Hating, Craving, Falling

By VicArroyo

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| Gagnant Wattys 2018, catégorie « Acteurs du changement » | Si Charly Sanders est bien sûre d'une chose, c'... More

Chapitre 1
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
ÉPILOGUE
Bonus - Lettre
Playlist Hating, Craving, Falling

Chapitre 2

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By VicArroyo

    

– Meeeoooow.

Agression matinale.

C'était prévisible...

Je grogne et m'étire, lâchant avec dédain mon téléphone portable sur la couette. Je soupire en fixant Artémis dans les yeux.

– Pas aujourd'hui, je t'en prie.

Il s'avance vers moi, prêt à répliquer, mais je lève une main devant lui.

– Oui, je vais m'occuper de toi, comme tous les jours, tu me donnes deux minutes ? Ce n'est quand même pas trop demandé !

Il s'assied sur le lit, le dos droit comme une statue romaine, et m'observe de ses pupilles brillantes, semblant hésiter. Finalement, il grimpe sur mes genoux et frotte sa tête noire sous mon menton comme pour me signifier « je ne t'en veux plus, tu peux me papouiller maintenant ».

Ben voyons ! Et si moi je lui en veux toujours ? Il faut dire qu'hier, mon chat a décidé de repenser tout le design de mes culottes à coup de griffes ! Alors, qu'il prenne mes sweatshirts comme des panières, passe encore. Qu'il transforme mon matelas en paillasson aussi poilu qu'un sol de salon de coiffure, je ne bronche pas. Qu'il considère que la litière est un terrain de jeu, ma foi les aspirateurs existent pour quelque chose. Qu'il décide de me ramener oiseaux et souris comme des talismans chamaniques, ça commence à être limite. Mais qu'il détruise, totalement gratuitement, mes sous-vêtements préférés, ça c'est de la trahison pure !

Comme s'il lisait dans mes pensées, il approche son museau et me regarde avec ses yeux de Chat Potté. Je fonds. Ah, mais ce n'est pas possible ! Suis-je constamment si faible face à cette petite boule de poils insupportable et pourtant tellement attachante ?

Je gratouille son cou ronronnant et me lève quand il saute de mes genoux pour atterrir gracieusement face à la porte. Se glissant dans l'interstice, il me guide vers sa gamelle de son élégante démarche féline.

– Ne t'inquiète pas, va ! Je connais le chemin.

En passant dans la cuisine, j'allume la vieille radio rétro que mon frère a retapée. Je n'ai pas une relation très fusionnelle avec Alex, mais on s'appelle régulièrement pour se mettre à jour de nos vies respectives. Il reste le seul réel lien que j'ai avec ma famille.

Le jour de mes seize ans, après une enfance qu'on peut difficilement qualifier d'épanouissante, mon père m'a offert de « débarrasser le plancher à grands coups de pied au derrière ». Lorsqu'il a compris que ce n'était pas un gendre que je ramènerai sous son toit. Je représentais déjà un tel désastre pour lui, je pensais qu'un peu plus ou un peu moins n'opéreraient pas de grandes différences. C'est la seule fois où ma mère est sortie de sa léthargie pour s'interposer entre lui et moi, et j'ai pu rester jusqu'à ma majorité, mais à quel prix...

C'est ma sœur qui l'a appris en premier. Elle m'a surprise en train d'embrasser Mélodie, à douze ans, dans la petite cabane de tissu que j'avais construite dans ma chambre. Elle a gardé cette information pour elle, tout en m'infligeant le traitement du silence pendant trois ans. Elle ne daignait me parler que lorsqu'elle n'avait pas le choix. Une réaction très mature, pour mon aînée de quatre ans, qui a ruiné notre relation.

La voix grésillante de Calvin Harris sort de la petite radio de la cuisine, pleine de promesses positives pour cette journée. J'attrape le cachet posé en évidence sur le bar et l'engloutis avec un grand verre de jus d'orange. Je savais visiblement d'avance que prévenir mes amis n'allait pas suffire à rester convenablement sobre.

Après une douche noyée sous les enceintes hurlantes de la radio, je rejoins le marché du village. Rien de tel qu'une petite balade pour s'assurer d'avoir les yeux en face des trous. Ce n'est qu'arrivée sur la grande place que je réalise avoir laissé mon portable dans mon lit. Je ne sais pas qui m'a écrit ce matin, mais si c'était important, on m'aurait appelée.

