Le trajet du retour s'était effectué sans un mot. Tous deux avaient le cœur trop déchiré pour prononcer la moindre parole.
Ce n'est qu'une fois la porte fermée que Steve brisa le silence.
-Allons dormir quelques heures, nous partirons à l'aube.
Margaux hocha la tête et se glissa silencieusement dans les draps tièdes, avant de se saisir d'une pochette.
Malgré cette séparation, elle tentait de garder espoir. Elle reverrait sa fille. Et surtout, c'était pour son bien.
Elle fut bientôt rejointe par Steve qui glissa un bras autour de ses épaules et la força à se retourner vers lui.
-Tout ira bien, murmura-t-il.
Grâce à ses paroles, Margaux parvint à hocher la tête et à esquisser un sourire.
-Je te le promets.
A cet instant, la porte de l'appartement s'ouvrit dans un grand fracas. Sans refléchir, Margaux sauta sur son arme, disposée sur sa table de nuit, et la pointa en direction des hommes armés qui rentraient dans la pièce.
Steve avait fait de même et maintenait son bouclier devant lui, dans un geste défensif.
-Capitaine Rogers et Bonneuil, lâchez vos armes.
Celle qui avait prononcé ces mots, s'avançait actuellement dans la chambre, un revolver dans les mains, pointé dans leur direction.
-Natasha ? s'étonna Steve. Mais qu'est-ce-que tu fais ?
Celle-ci garda un visage impassible et ses mains continuaient de fermement maintenir son pistolet.
-Rangez tous les deux vos armes et venez avec nous.
Après avoir échangé un regard, Steve et Margaux obtempérèrent en silence. Margaux glissa son arme à l'arrière de son pantalon, tandis que Steve glissa son bouclier dans son dos.
-On te suit, conclut Margaux, d'un ton qui se voulait d'une froideur extrême.
-Emmenez l'enfant avec vous, ordonna l'un des soldats.
-Elle n'est pas avec nous, répondit Steve immédiatement.
L'homme rechargea son arme et la pointa de nouveau sur le torse de Steve.
-Où est-elle ?
Devant cette scène, Margaux ressortit la sienne. Le canon était fixé contre la tempe de l'agent, un doigt sur la détente, prêt à tirer.
L'atmosphère était tendue au possible, comme si une alumette avait été maintenue au-dessus d'un baril de poudre. Tout était prêt à exploser.
-Sanders, baisse ton arme, ordonna Natasha au soldat, on règlera ça plus tard.
Celui-ci s'éxécuta et fit signe au couple de le précéder, avec un regard mauvais. "Celui-ci est un parfait toutou du Shield", songea Margaux.
Deux pick up les attendaient en bas de l'immeuble. Tandis que Steve monta dans le premier, accompagné par Sanders et quelques gardes, Margaux grimpa à l'intérieur du second, suivie par Natasha.
Une fois assises, le moteur ronronna et commença sa traversée de la ville.
Margaux risqua un regard vers son amie, si elle pouvait toujours la considérer comme telle, qui n'avait pas changé d'expression faciale. Elle revêtait toujours le même masque de froideur.
-Pourquoi fais-tu ça ? demanda-t-elle, en brisant le silence qui s'était installé, depuis maintenant quelques minutes.
-Je ne fais que mon travail, répondit Natasha, en gardant les yeux rivés sur un point imaginaire situé en face d'elle.
A cet instant, le véhicule se stoppa et les portes s'ouvrirent devant l'immense bâtiment, se dégageant sur un ciel de corail.
Le soleil avait eu le temps d'entamer sa folle course et de gagner du terrain durant ce court trajet. Ils auraient déjà dû être loin désormais.
-De retour au Shield, murmura Margaux, avant de suivre les agents à l'intérieur de la construction.
-Pourquoi sommes nous là ? s'enquit Steve en pénétrant dans l'ascenseur.
Le lieu et l'atmosphère ravivaient en lui, tout comme chez Margaux, de très mauvais souvenirs.
-Pour le registre.
Sa réponse s'était fait vague, évasive.
