Son coup d'œil vers Chloé signifiait forcément quelque chose. Comme sa participation aux ennuis qu'il y a eu, peut-être ? Je regarde en direction du banc, et la surprends en train de m'observer. Elle se détourne, coupe Martin Garrix dans son élan et range ses affaires.

Ça m'intrigue vraiment. Je ne suis pas du genre à m'occuper de ce qui ne me regarde pas...

Ha ha ha. La blague.

... mais cette discussion a clairement piqué ma curiosité. Chloé Matteson, bombe explosive à Extra'Time. Bon, je m'emballe un peu. Si elle était si problématique que ça, elle ne travaillerait plus là.

Tandis qu'elle quitte le parc sans se retourner, je me surprends à me demander si je ne devrais pas m'excuser auprès d'elle. Je n'ai pas forcément été très tendre avec elle dans mes paroles de ce matin. Toutefois, ce serait hypocrite puisque je n'ai rien dit que je ne pense pas réellement. Et je ne l'ai pas non plus insultée, je me suis contentée d'énoncer des faits. Je n'ai rien inventé. Qu'elle le veuille ou non, c'est l'image qu'elle choisit de nous renvoyer. Ou en tout cas, celle que je m'en fais. Et la seule excuse que je pourrais éventuellement formuler, c'est d'avoir ignoré son texto. Mais il ne me semble pas avoir quinze ans de nouveau avec cette urgence de se sentir considérée. Fort heureusement, s'abstenir de répondre à un message n'est pas encore un délit.

– Charly ?

Betty interrompt mes réflexions et je refais surface.

– Mmmh ? marmonné-je un sourcil levé, croquant dans ma tartelette au chocolat.

– Un bowling vendredi, ça te tente ? Christophe était en train de dire que c'était un rituel depuis presque deux ans ! Toute l'agence y va.

Je me tourne vers le fameux Christophe qui acquiesce d'un hochement de tête et lève une main pour me saluer avec un sourire. D'après ce que j'ai compris, il est le référent de Sandie. Ses cheveux grisonnent déjà malgré sa trentaine à peine passée, et il semble être le papa sympa de l'agence. Et puis, c'est le seul qui mange avec les assistants, c'est bien qu'il n'est pas comme les autres !

N'ayant rien de prévu ce soir-là, j'accepte la proposition de Betty. En réponse, elle se met à frétiller et taper des mains. On dirait une enfant le jour de Noël. Elle m'évoque le genre fille qui ne se prend pas la tête à réfléchir à ce que peuvent penser les autres, pour s'atteler plutôt à vivre sa vie comme elle l'entend, le plus joyeusement possible. C'est tout à fait ce qui décrit le mieux mon groupe d'amis et je suis contente qu'une personne comme ça fasse partie de mon équipe.

– Ils mangent où, généralement, les autres ? demande Matthieu.

Je le remercie mentalement de poser la question qui me brûle les lèvres depuis que j'ai vu Chloé assise seule sur son banc. Je ne sais pas depuis combien de temps elle travaille ici, ni même si son comportement m'est véritablement réservé, mais j'ai trouvé ça assez triste. J'aime ma solitude, mais je m'imagine assez mal manger seule face à mes collègues en train de partager un agréable moment... Je me demande si elle fait partie du rituel bowling du vendredi.

– Ça dépend, répond Christophe. Mais ça sera une discussion pour plus tard, il va falloir bouger.

Dommage. Je me lève et jette l'emballage de mon repas dans une poubelle à proximité. Sur le banc où Chloé était assise quelques minutes plus tôt trône une pomme verte appétissante. Je regarde autour de moi, mais les parages sont déserts, et je ferais bien de cette pomme mon digestif. Je la prends, la lance en l'air, la rattrape, la frotte sur mon T-shirt et croque dedans à pleines dents.

Mmmhhh, une granny smith, mes préférées !

– Tu fais quoi, là ?

Perturbée dans mon délice gustatif, je me retourne vers la voix de Chloé en me demandant ce qu'elle peut bien faire ici. Je l'avais vue partir, je ne suis pas folle. Elle me fixe comme si j'étais tout droit sortie du monde des Schtroumpfs.

