HEAVEN [en pause]

By mayanana

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Six mois après la mort de sa mère, Kayla Green, 19 ans, tente de se reconstruire loin de sa petite bourgade n... More

Prologue
PREMIERE PARTIE
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Entre nous
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19

Chapitre 4

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By mayanana

Il me fallut un moment pour me rappeler les évènements de la veille. Le souvenir de la partie de billard et du corps d'Ed se moulant au mien me revinrent à l'esprit. Je soupirai, exaspérée et consciente que dès le début de la soirée Ed avait contrôlé la situation à sa guise. Je n'avais rien fait pour l'arrêter, croyant bêtement que j'aurais pu le battre dans un environnement dans lequel il évoluait aisément. Emma ne s'était pas privée pour me le confirmer, sous-estimant mes prédispositions au billard. Je ne lui en tenais pas rigueur face à ma défaite évidente.

Je me préparai rapidement et sortit de la chambre un brin en retard, y laissant Emma dans un stade comateux que constituaient la fatigue et la gueule de bois. La résidence universitaire et l'établissement étaient, à mon plus grand désarroi, séparés l'un de l'autre par une pelouse pour le moins immense. C'étaient des anciennes bâtisses datant du XIXe siècle qui ressemblaient à bien d'autres : anciennes, ternes et traditionnelles. L'intérieur semblait avoir été fraîchement repeint tandis que l'extérieur gardait ses allures antiques.

Je rejoignis d'un pas précipité mon cours de grec ancien -une option supplémentaire que mon amie n'avait pas jugé utile d'ajouter à son cursus- et m'assis sur une des tables encore inocuppées. A mon arrivée à la FIU, le flot d'étudiants était ingérable. Je ne cessais de me perdre avec ou sans Emma comprise. Notre sens de l'orientation s'était révélé dérisoire voire inexistant. Les cours qui s'enchaînaient rapidement étaient pour la plupart durs et les profs étaient peu précautionneux quant à leurs élèves. D'ailleurs, nous nous sentions soulagés quand la dernière heure de la journée nous délivrait. Les premières semaines avaient été désastreuses. A cela s'ajoutait le décès de ma mère qui me hantait. Il m'était arrivé un nombre incalculable de fois de refuser d'aller en cours, passant la journée dans mon petit lit à pleurer tant et si bien qu'à la fin de celle-ci j'avais épuisé toutes les larmes dont je disposais. Le soir, Emma se couchait à mes côtés, me caressait tendrement les cheveux et me racontait les potins, essayant vainement de me distraire.

Ma mère était morte trois semaines avant le début de l'année scolaire, mais la douleur de sa perte était omniprésente. On dit souvent que le temps guéri les blessures. Je n'étais pas d'accord. Avec le temps, les miennes étaient toujours indemnes, se recouvrant peu à peu d'une carapace. Elles ne disparaissaient pas pour autant. Parfois même, dans des instants trop sombres, elles se réanimaient.

- N'hésitez surtout pas à relire quelques fois vos notes, si vous en possédez. Les partiels de cette fin de semestre arrivent à grandes enjambées, nous confia le prof, me ramenant soudainement à la réalité.

Il exhalait de son annonce, affichant un rictus satisfait tandis que nous soupirions tous en choeur. Voici un aspect de l'université que je me serais bien gardée de côtoyer : les partiels. C'était à ces moments que j'enviais Emma qui avait choisi un cursus allégé de quoi travailler que très peu c'est-à-dire deux fois moins que moi. Ma nature profonde m'a sans aucun doute trahie, me poussant à choisir des matières sur lesquels je serais indéniablement examinée. A chaque fin de semestre, nous devions nous y confrontés. Autrement dit,une pression me subjuguait tant et si bien que je redoublais d'efforts à mes heures perdues pour m'assurer la réussite.

Alors que je m'apprêtais à me diriger vers mon prochain cours, John me rejoignit. C'était un bavard, de ceux qui font à la fois les questions et les réponses, alimentant l'essentiel de la conversation.

- Alors, tu as fait connaissance avec le nouveau ? S'enquit-il.

- Tu veux dire Ed Larkin ?

- Oui.

- Connaissance est un bien grand mot.

- Oh ! Le courant ne passe pas à ce que je vois, devina John surpris de ma froideur à l'égard de mon binôme.

- Disons simplement que nous sommes trop différents, confessai-je.

- Tu sais ce qu'on dit à propos des différences Kayla ?

- Non, mais je suis sûre que ça ne s'aurait tarder, répondis-je d'une voix aimable.

- Les différences sont la clé de l'amitié, finit-il par décréter.

Je rigolai avec humeur.