L'appareil s'arrêta à un étage élevé, bien trop élevé. Margaux jeta un regard depuis les parois de verre et sentit une inhabituelle sensation de vertige s'emparer de son estomac.
Il serait impossible de s'en sortir comme la fois précédente.
Ils emboitèrent la pas à l'équipe, dans un silence quasi-religieux, jusqu'à une grande salle de conférence, où Clint, Bruce et Tony étaient déjà présents.
Margaux détourna le regard à la vue de ce dernier, la colère était encore trop vive.
-Bien, dit Fury en pénétrant dans la pièce. Vous savez tous qu'un index va être mis en place. A ces fins, nous nécessitons votre entière coopération.
Après quelques secondes, Fury ajouta :
-Qu'il soit bien clair que vous n'avez que deux options : travailler avec le Shield, ou passer sous le statut de traître à la nation. Mais étant donné que je ne doute pas de votre intelligence, je suis certain que tout se déroulera pour le mieux.
Ne recevant aucune objection, il fit le tour et vint s'asseoir derrière un bureau, croisant négligemment ses bras sur le plateau de verre.
-Aussi, continua-t-il, il a été décidé que les Avengers seraient les premiers à se soumettre aux nouvelles directives.
La première étape sera uniquement constituée de la mise en place d'une puce électronique au niveau de l'avant-bras.
Au même instant, Maria arriva dans la pièce, une malette dans les mains. Elle devait certainement contenir les traceurs.
Margaux sentit une boule commencer à se former dans son estomac. Il était hors de question que le Shield parvienne à la fliquer. Elle jeta un regard à la dérobée à Steve, qui lui répondit d'un léger hochement de tête.
Ils n'avaient plus le choix. Ils devaient disparaître sur le champ.
Margaux et Steve se levèrent d'un même mouvement, reculant au fond la pièce.
Steve avait envoyé son bouclier neutraliser toutes les lumières, plongeant la pièce dans la pénombre, tandis que Margaux venait de couper la salle en deux, par le biais d'un champ de force.
Une alarme se déclencha et condamna la plupart des issues.
Natasha tira quelques coup de feu dans le mur invisible, qui furent renvoyés en leur direction.
-Vous savez que vous ne vous en sortirez pas comme ça, conclut Fury,dont la voix était légèrement déformée par l'épaisse couche d'electricité.
-On va au moins essayer, rétorqua Steve alors qu'ils s'enfuyaient dans les couloirs.
-Ça ne se maintiendra pas longtemps, hurla Margaux a son attention.
-Je le sais.
Steve regardait autour de lui, à la recherche d'une issue.
-Où est-ce-qu'on peut aller ? Toutes les sorties sont bloquées, annonça Steve, sans pour autant se délester de son sang froid.
Margaux avait l'impression que son cerveau allait exploser, tant il s'affairait à trouver une solution.
Il fallait faire vite. Ils ne pouvaient pas rester là.
-Pas toutes ! déclara Margaux après quelques secondes.
Elle s'élança dans la direction opposée, revenant sur ses pas.
-Mais qu'est-ce-que tu fais ? hurla Steve, tout en la suivant.
Margaux tourna à droite, à plusieurs reprises avant de se retrouver a l'extrémité est du bâtiment, à quelques centaines de mètres seulement de la salle de conférence.
La jeune femme s'arrêta quelques milimètre devant la vitre, une auréole opaque se formant sur le verre froid, au gré de sa respiration.
Steve la rejoint moins d'une seconde plus tard, ne comprenant toujours pas où elle voulait en venir.
Puis, tout à coup, il réalisa. Leur salut se trouvait juste en dessous de leurs pieds.
Steve asséna un puissant coup de bouclier contre la vitre, qui fut brisée sur le coup et échangea un regard avec Margaux.
Celle-ci glissa sa main dans la sienne et ferma les yeux.
Des bruits de pas venaient troubler l'instant, provenant de l'autre extrémité du couloir.
-Steve, Margaux, arrêtez ! hurla Clint, à l'instant où leurs pieds quittèrent le sol.