The Virginity Game - L'île Pe...

By Kuukauden

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The Virginity Game, aux premiers abords, rien d'original et ce nom a de quoi donner envie de prendre ses jamb... More

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Monde Un - L'île perdue
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By Kuukauden


Mes paupières refusent de se soulever. Pourtant, impossible de dormir plus longtemps. Mes oreilles bourdonnent, une barre colossale appuie sur mon front et mon cerveau comprimé se révèle en manque sérieux d'oxygénation. La soirée d'hier n'est qu'un songe lointain et le retour à la réalité s'avère particulièrement compliqué. Surtout, avec ces travaux qui n'en finissent jamais. Les buildings poussent comme de mauvais champignons depuis des années et rien ne semble capable d'arrêter leur croissance.

Dans un demi-grognement, je me tourne sur le côté en tirant ma couette et mes genoux butent contre un obstacle inattendu. Des raideurs remontent aussitôt le long de ma colonne vertébrale. Mon matelas semble soudain bien étroit et étrangement inconfortable comparé à d'habitude. À moins que ce ne soit qu'un livre oublié et les restes d'une soirée plus fatigante qu'escompté.

Car, c'était éprouvant tant sur le plan mental que physique. Ma gorge se trouve aussi asséchée que le plus aride des déserts. Mes globes oculaires me brûlent et me piquent avec ardeur. J'ai beau les frotter et cligner des paupières inlassablement, impossible d'annihiler cette sensation de chlore. À croire que j'ai passé la nuit à la piscine, les orbites ouvertes. Enfin, si rester au lit à me lamenter me tente, je dois me lever maintenant ou ma journée sera perdue, au fond d'un gouffre infini de noirceur et d'aigreur.

Loin de déborder d'énergie, je me redresse tout de même et un claquement m'arrache un sursaut dévastateur. Ce réveil abrupt me conduit à ouvrir les yeux de la plus horrible des manières. Je ne me trouve pas emmitouflée sous ma couette. Installée sur un fauteuil, enroulée dans une couverture duveteuse, j'ai atterri par je ne sais quel malheur au beau milieu de la suite d'Evan. Qui est en mouvement ?

— Lise ? appelé-je, d'une faible voix.

Sans réponse, je hausse le ton, mais le silence perdure et mes pupilles s'affolent autant que mon cœur s'emballe. Seule à l'intérieur d'une cabine spacieuse, les imposants sièges respirent tant le luxe à plein nez qu'ils en sont asphyxiants. Je me réfugie dans la contemplation du ficus collé contre la paroi et tente de m'imprégner de la sérénité qu'il dégage tout en me ventilant au mieux.

Lise dort probablement encore et dès qu'elle se réveillera, je rentrerai chez moi. Car sans téléphone, ni liquide, cela me paraît périlleux. J'attends donc immobile engouffrée au fin fond du fauteuil en cuir beige et, surprise, le temps ne passe pas. Incapable de tenir en place, je me lève et la couverture glisse sur le parquet lustré. Inhabitée par le désir de me pencher, je l'enjambe et me prends les pieds dans le tapis en peau. Je me rattrape in extremis à la table basse, le karma ne me loupe jamais.

Nez à nez avec une coupe de champagne, le tourbillon de bulles me donne le tournis et mon regard se jette à travers le hublot panoramique où une mer de guimauve blanche se dessine. L'envie de m'abandonner au cœur de cette douceur vaporeuse et de me laisser submerger par cette délicatesse sucrée et fondante me gagne.

Un petit voyage aérien me conférerait le plus grand apaisement et vu le prix exorbitant de cette suite, ce serait dommage de ne pas en profiter. Bien qu'Evan ne me semble pas du genre à choisir cet environnement, pourquoi l'aviation ne peut-elle pas le passionner ? Enfin peu importe, l'opportunité de fouler le plancher d'un avion ne se présente pas tous les jours, même s'il s'agit d'une simulation, dont le réalisme m'impressionne fortement. C'est très proche de ce que j'imaginais. La sensation de vol s'avère beaucoup plus douce qu'en automobile, la vitesse ne perturbe pas la stabilité et la liberté de déplacement s'avère totale. Néanmoins, il semblerait que rien n'égale le sentiment d'apesanteur et je n'ai qu'à franchir le hublot...

