Taylor regardait toujours Amy, alors que l'arme tremblait dans la main de l'Alpha.
Alpha qui laissa le démon en lui le submerger, prendre le contrôle de son propre corps.
Alpha qui inspira doucement en souriant affreusement.
Alpha qui appuya sur la détente.
Alpha qui n'entendit pas le hurlement d'Amy qui le vit faire.
Et enfin, Alpha qui regarda un corps s'écrouler, sous ses yeux ensanglantés et satisfaits.
Il gagnait toujours. Après tout... il était le Roi.
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Amy hurla en attrapant le bras d'Aaron.
Émilie hurla en poussant Taylor au sol.
Sauf que c'était trop tard. La balle avait sifflé le long de leurs oreilles, le long des murs, le long de leur cœur, sous leur terreur. Car une balle ne traverse que la terreur...
La Princesse se précipita sur son petit-ami en hurlant et en pleurant.
-Taylor !
-Émilie... Je t'aime... Retiens-le que je t'aime...
-Taylor...
-Dis-le moi... Dis-moi que tu m'aimes...
La jeune femme tenta de lui crier qu'elle l'aimait, mais aucun son ne franchit la barrière de ses lèvres entrouvertes hormis celui d'un sanglot.
Un liquide rougeâtre s'imprima dans les vêtements de la jeune femme désespérée, en proie aux tourments de son cœur, et la main de Taylor posée sur son visage s'effondra sur le sol, tandis qu'il attendait toujours une réponse. Son regard devint de plus en plus vitreux sans jamais la lâcher ne serait-ce qu'une milliseconde.
Émilie serra le corps de son défunt compagnon en pleurant toute sa douleur. Jamais, depuis qu'elle était ici, elle n'avait ressenti autant de douleur qu'à ce moment-là.
Taylor avait souffert par sa faute...
Il avait été trahi par sa faute...
Il était mort par sa faute...
Tout a toujours été de sa faute. Toujours. Et pourtant, elle était encore là, à faire souffrir les siens,... à les faire mourir.
Elle les tuait.
Et elle faisait cela parce qu'elle était en vie. Tout cela... parce qu'elle était en vie...
La jeune femme resta agenouillée sur le sol, sa tête sur l'épaule ee l'homme qu'elle était censée aimer.
Désormais, elle n'entendait plus rien, elle ne voyait plus rien, elle ne sentait plus rien. Elle était comme sans vie, exactement comme l'homme dont la tête était posée sur ses genoux. Même ses sanglots ne brisaient pas le silence qui régnait autour d'elle.
Elle avait tout perdu. Sa mère, ses amis, son petit-ami... Qui serait le prochain ? Son père ? Son frère ?
Elle était... Elle était toxique ! Elle portait la mort en elle. Elle était ce que les gens ne méritaient pas. Elle était un déchet. Et on ne garde jamais un déchet.
-Oui, fit le démon en elle, tue-toi. C'est tout ce que tu mérites. Meurs. Le monde sera meilleur sans toi. Tu le sais, n'est-ce pas ?
-Oui... Oui... Je le sais...
-Alors pars. Pars loin. Pars plus loin que là où est ta mère... Tu ne mérites pas de voir la meilleure personne que tu aies connue quand tu es la pire qu'elle ait connue. N'est-ce pas ?
-Oui... Oui.
-Tue-toi Émilie, fit la voix en riant maléfiquement. Tue-toi, et le monde te remerciera. Tue-toi, Princesse. Tu l'as assez sali, ne crois-tu pas ?
-Si... Si.
-Alors... Tue-toi, Émilie. Rejoins les ordures comme toi. C'est déjà un bel honneur, n'est-ce pas ?
Émilie, s'enfoncant de plus en plus au plus profond d'elle-même, chuchota :
-Oui. Oui...
-Meurs Émilie. Meurs !
La jeune femme sentit une main rugueuse mais chaude la toucher, et se débattit avec violence.
-Assez, Émilie.
Elle se mit pleurer de plus belle en continuant de se débattre, mais Aaron l'imobilisa contre son torse et se releva avec son âme-sœur dans les bras, à moitié inconsciente.
