Point de vue d'Alleb
Je me réveille en sursaut. J'ai rêvé à mon passé, à mon père et à June. Je me sentais revenue à mes six ans.
Je me levai et descendis en bas. Marguerite était là, le sourire aux lèvres.
— Veux-tu quelques chose à manger?
— Avec plaisir, merci.
Je déjeunai et soudain, un mauvais pressentiment me comprima la poitrine. Je l'ignorai pourtant et me concentrai sur mon assiette.
Carter fini par descendre au moment où je prenais ma dernière bouchée.
Il mangea pendant que je retournais prendre un bain dans la source.
Sur le chemin de retour vers l'auberge — qui n'était vraiment pas long — je vis une silhouette encapuchonné.
Je me précipitai dans l'auberge. Marguerite avait dû fermer, car je ne vis que Carter.
On cogna à la porte.
— Viens le mollusque!
Il me suivit et nous nous cachâmes sous une table.
— Qu'est-ce qu'il y a?
La silhouette entra.
— Ce ne serait pas...?
— Tait toi, mollusque gluant! chuchotai-je.
La silhouette se retourna et je reconnue parfaitement ses grands yeux bleus.
Le jeune homme était si près de nous.
— Allez, ma belle! Montre toi!
Je hais quand il m'appelle comme ça. Il enleva son capuchon et je fus frappé par sa beauté. Je me ressaisi assez rapidement.
— Je ne te ferai pas de mal... continua-t-il.
Quoi?! Il ose dire ça après avoir estropié celui qui était comme mon père?!
Je bondis hors de ma cachette et lui sautai dessus.
Il me laissa le frapper un instant, puis, il attrapa mes poignets et me plaqua contre le mur.
— Comme on se retrouve, ma belle! Je ne t'ai pas trop manqué?
Son sourire narquois m'enrageait. Je lui crachai au visage.
— Tss-tss-tss... Ce n'est pas gentil, ça! Alors, quel est ton petit nom?
Il s'essuilla le visage sans pour autant me lâcher. Voyant que je ne répondrais pas, il soupira.
— Ok... tu crois vraiment que je ne connais pas ton nom? Je le sais parfaitement, Alleb, et il est très beau suivit de mon nom de famille.
— Espèce d'ordure!!!
— Tu ne trouves pas? Alleb Hayle... je trouve ça magnifique, moi!
Il approcha son visage du miens. Ses yeux bleus brillaient et je ne savais pas comment interpréter ça. Je s'entais son souffle s'abattre sur mon visage. Je pris une grande inspiration. Ce jeune homme sentait bon... une odeur de sapin et d'herbe fraîchement coupée. Je sentis ses lèvres se poser sur la peau de mon cou et je frémis. Ce contacte me ramena à la réalité.
Qu'est-ce que... mes pensées étaient complètement idiotes!
Je retins mon souffle. Les lèvres du jeune homme parcouraient mon cou, son souffle s'écrasait sur ma peau...
Non, mais! Quand est-ce que cet imbécile de mollusque va-t-il se décider à m'aider!?!?!
C'est alors que Hayle — Je ne connaissais que son nom de famille — fut tiré vers l'arrière. Il grogna et eu à peine le temps de se rendre compte de ce qu'il lui arrivait que Carter lui balançait son poing au visage.
— Ça t'apprendra à oser poser tes sales pattes sur les jolies jeunes filles.
Hayle éclata de rire. Un peu de sang coulait de sa lèvre, et sa joue ne tarderait pas à prendre une teinte bleuté.
— Carter... dis donc la vérité! Tu veux être plus qu'un simple ami pour elle... et tu as vu que mon contacte l'électrisait...
Mais qu'est-ce qu'il raconte cet espèce de carpeau globuleux?! Quoi qu'il soit loin de ressembler à ça...
Je vis le visage de Carter virer au rouge.
De colère.
L'autre carpeau avait réussi à mettre Carter en colère! C'est un exploit!!!
— Ouhla!!!! Tu t'es mis dans la merde, Hayle! Mettre Carter en colère, c'est vraiment dur!
Il soupira.
— Écoute, ma belle, ton ami, je le défonce en moins de trois secondes! Alors si tu veux que je le laisse en vie, tu me suis gentiment.
— Espèce de connard, grognai-je.
— Je te laisse le choix, ne te plains pas.
Je m'approchai de Carter, tranquillement. Il me regarda dans les yeux et compris. J'allais perturber le jeune homme se tenant devant nous, le déstabiliser. Lui devait en profiter pour lui mettre un coup et après, on fiche le camp.
— Tu sais, Hayle... Tu n'as peut-être pas tord.
— De quoi tu parles? demanda-t-il méfiant.
— Et bien...
Mais merde, trouve une meilleure idée que ce que tu as en tête, où tu le regretteras!!!!
— Quoi?
Bon ben, il y a rien qui vient.