Mon reflet me parvient et mon rythme cardiaque s'accélère. La robe de Lise a disparu et je réalise que mon sac ne siège nulle part. A la place, un short de sport révèle le bord de mes fesses et un tee-shirt au col trop large, dévoilant le haut de mes seins, le recouvre. Mes mains se plaquent contre ma poitrine et le bas de mon ventre, mes sous-vêtements sont bien présents. Mais dans quel état me suis-je encore mise hier soir pour que Lise m'aide à me changer ? C'était sûrement déplorable vu que mon chignon ne ressemble plus à rien. Et je n'imagine même pas ma tête si un miroir me faisait face.

Un soupir m'échappe, quel dommage de ne pas pouvoir me rendre plus gracieuse. Peut-être que... Je plisse les yeux et me visualise quelques kilo en moins, les cheveux brillants, la peau lisse, le teint bronzé, portant un tailleur blanc et des sandales à talons. Je les rouvre d'un coup et je suis toujours la même. Pour autant, je ne me laisse pas découragée. Lise pourrait débarquer d'un instant à l'autre, pas de temps à perdre avec des options accessoires.

Positionnée face au hublot, j'appose mes mains contre la vitre et attends. Elle ne bouge pas. Or, de ce que j'ai vu et lu, c'est ainsi qu'il faut procéder. Aussi, je recommence et pousse de toutes mes forces, seulement elle me résiste toujours et m'empêche de rejoindre les nuages et survoler l'océan. Rien ne semble aller dans mon sens et la simulation devient tout à coup bien trop réelle. Je ne me trouve quand même pas dans un vrai avion ?

Non, mais quelle idée saugrenue, c'est forcément un problème technique. Dans l'hôtel le plus cher de la ville ? m'interroge la voix de ma conscience. Les dents serrées, je me pince à m'en arracher l'épiderme. S'il vous plaît, faites que ce soit uniquement un problème technique. J'attends quelques minutes et réessaie. Pas de changement. Je demeure toujours à l'intérieur de la cabine et une tonne de scénarios plus improbables et effrayants les uns que les autres m'envahissent.

Mes jambes lâchent. J'empoigne mes cuisses et me tord la peau. Je ne comprends pas. Ce genre d'évènement arrive à Lise, pas à moi. Alors pourquoi ? Pourquoi m'a-t-elle ramené ici ? J'aurais préféré qu'elle me prenne un taxi ou qu'elle demande à Hugues de me conduire à la maison. Et si elle voulait juste me faire plaisir... Elle sait que j'adore voler et Evan a dû lui dire où il logeait. Comment puis-je m'en prendre à elle quand elle passe son temps à m'aider...

D'une lenteur cadavérique, je me relève et des bras s'enroulent autour de ma taille. Mon corps se fige. Mon sang n'afflue plus. Le souffle coincé à l'intérieur de la gorge, une boule monstrueuse se forme au cœur de ma trachée. Je ne me retourne pas, j'aimerais juste me réveiller. Ces bras apparaissent beaucoup trop forts pour appartenir à Lise et Evan n'a pas subitement décidé de quitter son lit et de s'intéresser à moi.

Des lèvres se posent contre mon cou et je me dégage instantanément, calcinée vive par ce contact indésirable. Le visage de mon assaillant apparaît. Je reste sans voix, abasourdie par l'aberration de la situation et ma profonde stupidité. Ses traits ne me sont pas étrangers. Hugues avait tort, je m'avère bien idiote. Comment ai-je pu me tromper à ce point ?

Face à ma tête déconfite, son rire machiavélique fuse et après s'être penché en avant, il me livre la coupe récupérée au passage.

— Je t'avais promis un retour renversant et je tiens toujours parole !