-Damien, enterre la dépouille dans le cimetière.
Puis il sortit du sous-sol caverneux et entra dans la maison.
***
Morte. Morte. Morte.
Voilà comment elle se sentait.
Voilà comment elle vivait depuis qu'elle était arrivée ici.
Voilà comment elle pensait depuis qu'il l'avait détruite.
Morte. Morte. Morte.
La mort déprime. Elle décourage. Elle déchire. Elle brise. Elle détruit. Elle tue. Elle assassine.
Émilie était morte. Elle se sentait déprimée. Découragée. Déchirée. Brisée. Détruite. Tuée. Assassinée.
Elle était tout ce qu'elle n'était pas. Mais n'était-ce le cas depuis qu'elle avait rencontrée le Diable en personne ?
Elle se mit à rire ironiquement. Oui... Le Diable. Le Diable.
Elle sourit au plus profond d'elle-même. Ne le méritait-elle pas ? Ne méritait-elle pas d'être l'âme-sœur du Diable ? Après tout... elle était le Diable. Où qu'elle allait, les gens mouraient. Et plus les gens mouraient, plus elle s'enfonçait dans les noirceurs de la mort.
Elle ferma les yeux. Elle avait du mal à respirer. Respirer lui faisait mal. La mort lui faisait mal, l'attirant comme elle serait attirée par un aimant.
-Oui, Émilie... Viens à moi... Je t'attends...
Elle exhala un soupir bruyant, en se tournant et en se retournant encore dans son lit, qui lui apparaissait comme une chaise de torture.
Oui... C'est cela... Elle était torturée à l'intérieur d'elle-même à chaque seconde qui passait.
Elle était si... misérable.
Elle se prit la tête entre les mains, et se mit à pleurer sans qu'aucune larme ne s'échappe de ses yeux vides d'émotion. Elle avait trop pleuré. Elle ne pouvait plus continuer comme ça. C'était trop dur... et elle était trop faible. Elle s'en rendait compte maintenant...
Elle était faible.
Faible. Faible. Faible.
Elle était malade.
Malade. Malade. Malade.
A en mourir.
Mourir. Mourir. Mourir.
Oui. Mourir.
Mourir. Mourir. Mourir.
Ça faisait trop mal.
Mal. Mal. Mal.
Elle était trop... fatiguée.
Fatiguée. Fatiguée. Fatiguée.
Exténuée.
Exténuée. Exténuée. Exténuée.
De devoir vivre.
Vivre. Vivre. Vivre.
Comme morte.
Morte. Morte. Morte.
Elle était morte. Elle n'était plus là... Elle n'était plus là !...
Finies les belles années. Finis le bonheur, la joie, la vie. Finis les projets d'avenir, finies les beautés du passé, fini... le présent.
Tout était fini.
Tout était fini parce qu'elle savait désormais...
... Qui avait pris possession de son cœur...
Elle se leva faiblement du lit.
... Qui avait tué ce qu'elle était à s'en rendre addicte...
Elle s'engouffra dans la salle de bain.
... Qui avait broyé ses os jusqu'à l'empêcher de se tenir debout...
Elle s'empara de la bassine qui se trouvait sous le lavabo.
... Qui avait anéanti son passé, son présent, son futur...
Elle la remplit d'eau jusqu'à ras bord.
... Qui avait épuisé son corps entier jusqu'à ce qu'elle ne le sente plus du tout.
Elle regarda longuement la surface liquide, dont l'immobilité avait été dérangée par la larme solitaire qui avait coulé le long de sa joue et était tombée dans la bassine.
... Et ça fait trop mal quand on découvre que l'on aime la personne qui nous a fait ça.
Ça fait trop mal. Ça vous étouffe. Ça vous anéanti bien plus que tout ce que vous avez pu subir venant de cette personne.
Ça vous anéanti trop... pour que vous puissiez empêcher votre corps de s'abaisser lentement, et que vous empêchiez votre tête de plonger dans l'eau mortelle...
Voilà pour ce chapitre que je trouve assez bouleversant ! À bientôt !
Et je crois que vous allez définitivement me tuer, en fait 😭😭😭.