– Euh... je mange une pomme. Plutôt évident, non ?

– Tu manges ma pomme, nuance, siffle-t-elle. On ne t'a jamais appris à ne pas toucher aux affaires des autres ?

– On m'a surtout appris que ce qu'on laisse derrière soi finit aux enchères ou dans le domaine public.

Avec une lueur de défi dans ses noisettes brûlantes, elle me l'arrache des mains.

– N'imagine pas avoir les moyens de posséder quoi que ce soit de moi.

Elle croque dedans, tourne les talons et retourne vers l'agence comme si notre échange constituait une discussion des plus banales.

Une pomme. Une putain de pomme quoi. Cette nana est vraiment grave !

Pour quelqu'un qui veut se contenter du strict professionnel, elle semble avoir du mal à maîtriser ses émotions...

En revenant sur le lieu du repas, il ne reste presque plus personne et une pluie soudaine commence à tomber. Il est temps de rentrer en effet.

– Charly ?

Betty m'attrape par le coude alors que je suis en train de récupérer mes affaires. Elle semble hésitante, ce qui ressemble peu au naturel extraverti dont elle a fait preuve durant tout le repas.

– Hum, je me demandais si ça te tenterait de sortir un peu plus tôt vendredi ? Peut-être, je ne sais pas, aller boire un verre ?

– Ouais, pourquoi pas ! Qui a prévu de venir ? Juste les assistants ?

Elle rougit avant de révéler sa dernière phrase d'une traite :

– En fait, je pensais plutôt à juste toi et moi...

Je la regarde, ébahie, manquant d'éclater de rire.

Ah d'accord, elle est comme ça, elle ?

Ça ne m'arrive pas souvent de rencontrer des personnes aussi directes. Et, malgré son naturel, je n'imaginais pas que Betty puisse me sortir une proposition pareille après quelques heures. Une pensée me frappe tout à coup.

– Attends, comment as-tu su que j'étais intéressée par les filles ?

Ses joues rosissent sous son teint ambré, et elle rit doucement. De grands yeux marron surplombant une jolie bouche pulpeuse trahissent des origines hispaniques. Sa robe fluide suggère admirablement ses rondeurs, voletant en rythme avec ses longs cheveux brun foncé qui lui tombent au creux des reins.

– À vrai dire, je n'en avais aucune idée. Mais je me suis dit que j'allais le découvrir vendredi. Ça m'arrange un peu que tu aies confirmé ma théorie avant, ça m'évite de prendre le risque de me ridiculiser sur place.

J'apprécie son honnêteté. Je ne sais pas si, moi-même, je me serai jetée dans la gueule du loup de cette manière. J'aurais sûrement mené mon enquête plus ou moins subtilement pour découvrir s'il y avait du potentiel.

– Ma foi, c'est une réponse sensée. Je ne peux qu'admirer ton courage, je réplique en plaisantant.

Ses épaules se détendent et elle part d'un rire franc. Je la trouve amusante, naturelle. Rafraîchissante.

– Bref, si ça te tente, tiens-moi au courant, ça pourrait être sympa !

Elle m'adresse un clin d'œil, puis rejoint l'agence sans attendre ma réponse. Eh bien, cette journée se révèle pleine de surprises !

Et elle est loin d'être finie, Sanders.

Je soupire à la perspective de retrouver le matador de l'arène, mais cette après-midi, nous partons sur le terrain, ça devrait être excitant. J'arrive à peine dans le hall quand je tombe sur une Chloé agitée.

– Charly ! me crie-t-elle, un air alarmé dans les yeux. Il faut qu'on se dépêche, le groupe Dangon vient de m'appeler, on a rendez-vous à Annecy dans une heure.

Dans une heure ? Elle a de l'espoir ! Je la suis sur le parking en essayant de deviner sa voiture. Je mise sur la Fiat 500 rouge stationnée en face de nous. Les autres semblent soit trop familiales, soit trop luxueuses. Je sais qu'on est à Megève, mais quand même. Je ne pense pas que le salaire de cheffe de projet puisse financer la Tesla qui trône vers l'entrée de l'agence ou la Ferrari jaune bien trop clinquante à mon goût. Je louche sur l'Audi R8 qui dort tranquillement à l'ombre d'un orme quand le bip d'ouverture d'un véhicule me sort de ma torpeur.