Je lui arrache le verre des mains et le descends d'une traite. Mais dites-moi que c'est une blague, je vous en supplie. Les bulles bombardent mon palais, sans toutefois parvenir à me sortir de ce cauchemar. Le goût non plus. Pourtant, ce champagne devrait être le meilleur que je n'ai jamais bu. La bouteille dorée trônant sur la table basse en marbre est l'une des plus chères du marché. Cependant, impossible de la savourer. Je ne ressens qu'acidité et amertume.

Mes yeux se posent sur l'homme de la veille. Wint avance d'un pas et je manque de tout recracher. Ma main se lève et il s'arrête. Mon cerveau part en vrille, je suis malade, à moins que...

J'inspire profondément et expire lentement. Réel ou non, me remémorer les évènements après mon retour au bar s'avère indispensable. Il y a forcément une explication logique, un détail qui m'a échappé. Lise avait disparu, mon portable aussi. Hugues m'a offert un verre, bien plus fort que d'habitude et qui m'a envoyé tout droit dans le brouillard. J'ai manqué de tomber de la chaise haute, néanmoins, quelqu'un m'a récupérée. La sensation de son étreinte revient lentement, sa voix assaille de nouveau mes tympans.

Un froid glacial s'abat sur mon esprit. Les preuves sont là. C'est la réalité. Mais pas la mienne. Lise n'est pas là. Elle n'a jamais été là. Et elle n'est pas prête de se matérialiser. Elle ne m'a certainement pas envoyé en rendez-vous romantique surprise, impossible qu'elle s'y prenne de cette façon. Il reste donc une seule explication logique.

La rage monte, insidieuse et furibonde. Je hausse rarement le ton, néanmoins lorsque la colère domine mes nerfs, pour me calmer, j'ai besoin de m'isoler et de m'aérer. Inenvisageable prisonnière de cet appareil, aussi une tornade incontrôlable m'emporte dès le premier mot qui franchit sa bouche fétide.

— Je..., commence-t-il.

— Qu'est-ce que je fous là ? braillé-je, en serrant la coupe qui ne veut pas se briser.

Wint s'éclaircit la voix et avance d'un pas. Je me retiens de reculer.

— Ma belle Jade, calme-toi. Tu n'as aucune raison de t'énerver. Tu n'es pas en danger et rien de mal ne t'arrivera. C'est tout le contraire.

Si ces mots pouvaient me rassurer, ceux qui sortent ensuite de sa bouche me glacent le sang.

— Tu as l'immense privilège de rejoindre The Virginity Game ! s'exclame-t-il, en souriant gaiement, comme s'il venait de m'annoncer la meilleure nouvelle de la Terre.

Dans un insignifiant fracas, la coupe s'écrase au sol et ne se brise toujours pas. Non, non, non, non, non, ce n'est pas possible. Ça ne peut pas m'arriver. Il se fout de ma gueule.

Je veux le frapper, déchirer les coussins en soie, renverser la table basse, casser le vase de porcelaine chinoise et hurler jusqu'à ce que mes cordes vocales meurent. Toutefois, je reste silencieuse sans me mouvoir. Laisser cette violence m'engloutir me conduirait à fondre comme une madeleine et je me sentirais encore plus mal après. Je déteste que l'on me voie pleurer, c'est une faiblesse et la montrer revient à m'exposer au danger. Aussi, les poings serrés, les ongles plantés au creux de mes paumes, je retiens les larmes et la douleur qui ne demande qu'à se déchaîner. Respire, respire, respire.

Mon kidnappeur siffle et un homme d'une soixantaine d'années, les cheveux grisonnants et le regard vide, ramasse la coupe, nettoie les quelques gouttes tombées au sol, puis disparaît. Wint m'invite à m'asseoir sur le fauteuil à côté duquel je me suis réveillée et j'obéis. Craquer ne m'apportera rien. Ne pas laisser la colère me distraire, me concentrer sur ses paroles, si. Écoute, écoute, écoute.

