Je me mets immédiatement à courir. Les maisons sont en feu ou en ruine. De la fumé noir s'élève de l'immense brasier et je me demande comment nous avons pu ne pas le remarquer. Des cendres volent dans les airs et s'accrochent à mes cheveux...
Mais je n'ai qu'un but. Retrouver mon père.
J'entre dans notre maison. Le feu ne l'a pas complètement dévasté, mais l'air est irrespirable. J'avance à pas lents, toussant et les yeux en feu. C'est en entrant dans le salon que je remarque que la maison est entièrement vide.
Je sors en courant et Carter me prend dans ses bras.
— Calme, Alleb, calme... il faut partir d'ici.
— Mais mon père...
— Il... il doit déjà être mort...
— Comment peux-tu dire une chose pareille! m'écriai-je.
Les larmes inondaient mes joues, creusant des sillons dans la saleté et la cendre recouvrant mon visage.
C'est là que je vis le miracle. Sur la place publique, les anciens guérissaient les blessés... il y en avait à la fois beaucoup, et terriblement pas assez.
Ils étaient une vingtaine, et avec les anciens, une trentaine. C'était horrible. Tous étaient blessés. Je vis une femme au visage à moitié brûler et un bébé mourant, couvert de brûlures.
Je me précipite vers mon père et me jette dans ses bras. Des traits sont tirés et il semble avoir pris dix ans.
— Que s'est-il passé?!?! je m'exclame.
— Une heure, environ, après que nous aillons envoyé Carter te chercher, Ils sont débarqués. Ils ont mis feu aux maisons et ont prit avec eux tous ce qu'Ils pouvaient apporter. Autant nos récoltes que... nous... les paysans. Ils les ont presque tous amenés. Homme ou femme, ça ne faisait aucune différence. Même les enfants!!! Ils nous ont laissé ici, car il n'y avait plus de place... Mais Ils ont dit qu'Ils allaient revenir.
— Il faut partir!!!
— Mais tu as vu tous ces infirmes?!?! Ma fille, part avec Carter, éloignez vous... Ils ne doivent pas gagner.
— Mais de qui tu parles, de un!!! Et de deux... je ne peux pas t'abandonner!!!!!
Il passa doucement sa main sur ma joue pour en enlever la saleté tout comme les larmes.
— Ma chérie... ta mère s'est battue pendant des années contre ces monstres qui voulaient et veulent toujours, nous mettre à leur service. Tu dois les empêcher de gagner cette guerre. Pour ta mère... pour moi.
— Je ne veux pas te quitter!!!! sanglotai-je.
Nous entendîmes des bruits de sabots et mon père me cacha dans une maison en ruine avec Carter.
— Veille sur elle, jeune homme.
— Oui, monsieur.
Mon père me serra une dernière fois dans ses bras avant de rejoindre la grande place.
D'où j'étais avec Carter, nous avions une superbe vue sur la scène horrible qui se déroulait à quelques pas de nous.
Des hommes montés sur de grands étalons noirs débarquèrent. Ils s'adressèrent directement aux anciens:
— C'est à votre tours maintenant. Dans la charrette!
Les habitants obéirent, mais mon père resta droit, debout devant l'homme qui venait de parler.
Celui-ci descendit de son cheval.
— Tiens, tiens... Jian... il me semble que tu nous aies volé quelque chose nous appartenant...
— Elle me l'a confié! Je ne vous l'ai pas volé! Elle ne vous appartient simplement pas!
— Comment oses-tu...
— Tu aurais pu devenir quelqu'un de bien... pourquoi as-tu suivit la voie que ton père à tracée pour toi?...
L'autre perdait visiblement ses moyens.
— Où est la fille, Jian, dit-il d'un ton autoritaire.
— Je ne vous laisserai pas!
— Où est la fille, putain!!!!!! hurla-t-il.
— Tu te fâches trop vite, mon cher... je vais répéter la phrase qu'elle disait toujours: vous ne gagnerai pas!
— Je vais te tuer!!!!! Cria-t-il.
Mon père sourit et dit d'un air sarcastique, comme pour défier le jeune homme:
— Je t'aime, ma chérie. J'irai rejoindre ta mère en servant la même cause qu'elle.
L'autre roula des yeux, puis d'un mouvement brusque, coupa le bras de l'homme le plus important à mes yeux.
— Mon père ne voudrait pas que je te tue... souffla-t-il en le faisant.
Jian hurla de douleur et je sentis la main de Carter se poser sur ma bouche. Je comprit alors que j'avais commencé à crier. J'espérai de tout mon cœur que l'homme ne l'ait pas entendu.
Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres tandis qu'il se retournait vers la cachète nous abritant, moi et Carter.
— Lâches-moi! chuchotai-je. Je veux allez le tuer!
— Non.
L'homme nous entendis et envoya un regard à mon père.
— Merci, Jian. Taäl, John! Emmenez le et assurez-vous qu'ils guérisse. Il serait très dommage qu'il meurt.
Je vais le tuer!!!!
Il s'avança vers la maison et Carter me tira le bras pour me dire de le suivre. Il fallait mettre les voiles.
Mais mon père? Ils l'avaient embarqués! Et le reste des habitants?
— Non! m'exclamai-je à l'intention de mon meilleur ami.
Je pris ma dague et sortis de ma cachette.
— Merci! Tu me facilite la tâche, ma belle! s'exclama l'homme.