– Charly, tu actives là ?

– Navrée, mon cœur ne résiste pas aux belles voitures, répliqué-je avec sarcasme.

Elle lève les yeux au ciel, essayant de dissimuler l'esquisse d'un sourire qui se dessine sur ses lèvres.

Le démon possède donc de l'humour ! Si je gratte un peu, je pourrais même bien y trouver une âme !

Elle s'engouffre au volant de la Tesla, et ma mâchoire s'écrase bruyamment par terre.

J'HA-LLU-CINE !

Je m'installe côté passager, en restant comme deux ronds de flan.

– Une Tesla ? Ça va, tu ne te fais pas chier.

Elle rit doucement, semblant momentanément oublier sa rancœur envers moi.

– On me l'a offerte. Le père de ma meilleure amie était concessionnaire, ça a ses avantages, explique-t-elle avec un sourire en coin.

Je n'ai pas le temps de méditer sur cette phrase qu'elle démarre en trombe et s'élance sur l'asphalte comme dans une course automobile. Je m'agrippe à la portière et parviens difficilement à boucler ma ceinture.

– Oh, Schumacher, on se calme ! L'idée c'est d'arriver en vie, hein.

Presque hilare, elle tourne un œil vers moi :

– On aime les jolies voitures, mais on flippe une fois à l'intérieur ?

M'installant un peu plus confortablement, je fixe la route sinueuse pour réprimer l'envie de vomir qui se réveille en moi.

– Concentre-toi sur ta conduite plutôt qu'imaginer n'importe quoi !

Elle a sûrement remarqué mon visage blême, car elle ralentit et ne dit plus rien, mais l'atmosphère reste légère et mes intestins retrouvent leur place sans broncher. Je me détends et, arrivant sur l'autoroute, je lui propose de mettre un peu de musique dans l'habitacle devenu trop silencieux. Elle trafique quelques secondes sur l'écran ultra large de son tableau de bord tout en gardant un œil sécuritaire sur la route, puis la voiture s'emplit de la mélodie douce et enivrante d'une chanson de Clean Bandit.

– J'adore cette musique, soupiré-je pour moi-même.

– Le clip me détruit dès qu'il passe à la télé.

– Ah ?

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle réagisse, et elle ne précise pas sa pensée.

– Je ne l'ai jamais vu, je n'ai pas la télé.

Elle tourne vers moi ses grands yeux noisette.

– Sérieux ?

– C'est si grave que ça ?

­– Non, mais ça me surprend un peu. C'est de plus en plus rare.

À qui le dit-elle ? C'est devenu un meuble à part entière. À tel point que la redevance télévision m'était automatiquement prélevée si je ne faisais pas moi-même la démarche pour en être exonérée.

– Allez, bouges putain !

Je sursaute et remarque qu'elle s'adresse à la voiture devant nous, qui a décidé de rouler aussi vite qu'un escargot en plein sprint. Il ne nous reste pas beaucoup de temps pour arriver à l'heure et encore un peu trop de route. Comme si elle avait entendu mes pensées, elle écrase son pied sur l'accélérateur dès qu'elle dépasse le papy. Je suis propulsée dans le fauteuil de cuir et je me rattrape à ce que je peux. Le visage de Chloé est fendu d'un immense sourire.

– Le Code de la route, ça te parle ?

– Faut bien arriver à l'heure, non ? réplique-t-elle avec malice. Il y a un radar dans 25 kilomètres, je ralentirai à ce moment. En attendant, laisse-moi kiffer un peu.

Je vois le compteur dépasser largement la vitesse réglementaire, pendant que Chloé pianote sur le rebord de la fenêtre, totalement détendue. Si elle cherche à me faire peur pour se venger, ça marche parfaitement.

Si on atterrit dans le fossé, je la tue.