— Tu as été sélectionnée pour la cinquième saison du jeu le plus célèbre et le plus regardé au monde, débute-t-il.

Dix-neuf mots, dix-neuf coups de couteau. Difficile de croire à ce qui se passe, pourtant, ce n'est ni une mauvaise blague, ni une caméra cachée. C'est la réalité et j'ai beau chercher, rien ne m'indique que ce ne sont que les délires et les divagations folles de mon esprit endommagé.

Pourquoi la seule personne qui me plaît et s'intéresse à moi depuis des années est un psychopathe ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Il ne pouvait pas s'enfuir et m'abandonner à mon sort ? Non, Monsieur avait d'autres plans et je me suis empêtrée dans ses filets en beauté. Il m'a comparé à une sirène. Quelle justesse ! Je me résume à une sirène crédule qui mord à l'hameçon dès le premier appât qu'elle croise.

Agrippée aux accoudoirs, le précipice se rapproche, cependant, hors de question de m'effondrer maintenant. Pas encore. Je me recentre. Analyse, analyse, analyse. Mais oui ! Me sortir de ce mauvais pas s'avère toujours possible, après tout...

— Je ne suis pas vierge, déclaré-je brusquement.

La froideur de mon ton me surprend, pas lui. Il rit, d'un rire angélique et innocent. Néanmoins, ce n'est pas le même son de cloche qui résonne jusqu'à ma choclée, la mélodie diffère complètement de la veille. Âcre et grinçante.

— Ce n'est pas bien de mentir, s'amuse-t-il, en clignant d'un œil.

Chaque atome de mon corps se rétracte et mes poings se forment en griffant le cuir. Contrôle-toi, tu dois avoir confiance en toi. Lise m'a montré comment faire, si je l'imite, tout ira pour le mieux.

— Je ne mens pas, affirmé-je, toujours aussi froidement.

Son sourire s'éclipse avant de remonter jusqu'à ses oreilles. Me voilà condamnée, ma tentative a échoué. Je ne suis pas Lise et ne le serai jamais. Je n'ai plus qu'à sauter dans ce précipice maudit et n'en sortir sous aucun prétexte.

— Oh, pourtant Tom est gay et n'a jamais eu de relation avec des filles, donc vous n'avez certainement pas batifolé ensemble. Quant à ton beau suédois, vous n'avez fait que discuter, sans échanger la moindre marque d'affection, jusqu'au lever du soleil certes. D'ailleurs, nul doute qu'il aurait aimé te ramener chez lui, mais nous sommes tous les deux conscients que tu es tellement peureuse que tu n'aurais jamais accepté s'il te l'avait proposé ouvertement. Vois-tu, ta colocataire est peut-être assez stupide pour croire à tes mensonges, nous, nous connaissons la vérité. Comprends bien que nous savons tout de toi, même des choses que tu ignores. Incroyable, pas vrai ?

Si je m'arrêtais au cliché de cette dernière phrase, je pourrais presque pleurer de rire. Toutefois, le fait qu'il mentionne Tom, Lise et affirme même qu'il ne s'est rien passé avec le suédois me donne envie de pleurer tout court. Il se trouve même au courant de la durée de notre échange et de son contenu. Incroyable. Impossible de me rappeler son visage ou même de son nom, en revanche je me souviens très bien de ce mot qu'il voulait que je lui apprenne à prononcer. Personne ne devrait le savoir à part le suédois. Encore faudrait-il qu'il se souvienne d'une fille croisée en vacances pendant seulement quelques heures.

Noyée dans les méandres de mon esprit, les larmes montent et ma respiration se saccade. Clairement, Wint ne m'a pas percuté par hasard hier soir, alors qui est-il vraiment et quel est son lien avec The Virginity Game ?

Un bruissement attire mon attention et installé sur le fauteuil en face de moi, mon ravisseur se redresse. Il contourne la table basse qui ne nous sépare plus, attrape un de mes poignets et m'entraîne vers lui. Forcée de me relever, pas de le regarder, je m'enracine à ses chaussures vernis, le cœur battant.