En fait, ce n'était pas un homme. Plutôt un jeune homme. Il devait avoir dix-huit ans et me dépassait de plus d'une tête. Il était plutôt musclé, mais pas trop. Ses cheveux de jais ainsi que ses yeux d'un bleu glacier persan, le rendaient très attirant.
Mais il venait de couper le bras de mon père. Tout ce que je ressentais, c'était de la haine.
— Tu as osé faire du mal à mon père!!!!! m'écriai-je.
Il soupira.
— De un, tu sais très bien qu'il n'est pas ton père. De deux, s'il m'avait dit où tu étais, rien de tout cela ne serait arrivé!
— Il n'est peut-être pas mon père de sang, mais les liens du cœur sont bien plus puissants!!! Tu vas le payer!!!
— Arrête tes conneries et suis-moi.
— Fuis, ma chérie!!!! hurla mon père.
— Fuis, fuis, fuis... commencèrent à clamer en chœur les habitants de mon village.
Les larmes coulaient à flot sur mon visage.
— Fermez-la!!! s'écria le jeune homme.
Il approcha sa main de ma joue pour sécher mes larmes, mais je le repoussai d'un geste brusque.
— Ne me touche pas!
— Fougueuse et farouche? Ça me plaît.
Mes alliés continuaient de me hurler de fuir. Je tournai donc les talons au moment où, en moins de trente secondes, trois des hommes près de la charrette s'effondrèrent.
— Cadeau!!! cri ai-je au jeune homme derrière moi.
Il grogna, hésitant entre venir en aide à ses hommes où me poursuivre. Il finit pas se lancer à ma poursuite, mais les flèches que tirait Carter le ralentirent.
Mon meilleur ami et moi s'enfuîmes le plus rapidement possible. Au moment où nous pénétrâmes dans les bois, j'entendis le jeune homme derrière nous nous appeler:
— Cessez donc de fuir. C'est totalement inutile.
— Vas te faire voir!!!! hurlai-je.
Carter et moi grimpâmes dans un arbre et attendirent qu'il arrive. Ce ne fut pas très long.
Il grogna.
— Je te retrouverai... où que tu sois, où que tu te caches. Tu n'est plus en sécurité, et tu ne le seras plus jamais.
Je frissonnai et le vis s'éloigner en direction de mon village.
Carter descendit en premier de l'arbre et m'aida à descendre. J'étais en état de choc. Je voulais hurler, retrouver ce jeune homme et le tuer, rejoindre mon père et qu'il me prenne entre ses bras.
Mais surtout, je voulais respecter les dernières volontés de mon père et de ma mère... Ils ne devaient pas gagner.
C'est ça qui me donna le courage de me mettre en marche. Nous devions fuir. Le plus loin possible... et ensuite? Que ferons-nous?
Nous nous vengerons.
Je regardai Carter dans les yeux pour lui montrer toute ma détermination.
Nous nous mirent en marche, sans savoir réellement où aller. Le soleil se levait, nous guidant vers la capitale.
•••
Point de vue du jeune homme
Fais chier.
Ça fait près de seize ans que mon père la cherche partout. Dès que j'ai eu treize ans, il m'a mis sur ses traces. Cette fille, ça fait cinq ans que je la recherche sans relâche. Cinq ans bordel!
Quand j'ai vu Jian, j'ai compris que c'était gagné... du moins, j'en étais persuadé. Il a d'abord refusé de me dire où elle était évidemment, mais elle s'est trahis elle-même, cette petite idiote. Et là, je ressentais déjà le plaisir de la victoire. Après cinq ans de recherches intensives, je l'avais enfin trouvé. Mais merde il a fallut que son copain s'en mêle! Il a presque tué trois de mes hommes! Les tires étaient intentionnellement non-mortels... ce qui veut dire qu'il a trop bon cœur pour tuer quelqu'un. Ça me dégoûte.
En tout cas, ils se sont enfuis. Elle s'est enfuis, car j'en ai rien à foutre de son copain.
Je donnai un grand coup dans le mur près de moi.
— Fais chier, putain!!!
Je sortis de ma chambre et rejoignai celle de la seule personne pouvant me calmer.
— Thom? murmurai-je en ouvrant la porte.
— Hey! Ça va? répondit-il.
Thomas-Jared Hayle, mon petit frère. La chose à laquelle je tiens plus que tout. Ma plus grande faiblesse. Ma dernière partielle d'humanité.
— J'en peux plus, Thom! Elle... elle était devant moi, j'allais réussir... papa...
— Père t'aurait récompensé, mais pas plus aimé.
Je soupire. Mon petit frère a perdu fois en son paternel depuis bien longtemps déjà. Il a deux ans de moins que moi, soit seize ans, mais accepte la réalité bien mieux... et il souffre plus.
•••
Point de vue d'Alleb
Ça fait maintenant quatre heures que Carter et moi marchons. Je n'en peux plus. Nous n'avons pas dormis depuis plusieurs heures et Carter tient à peine plus debout que moi. Nous finissons par nous effondrer et je me mets à pleurer toutes les larmes qu'il me restait. Mon père... je me promets de massacrer l'homme qui lui a fait ça.
De plus, je n'y comprends rien! Pourquoi ai-je l'air si importante?!
Et ma mère?!
Je soupire et m'endors, tourmenté par tant de questions sans réponses.
_____
Un peu plus long cette fois!!!
Questions:
🔥Vous pensez quoi de mon "jeune homme"?
🔥L'attaque?
J'espère que ça vous a plu!