- Il y a toujours l'exception qui confirme la règle, renchéris-je.

Le reste de la journée se déroula au ralenti, alors quand l'heure pour mon dernier cours sonna, je me sentais soulagée. En entrant dans la salle de français j'aperçus Ed qui assit sur sa chaise parlait à un grand jeune homme aux cheveux impeccablement hérissés, Thomas. Il faisait partit de cette catégorie de garçons qui avaient un peu trop abusés de la musculation et qui ne se privaient pas pour l'afficher. Alyson les rejoignit et se lança dans une longue tirade marquée par une gestuelle particulièrement ridicule, à l'image d'elle même.

Je m'assis à ma place habituelle au même moment où Emma fit son entrée. Elle prit place à mes côtés puis s'exclama d'un air mélodramatique:

- Qu'est ce que je dois faire pour que Sam comprenne ce que signifie le mot monogamie ? Demanda t-elle d'une voix animée.

- Voyons Em, Sam ne t'intéresse pas alors cesse de lui chercher des poux, ai-je laisser échapper.

- Je n'ai jamais prétendu le contraire, rétorqua t-elle.

- Dans ce cas, quelle importance ?

-Je pense juste qu'il en va de ma réputation. Il ne peut pas inviter une fille différente à chaque soirée. Je passe pour une de ces autruches quelconques et de passage.

Je ne pus m'empêcher d'étouffer un rire.

- Bien sur que non, la rassurai-je. Il ne s'agit que de simples soirées, rien de bien grave.

- Je dis juste qu'il pourrait arrêter de jouer les parfaits crétins, persista t-elle.

- On parle bien de ces types prétentieux, qui aiment la facilité et draguent ouvertement ?

Ce fut à son tour d'éclater de rire. Juste au même moment, Mr Groomer entrait. Il s'avança vers son pupitre en ordonnant le silence. Ce prof intimait le respect, il fallait l'avouer. Par le plus grand des hasards, au cours de ces cinquante minutes de cours, il réussit à susciter notre curiosité sur le Romantisme, assez pour qu'on ne voie pas le temps passer.

A la fin de l'heure, je me hâtai à rassembler mes affaires.

- Tu devras finir la disserte seule.

Levant la tête, je découvris Ed qui affichait une attitude totalement impartiale. Lui arrivait-il parfois de commencer une conversation par les politesses ?

- Monsieur Groomer a bien précisé avoir besoin de deux avis, protestai-je sur la même lancée.

- Pas de problème. Je venais juste te donner mon opinion sur le sujet, m'expliqua t-il en me tendant une feuille. J'aurais pourtant adoré passer du temps avec toi mon ange, mais pour cela il faudrait que tu me donnes de bonnes raisons d'abandonner mes projets.

Il pencha légèrement la tête de côté, étudiant ma future réaction. Je décelai de l'amusement teinté d'une pointe de provocation dans son regard.

-Tu te montrais plutôt convaincante hier soir. Voyons si tu as épuisé ton quota, continua t-il en ponctuant ses paroles par un clin d'oeil.

- Laisse tomber, je me débrouillerais seule.

Il s'esclaffa et secoua la tête. J'avais la désagréable impression que j'amusais que trop régulièrement mon binôme. Pourquoi étais-je toujours un sujet risible avec lui ?

- Parfait ! Bonne soirée, lança t-il.

Alors qu'il s'éloignait d'une démarche svelte, je jetai un coup d'oeil à la feuille qu'il venait de me remettre. Un instant... elle était vierge, totalement blanche. Se moquait-il de moi ?

- Hé ! l'interpellai-je en le rejoignant dans le couloir. Tu n'as rien écrit ! M'écriai-je attirant les regards de certains dans notre direction.

- Bien sur que si, dit-il vaguement moqueur en continuant d'avancer. Retourne là.

J'obtempérai en m'évertuant à maîtriser la colère qui montait peu à peu en moi. Je m'immobilisai dans le couloir. Au bas de la feuille, en fines lettres, Ed avait inscrit une simple phrase "L'amour commence toujours par la haine.", suivie d'une série de chiffres que je supposais être son numéro de portable. J'étais si furieuse que je dus me retenir à mainte reprise de hurler à plein poumons contre cet odieux personnage qu'était Ed Larkin.

- C'est quoi ton problème ? Braillai-je devant tout le monde.

- Merci de t'en soucier mais je n'ai aucun problème. Je me porte même plutôt bien, répondit-il malicieusement.

Est-ce qu'il pouvait arrêter de me prendre pour une idiote ?

- Qu'attends-tu de moi à la fin ? Demandai-je finalement en détachant chaque mot pour contenir ma rage.

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