-8 mois plus tard-
-Des milliers de manifestants ont parcouru les rues de New York cette après-midi, commença la jeune femme, en se frayant un passage parmi la foule. Le cortège a terminé sa course au pied de la Tour Stark, où je me trouve actuellement. Il exige la suppression des privilèges adressés aux super-héros, notamment aux Avengers, le groupe bien connu rassemblant sept d'entre eux.
Cependant, ceux-ci n'ont toujours pas donné signe de vie. Certains, réclament tout simplement leur incarcération.
Depuis des mois, la pression n'avait cessé de monter entre les citoyens et les super-héros. Les destructions qui avaient résulté des missions et la recrudescence des actes terroristes à leur encontre, provoquant des incidents, avaient nourri la rage que certains ressentaient et s'était répandue dans le pays, comme une trainée de poudre. Les altercations étaient de plus en plus nombreuses et des ligues s'étaient montées pour leur interdire certains droits.
En effet, on pouvait entendre des éclats de voix filtrer au travers des vitres, même si leur propriétaire se trouvait des dizaines d'étages plus bas. Des pierres avaient également étaient jetées en masse contre les carreaux à hauteur du public.
-Merci Nathalie. Écoutons tout de suite les témoignages recueillis auprès de la foule par notre autre envoyé spécial au siège du gouvernement, à New York. Alors Arnaud que se passe-t-il ?
-Ici aussi, c'est la pagaille, Alfred, confirma le jeune homme, un micro à la main. Les forces de l'ordre tentent de maîtriser des manifestants de plus en plus nombreux et virulents. J'ai avec moi Amanda. Amanda, pourquoi être venue aujourd'hui ?
Une jeune femme d'une trentaine d'années entra alors dans le champ de la caméra et se saisit du micro que lui tendait le présentateur.
-Comme tous les gens présents ici, je suis venue à cette manifestation parce que ma sécurité est menacée.
Margaux sentit son cœur se serrer à l'entente de ces mots. Il était à présent tiraillé entre la rage et la tristesse.
La jeune femme marqua une pause et pointa son T-shirt. Celui-ci avait pour logo celui des super-héros, un poing levé, serré, à la différence qu'il était traversé par un immense trait rouge.
-Ces soient disant héros sont dépassés par les évènements. Le gouvernement lui même n'est plus en mesure de les contrôler. Si les choses ne changent pas, ils devront disparaître. Pour le bien commun. Il nous faut une certaine sécurité. J'habite à Washington. Et mon appartement a été privé d'électricité et de chauffage pendant des mois parce qu'un appareil, mis HS par deux des Avengers s'est écrasé et a emporté avec lui les lignes. C'est inadmissible, mon bébé de quatre mois n'a pas eu de chauffage dans sa chambre de tout l'hiver. Il faut que tout cela cesse, insista-t-elle. On ne peut plus leur faire confiance. Leur époque est révolue. Ils font désormais plus de mal que de bi...
A cet instant, l'écran s'éteignit instantanément.
Margaux se retourna et vit Steve derrière elle, Anna dans les bras.
Elle soupira, tandis que le soldat venait prendre place à côté d'elle.
-Ils ne retiennent donc que le pire, commenta-t-il, après tout ce que nous avons fait pour les populations.
Margaux croisa son regard et replaça affectueusement une mèche sur le front de sa fille, endormie contre l'épaule de son père.
-Je sais Steve, je ne me suis jamais sentie aussi inutile. Nous avons été utiles, à la société, mais aujourd'hui celle-ci nous rejette. Mais il faut que nous écoutions la voix du peuple, même si cela nous brise le cœur. Nous devons nous préparer à la dissolution prochaine des Avengers, conclut-elle alors, la tristesse perçant dans sa voix.
Steve était en colère, Margaux pouvait voir sa mâchoire se contracter. Mais avant qu'il ne lance quelque parole assassine, Margaux déclara avec un sourire :
-Mais ce n'est pas une raison pour éteindre la télévision.