— Ma belle Jade, tu es blanche comme un linge, déjà que tu es plutôt pâle, là on dirait un cadavre. Je préfère nettement quand tes joues se colorent de ce rouge si ardent.

Son front se dépose contre le mien et mes jambes chancellent sous l'impact létal.

— Pourquoi ne me montres-tu pas ton beau visage ? Aurais-tu peur que je te dévore ?

Wint attrape mon menton et je me dégage brusquement. Nos regards se croisent. Il sourit. Mes muscles se tendent à l'extrême pendant que je tente de me soustraire à sa prise. Cependant, sa force surpasse la mienne et il bloque mes avant-bras. Immobilisée, mes sourcils se froncent et ma mâchoire crisse. Si la dépouille pouvait l'attaquer, je me ferais une joie de lui arracher la gorge.

— Plus vite tu comprendras que tu ne peux pas gagner contre moi, mieux tu profiteras de l'aventure.

Il recule et, contrainte de le suivre, je me retrouve à califourchon sur lui. De violents haut-le-cœur secouent mon estomac. Je n'aurais pas dû boire cette coupe. L'alcool de la veille afflue également et mon pharynx flambe.

Si je lui vomissais dessus, mon dégoût s'ancrerait en lui et effacerait le parfum boisé, floral et musqué qui me monte à la tête et fait tourner encore un peu plus le monde à mes pieds. Néanmoins, même cela, je n'y arrive pas. Je retiens ma respiration. Il ne pouvait pas sentir mauvais, la transpiration ou l'odeur affable des produits ménagers. Non, il sent la fraîcheur des sous-bois au printemps. Une senteur que j'affectionne particulièrement et que je ne veux pas voir perverti par ce monstre. J'étouffe et mon bon vieux ficus ne suffit plus à soulager mon esprit torturé.

Sa paume s'aventure sur le haut de mes fesses et je manque de m'étrangler. Je ne songe qu'à l'arrêter, seulement ses yeux me clouent sur place. Son regard dégage un profond amusement qui me tord les entrailles. Je l'ai rencontré pour la première fois hier soir, je ne le connais pas, il ne le devrait pas non plus. Et pourtant rien ne semble lui échapper alors que je ne sais ni de quoi il est capable, ni comment il réagirait si je m'enfuyais.

Car je ne suis pas prête de m'enfuir, ni de lui arracher la gorge, une légère griffure à la limite, mais pas mieux. Mes chances de victoire s'avèrent inexistantes et un accident arrive si vite. Je vois déjà mon crâne se fracturer contre l'angle de la table basse et mon sang se répandre et inonder le parquet. Le rouge gâcherait certainement la décoration épurée et ce serait game over avant même le commencement.

Son autre main passe sous mon tee-shirt et mes doigts l'interceptent. Je dois réagir. Maintenant. Agis, agis, agis ! Je le prends par surprise et lui assène un violent coup de tête. Je me jette sur le vase chinois et l'explose sur son crâne sans qu'il ne riposte. Par chance, il s'évanouit. Et après ? Je m'attaque au personnel ? Combien sont-ils ? Et s'ils se révèlent armés ? The Virginity Game n'est qu'un show télévisé, toutefois, c'est le plus mystérieux. S'ils m'ont vraiment kidnappée, j'imagine à peine leurs méthodes de persuasion. Jusqu'où peuvent-ils aller ? Le fonctionnement de ce jeu ne m'a jamais intéressée, il aurait dû.

Je relâche le bras de mon kidnappeur, incapable de masquer mes tremblements. Il m'approche encore de lui et je n'ose même pas lutter. Le buste collé contre son torse, mon cœur menace de transpercer ma poitrine tant la peur le pousse à accélérer pour en sortir.

— Putain, qu'est-ce qu'il choisit bien à chaque fois. J'adore les filles qui me résistent, mais sans trop me résister, ça m'excite terriblement et toi, tu entres dans cette catégorie. Je le vois dans tes yeux, et tu sais qu'ils sont le reflet de l'âme. Les tiens sont magnifiques et j'adore ce que je lis à l'intérieur de tes iris turquoise.