— Tu semble très sûr de tes charmes... Mais tu n'as pas tord.
Il était très méfiant.
Je m'approchai de lui et lui effleurai le bras.
Allez, Alleb! Lance toi!
Je lui envoyai mon regard le plus séducteur possible.
Point de vue du jeune homme
Je sais pas à quoi elle joue, mais ça ne me plait pas. Si elle veut jouer à ça, on va jouer à deux.
Je posai ma main sur sa hanche et la vis hésiter. Un sourire moqueur étira mes lèvres.
— On ne joue pas à ce jeu avec moi. C'est moi l'expert, le maître, là-dedans.
Je la plaquai de nouveau sur le mur, d'un geste plus menaçant cette fois.
— Écoute, je te recherche depuis cinq longues années, je n'ai pas l'intention de te laissé filer.
— P-pourquoi? bégaya-t-elle.
— C'est une très longue histoire. Je t'expliquerai sur la route.
J'esquissais un sourire quand je sentis quelque chose de lourd heurter ma tête. Je m'effondrai par terre, des points noirs brouillants ma vue.
Avant de sombrer dans l'inconscience, je pu voir Alleb et Carter s'enfuirent à toutes jambes. C'était raté...
Une fois de plus.
•••
Point de vue d'Alleb
Nous avons couru pendant près d'une heure à une vitesse plutôt élevé.
Vidés de nos forces, nous nous effondrâmes près d'un ruisseau.
— Il faut se rendre à la capital le plus vite possible, dis-je.
— Totalement d'accord. On a passé près de la catastrophe.
Carter me regarde. Il voit que je rumine.
— C'est à cause de ce qu'il t'a dit? Sur le fait qu'il t'expliquerait ton importance dans cette guerre et pourquoi tu t'y retrouve?
— Ouais... j'ai l'impression que tout le monde en sait plus sur moi et ma mère que moi-même.
Carter me pris dans ses bras, comme dans le bon vieux temps.
Je me serai contre lui et il caressa mes longs cheveux.
— Est-ce que... il disait vrai? murmurai-je.
— Sur... sur quoi? rétorqua Carter, hésitant.
— Sur tes sentiments, fromage!!!
— Pourquoi tu me traite de fromage?
— Parce que! Ne détourne pas la conversation, mollusque gluant!
Il soupira. Il faut dire que je suis parfois très immature.
— Je sais pas, Al'. Je crois que oui... et c'est ce qui m'a mis en rogne.
— Toi fâché!!!! C'est vraiment rare!!!!
— Je sais...
Je me détachai de lui et me relevai.
— On devrait y aller si on veut arriver un jour.
Il se contenta de se lever et nous nous remirent en marche.
•••
Point de vue du jeune homme
Je suis dans ma chambre de nouveau. J'en peux plus. Je veux frapper sur quelque chose, défouler ma colère.
Ou de la faire disparaître pendant un instant.
Je me rend à la chambre de mon frère.
— Entre frérot.
Je n'ai même pas eu besoin de frapper. Il doit être au courant de mon échec. Il savait que je viendrais le voir.
J'ouvre la porte. Il lit, étendu sur son canapé.
Thomas-Jared mesure un centimètre de moins que moi, soit un mètre quatre-vingt-quatre. Il a les cheveux aussi noirs que les miens, mais des mèches brun pâle les parsèment. Il les tient de notre mère. Il a les mêmes yeux bleus que moi, mais au niveau du visage, on ne se ressemble pas du tout. Il ressemble énormément à ma mère — je crois que je l'ai déjà dit, mais c'est vrai — alors que je ressemble à mon horrible père.
Thom est un peu musclé, mais pas trop, juste un peu. Moins que moi. Il est mince, presque maigre et il faut voir son dos lorsqu'il est torse nu... ou plutôt il ne faut pas... il est couvert de cicatrices plus ou moins récentes.
Chaque fois que je vois son dos, j'ai envie d'égorger notre père.
— Alors, ça va? demanda-t-il, me sortant de mes réflexions.
— Si oui, je ne serais sûrement pas ici, Thom... soupirai-je.
— Pourquoi vous ne la laissez pas vivre tranquille, cette fille? Elle nous a rien fait!
— Elle non... mais sa mère oui.
— Et quoi donc?
— Trop, beaucoup trop de choses...
Thom fronça les sourcils mais ne dit rien.
— Alleb... elle s'appelle Alleb et j'ai jamais vu quelqu'un comme elle.
•••
Point de vue d'Alleb
Carter et moi avons convenus de nous arrêter dans le prochain village que l'on rencontrerait pour essayer de trouver quelqu'un à même de nous amener à la capital.
Mais je crois qu'au mieux, on nous donneras des vivres.
C'est ainsi qu'à la nuit tombé, nous arrivâmes près d'un petit village.
Au moins, nous étions loin de Hayle, même si ce village semblait tout saufe accueillant.
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