Elle se leva, prête à partir, lorsqu'une voix l'interpella.
-Mais je ne l'ai pas éteinte.
La jeune femme fit volte-face et dévisagea son mari.
-Je croyais que tu l'avais fait, ajouta Steve, c'est toi qui contrôles l'électricité.
-Mais si ce n'est ni toi, ni moi, qui veux-tu que...
Les deux amants se dévisagèrent en silence pendant quelques minutes. Une pensée, une idée folle venait de naître en eux.
Soudain, une voix raisonna dans la salle et les coupa momentanément dans leurs réflexions.
-Tic et Tac, le pirate et Maria sont en route, annonça Tony en descendant les escaliers. Ils veulent parler de nouvelles mesures qu'a pris le gouvernement, et ont réuni pour cela une conférence de presse. Je ne sais pas encore de quoi il s'agit, par contre on n'est pas virés, ce qui est déjà un bon point...
Il s'arrêta et leur adressa un regard étonné.
-J'ai loupé quelque chose ? interrogea-t-il.
Tous deux sursautèrent et brisèrent le lien qui les unissait pour se tourner vers lui. Un silence gêné s'était installé, bientôt brisé par Steve qui affirma que tout allait bien.
-On te suit, ajouta Margaux.
Steve emboîta le pas à Tony, tandis que la jeune femme fit un léger détour pour reposer Anna dans son lit. Avant de quitter la pièce, elle regarda sa fille s'endormir, tout en se demandant si ce à quoi ils avaient tous deux pensé, il y a à peine quelques minutes, pouvait s'avérer vrai.
Il ne fallait pas tirer de conclusions hâtives, cet écran avait très bien pu s'éteindre de lui même. Après tout, jusqu'ici, rien n'indiquait que Steve et Margaux avaient transmis quoi que ce soit à cet enfant.
Margaux soupira et se dirigea à son tour vers la salle de conférence, située au rez-de-chaussée. Elle espérait ne pas en avoir manqué une partie trop importante. Pour le moment, elle devait se concentrer uniquement sur cela. Chacun de ses pas faisait naître une appréhension grandissante en elle.
Sa main glissa jusqu'à son cou pour se saisir du pendentif. Seulement, elle se referma sur du vide. Il était vrai qu'elle avait égaré le collier de son extraction. Mais cela ne l'avait pas empêché d'imprimer chacun des chiffres profondément dans sa mémoire.
Lorsqu'elle franchit la porte, le cœur battant la chamade, un membre de l'état major, le front dégarni et des tâches de vieillesse commençant à foncer la peau de son visage et de ses mains, concluait son discours.
-Voici ce que le gouvernement offre aux citoyens américains. L'index sera mis en place sous peu.
Après ces quelques paroles, dont Margaux n'avait nullement saisi le sens, l'homme descendit de l'estrade et vint jusqu'à Maria et Fury, glissés dans un coin de la pièce. Tony vint bientôt les rejoindre.
La jeune femme tourna la tête, cherchant des connaissances du regard et aperçut les Avengers au premier rang. Alors que des applaudissements saluaient le discours du politicien, elle prit place à côté de Steve et lui demanda un résumé détaillé de la situation.
Cependant, celui-ci n'esquissa pas le moindre geste, pas même indiquant qu'il l'avait entendue. Il semblait perdu dans ses pensées, à des milliers de lieues d'ici. Margaux jeta alors un regard aux autres. Mais avant qu'elle n'ait pu analyser leurs réactions, Steve se leva et vint à la rencontre de Fury. Margaux se leva aussitôt et le suivit. Quelque chose n'allait pas dans sa démarche, elle était bien trop déterminée, trop brutale.
-Vous ne pouvez pas faire ça, déclara-t-il alors.
Fury se tourna alors vers lui, en soupirant.
-Nous n'avons pas le choix, déclara-t-il.