Aller au marché le dimanche constitue mon petit plaisir du week-end. Habituellement, j'y retrouve Pauline quand elle ne travaille pas. On commence par un grand tour pour tâter tous les fruits et légumes jusqu'à ce que les maraîchers nous chassent, car on n'achète rien. Lors de notre deuxième tour, on engage la conversation avec toutes les petites mamies qui sont sur le point de donner la monnaie au vendeur. Non contentes de découvrir une oreille attentive, elles se lancent dans le récit du moindre détail de leur quotidien, pendant que le maraîcher attend son solde. C'est finalement un service qu'on leur rend à ces pauvres personnes âgées n'ayant personne avec qui discuter.

Une vraie œuvre de charité.

Cependant, ce matin, j'erre seule dans les allées du marché et je n'ai pas la force d'ouvrir le bureau du troisième âge. Éviter les poussettes et les caddies me prend déjà bien trop d'énergie.

En fin de compte, je rentre les mains vides si ce n'est la promotion de l'étal du fromager. Je me sens vivifiée de cette petite promenade, bien que mon corps ait toujours du mal à suivre. Je m'installe sur la terrasse pour grignoter ce qui constitue mon principal repas de la journée avant de m'affaisser avec satisfaction sur la banquette de ma balancelle, une vue imprenable sur le Mont-Blanc.

Sans déconner, j'ai vraiment une vie royale !

Je me réveille quelques heures plus tard, Artémis sur les genoux, ronronnant calmement, et des frissons parcourant mon corps. La fin du mois de septembre commence à se faire sentir. La vision de mes tournesols fanant dans le jardin confirme mes pensées. Chaque été, je plante mes fleurs préférées juste en face de la terrasse pour pouvoir les admirer dès que j'en ai l'occasion. Elles ont toujours représenté l'espoir pour moi, sans que je puisse véritablement me l'expliquer.

Depuis toute petite le jardin était mon refuge. On passait des heures à triturer la terre avec Léa, à observer les insectes puis entretenir les plantes plus tard. À cette époque, j'étais très proche d'elle. C'était un peu mon modèle, à réussir tout ce qu'elle entreprenait. Notre père la choyait même quand elle se rebellait, alors qu'il ne m'accordait aucune considération, ce qui valait à ma sœur toute mon admiration. À mes yeux, elle méritait toute l'adoration de mon père et je n'aspirais qu'à un objectif : lui ressembler. Au jardin, j'étais le centre de son attention. Elle me proposait toujours de choisir ensemble ce qu'on voulait planter. Elle appelait les tournesols « les enfants du Soleil » et j'affectionnais particulièrement l'idée de pouvoir m'en occuper pour les chérir. Dès lors que l'on plaçait les semis en terre, j'allais chaque jour leur dire à quel point ils allaient devenir magnifiques et rayonnants. Et malgré l'amertume qui teinte désormais ces souvenirs avec Léa, le pouvoir rassurant de ces plantes ne s'est jamais terni. Encore aujourd'hui, les tournesols sont les seuls êtres à qui j'ai jamais déclaré mon amour.

Je n'ai toujours pas regardé mon téléphone. Peu fervente des nouvelles technologies, j'ai tendance à le délaisser dans un coin et l'oublier lorsque je n'en ai pas l'utilité. C'est tout de même bien plus pratique qu'un pigeon voyageur, mais je préfère débarquer directement chez les gens quand j'ai envie de les voir plutôt que de converser au travers d'un écran. D'autant que je déteste écrire des textos et j'abhorre l'idée de ces échanges de SMS. Mes amis savent qu'il est difficile de me joindre, résultant en un temps interminable avant d'obtenir une réponse de ma part. Ils ont donc fini par s'habituer à mon mode opératoire.

Finalement, plus par curiosité que besoin, je me décide à regagner ma chambre lorsqu'un qu'un nuage lourd de pluie vient enlever tout intérêt à rester dehors. À ma grande surprise, deux notifications se sont ajoutées à celle de ce matin.

C'est Noël ou quoi ?

Un appel manqué de ma mère que je ne rappellerai pas. Un SMS de Pauline me demandant comment je vais. Et un message d'un numéro inconnu :

Je crois que tu as oublié quelque chose chez moi, hier soir.

Je fixe mon téléphone tandis que mes paupières dansent en une cadence inquiétante.

Je ne comprends pas.

Je m'apprête à lancer un appel pour découvrir de qui il s'agit, mais je m'arrête juste avant appuyer sur le bouton vert. Je n'ai aucune idée de qui se trouve à l'origine de ce message et ça m'embête copieusement. D'abord, parce que je ne me souviens pas être allée chez quelqu'un d'autre que chez Pauline. Ensuite, parce qu'il ne m'est jamais arrivé d'oublier quoi que ce soit à cause de l'alcool, et que ça se révèle profondément frustrant. Mais surtout parce que je n'assume pas. Je ne peux décemment pas avouer à cette personne que je ne sais pas qui elle est. Ça serait lui donner beaucoup trop de pouvoir sur moi, et s'il y a bien quelque chose que je déteste, c'est perdre le contrôle en dehors de mon groupe d'amis.

