Le Chantage du Roi Alpha

Chapitre 59

Il pencha sa tête pour se rapprocher de ses lèvres roses et douces comme de la soie.

-Est-ce que... Est-ce que tu m'aimes ? souffla-t-il, alors qu'il fermait déjà les yeux, en unissant leurs lèvres.

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Son cœur rata un battement. Ses yeux restèrent grands ouverts de stupéfaction, sans qu'elle ne comprenne qu'il était en train de l'embrasser, que ses mains glissaient dans son dos avec la douceur d'une brise, la faisant agréablement frissonner, lui provoquant des assauts de désir.

Mais elle ne les calcula même pas, figée sur cette phrase. Ou plutôt sur cette question. A réponse unique. Soit oui. Soit non.

Aaron se décola lentement d'elle, sentant qu'elle ne lui rendait pas ses baisers. Il ouvrit les yeux, toujours ses lèvres près des siennes.

-Émilie...

Elle posa son regard déstabilisé sur lui, tandis que son cerveau était en gros bug.

-Dis-moi...

Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits, et s'éloigna rapidement de lui, son corps et son cœur affolés comme jamais ils ne l'avaient été.

"Est-ce que tu m'aimes ?"

Elle ferma les yeux, les mains posées sur ses tempes.

"Est-ce que tu m'aimes ?"

Elle secoua la tête alors que son cœur tressautait, que sa confiance en elle se brisait.

"Est-ce que tu m'aimes ?"

Déstabilisée. Elle était déstabilisée. Stupéfaite. Figée. Comme de la pierre. Comme ces galets sur le sol. Comme cette eau lisse et vide où rien n'ondulait. Comme cettte nature nocturne tâchée de ce silence pesant.

-Pose... une autre question.

-Hein ?

Il ne comprenait pas. Il était certain qu'elle allait lui répondre. Pas oui, bien entendu, mais soit un non ou même une réponse qui n'en était pas une, comme "Peut-être" ou "Tu rigoles ?!".

Non. Rien de cela.

Juste, un "change de question".

Il l'avait surprise. Il le savait. Mais pas à ce point.

Il soupira. Il voulait tellement comprendre ce qu'elle ressentait, ce qu'elle pensait, ce qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui.

Cette jeune femme forte, puissante.

Cette jeune femme au visage resplendissant. Mais au cœur détruit.

Cette jeune femme à la beauté exceptionnelle. Mais à l'âme meurtrie.

Cette jeune femme protégée par le Soleil. Mais qui n'était que l'ombre d'elle-même.

-Une autre question. La dernière.

Il ne quitta pas son regard, alors qu'une légère touche d'amertume s'élargissait en lui.

Alors qu'il commençait à comprendre.

Qu'il n'était pas le seul à avoir souffert par le passé.

Qu'il n'était pas le seul à être rené de ses cendres.

Qu'il n'était plus le seul à essayer d'oublier quelque chose qui marque à vie.

Mais qu'est-ce qu'elle essayait d'oublier, elle ? De quoi était-elle renée ? De quoi avait-elle souffert ?