-On a toujours le choix, le coupa Steve avec une lueur de défi dans le regard, qui ne lui ressemblait pas.
Tony arriva à cet instant par la droite, un verre à la main, et lui posa l'autre sur l'épaule d'un geste qui se voulait apaisant.
-Calme-toi, au moins t'es pas viré. Les gens auront l'impression de nous connaître grâce à cet index et de garantir leur sécurité, conclut-il.
Steve dégagea son épaule et déclara avec rage :
-Tu ne penses donc pas aux dommages collatéraux ?
-Mais qu'est-ce-qui se passe ? s'enquit Margaux, avec inquiétude, attirant tous les regards.
Le ton montait entre les deux hommes et cela ne lui disait rien qui vaille. Steve se tourna alors vers elle et entama son récit.
-Le gouvernement, ou devrais-je dire Fury, a décidé, dans un but de protection de créer un index. Celui-ci sera accessible à tous les citoyens et rassemblera leur existence entière. Ils pourront y trouver toutes les caractéristiques de la personne, de ses pouvoirs -il marqua une pause- à son nom de naissance, par exemple.
Les relations se firent alors dans la tête de Margaux. Son nom de naissance. Le sérum. Et d'autre part, une chose bien plus importante : sa fille.
-Anna, soupira Margaux.
Tony lui jeta un regard d'incompréhension, tout comme Fury et Maria.
-Anna Sarah Bonneuil porte mon nom de famille, expliqua Margaux, parce qu'elle aurait été trop exposée en adoptant celui de Steve. Désormais, si celui-ci devient public, elle sera en grand danger.
-Vous ne pouvez pas nous condamner pour votre seule famille, déclara Natasha, qui s'était glissée derrière Tony pour prendre part à la conversation.
-Mais nous sommes des dizaines à avoir une famille, ajouta Steve, en jetant un regard à la dérobée à Clint qui semblait toujours perdu dans un monde parallèle.
Banner semblait, quant à lui, hésiter. Aucune solution ne lui paraissait être la bonne et il écoutait les arguments de chacun avec attention.
-Elle était en danger dès le jour où elle est née, conclut Tony, d'un ton sans appel.
Ces mots ressortirent comme un coup de poignard. Même face à la colère, certains mots étaient impardonnables.
-Tu es son parrain, c'est ton rôle de protéger Anna, Tony. Tu serais donc prêt à mettre en danger la vie de ta filleule ? Et tout ça pour quoi ? Pour calmer la population ? Elle n'a pas besoin de ça pour voir qu'avec ou sans index, nous sommes vitaux à l'équilibre de la société. Ne te demande plus pourquoi tu finiras tout seul comme un con. Tu tues tous les gens auxquels tu tiens et qui tiennent à toi.
Le ton était monté et Margaux vit que ses paroles l'avaient blessé, mais elle continua, imperturbable.
-Anna serait en train d'être assassinée sous tes yeux que tu n'esquisserais pas le moindre geste.
Tony attendit quelques secondes avant que sa rage ne réponde.
-Je m'en foutrais.
La giffle résonna en écho dans l'ensemble de la pièce. Tous les regards se tournèrent vers eux et le silence se fit. Le temps sembla comme suspendu un instant avant que Steve ne saisisse la main de Margaux et ne l'entraîne vers la sortie.
Il était absolument hors de question qu'ils passent une nuit de plus à la Tour Stark.
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La pensée inutile du jour :
J'adore ce gif !
Au fait, je voulais remercier toutes les suggestions de prénoms, elles m'ont été d'une grande aide. Beaucoup d'entre vous m'ont proposé des noms en rapport étroit avec l'histoire et je dois avouer qu'ils m'ont vraiment plu. Vous avez très bien cerné ce que je recherchais, mais je ne pouvais malheureusement en retenir que deux. J'ai donc choisi Anna (prénom de la sœur de Margaux) et Sarah, en tant que deuxième prénom (prénom de la mère de Steve).
Merci, bonne semaine !