Honnêtement, je pensais que la légende du black-out n'était plus d'actualité. Mais là, impossible de me souvenir du laps de temps entre mon départ de chez Pauline et mon arrivée à la maison. Je ne sais pas où j'étais ni avec qui, et j'aurais apparemment oublié quelque chose au domicile de cette personne. Je m'affale sur le lit, la tête lourde.

Le soir s'installe tranquillement, et dans sa continuité, le début de mon nouveau travail approche dangereusement. J'attends cette opportunité depuis des années. Je ne peux pas tout gâcher juste parce que j'ai laissé l'alcool l'emporter sur moi une fois de plus. Je retourne prendre une douche, froide cette fois, ça m'aidera peut-être à éclaircir mes idées.

En sortant de la salle de bain, je décide d'appeler Pauline pour en savoir plus, mais Artémis m'attend, triomphant, un malheureux moineau entre ses crocs.

Il ne manquait plus que ça...

Je soupire, m'approche pour que mon chat lâche sa proie et le chasse afin de libérer le passage. Je récupère mon gant spécial petit-oiseau-en-détresse, saisit la bête délicatement et l'emmène dans la chambre de réveil avifaunistique. Sommairement, une boîte en carton recouverte d'un carré de tissu placée en hauteur sur mon balcon. À l'intérieur, un petit récipient rempli d'eau et quelques miettes de pain rassis. J'ai fini par construire ce refuge au vu de la collection de bestioles amochées par ce vil félin.

J'essaie de me souvenir des invitées à l'anniversaire. Il n'y avait qu'une seule fille que je ne connaissais pas du tout, mais elle est venue accompagnée de son copain, et ils sont repartis avant que le brouillard ne m'enveloppe entièrement. Des autres personnes présentes, quelques filles que je vois régulièrement à nos soirées, des amies d'amis avec qui je n'ai jamais vraiment discuté. Certaines que je n'apprécie pas du tout. De toute façon, elles sont toutes tellement hétéros que mes pensées ne s'y sont jamais attardées. Je ne prends le temps d'admirer que s'il y a du potentiel. Si mon genre m'élimine d'office, à quoi bon forcer le destin ?

Il y avait également mon ancienne prof d'anglais de fac, Sherry, sosie de Meredith Grey, sur qui j'ai fantasmé pendant des années, et qui est finalement devenue une amie. Mais non, je n'ai pas pu la toucher.

Enfin, je crois...

Non. Non ! C'est forcément quelqu'un d'autre. Mais il n'y a plus vraiment de choix... Je vérifie quand même dans mon répertoire. En lettres capitales, « SHERRY G. A. », ce n'est donc pas elle. Cependant, je n'ai plus la force d'activer l'antibrouillard dans mon cerveau, et je lâche l'affaire pour ce soir. Quoi que j'aie pu oublier chez elle – mon dieu, j'espère que ce n'est pas un lui ! – ce n'est pas quelque chose qui me manquera sinon je m'en serais déjà rendu compte.

J'erre dans la cuisine, cherchant quelque chose d'intéressant à me mettre sous la dent, mais rien ne m'inspire. Je décide donc d'en rester au dîner typique du blues du dimanche soir : tremper des gressins dans la pâte à tartiner devant la saison treize de Grey's Anatomy.

Mais ça ne suffit pas à ôter le texto de mes pensées. Peut-être qu'il s'agit tout simplement d'une blague. Ce ne serait pas la première fois qu'un de mes potes se paye ma tête. Ils connaissent le fonctionnement de mes relations et aiment bien me charrier avec ça. Cela fait des années que je n'en ai pas entendu un me demander « alors, c'est quand que tu te cases ? ». Ils savent. Charly Sanders ne se case pas. Cependant, ça me paraît peu crédible, et il est désormais trop tard pour appeler Pauline qui a pris sa garde de nuit. Il ne me reste plus qu'à gérer ma frustration avant de pouvoir la cuisiner, en espérant qu'elle puisse m'éclairer.

*********

Hello !

J'espère que le premier chapitre vous a plu hier, ainsi que ce second chapitre ! Eh oui, Artémis est un chat ! Et malgré tout ce que nous font subir ces sales bêtes, on les aime démesurément *parole de maman de 3 chats haha*

On se retrouve dimanche pour le chapitre 3 car je ne pense pas avoir le temps de poster demain !

N'hésitez pas à partager vos impressions et me dire ce que vous en avez pensé !

xx

Victoria

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