Le plaisir qu'elle prend à conduire est évident. Elle semble relaxée au volant, comme s'il s'agissait de l'activité la plus naturelle du monde. Et malgré sa vitesse, je ne peux pas lui enlever sa qualité de conduite. Elle n'oublie jamais un clignotant, vérifie constamment ses rétroviseurs et même les angles morts, chose que je fais... à peu près jamais.

Arrivées au radar, elle reprend un rythme normal et nous avons effectivement gagné quelques précieuses minutes.

Et on est toujours en vie ! Important à préciser.

Cependant, je ne suis pas certaine que le jeu en vaille la chandelle, et je me promets de ne plus jamais remettre volontairement les pieds dans cette voiture.

Repensant à la discussion lors du pique-nique de midi, et vu que Chloé semble de bonne humeur, je me lance dans la gueule du loup.

– Je peux te poser une question ?

Elle m'incite à continuer d'un marmonnement, les yeux fixés sur la route.

– Tu étais là quand il y a eu l'histoire avec l'ancienne équipe ?

Je vois ses épaules se crisper et elle ne répond pas tout de suite. Elle ralentit afin de laisser le temps au système automatique de reconnaître son télépéage, puis acquiesce simplement, sans développer. Mais ma curiosité mal placée me pousse à creuser.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– Ça ne te regarde pas, Charly, tranche-t-elle sèchement. Tu es ici pour faire ton boulot, pas pour écouter et transmettre des ragots, à ce que je sache.

Elle gagne un point.

Je ne parviendrai jamais à découvrir les dessous de cette histoire à ce train-là. Mais comme elle le dit, je ferai mieux de me concentrer sur autre chose. Je viens d'arriver dans l'agence, je n'ai pas très envie d'être directement cataloguée comme la commère de service. Déjà que je dois gérer ce qu'il s'est passé entre Chloé et moi... Et très honnêtement, je ne comprends pas pourquoi cette histoire m'intéresse à ce point.

L'atmosphère a radicalement changé, et elle ne semble même pas un brin victorieuse quand elle gare la voiture, cinq minutes avant notre rendez-vous.

L'après-midi se déroule sans encombre, et nous n'avons pas le temps d'échanger d'autres mondanités sur le trajet du retour. Le groupe Dangon a recruté l'agence il y a quelques mois pour organiser un rallye interentreprises assez conséquent sur lequel aucun laxisme ne sera toléré.

Moins pressée qu'à l'aller, Chloé roule tranquillement pour me permettre d'analyser les nouveaux documents fournis lors de notre rendez-vous, et lui lire les informations qui sont pertinentes pour nous. La radio tourne en fond à volume réduit pendant que je prends des notes sur ses remarques.

Lorsque j'ai terminé de passer le dossier en revue, ellene m'adresse plus la parole et je m'accoude à la portière pour regarder lepaysage défiler, les yeux sur les montagnes. Je me rends compte, tout à coup,de la fatigue qui s'abat sur moi. J'ai hâte de rentrer à la maison. De toutefaçon, Chloé s'est réfugiée dans sa coquille et a repris son poste de nanaanti-Charly, il n'y a plus rien à en tirer. 

*******

Coucou !

Comme promis, voici le chapitre 4 ! J'espère qu'il vous a plu !

Que pensez-vous de l'histoire pour le moment ?

On se retrouve demain pour la suite !

Bonne fin de week-end,

xx

Victoria

Continue Reading

You'll Also Like

61K 4.1K 18
Alice rêvait beaucoup, elle rêvait surtout d'amour. Elle rêvait d'aimer et être aimé en retour. Mais elle était une de ces filles quelconques, à côt...
132K 7.1K 24
" Je t'oublierai, je t'oublie déjà, regarde moi comme je t'oublie, regarde moi!"- Marguerite Duras. De retour à New York et tout juste revenue de la...
979 172 8
✎ Jisung est un garçon comme les autres, tout ce qu'il y a de plus normal. Du moins, c'est ce qu'il se laisse penser.. Jusqu'au jour où il fait une m...
759K 21.8K 26
Tout pour la rendre fière.