Sa voix lente, légèrement rauque et étouffée, ne m'apparaît plus du tout sexy. Elle me paralyse. Cet homme est une toxine botulique. Ma bouche s'affaisse. Respire, écoute, analyse. Je t'interdis de pleurer, ne lui montre pas, retiens-toi.

— Je sens qu'on va bien s'amuser tous les deux ! Tu n'as pas idée d'à quel point j'ai hâte de commencer le jeu et de découvrir chaque parcelle de ton être. Je vais faire de toi une femme comblée !

Plaquée contre lui, je ne fais rien. Mes neurones en panne, le moteur refuse de redémarrer. Il empoigne mes hanches et me remet sur le siège comme le vulgaire jouet qu'il souhaite me voir devenir. Je demeure un moment silencieuse le temps de remettre de l'ordre dans ma tête, puis récupère enfin l'usage de mon corps et de ma langue. La peur et la paranoïa ne me couleront pas, aucun combat n'est jamais perdu d'avance. Je ne suis pas un cadavre. Pas encore. Je suis en vie. Je... suis forte. Agis.

— Je ne veux pas participer.

Ma tessiture se veut autoritaire, mais manque cruellement d'impact. Pourtant, hors de question de m'afficher ainsi devant le monde entier et il n'a pas le droit de m'y contraindre. Une seule personne sait que je suis vierge, ma sœur. Elle ne l'aurait jamais dit à qui que ce soit, alors comment peut-il être au courant ? Même s'il est conscient que je n'ai pas couché avec Tom ou le suédois, comment peut-il avoir la certitude absolue que je n'ai pas eu d'autres relations ? Ce n'est pas comme si vierge s'inscrivait en lettres majuscules sur mon front, non ? C'est l'un de mes plus importants secrets, une de mes plus immenses hontes. Précieusement enfouie au fond de moi, je ne compte pas le révéler au grand jour et je ne veux pas être obligée de le faire.

— Oh, ma belle Jade, tu n'as malheureusement pas le choix, répond-il. Une fois choisie, tu ne peux pas t'échapper.

Son regard perçant hérisse mes poils. La panique grimpe en moi aussi vite que les terribles marées gravissent les plages ensablées et engloutit le reste de mes forces. Suis-je déjà captive ?

— Pourquoi ai-je été sélectionnée ? balbutié-je.

Il y a forcément une erreur. Ils se sont trompés de personne. Impossible que ce soit moi. Je ne suis jamais choisie. Jamais.

— Parce que tu es vierge...

Ma réplique au bord des lèvres, il m'interrompt si vite qu'aucun son n'a le temps de les franchir.

— Et que tu es née au mois de janvier.

Sa réponse me sonne. En quoi ma date de naissance a-t-elle un quelconque rapport avec leur choix ? Si j'étais née en février, rien de tout cela ne serait arrivé ? Satané coup du sort.

— Ne cherche pas plus, il n'y a aucune erreur, c'est bien toi que l'on veut. Et rassure-toi, je suis un joueur qui prend soin de ses pions. Je suis là pour t'aider à vaincre ta peur, n'est-ce pas ce que tu voulais ?

Un joueur, voici donc ce qu'il est et j'ai sauté dans ses bras les yeux fermés. Me voilà maintenant coincée et impuissante. Je ne suis pas encore un cadavre, cependant, je suis bien un poisson. Un poisson égaré, capturé par les mailles des filets des pêcheurs. J'aurais beau me débattre, arrachée à mon habitat naturel et privée de ma liberté, seule une agonie longue et douloureuse m'attend. Comment échapper à cet enfer ? Existe-t-il seulement une issue ? Respire, écoute, analyse, agis. Oui, mais si je ne trouve rien ? Non, sois forte, reste à la surface,.

— Je ne coucherai jamais avec toi.

Cette déclaration me donne du courage en préparation de l'affrontement violent qui me guette. Je peux le faire. Mon écœurant ravisseur esquisse un sourire en coin et me regarde de haut.

— C'est ce qu'elles disent toutes, mais crois-moi elles finissent t-o-u-t-e-s dans mon lit un jour ou l'autre et ce sera pareil pour toi.

Je lui envoie mon regard le plus hautain et le dévisage, emplie de dédain, prise d'un élan d'adrénaline foudroyant.

— Non, assuré-je.

Toute ma détermination réside au sein de ce mot et à l'intonation dure et confiante que j'emploie, je croirais presque l'être. Néanmoins, le vent se lève et à deux doigts de chavirer, l'adrénaline retombe. Le mirage se dissipe et Wint ne manque pas de le remarquer.

Si je participe à ce jeu, je ne sais pas comment je lui survivrai, et aucune échappatoire ne s'ébauche. Enfin, si, une. La plus évidente. Celle que je refuse de juste considérer : coucher avec un des joueurs. C'est ce que Lise ferait, malheureusement je crains de ne pas être Lise et ne jamais le devenir. Et ce n'est pas le seul problème. Rien ne peut surpasser ma peur. Pas même le plus sinistre tsunami. Quoi qu'il semble en penser.

— C'est ce qu'on verra, ma belle, lance-t-il d'un sourire à corrompre le cœur de plus d'une fille en ce monde. Parce que ne me dis pas que tu n'as pas ressenti cette incroyable alchimie entre nous lorsque nous étions dans la cour. J'ai tant de choses à t'apprendre, tant de sensations à te faire découvrir. Tu vas adorer et tu en ressortiras changée à jamais.

Derrière ce beau visage se cache un être épouvantable. Il transpire le faux, le mensonge et la manipulation. Murée dans mon silence, je réfléchis. J'aimerais lui prouver que je ne tomberai pas sous son charme même si je termine piégée au sein de ce jeu et ce peu importe la façon dont il tentera de me séduire. Toutefois, chaque parcelle de mon corps ressent sa dangerosité. Il se montre si confiant, persuadé qu'il parviendra à coucher avec moi. Et même si cela me semble inenvisageable, je ne sais pas. Je ne sais plus.

Une seule fois suffit. Un simple moment de faiblesse, une unique erreur et j'échoue. Baisser sa garde un instant équivaut à une condamnation sans procès. Et Lise m'a informée que plus les filles résistent au jeu, plus elles sont haïes. Ceci signifie donc me mettre le monde entier à dos pour réussir. Devenir une paria.

Mes mains s'approchent de mon visage, futile tentative afin de masquer ma détresse, et un bracelet en argent m'interpelle. Entourant mon poignet gauche, une seule des sept leds se trouve allumée. J'essaye de le retirer, en vain. Il n'y a pas de fermoir, comme si le métal avait été soudé directement autour de ma peau.

— Ma belle Jade, s'esclaffe-t-il. Tu vas te faire mal si tu continues, tu n'enlèveras jamais ce bracelet. C'est impossible et tu réaliseras bien assez tôt son utilité. Crois-moi, tu ne veux pas t'en séparer.

Un soupir pourfend mes lèvres et mon cerveau frémit. Je ne vois pas à quoi ce morceau de métal peut me servir. En revanche, j'imagine très bien ses potentiels usages pour Wint.

— Ah, encore quelques minutes de patience et nous arriverons ! Allez, souris un peu. C'est la première fois que tu prends l'avion, profite des derniers instants du voyage. Une nouvelle aventure est sur le point de commencer.

Le besoin de hurler toutes les insultes du monde, de pleurer toutes les larmes de mon corps et d'exploser sa gueule d'ange saisit mes tripes. Mais j'ai beau me répéter que la violence ne résout rien, inutile de se voiler la face. Je n'avère juste pas assez courageuse pour me révolter, ni assez audacieuse pour m'enfuir. Je ne fais rien parce que je suis faible.

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